17déc.2016
Entraînement à l'interprétation 2
[Pendant la guerre de Troie, qui opposait les Grecs et les Troyens, la princesse troyenne Andromaque a perdu son mari, Hector. Aujourd'hui captive[1], tout comme son fils Astyanax, du Grec Pyrrhus et aimée de celui-ci, elle doit répondre à sa demande en mariage. Pyrrhus exerce un chantage : il ne sauvera la vie d'Astyanax que si elle devient son épouse.]
ANDROMAQUE, CEPHISE
ANDROMAQUE
Dois-je oublier Hector privé de funérailles,
Et traîné sans honneur autour de nos murailles[2] ?
Dois-je oublier son père à mes pieds renversé,
Ensanglantant l'autel qu'il tenait embrassé ?
Songe, songe, Céphise1, à cette nuit cruelle
Qui fut pour tout un peuple une nuit éternelle ;
Figure-toi Pyrrhus, les yeux étincelants,
Entrant à la lueur de nos palais brûlants,
Sur tous mes frères morts se faisant un passage,
Et de sang tout couvert échauffant le carnage[3] ;
Songe aux cris des vainqueurs, songe aux cris des mourants,
Dans la flamme étouffés, sous le fer expirants [4];
Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue :
Voilà comme Pyrrhus vint s'offrir à ma vue ;
Voilà par quels exploits il sut se couronner ;
Enfin voilà l'époux que tu me veux donner.
Non, je ne serai point complice de ses crimes ;
Qu'il nous prenne, s'il veut, pour dernières victimes.
Tous mes ressentiments lui seraient asservis.[5]
CEPHISE
Eh bien, allons donc voir expirer[6] votre fils :
On n'attend plus que vous... Vous frémissez[7], Madame ?
ANDROMAQUE
Ah ! de quel souvenir viens-tu frapper mon âme !
Quoi ? Céphise, j'irai voir expirer encor
Ce fils, ma seule joie, et l'image d'Hector ?
Ce fils, que de sa flamme il me laissa pour gage[8] ?
Hélas ! je m'en souviens, le jour que son courage
Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas[9]2,
Il demanda son fils, et le prit dans ses bras :
« Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes,
J'ignore quel succès le sort garde à mes armes[10] ;
Je te laisse mon fils pour gage de ma foi[11] :
S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi.
Si d'un heureux hymen[12] la mémoire t'est chère[13],
Montre au fils à quel point tu chérissais[14] le père ».
[1] Captive : détenue, emprisonnée.
[2] Pyrrhus a traîné le corps de son ennemi Hector, mari d’Andromaque, dans la poussière en signe de victoire.
[3] Carnage : massacre
[4] Inversez les groupes de mots pour comprendre le vers : les mourants étaient étouffés dans les flammes et expirants sous le fer [des épées].
[5] Tous mes ressentiments lui seraient asservis : toute ma haine lui serait soumise.
[6] Expirer : mourir
[7] Frémissez : tremblez
[8] « Ce fils que de sa flamme il me laissa pour gage » : ce fils qu’Hector me laissa en signe de son amour (sa flamme)
[9] Le trépas : la mort . Achille est tellement plus fort qu’Hector que le jour où il a décidé de le combattre, il s’est comme suicidé.
[10] J’ignore quel succès le sort garde à mes armes :J’ignore si je vais sortir vivant de ce combat
[11] Pour gage de ma foi : en signe de mon amour
[12] Hymen : mariage
[13] Si d’un heureux hymen la mémoire t’est chère : si le souvenir de notre heureux mariage est important pour toi.
[14] Chérissais : tu aimais.
Commentaires
17 décembre 2016 | 16:38
Si le texte pose des difficultés d'interprétation, n'hésitez pas à signaler vos difficultés.
Question d'analyse : comprenez-vous la réaction d'Andromaque?
20 décembre 2016 | 19:52
Je peux comprendre la réaction d'Andromaque. C'est normal qu'elle ne veuille pas épouser Pyrrhus car c'est l'homme qui a tué son mari Hector et qui l'a traîné sans honneur autour des murailles. Même si Pyrrhus la menace de tuer son fils, elle souhaite respecter le voeu d'Hector :
" Si d'un heureux hymen la mémoire t'est chère,
Montre au fils à quel point tu chérissais le père ".
Je pense que le fils devrait comprendre, sa mère ne ferait que souffrir et lui aurait vécu avec le déshonneur de son défunt père.
20 décembre 2016 | 21:39
je comprend la réaction de la princesse troyenne Andromaque, elle n'allait pas épouser Pyrrhus,l'homme qui a tué son mari. Seulement, en refusant cette union, elle sait que son fils Astyanax doit mourir.
24 décembre 2016 | 09:49
je comprend plus ou moins ça réaction mais je dirai quand même qu'il est un peu excessif.mais quand il parle il tient un discours plutôt négatif
24 décembre 2016 | 12:47
Attention Andromaque est une femme.
@Marion : vous avez très bien résumé la situation.
@Nathan : la notion d'excès est tout à fait juste. Il faudrait maintenant le démontrer.
@tous
En quoi Andromaque nous paraît-elle excessive?
En quoi est-elle une héroïne tragique? Comparez-la à Phèdre ou à Camille pour répondre.
24 décembre 2016 | 17:03
Andromaque est un personnage excessif car elle se laisse emporter par la passion de la haine envers Pyrrhus.
Elle est dans une situation extrême : elle dans un dilemme intérieur, entre épouser Pyrrhus et sauver son fils de la mort ou laisse son fils mourir et ne pas répondre à la demande de Pyrrhus.
Elle évoque de la pitié;
Elle est à moitié coupable, car elle serait la cause de la mort de son fils mais qu'elle ne veut pas épouser Pyrrhus, l'homme qui a tué Hector et trahir son mari et veut respecter le souhait de celui-ci.
29 décembre 2016 | 11:13
Je trouve que andromaque se remet beaucoup en question avec la repetition de " Dois-je oublier" a plusieurs reprise et avec cette repetition.
je trouve aussi bizard la repetition de "ce fils " qui utilise un demonstratif alors que c est bien de son fils qu elle parle ( si j ai bien compris )elle aurait du utiliser un possesif .
29 décembre 2016 | 11:34
@tous l'anaphore de "dois-je oublier" est-elle le signe d'une remise en question?
@tous : bonne remarque de Philippe. Pourquoi "ce fils" et pas "mon fils"? Qui tente une réponse?
@Ivana : pour valider votre réponse il faudrait la justifier par des citations précises du texte, comme nous l'avons fait pour Camille (pièce Horace de Corneille).
@tous : êtes-vous d'accord avec Ivana? Si oui, justifiez ses affirmations par des citations précises, si non... justifiez-le par des citations précises...! Aidez-vous du travail mené en classe (analyse du texte d'Horace et de Phèdre en contrôle).
Au plaisir de vous lire...
29 décembre 2016 | 16:40
Je remarque que c'est un récit au lieu d'une fable et que il n'y a pas d'animaux dans ce texte alors que avant on faisait que analyser des textes avec des animaux
29 décembre 2016 | 16:42
Je comprend tout à fait la réaction d'andromaque qui reste fidèle à son mariage et accepte son sort si elle refuse .
29 décembre 2016 | 16:54
Ivana , Andromaque n'est pas un personnage tragique car certes c'est un personnage excessif , elle est à moitié coupable et elle évoque de la pitié , mais un personnage tragique doit aussi avoir sa seule issue : la mort . Là , Andromaque elle a le choix de mourir ou de ne pas mourir
29 décembre 2016 | 17:02
Mais elle évoque aussi de la pitié , tu as raison Ivana : "Vous frémissez Madame ? " . Dans cette citation elle est tellement troublée qu'elle finit par trembler de peur . "Je te laisse mon fils pour gage de ma foi :
S'il me perd, je prétends qu'il me retrouve en toi.
Si d'un heureux hymen la mémoire t'est chère,
Montre au fils à quel point tu chérissais le père .". Elle évoque de la pitié aussi dans cette citation car on sent que dans ces mots elle veut en finir avec sa vie et donc du coup elle donne so fils à Cephise ( que je ne comprennds toujours pas qui elle est dans le récit
29 décembre 2016 | 18:29
@ B. Daniel "Je remarque que c'est un récit au lieu d'une fable et que il n'y a pas d'animaux dans ce texte alors que avant on faisait que analyser des textes avec des animaux".
Ce n'est ni une fable, ni un récit.
@tous : qui peut identifier à quel genre appartient ce texte?
29 décembre 2016 | 18:34
Céphise est la servante/ la confidente d'Andromaque.
C'est vrai qu'Andromaque est un personnage complexe mise en demeure de résoudre un terrible dilemme : doit-elle trahir Hector ou laisser mourir son fils?
Son statut d'épouse entre en conflit avec celui de mère. Comment le texte parvient-il à rendre ce déchirement?
Une piste pour vous aider : comparez les deux tirades d'Andromaque. Qui parle en elle, l'épouse ou la mère?
30 décembre 2016 | 12:13
je trouve que dans cette fable il y a beaucoup d'animosité entre les personnages
30 décembre 2016 | 12:29
attention, Nathan, votre commentair...
Je le copie/colle à sa juste place.
30 décembre 2016 | 15:14
Je pense que c'est l'épouse qui parle en elle car dans les deux répliques elle parles de son mari , mais elle en parle moins dans la deuxième
30 décembre 2016 | 17:24
Citez le texte et analysez-le pour justifier votre réponse!
31 décembre 2016 | 16:35
C'est l'épouse qui parle en elle : on a l'anaphore de "Dois-je oublier " et "voilà" . Il y a aussi l'oxymore de "Flammes étouffeés" . La flamme pourrait renvoyer plus précisemment à l'espoir des victimes et "étouffés" la violence , le piétinement de cet espoir
01 janvier 2017 | 20:14
Ce texte est assez dur à comprendre mais Andromaque est dans une position assez délicate avec se dilemme qui lui impose Purrhus je dirais quel est perdue dans c'est choix et qu'elle doute beaucoup
01 janvier 2017 | 20:37
@Sophia @tous A quels indices percevez-vous qu'Andromaque "est perdue" et qu'"elle doute beaucoup"?
01 janvier 2017 | 21:17
J'ai trouvé se texte dure.
Mais pour moi Andromaque est dans un dilemme intérieur entre devoir épousé le meurtrié de se son mari mais sauvé son fils,et refusé la demande mais perdre son fils.
Je ne suis pas d'accord avec Sophia,pour moi sa décision est prise mais elle laisse le doute plané dans ses paroles.
si elle utilise le "ce fil" au lieu de "mon fils" c'est peut être pour accentuer le faite que ce soit le fils de Hector.
Donc pour moi ce qui parle en elle,ce n'est point la mère mais l'épouse.
03 janvier 2017 | 16:55
Dans la 2éme partit du texte ,je trouve qu'elle émouvante parce que les paroles d'ANDROMAQUE me semble profondes
03 janvier 2017 | 17:22
Très intéressant Nathan et très juste aussi... C'est la mère qui parle en elle dans la deuxième partie du texte.
A quoi le voyez-vous? Quels indices du texte vous permettent de l'affirmer?
04 janvier 2017 | 15:56
je le vois grâce à ce qu'elle dit à la du texte ligne 29 "essuyant mes larmes"et "ligne 28 prit dans ses bras" ça me semble assez pronfond