Portrait araucan : la règle du jeu

Vendredi expliqua à Robinson les règles du Portrait araucan en cinq touches. Vendredi lui disait par exemple:

-C'est une mère qui te berce, c'est un cuisinier qui sale ta soupe, c'est une armée de soldats qui te retient prisonnier, c'est une grosse bête qui se fâche, hurle et trépigne quand il fait du vent, c'est une peau de serpent aux mille écailles qui miroitent au soleil. Qu'est-ce que c'est?

-C'est l'Océan! triompha Robinson.

Et pour montrer qu'il avait compris la règle du jeu, il interrogea Vendredi à son tour:

-C'est une toison géante où deux hommes sont cachés comme des puces, c'est le sourcil qui se fronce au-dessus du gros oeil de la mer, c'est un peu de vert dans beaucoup de bleu, c'est  un peu d'eau douce dans beaucoup d'eau salée, c'est un bateau toujours immobile à l'ancre. Qu'est-ce que c'est?

-C'est notre île, Speranza, s'écria Vendredi. 

Michel Tournier, Vendredi ou la vie sauvage, Chapitre 26, 1971.

 

Maintenant, à vous de jouer avec les portraits rédigés par les 5° !

 

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