La veille 2.0, c'est quoi au juste ?

La veille 1990's

Si on m'avait posé la question il y a quelques années, j'aurais répondu facilement :

La veille, c'est bien simple... tu écoutes, tu lis, tu regardes, tu parles. C'était le bon vieux temps, où tout était plus simple.

Non mamie, pas tant que cela :

  • Il fallait s'abonner aux journaux de PQR ou la presse nationale, au pire s'habiller et aller au kiosque du coin (hein, y'en a pas à Trifouillis-les-Oies et la maison de la presse ferme à midi pile ?) et puis aussi s'abonner aux revues spécialisées (pour pas moins de 300 francs l'année chacune) et attendre que le postier les apporte.
  • Il fallait avoir sa carte de bibliothèque pour y dénicher les revues scientifiques obscures et à la publication aléatoire (et donc sa carte de bus pour s'y rendre en un éclair de moins de 30 minutes)
  • Il fallait avoir un poste de télévision et absorber les JT des 5 chaines nationales et les rares émissions d'arte qui traitaient (ENFIN) du sujet qui nous passionnait.
  • Il fallait un poste de radio à bande FM et un bon réveil pour être sûr de ne pas rater son rendez-vous quotidien avec la tranche 01h10-01h40 (la plus pointue dans le domaine)
  • Il fallait enfin parler, écouter et échanger avec ses amis (au nombre de 10 pour un individu normalement constitué, ou plusieurs centaines pour une starlette des soirées branchées de Trifouillis-les-oies)
Aujourd'hui, la veille 2.0, c'est pareil : il faut écouter, lire, regarder et discuter ! Mais le 2.0 ca veut dire avec un ordinateur et un café sur la table de chevet.
Alors quels sont les cartes de bus, les abonnements aux bibliothèques, les réveils-matins et les réseaux d'amis d'aujourd'hui ? Comment s'y retrouver ?!

La veille 2.0

En avant propos il conviendra de se poser quelques questions auxquelles on saura un peu mieux répondre à l'issue de l'article...
Je vais distinguer dans un premier temps les outils de collecte (lire, écouter, regarder) des outils de diffusion (parler, échanger) pour vous laisser libres, dans un second temps, de tenter de dénouer leurs interactions et trouver votre bonheur dans la multitude d'outils à votre disposition.



Les bonnes questions

Avant de se lancer dans la jungle des outils de collecte et de diffusion, avant d'ouvrir 200 comptes sur 75 plate-formes pour les tester, il convient de se demander :

  • Quelle approche de veille ? approche sectorielle (les pratiques innovante dans le secteur de l'éducation nationale) ? approche thématique (les nouveaux outils sur tablettes)?
  • Pour quels usages ? Moi seulement, mes collègues, mes amis, le public au sens large ?
  • Quels outils de veille utiliser ? Un seul (simplicité, essentiel), une sélection restreinte (compromis), une sélection large (chronophage) ?
  • Comment et à qui rediffuser l'information ?
Il est clair qu'il s'agira d'un compromis que chacun établira en fonction de son temps (le nerf de la guerre)



Les outils de collecte

Ils servent à repérer l'information sur le web ou en print (car aujourd'hui les revues de presse se font en ligne)


1. L'alerte Google

  • Usages : 

Elles notifient par email l'utilisateur dès qu'apparait sur le web des nouveautés concernant tel ou tel mot clé.

  • Avantages et inconvénients : 
- elle est gratuite
- elle permet de surveiller son identité numérique (en saisissant son nom dans les paramètres de recherche)
- elle peut être trop large ou trop limitée en fonction des termes recherchés...
  • Aller plus loin : 
- Creer une alerte Google 


2. Les agrégateurs de flux rss

  • Exemples :

Feedly, Yahoo pipes


  • Usages : 

ils regroupent et traitent en un seul endroit un ensemble de flux RSS afin d'en faciliter la lecture.

  • Avantages : 
- ils sont gratuits
- ils évitent de se rendre sur une multitude de pages (blogs etc) pour en lire le contenu qui aurait éventuellement été publié depuis la dernière visite
- ils peuvent agréger divers médias : chaines youtube etc, journaux (le monde, libération etc.)
- il existe des applications smartphone permettant de faire sa veille dans les transports (mieux que 20 minutes !)

  • Aller plus loin : 
- un tutoriel video expliquant la base de Yahoo pipes
- un tutoriel pour débuter avec Feedly 



3. Les agrégateurs qui permettent la curation

  • Exemples :

NetvibesPerltrees ...

  • Usages : 

Ils ont un rôle d'agrégateur, mais surtout ils permettent la curation (le partage) des sources sélectionnées. Ils jouent le rôle d'annuaire public des bons plans, des bonnes adresses web de l'utilisateur.

  • Avantages : 
- Netvibes permet de creer une page d'accueil du navigateur personnalisée (widgets etc.)
- ils cumulent les avantages des agrégateurs RSS et ceux de la diffusion
  • Aller plus loin :  
- un tutoriel vidéo pour débuter avec netvibes
- Un tutoriel video pour débuter avec pearltrees



4. Les réseaux sociaux

  • Exemples :

- Facebook, Twitter, Google plus, linkedin

  • Usages : 
- Ils peuvent très bien jouer un rôle d'agrégateur, en plus de la curation (rôle intrinsèque) pour peu qu'on les utilise à des fins moins personnelles
- Avec Twitter, on peut suivre "silencieusement" des twittos en les ajoutant simplement à des listes
- Ils sont très utiles en compléments des agrégateurs de fils RSS car ils permettent un suivi des sources déja connues et permettent la découverte de nouvelles sources (retweets, partages facebook etc)
  • Avantages :
- Ils sont gratuits et trans-web : on peut se connecter à une multitude d'outils transversaux grâce à son compte twitter ou facebook (facebook connect)
- Ils simplifient et regroupent les sources pluri-média au travers des partages des personnes identifiées (un bloggeur reconnu, un article de magasine reconnu etc.)
- il existe de nombreux services web souvent payants permettant d'ajouter des fonctions aux plates-formes sociales (ex : Twilert qui permet une alerte équivalent à Alerte Google pour les Tweets)
  • Aller plus loin : 

- tutoriel video pour twilert


5. Newsletters

  • Exemples :

Kiosque actu du ministère

  • Usages : 

- idéalement issues des sites institutionnels, la fréquence et le contenu permettent de repérer régulièrement  (avec parfois une certaine latence) des pratiques ou des usagers.

  • Avantages :
- Elles ont un contenu rédactionnel régulier.
- Elles permettent de jauger de l'évolution des pratiques et des tendances


6. Favoris du navigateur : le retour en force de mamie !

  • Usages : 

- ma grand mère adorerait, les community managers crieraient au scandale anti-web2.0... et pourtant ils sont aussi utiles car non seulement ils sont toujours à portée de main, mais aussi on peut les synchroniser entre plate-formes ! Dans le tramway : "oups, j'aurais bien lu la fin de mon article ouvert sur mon pc au bureau > pas de problème, les onglets ouverts sur les autres ordinateurs apparaissent sur mon smartphone".

  • Avantages :
- Ils sont protégés et limités à son ou ses appareils personnels (normalement protégés par mot de passe).
- Ils sont exportables dans le cloud ou sur clé usb / email pour ses collègues

7. les podcasts radio 

  • usage : 

- on oublie le reveil de 1:20 à 1:40, on récupère l'émission de radio ou de tv, on la met sur son baladeur ou smartphone, on l'écoute dans le métro

  • avantages

- on gagne du temps, on a enfin l'info pointue dans les tympans, à tout moment


8. La roue de secours (payante) : website watcher

  • Usages : 

- Et comment on fait si un site m'intéresse, qu'il ne propose ni flux RSS, ni newsletter, ni lien avec un compte social ni RIEN ?

a) on envoie un gentil message au webmaster en lui expliquant qu'on est en 2014
b) on visite la page toutes les 19 minutes pour vérifier si une nouveauté est apparue (27 minutes les week-ends)
c) on utilise website watcher qui se charge de vérifier et vous notifier dès que le contenu d'un site est à jour. Il vous présente l'avant et l'après.



Les outils de diffusion

Souvent intégrés et liés aux outils de collecte, ils permettent si on le souhaite, de partager les informations choisies (fruit de la collecte).
La diffusion n'est pas obligatoire et entrer dans le jeu des réseaux sociaux n'est pas simple, mais en qualité de référent numérique, ce sont des outils à envisager.
Il me semble qu'il faut considérer deux aspects : 
  • Qui a accès aux informations ?

On peut décider de partager localement et en privé (sur l'ENT de l'établissement), publiquement (réseaux sociaux) ou aux deux niveaux (site du lycée avec connexion, ou réseaux sociaux)


  • Quel est le degré d'attractivité du média de diffusion ?

Plus le média sera visuel et convivial, plus il sera consulté par nos collègues ou le public visé

1. Pinterest 

  • Usages :  partage visuel d'éléments (blogs, liens, images etc.) sous forme de cartes sur un mur
  • Avantage : reconnu sur de plus en plus de sites : présence de bouton "pin it"


2. Scoopit 
  • usages : partage de pages web et autres contenu sous forme de modules sur un mur
  • avantage : en lien étroit avec les réseaux sociaux (on peut publier en même temps sur twitter ou facebook)
  • aller plus loin : découvrir Scoopit 


3. Storify 
  • usages : compiler des éléments des réseaux sociaux et autres articles pour rédiger des articles composites
  • avantage : un accès fluide (sous forme d'article) et assez détaillé (on créé des articles, on commente, on ajoute facilement les sources, on partage)
  • aller plus loin : un tutoriel vidéo de storify


4. Les grands réseaux sociaux (facebook, twitter, google+)
  • usages : partagez en public ET/OU en privé des sources (sauf twitter : 100% public)
  • avantage : totalement grand public


5. mailing lists
  • usages : un public opt-in, donc 100% intéressé par votre analyse et vos trouvailles, même pointues
  • avantage : c'est vous qui poussez l'information vers les boites email





Conclusion(s)

Tu vois mamie, finalement, c'est pareil aujourd'hui : on lit des blogs, des flux rss, des sites, des flux sociaux et même des unes de journaux, et puis on en parle (en le piaillant sur twitter, en l'épinglant sur pinit, en le storifiant sur storify, en le likant sur facebook, et même en enfilant des perles sur pearltrees), on regarde des videos, des tutoriels, des murs pinterest, on écoute même les radios sans radio !

Mais tout ca vient en complément des médias historiques, mais on y gagne à sélectionner ses sources. On se passionne à fouiner le web à la recherche des nouvelles plates formes (tiens, on me glisse dans l'oreillette qu'une application "Journal, de Facebook va révolutionner le domaine, mais chuuut, c'est encore trop geek d'en parler) qui nous simplifieront la tâche demain 

Et puis maintenant, mon abonnement de bus, je m'en sers pour écouter mes podcasts et lire mes flux d'info plutôt que de perdre 30 minutes pour aller à la bibliothèque...
Alors rassure toi, mamie, on dirait que je suis un autiste dans le bus, mais en vrai, je gagne du temps pour le passer avec toi...