nov.15
Extrait de "La vision" de Hoffmann
dans la catégorie Documents divers
"Il y a quelque temps, raconta Cyprien, j'ai séjourné dans la propriété du colonel de P***.
Ce dernier était un homme jovial, heureux de caractère et sa femme, la douceur et la spontanéité même. Le fils se trouvait à l'armée, aussi, à part les deux époux, n'y avait-il au château que leurs deux filles et une vieille Française qui s'efforçait de tenir le rôle de gouvernante même si les demoiselles avaient, semblait-il passé l'âge des gouvernantes.
(...) [La] jeune soeur, qui s'appelait Adelgonde, offrait (...) le contraste le plus étonnant. Les mots manquent pour dépeindre précisément l'impression très surprenante que cette jeune fille fit sur moi quand je la vis pour la première fois. Imaginez la plus jolie silhouette, le visage le plus ravissant mais des joues et des lèvres d'une pâleur de mort. Elle marchait à petits pas comptés, le regard fixe, et quand un mot à peine distinct franchissait ses lèvres entrouvertes pour se perdre dans le silence du grand salon, on se sentait parcouru d'un grand frisson glacé."