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Suffit-il d’être différent des autres pour être soi-même ?


Narcisse, c’est-à-dire potentiellement tout individu,  n’a-t-il pas manqué tragiquement le rapport à l’autre pour pouvoir se saisir soi-même?

Philosophiquement la question est celle...

Suffit-il d’être différent des autres pour être soi-même ?

La recherche à tout prix de la singularisation, exacerbé par l’avènement contemporain de l’individu, offre à la philosophie le support d’une réflexion sur le rapport entre moi et autrui. Narcisse, personnage de la mythologie grecque, un jour qu’il s’abreuve à une source, aperçoit son reflet dans l’eau et en tombe amoureux. Il reste de longs jours à essayer d’attraper son image, en vain. Il finit par dépérir. La figure de Narcisse  telle qu’elle est représentée par Narcisse peint par Le Caravage cherche son reflet dans l’eau, il est en quête de son identité, mais l’image est floue, insaisissable. Narcisse ne peut se voir tel qu’il est, le miroir ne lui donne qu’une image étrangère.Narcisse, c’est-à-dire potentiellement tout individu,  n’a-t-il pas manqué tragiquement le rapport à l’autre pour pouvoir se saisir soi-même ?Philosophiquement la question est celle du rapport entre identité et altérité : la différentiation entre les hommes n’est-elle pas une condition sine qua non, de la construction de leur identité personnelle ?

 

I.  Oui selon Hegel à travers le conflit lié à la  reconnaissance

Dans la Phénoménologie de l’esprit (Section A du Chap. IV)  , Hegel montre que l’être humain est fondamentalement désir de reconnaissance : il désir être reconnu par les autres comme différent, et c’est là le fondement de son individualité. Celle-ci n’est donc pas donnée d’emblée, mais elle constitue l’aboutissement d’un processus de différenciation par lequel l’homme se distingue de l’animal, puis de l’autre homme. Par conséquent l’identité n’existe pas au sens fort du terme au sens absolu, détachée de tout, l’identité ici signifie que l’homme n’est que relation (et non substance).

cf.lien vers Hegel, la dialectique maître esclave dans la Phénoménologie de l'esprit

cf. lien vers
 Commentaire de la dialectique maître esclave par Kojève

 

II.   Non selon Laruelle car l’homme est d’abord  Un

L’homme est d’abord un individu en lui-même et cela pour trois raisons :

_  le rapport à un autre est un rapport « non-thétique » c’est-à-dire que l’autre n’est pas posé   ou donné à la consciencecomme quelque chose qui pourrait déterminer  l’Un ou l’individu de l’extérieur.

_ La relation de l’Un ( c’est_à dire de chacun de nous) à l’Autre est unilatéral  au sens où à la limite , chacun pourrait exister sans Autre.

_ La différence n’estdonc nullement, ici le fondement de l’identité, au contraire l’identité  est absolu (détachée de tout et de tous).   


III. Radicalisation avec la psychanalyse : la différence est une forme de l’identification

Selon Lacan le désir de reconnaissance_ qui pose la différence comme  constitutive de de l’humain  est une forme de l’identification, mécanisme toujours plus ou moins pathologique. Ce désir est qualifié d’hystérique  car la reconnaissance est un désir du désir de l’autre. (autre perspective sur la reconnaissance hégélienne).  Si avec Hegel  le désir de l’autre  compromet son identité radicale, c’est le désir de l’inconscient en lui. Le désir  de l’homme est donc bien désir de l’Autre, mais l’autre ici avec une majuscule n’est pas l’autre homme (comme l’envisage  l’éthique).