Pour commencer, voici la définition du son synchrone : "le son est synchrone lorsqu'il est enregistré par la caméra en même temps que l'action qui se joue devant elle."

En Janvier 1954, divers quotidiens allemands annoncent, sous le titre « expédition télévisuelle en Afrique », le voyage d’une équipe de télévision du NWDR (Nord-West-Deutscher-Rundfunk) au Congo belge. Bien que le matériel de tournage soit présenté à plusieurs reprises dans les journaux : deux caméras et un magnétophone, la particularité de cette expédition n’est pas mentionnée : les journalistes ont dans leurs bagages des caméras 16 mm et un magnétophone portable permettant l’enregistrement d’un son synchrone. Malgré quelques problèmes techniques, le tournage se révèle être un grand succès. Le résultat est un reportage en deux parties, diffusé les 31 mars et 7 avril 1954 sous le titre : Musuri. Eine Fernsehexpedition nach Belgisch Kongo (Musuri. Une expédition télévisuelle au Congo belge). 

L’émission connaît un vif écho en Allemagne, avec un record d’avis favorables auprès des spectateurs. Grâce à ce succès, l’utilisation d’un nouveau matériel de tournage, le 16 mm avec son synchrone, s’impose à la télévision allemande dès le milieu des années cinquante. On date généralement l’arrivée de cette technique du début des années soixante avec l’émergence du direct cinéma en Amérique et du cinéma vérité en France. Les protagonistes tels que Jean Rouch, Michel Brault et Richard Leacock sont communément cités comme les inventeurs du 16 mm/son synchrone par lequel ils ont révolutionné le film documentaire avec leurs films. Si leur rôle fut certes clef dans l’histoire du film documentaire, l’exemple de l’équipe de télévision hambourgeoise n’en montre pas moins de manière significative la complexité de cette évolution technique.

La caméra 16 mm Eclair-Coutant a été inventée à la fin des années 1950. Elle était capable d'enregistrer la voix d'une personne quelconque, (elle pesait plus de douze kilos) dans un lieu quelconque, en même temps que son image. Ce qui était enregistré n'était pas un dialogue pré-écrit, mais une parole singulière. Une personne était, en même temps, individu de la vie réelle et être de cinéma. C'est le cas, par exemple de : Chronique d'un été, film documentaire de Jean Rouch et Edgar Morin, 1960. Cette caméra était en effet destiné à la pratique documentaire, comme c'était le cas dans le documentaire Black Harvest par exemple, que nous avons pu voir en début d'année.

La caméra éclair ou Coutant :


Une caméra avec la prise de son synchrone :