Le tournage d’une scène en caméra portée, aussi appelée caméra subjective, est défini par Marie-Thérèse Journot, spécialiste des questions cinématographiques, comme un ensemble de « prises de vue effectué par l’opérateur, caméra à la main ou avec un harnais ». Cette technique, permettant une forte identification du spectateur aux personnages, multiplie également les sensations. Elle a déjà été utilisée dans des films comme Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg (1998) et Elephant de Gus Van Sant (2003).
Cette année, le groupe de cinéma auquel j’appartiens s’est lancé un défi : Tourner un court-métrage uniquement en caméra portée. En effet, « Mamie en vacances », notre production annuelle, relate l’histoire d’un groupe d’amis partant en vacances en compagnie d’une grand-mère délurée. Le parti pris a donc été de tourner ce film comme un film de vacances, réalisé par un des amis. Celui-ci se sépare néanmoins de la caméra à plusieurs reprises, comme lorsque Marie-Annick exprime le souhait de tourner « son film de vacances » dans la forêt.
Grâce à l’expérience du tournage de « Mamie en vacances », nous allons pouvoir énumérer les différents avantages et inconvénients des prises de vue en caméra portée.
Les avantages :
- Le tournage en caméra portée permet au spectateur de s’immiscer profondément dans l’action du film.
- Cette technique nécessite peu de matériel. En effet, oubliez les pieds de caméra, les grues, les rails de travelling etc. Le mouvement de la caméra dépend entièrement de l’opérateur.
- Le montage est facilité. Dans « Mamie en vacances », par exemple, les quatre scènes composants le film ont nécessitées très peu de montage. Dans chaque cas, les scènes avaient été tournées en une seule prise continue, un plan séquence. Malgré cela, des effets de transition, de coupure suggérant un problème de la caméra (voir ci-dessous), ont été utilisés afin de raccourcir les dialogues parfois un peu trop long.
Malgré ces différents avantages, tourner en caméra portée implique également des difficultés.
Les difficultés :
- Comme je l’expliquais plus haut dans l’article, le tournage de ce « film de vacances » nous a poussé à tourner en plan séquence pour chacune des scènes. Ce type de plan a donc nécessité une parfaite maîtrise, tant du point de vue des dialogues que de la réalisation. En effet, une simple erreur nous obligeait à retourner l’intégralité de la scène.
- Autre inconvénient, le tournage en caméra portée nécessite de la minutie de la part de l’opérateur qui doit veiller à ne pas faire de mouvements trop brusques avec la caméra. De plus, dans notre réalisation annuelle, le cameraman devait dans le même temps filmer et jouer son rôle (Loïc par exemple), augmentant ainsi la difficulté.
- De plus, il est également difficile pour le preneur de son de ne pas apparaître dans le champ de la caméra (voir ci-dessous). Il doit suivre l’opérateur dans ses mouvements parfois rapides et imprévisibles. En effet, contrairement aux plans fixes habituels, le tournage caméra à l’épaule permet au cameraman d’effectuer des mouvements larges. La caméra est susceptible de filmer à 360 degrés. L’ensemble de l’environnement de tournage est donc préparé de sorte à ce qu’aucun technicien ou objet indésirable (matériel de tournage etc.) n’apparaisse à l’image.
Tourner en caméra portée comporte donc son lot d’avantages et d’inconvénients. Pour en revenir à notre projet annuel, je pense que tourner caméra à l’épaule était le meilleur moyen de rendre l’action réaliste tout en incluant le spectateur au maximum dans l’action.
Pour conclure, j’aimerai à nouveau remercier M. Fazilleau et Augustin pour leur aide tout au long de l’année.
A l’année prochaine !