La manière la plus simple : une histoire d'écrivain.

En effet, pour amener ce thème, le plus évident est de parler tout simplement d'un écrivain. C'est ainsi que le fait le film "Le magnifique" de BROCA avec BELMONDO, où est mis en scène un personnage de livre qui évolue en fonction de l'état de son écrivain : c'est une façon assez basique pour amener l'écriture représentée clairement par les roman, l'écrivain de base et l'histoire qui s'écrit. Dans ce film, le sujet est clairement le livre et toute l'intrigue tourne autour.

Mais pourtant, malgré une apparence simple, cette solution peut vite devenir complexe et élaborée. Ainsi, l'écrivain devient une "écriveuse de lettre" dans "Central do Brasil" et ces lettres écrites deviennent alors un moteur à l'histoire. Les lettres permettent d'introduire le récit principal du film : un road-movie pour retrouver la famille d'un enfant ayant perdu sa mère. L'écriture devient alors un support secondaire, qui ne sera pas le véritable sujet, même s'il est question de cette écriture plusieurs fois dans le film. Ainsi, le thème dont il est question dans cet article n'est pas le véritable enjeu du film : il est donc possible pour nous de réaliser une film où l'écriture n'est alors qu'un fil rouge pour une toute autre histoire.

Enfin, en extension à ci-dessus, l'écriture peut devenir une élément totalement secondaire et simplement être un élément déclencheur de l'histoire, ce qui est le cas dans Ghost Writer. Cet écrivain se fait engager par un homme politique mais le sujet n'est absolument pas le livre dont l'écrivain est chargé d'écrire mais toute l'histoire politique de l'homme dont il est employé. c'est donc par le biais du livre que l'histoire se lance, mais pour autant, après le lancement de l'intrigue, il n'est quasiment plus jamais question d'écriture, si ce n'est que le héros est écrivain. On pourrait croire qu'une histoire d'écrivain ne met que en scène l'écriture et pourtant, comme le montre ce film, elle peut totalement être mise de côté et simplement être un élément scénaristique de second plan.

         Des manières plus complexes

On l'a vu, l'écrivain s'impose être la manière la plus simple d'aborder l'écriture dans le cinéma. Mais des "extensions" de l'écriture s'avèrent être une autre solution. L'écriture est simplement un enchaînement de dessins à qui on a donné du sens mais elle reste d'origine artistique. Cet art de l'écriture est la calligraphie, ou l'art d'enjoliver les livres. Très présente pendant le moyen-âge où les moines étaient chargés d'enluminer les livres sacrés, la calligraphie est une possibilité pour introduire l'écriture dans un film. C'est sur cette méthode que le film d'animation "Brendan et le Secret de Kells" repose, où il est question d'un livre sacré, de son enluminure et de sa calligraphie. Elle n'est pas le véritable sujet principal, mais l'écriture est toujours présente dans ce film, en filigrane, par élargissement avec la calligraphie. De plus, le film étant d'animation, la calligraphie et le dessin se mélange parfaitement à l'intrigue.

Le livre, le roman, ne sont pas les seuls support à l'écriture. On oublie trop souvent le journal, les lettres ou les dossiers. Car malgré une société de plus en plus informatisée, les papiers importants existent toujours surtout lorsqu'ils sont compromettants. "Pentagone Papers" traite de ce sujet et mélange subtilement histoire américaine et dossiers embarrassants par le biais d'un journal, de sa rédaction et d'un sujet d'article. Ainsi, l'écriture prend une ampleur politique car ce qui est écrit dans ces dossiers est crucial : c'est une révélation qui causera la démission du président de l'époque. Devenu un pouvoir d'opposition et de contestation dans ce film, écrire rentre dans une autre dimension que celles abordées jusque-là : celle du pouvoir des mots et ce qu'ils peuvent engendrer.

Pour finir, il était évident de conclure par la manière la plus recherchée d'introduire l'écriture au cinéma : celle de l'écriture musicale. En effet, si le roman, les journaux et la calligraphie ont un lien évident avec le thème que tout le monde peut concevoir, il est plus rare de penser tout de suite "musique" lorsqu'on parle "écriture". Pourtant, cette dérivation de l'écriture a toute sa place dans le thème, il s'agit juste d'une autre manière de la concevoir tout à fait légitime, car, notamment pour le cas du groupe Queen dont il est question dans "Bohemian Rhapsody", la musique passe par une étape de rédaction des notes, des accords et même des paroles quand il y en a. Et même si l'écriture n'est pas vraiment présente dans ce film, la chanson y est omniprésente et, comme dit plus haut, celle-ci par contre découle d'un travail assidu d'écriture.

 

C'est ainsi que l'écriture peut être présente sous des formes très variées, surtout dans le cinéma. Que ça soit de l'écriture concrète de livre ou d'article, ou bien plus abstraite comme la calligraphie ou la musique, celle-ci s'avère être un thème efficace dans le septième art, compte tenu de la qualité des films visionnés lors du séminaire.

Ulysse HERVE.