Le lundi 23 mars 2015, élèves en option cinéma et audiovisuel nous sommes allés à au centre Pompidou à Beaubourg dans le 4ème arrondissement de Paris, ceci afin de participer au festival de cinéma du réel. Ainsi, lors de la première partie de la journée, après une petite description du déroulement du festival, nous avons visionnés Hier sprach der Preis, un film de Sabrina Jäger.
Ce film documentaire nous présente les dernières semaines du magasin Praktiker avant sa fermeture, durant lesquelles les derniers employés tentent d'assurer leur avenir. Nous suivons donc le quotidien de ces vendeurs, alors que les jours monotones passent sans évolution. De cette manière, la réalisatrice a décidé de faire vivre au spectateur ce que ressentent les protagonistes de plusieurs manières. Tout d'abord, les scènes sont toutes semblables, les même problèmes reviennent chaque jour et seule la réduction croissante (les soldes à 40% puis 50%, 60% jusqu'à 90%) est là pour nous rappeler que les jours changent. Toujours pour accentuer ce sentiment de "jour sans fin", une musique de magasin, cassant avec les bruits monocordes des pas des derniers clients hantant les allées, revient sans cesse dans ce film documentaire.
La réalisatrice a donc réussi à retranscrire l'ennui profond des employés à l'aide d'un tempo lent, de plan fixes nous montrant la vision quotidienne des employées, et de cette horrible musique digne des plus grands ascenseurs. Mais, alors que le film et le magasin en arrivent à leurs derniers moments, nous assistons à un brusque changement: le magasin ferme et les employés se chargent de le vider de fond en comble. Ainsi, la monotonie aussi bien visuel que sonore laisse place au défoulement des salariés et tout le vacarme en résultant. Cette véritable libération est aussi effective pour le spectateur qui somnolait dans son fauteuil, ce qui fait perdurer ce lien entre les personnages et le spectateur jusqu'aux derniers instants du film.
Finalement, tout le jeu que la réalisatrice Sabrina Jäger a su mettre en place autour des protagonistes et du spectateur permet de nous impliquer dans le film et laisse en nous un souvenir plus fort. Nous comprenons les employés et cela sert au documentaire dans le sens ou nous dépassons le stade de simple témoin, modifiant notre regard.
William Bequet-Rennes