- vous trouverez ici une belle bande annonce du spectacle :
- Quelques articles critiques :
http://www.oscarstrasnoy.info/press/cachafaz-critique-dans-les-trois-coups
http://www.oscarstrasnoy.info/press/cachafaz-critique-dans-concertclassic
et une revue de presse disponible sur le site du Théâtre 71 de Malakoff : http://www.theatre71.com/IMG/pdf/revue-presse-cachafaz.pdf
- Une présentation de la création musicale et de la scénographie à lire sur le site de théatre contemporain : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Cachafaz/ensavoirplus/idcontent/20352
Cachafaz et ses musiques cachées
Raul Damonte Botana, alias Copi, a été un acteur majeur du souffle théâtral venu d'Argentine des années 60 aux années 80. Monté par Jorge Lavelli, Jérome Savary et Alfredo Arias dans un premier temps, il continue à être joué aujourd'hui par de jeunes équipes car son écriture dynamite les codes du théâtre, tout en lui faisant une confiance absolue, ainsi qu'à l'acteur qui l'anime.
Si Les quatre jumelles, Une visite inopportune ou Eva Peron sont régulièrement montées, Cachafaz, tragédie barbare, fait partie des pièces encore méconnues de Copi en France, où elle n'a été montée qu'une seule fois par Alfredo Arias en 1993, dans une traduction en français. Elle est pourtant une de ses pièces les plus personnelles (Copi est né à Montevideo dans une famille anti-péroniste, contrainte plus tard à l'exil) et une des plus impliquées politiquement.
De toutes les pièces de Copi, Cachafaz semble être une des plus indiquées pour devenir un livret d'opéra, par les liens qu'elle tisse d'elle-même avec différents genres musicaux : la payada, les saynetes mais aussi le tango ou encore l'opéra vériste.
La Payada
La forme choisie par Copi (la pièce est écrite en octosyllabes) présente des qualités musicales par le rythme du vers, et rappelle immédiatement pour un hispanophone latino-américain le rythme de lapayada. La payada est un art poétique et musical, toujours vivant en Argentine, en Uruguay, au Brésil et au Chili. Le payador y improvise un récit en rimes sur un thème donné, en utilisant des structures musicales connues à l'avance, et en s'accompagnant à la guitare. La payada se déroule sous forme de joute poétique où deux ou trois payadores se répondent en courtes séquences de vers, quelquefois pendant des heures.
Ici, la scène de ménage qui ouvre la pièce peut être vue également comme une joute poétique où les deux payadores Raulito et Cachafaz s'affrontent sous l'oeil de la foule des voisins et voisines.
Les saynetes
L'autre source d'inspiration directe de Cachafaz est un genre que Copi a connu dans sa jeunesse uruguayenne : les saynetes, pièces populaires d'origine espagnole, ponctuées de chansons. La célèbre Tita Merello, chanteuse et actrice de cinéma et de théâtre, rencontrait un grand succès dans lessaynetes, où elle chantait des milongas, tangos, etc. Copi fait clairement allusion à ce genre quand il signale à l'acte I qu'un des passages de Raulito doit être chanté (la prière à la Vierge de Fatima).
Le tango
Le personnage de Cachafaz rêve de composer un tango qui le fasse connaître dans les salons. Copi s'inspire ici d'une réalité de Montevideo : la ville et ses guetthos sociaux a vu naître bien des musiques, qui ont franchi le fleuve et sont parvenues à Buenos Aires. Mais, pour Cachafaz, l'inspiration ne vient pas. Seule la "balle du grand final", celle qui tue Cachafaz, permettra à ce tango d'apparaître, dans une ultime danse entre les deux héros. Le tango n'est pas présent dans Cachafaz comme un élément folklorique : il s'agit plus d'un tango fantasmé, impossible, souterrain, et ironique - jusqu'à son apparition, ou du moins son évocation, à la fin de la pièce.
L'opéra vériste
Les ressemblances entre Cachafaz et les opéras de la fin du XIXème siècle sont frappantes, notamment avec Tosca de Puccini : deux amants que risque de séparer un homme de police, le meurtre de celui-ci, les rêves de vie heureuse et bourgeoise du couple, la piété de l'héroïne (prière à la Vierge de Fatima), l'engagement politique du héros, la mort par fusillade de l'un et le suicide de l'autre sont autant d'éléments que l'on trouve dans les deux oeuvres. Ces thèmes sont bien sûr traités avec beaucoup plus d'ironie dans Cachafaz mais ils n'en perdent pas pour autant leur grande efficacité dramatique.
Payada, saynetes, tango et opéra vériste, discernables dans Cachafaz, seront autant de sources d'inspiration pour Oscar Strasnoy, dont le travail consistera à faire ressortir ces différentes musicalités au sein du langage musical original qui est le sien.
Effectifs et intentions scénographiques
L'espace scénique rappellera le cercle qui se fait autour des 2 chanteurs dans les joutes poétiques de la payada : les spectateurs seront assis au plus près des deux protagonistes principaux, eux-même en contact direct avec les huit instrumentistes. Le spectateur devra avoir l'impression qu'il fait partie duconventillo et du choeur des voisins et voisines qui chanteront autour d'eux. Cette disposition, qui implique les spectateurs dans le dispositif, renforcera le sentiment d'oppression des interventions policières (policier de l'acte I et encerclement final), qui donneront l'impression d'avoir lieu depuis l'extérieur de la salle. Mise à part cette présence proche des spectateurs qui bouleverse le rapport scène/salle habituel à l'opéra, le reste de la scénographie sera simple et ne s'éloignera pas des origines populaires de cette pièce de Copi.