Militant homosexuel argentin disparu en 1987, Copi se fait d’abord connaître comme illustrateur à Hara-Kiri, Charlie-Hebdo et au Nouvel Obs avec sa Femme Assise. Déjà son affolante clairvoyance et son univers délirant esquissent un théâtre grand guignol et cru. Cette Tragédie barbare n’échappe pas à la règle. D’une saucisse chapardée, Copi réussit le tour de force de compiler carnage humain, misère sociale et dérèglement de mœurs. Raulito, travesti tout droit sorti de chez Almodóvar et son amant métis, Cachafaz, trucident un policier venu les arrêter pour ce vol à l’étalage. Embarrassés par le cadavre, ils trouvent vite son utilité. Découpé, il sera un mets pacifique apprécié des crève-la-faim sectaires qui les entourent. Un trafic peu ragoûtant s’organise dès lors dans les bas-fonds de Montevideo. Benjamin Lazar met en scène ces affreux, sales et méchants dans une joyeuse sauvagerie, matrice idéale au lyrisme. Oscar Strasnoy écrit pour les deux barytons, l’ensemble 2e2m et les vingt-quatre choristes des Cris de Paris, une musique savante et populaire. Il invite Verdi, Mozart… et des tangos chaloupés pour parfaire ce bijou déjanté. 

Un document sur Arte avec quelques extraits et des interviews : http://videos.arte.tv/fr/videos/opera_cachafaz_dans_l_eclat_d_un_coup_de_poignard--3522152.html

argument une histoire « dans l’éClat d’un Coup de poignard »

L’histoire de Cachafaz laisse une impression de rapi-dité comme la trajectoire d’une balle. elle se déroule à Montevideo en uruguay, en face de Buenos aires, à l’intérieur d’un conventillo - habitation vétuste occupée par les travailleurs immigrés espagnols, italiens, juifs et arabes à leur arrivée en argentine et en uruguay. un couple : le métis Cachafaz, ancien travailleur aux abat- toirs, vit de vols et de ce que rapporte la Raulito, travesti né dans le quartier, et qui ne veut plus se prostituer. Le couple est haï du voisinage, mais toléré, car la Raulito a pour oncle le chef de la police.

aCTe I : alors que Raulito et Cachafaz se disputent, un policier frappe à la porte : Cachafaz doit être arrêté pour le vol d’une saucisse. une altercation aboutit au meur- tre du policier ; que faire du corps? La Raulito décide de le débiter et d’en faire de la charcuterie. Le couple, en crise au début de la pièce, trouve dans cette décision une mission qui les réunit : puisque tout le conventillo meurt de faim, ils vont manger des policiers. Cachafaz harangue les voisins et voisines et crée une scission au sein duconventillo : les voisins se rallient à lui et les femmes crient au scandale. Cachafaz prend la chevalière du policier et l’offre à Raulito en gage de fiançailles.

aCTe II : Le commerce de viande humaine s’est développé, mais Cachafaz tue par erreur le chef de la police, l’oncle de Raulito. un choeur d’âmes venues de l’au-delà vient menacer le couple assassin et anthropophage, mais se laisse à leur tour convaincre de leur bon droit. La police encercle le conventillo et une fusillade est fatale à Cachafaz. Raulito veut mourir avec lui : Cachafaz poignarde Raulito. ils peuvent alors enfin danser ensemble le tango que Cachafaz cherchait en vain à composer depuis le début de la pièce. puis ils disparaissent.