- Allez consulter l'excellent dossier pédagogique sur "Fin de Partie" mis en scène par Françon et qui se joue à l'Odéon en ce moment : vous y trouverez des éclairages très bien faits sur Beckett, la pièce, les différentes mises en scène.

http://www.theatre-odeon.eu/sites/default/files/pj/Da_fin_de_partie.pdf


- À un jeune acteur assez ingénu pour demander de quoi parlait sa pièce, Beckett répondit : "Eh bien, c’est comme la dernière partie d’échecs entre Karpov et Korchnoi : dès le troisième coup, ils savaient qu’ils ne gagneraient ni l’un ni l’autre… Et ils ont continué à jouer." Façon de dire qu’on atteint la fin de la partie, qu’il ne reste plus que quelques pièces sur l’échiquier. Mais, que faire, sinon continuer à continuer ? Ou plutôt, à répéter les mêmes rituels, manger sa bouillie, sa dragée ou son biscuit… même s’il devient de plus en plus dur. Burlesques et métaphysiques, poignantes et cocasses, les minuscules aventures de Hamm et Clov découvrent des perspectives vertigineuses, où l’on vérifiera, entre autres, que "rien n’est plus drôle que le malheur".


Allez vous promener sur le site du Théâtre de l'Athénée : photos, dossier sur le spectacle : http://www.athenee-theatre.com/saison/fiche_spectacle.cfm/128397_fin_de_partie.html

- Voici la Note d'intention du metteur en scène Bernard Lévy (2006, à la création):

Alors que je viens de monter Bérénice de Jean Racine, je suis très impatient de travailler sur une écriture radicalement différente, où l’économie des mots est à son paroxysme. Dans Bérénice, il y a une seule didascalie sur cinq actes ; dans Fin de partie, les didascalies représentent à elles seules le tiers du texte, qu’il nous faut respecter à la "lettre", par obligation. L’un des enjeux de cette mise en scène réside, me semble-t-il, dans l’écart qui pourrait exister entre le respect de la loi (les didascalies) et son interprétation. Comment la contrainte imposée par le texte à la fois à l’acteur et au metteur en scène ouvre-t-elle sur un espace de création singulier ? Je trouve, paradoxalement, cette contrainte très excitante qui m’oblige à adopter une posture dans le travail proche de celle du chef d’orchestre devant sa partition.
Je ne souhaite pas contextualiser la pièce de Beckett. Cela serait sans doute plus rassurant pour nous et faciliterait notre lecture, mais ce serait aussi, me semble-t-il, lui imprimer une signification trop univoque ("Signifier ? Nous, signifier ? (Rire bref.) Ah elle est bonne !" dit Hamm). Il s’agit plus pour moi d’un espace mental où le langage crée une multiplicité de sens, où chaque mot et chaque réplique sont à considérer comme des éclats poétiques, capables de déclencher chez chacun de nous une réflexion abyssale sur la condition humaine. Mais cette réflexion n’est en rien triste ou morbide, elle peut être bien au contraire très joyeuse et l’humour parfois grinçant et dévastateur est à percevoir comme une incroyable force de vie.
Bernard Levy (2006)