Texte de présentation:

« Faut-il désespérer de l’Espèce Humaine ? Qu’est-on en droit d’attendre de ces primates vaguement évolués qui se sont rendus maîtres et posses- seurs de la nature, et qui sont passés experts dans l’art de massacrer leurs semblables ? Sommes nous condamnés à l’éternelle reproduction du pire et à l’attente anxieuse de la catastrophe terminale ? Ou peut-on espérer que l’espèce la plus inventive du règne animal finira par dominer sa propre pulsion de mort ?
S’inspirant de textes théoriques et de discours « savants », Bienvenue dans l’Espèce Humaine trace une voie entre conférence et performance, et poursuit l’exploration d’un théâtre (faussement) didactique et (réellement) ludique. Interprété par deux comédiennes, Anne Cuisenier et Géraldine Pochon, c’est un spectacle léger, à jouer partout, pour des audiences restreintes et aussi diverses que possible.
Mais Bienvenue dans l’Espèce Humaine ne se contente pas de « coller » des textes d’origines différentes, et de les donner à entendre. Au contraire, il s’agit, par un travail d’improvisation et de réécriture permanent, d’opérer une véritable appropriation de la matière conceptuelle du spectacle par les comédiennes.
En ce sens, Bienvenue dans l’Espèce Humaine prolonge les questions ouvertes dans les spectacles précédents (en particulier ceux conçus à partir des travaux de Jean-Charles Massera), autour de la compétence de « n’importe qui ». Ici, ce ne sont pas des « savants » ou des « experts » qui parlent, mais des personnes ordinaires, qui, contre toute attente, ont subitement « voix au chapitre », et qui raisonnent vaille que vaille, toujours au bord de la bourde, ou de l’énormité. Ce télescopage entre un contenu « savant » et des énoncés « ordinaires » peut prêter à rire ou à sourire, c’est même l’un de ses objectifs. Mais il ne s’agit pas pour autant de moquer l’incompétence des uns et la cuistrerie des autres, en faisant jouer l’ordinaire contre le théorique (ou inversement). Il s’agit au contraire de trouver une forme qui fasse de la pensée et de la réflexion l’espace d’une jubilation accessible, et partagée ; il s’agit de continuer à poser des questions profondes et essentielles sans en faire toute une histoire, en montrant simplement qu’elles appartiennent « à tout le monde », qu’elles font partie de notre commune humanité.
Le Théâtre de la tentative

Petite bibliographie indicative

Samuel Beckett, Cap au pire

Boris Cyrulnik, Edgar Morin, Dialogue sur la nature humaine

Emil Cioran, De l’inconvénient d’être né

Michel Houellebecq, La possibilité d’une île

Nancy Houston, Professeurs de désespoir

Claude Levi-Strauss, L’anthropologie face aux problèmes du monde moderne

Konrad Lorenz, L’agression, une histoire naturelle du mal

Clément Rosset, La force majeure

Arthur Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation

Quelques articles sur le spectacle:

-http://www.aupoulailler.com/article-critique-bienvenue-dans-l-espece-humaine-benoit-lambert-102872611.html

http://unfauteuilpourlorchestre.com/critique-bienvenue-dans-l’espece-humaine-benoit-lambert-theatre-paris-villette/

http://revue-frictions.net/enligne/index.php?post/2012/10/05/Imparables-preuves-par-l-absurde

- sur le site "théâtre en blog" : http://theatredublog.unblog.fr/category/non-classe/page/2/