07/09/15                                                                               Séance 1

Un petit moment dans le couloir : On discute, on rigole...Puis, rentrés on dépose nos affaires dans les salles et quelques informations nous sont données : programme, sorties..etc  Et c'est parti, on se lance sur le plateau, on rentre dans le travail ! 

On retrouve petit à petit les sensations perdues durant ces deux mois, celles de l'excitation, la transformation, et le fait de pouvoir toucher à des choses nouvelles et différentes.

Échauffements/ Exercices :

On commence par des échauffements. Tout d'abord on marche sur le plateau, tête relevée, en essayant de trouver une marche commune à celle du groupe, ainsi que la même énergie tout en essayant de combler tous les vides pour que le plateau soit bien équilibré. Ici, on travail l'écoute et la concentration mais on se prépare aussi à rentrer dans le jeu. En effet, le groupe est très énergique, et a une démarche rapide tandis que moi, au début, je marche lentement d'un pas nonchalant, je ne suis pas encore "réveillée", pas dans le travail, il me faut un peu plus de temps. Suite à cette marche on joue avec la position de nos pieds ce qui nous amène à marcher différemment. Dans mon cas, par exemple, en marchant sur la pointe des pieds mon buste passe en avant, tout comme mes bras, qui s'allongent le long de mon corps, et ma tête se baisse ce qui donne un effet "bossu de Notre Dame", puis en exagérant cette marche  un personnage apparaît, la voix se transforme, je ne suis plus moi mais quelqu'un d'autre. Par la suite, on se met en diagonale, l'un derrière l'autre par couple de deux, et là vient travailler notre imagination. Un lieu, une température nous est donnée et c'est à nous de construire et de donner vie à ce lieu. C'est assez compliqué parce que dans cette situation on veut donner vie à cet endroit par des gestes, par la parole pour que celui ou celle qui nous regarde voit ce qu'on veut lui montrer. Mais la clé est de voir cet endroit dans notre tête, essayer de ressentir l' odeur des arbres, de la nature ou encore entendre le chant des oiseaux, les craquements des branches si on est dans un bois, par exemple. Le travaille se fait tout d'abord intérieurement, il faut essayer de visualiser, ce qui, en soi n'est pas si simple. Cela demande énormément de concentration.  Puis on fait la traversée du plateau, une fois qu'on est prêt.

Improvisations/ Travail (conte) : Cendrillon 

Une partie du groupe se lance sur le plateau ainsi qu'un narrateur, et là commence l'histoire de Cendrillon. Le narrateur raconte et lorsque le professeur tape des mains, on entre et on joue la scène racontée. Ca a l'air facile dit comme ça mais en réalité ça ne l'est pas. En effet, le narrateur doit, dans son récit nous raconter une histoire logique tout en utilisant une langue qui porte et qui lui soit propre. Mais dans la précipitation, dans l'oralité on n'a pas le temps de chercher ses mots comme quand écrit une histoire à la main, car là on va pouvoir retourner en arrière, gommer ce qui ne va pas pas mais là...non !  Donc plusieurs erreurs peuvent survenir comme une mauvaise utilisation des temps, la perte d'une histoire logique, tout en sachant qu'à chaque nouvelle scène le narrateur est coupé par les comédiens qui vont le distraire puisque lorsque l'on joue, on parle donc on ajoute quelque chose au récit et influence le narrateur sur la suite de son récit.

Et pour arranger ça, un on se lance dans un travail de narration

On avait, pour ce jour, des textes à écrire dans lequel on devait raconter un malentendu qui s'est produit quand on était petit et qui avait eu lieu avec nos parents. On s'échange donc nos textes pour qu'ils soient lus par quelqu'un d'autre (d'ailleurs, c'est une chose très intéressante parce qu'on a l'occasion d'entendre notre texte être lu différemment, avec une émotion différente mais j'y reviendrai tout à l'heure). Durant cet exercice on a rencontré beaucoup de difficultés : 

On ne doit pas avoir le nez sur le texte mais enchaîner la lecture et le regard, parce que sinon la lecture est machinale, les mots sont coupés ce qui sonne étrange. Ce qu'il faut, ici, c'est gagner en fluidité. C'est un travail de conte, donc on doit faire entrer ceux qui nous écoutent dans notre univers. On doit pour cela avoir un regard présent, faire face à nos auditeurs même si il y a quelques silences, parce que en effet, on ne connait pas le texte. Il ne faut pas avoir peur de ces silences car tout le travail se trouve dans le rapport qu'il y a entre nous et les auditeurs. Si on est présent, et qu'on les tient du regard, il ne lâcheront pas et resteront captivés par notre histoire. Il ne faut pas faire semblant de les regarder, ce que certains d'entre nous ont fait. Si le regard est là, le texte est vivant. Il faut que l'on s’approprie l'histoire, car un récit c'est pas simple mais il faut trouver la stylistique, y ajouter notre touche personnelle, trouver l'élément de l'histoire qui nous plait et qui va nous captiver. On va aussi trop vite à certains moments durant la lecture, du coup les mots clé, le malentendu n'est pas bien compris, et mis en valeur. Il faut qu'on appuie sur ces mots ( les malentendus) parce que c'est généralement ceux la qu'on entend le moins bien.

 

Lorsque j'ai lu le texte de ma camarade pour la première fois ça m'a raconté quelque chose. Lorsqu'elle était petite sa mère lui apprenait à retenir le nom des couleurs en les associant à des aliments : rouge comme la tomate, vert comme la salade, jaune comme la banane..etc. Mais le bleu ?! Elle ne savait pas. Elle a donc mis le pinceau avec la peinture bleue dans sa bouche et lorsque sa mère est arrivée elle lui a demander pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça, et elle lui a répondu : "Maman, je sais pas c'est quoi le bleu comme manger mais c'est pas bon..." Et j'ai trouvé ce souvenir à la fois très beau et drôle mais ce qui m'a parlé c'est la présence de la mère dans l'histoire. Je me suis donc appropriée le récit en imaginant que je racontais un bon souvenir que j'avais vécu avec elle parce qu'elle n'était plus là, ou parce qu'on était éloignée et que seuls les souvenirs pouvaient me rapprocher d'elle. Et je doute fortement que lorsque ma camarade a écrit son récit elle le voyait comme ça elle aussi. De même pour sa lecture de mon texte : le ton qu'elle a mis lorsqu'elle le lisait donnait cette impression de souvenir d'un être cher, or moi je l'aurai lu de façon détachée, en essayant de donner vie à l'histoire mais tout en racontant l'histoire de quelqu'un d'autre en gardant cette distance alors que là ce n'était plus mon histoire mais la sienne..!

Laure Clairin, T02