RESUME : La pièce se passe en Pologne et se déroule sur trois journées. Le Roi Basile a vu des présages funestes lors de la naissance de son fils Sigismond dont la mère est morte en couche. Les signes annoncent que Sigismond renversera et tuera son père, puis deviendra un tyran cruel envers son peuple. Pour échapper à ce destin, le Roi a donc déclaré le Prince mort-né et l'a fait enfermer dès sa naissance dans une tour, avec pour seule compagnie son geôlier chargé de son éducation. Cependant, le Roi doit à présent songer à trouver un suc- cesseur au trône. Il n'a pas d'autre héritier que son fils emprisonné, et il hésite à confier le royaume au duc de Moscovie. Il décide donc de tenter une expérience : Sigismond sera drogué et à son réveil, il se retrouvera Prince. S'il déjoue les présages, il deviendra Roi. S'il échoue, il sera renvoyé dans sa prison. Au début de la deuxième journée, Sigismond s'éveille donc dans le lit royal et est traité comme un prince. Mais quand il apprend qu'il est le Prince légitime et la raison de son enfermement, Sigismond entre dans une telle rage qu'il manque de tuer plusieurs personnes. Il manifeste un comportement violent et même bestial face à une femme dont la beauté le séduit. Le Roi décide donc de le droguer et de l'enfermer à nouveau dans sa prison, lui faisant croire à son réveil que tout ce qu'il a vécu n'était qu'un rêve.

Vous pourrez consulter : 

-Une video qui présente le spectacle en 1 minute : http://www.youtube.com/watch?v=R3ktZJb_k_8

-Le site de la compagnie de Jacques Vincey : http://www.sirenes.fr/

- En pièce jointe, le dossier pédagogique proposé par le théâtre 71 et un article critique du Monde.

- Extrait du projet dramaturgique de Jacques Vincey :

"Ce qui s’impose à première vue dans cette pièce emblématique du Siècle d’Or espagnol, c’est en effet une matière organique confuse, foisonnante, déjà manifeste dans une langue d’une richesse superlative. Ce verbe haut en couleurs annonce déjà des personnages tiraillés entre des passions contradictoires — amour ou honneur, raison ou passion —, formidable partition pour les comédiens. Mais sous la profusion d’ornements pointe aussi une ligne clai- re qui conduit les protagonistes du drame, au fil des trois journées qui composent la pièce, d’un chaos cauchemardesque à un ordre qui possède la trouble beauté et la fragilité des rêves. Car c’est bien le rêve qui sert de fil d’Ariane dans le labyrinthe de la Pologne imaginai- re qu’invente Calderón, lui qui contraint les protagonistes (à commencer par Sigismond et Basile) à se confronter à la part la plus obscure d’eux-mêmes. Le rêve, métaphore récurrente du théâtre de Shakespeare à Strindberg et au-delà, permet le déferlement des instincts les plus violents et les plus bestiaux." Sommeil de la raison qui engendre des monstres", pour reprendre la formule de Goya, il autorise le surgissement de visions terrifiantes dont tout l’enjeu sera de savoir de quelle manière et à quel prix les personnages, et avec eux les spectateurs, parviendront à se libérer. C’est là le défi que Calderón lance, non seulement à ces monstres qu’il fait s’agiter pour nous sur la scène, mais au-delà, au théâtre tout entier. La pièce elle-même est cette créature aux forces en sommeil qu'il s'agit de dompter. "

Jacques Vincey