- l'argument : Si Roméo n'épousera jamais Juliette, c'est sur l'union secrète d'Othello et de Desdémone, le jour et la nuit, l'ébène et l'albâtre, que Shakespeare ouvre sa tragédie. Othello le Maure, Othello l'ancien esclave devenu chef des armées de la Sérénissime Venise, épouse la fille de Brabantio, qui s'oppose à cette union en noir et blanc. Les images utilisées par Shakespeare pour décrire la beauté des amants sont somptueuses et les jeux d'ombre et de lumière, du jour et de la nuit, de la peau d'Othello et de Desdémone qui s'unissent en font l'une des pièces les plus sensuelles de Shakespeare. Mais... comme dans Roméo et Juliette, la nuit se fait alors terrible prophétesse de mort, quand le père de Desdémone lance à Othello cette parole de malheur : « Surveille-la, Maure, si tu as des yeux pour voir. Elle a trompé son père, elle peut bien te tromper. » La jalousie, née dans le cœur sombre de Iago, de Brabantio, de Venise, se greffe alors dans le cœur pur et candide d'Othello. 

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- le projet de la compagnie : interroger le racisme d'aujourd'hui et la figure de l'étranger : 

Il y a, dans Othello, autour du personnage d’Othello, un racisme ordinaire et un racisme extraordinaire.

Le racisme ordinaire consiste à dire qu’Othello est “l’étranger d’ici”, comme on dit “le Maure de V enise”.
Politiquement, cela implique qu’Othello est de Venise à condition d’être le fidèle serviteur du pouvoir vénitien en place. Mais qu’il épouse Desdémone, fille d’un grand notable vénitien, ou qu’il se mette à distribuer des places et des postes, en somme qu’il se mêle directement aux jeux des corps amoureux ou du corps politique ... et ses détracteurs l’appelleront aussitôt “voleur”. Othello appartient à Venise, mais ni Venise ni ses jeunes filles ne sauraient lui appartenir ...Et c’est le père de Desdémone qui établit le premier ce lien entre l’amour et la politique : Si on laisse libre cours à de telles actions, (le “vol” de sa fille) Esclaves et païens nous gouverneront.Racisme ordinaire qui est celui des propriétaires, qui se réservent la jouissance des objets du désir.

Mais il y a un autre racisme, extraordinaire, qui consiste à dire qu’Othello est “l’étranger de partout”.
Ce racisme a pour fond la haine de ce qui, en tant que tel, n’appartient pas à l’ordre ou le subvertit. Et cette haine s’exerce aussi bien sur Desdémone qui, en tant que femme, faillit à son devoir d’obéissance. Haine de l’exception à la règle. Même et surtout si la règle est le Chaos. Partout le Chaos, partout une seule règle (énoncée par Iago : “Faites de l’argent !”). Et le moteur de ce chaos est l’interprétation des signes ou des indices. Tant et si bien que l’imaginaire règne de part en part, ayant pour seule mesure la quantité d’argent dont on remplit sa bourse. Et Iago veut à toute force le prouver :

Il n’y a pas d’amour, il n’y a que du désir qui s’éteint aussi vite qu’il se rallume.
Il n’y a pas de justice, il n’y a que des réputations qui se perdent aussi vite qu’elles se gagnent.

Il n’y a pas de vérité, il n’y a que de la rhétorique, agissant comme un charme qui séduit et se dissipe.

Ces axiomes de Iago sont aussi ceux qui gouvernent majoritairement le monde contemporain, nous voulons les questionner avec nos contemporains. 

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- Après le spectacle : quelques critiques http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Othello-variation-pour-trois-acteurs/critiques/ et un dossier éducatif : http://www.theatre-contemporain.net/images/upload/pdf/f-819-56fa8852b113e.pdf

- une interview des auteurs du spectacle : http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Othello-variation-pour-trois-acteurs/entretiens/