La guerre : résumé d’un texte de Montherlant extrait du Chant funèbre pour les morts de Verdun

Situation du texte  

Dramaturge (La Reine morte, Malatesta, Le Maître de Santiago, Port-Royal, Don Juan, Le Cardinal d’Espagne. Notamment), romancier et essayiste (L’Équinoxe de septembre, Le Solstice de juin, Textes sous une occupation —1940-1944, Carnets — 1940-1944, Henry de Montherlant (1895-1972) descend d’une famille de la noblesse catalane. Mobilisé en 1916 (service auxiliaire, puis service actif), blessé et décoré, cet élève des pères, lecteur de Nietzsche et disciple de Barrès tire de cette expérience marquante Songe, roman autobiographique où il exalte les vertus de la guerre (désintéressement, dévouement, sacrifice, conscience d’un idéal commun, énergie, vie rude, risque, virilité et ce qu’il appelle « amour ») , et Chant funèbre pour les morts de Verdun, où il reconnaît que si, par le passé, la « création d’un bien par la guerre » a pu valoir le sang versé, « l’hypertrophie monstrueuse où tend la guerre moderne » impose de « ramener dans la paix » les vertus de la guerre, pour ne pas « laisser perdre cette tendresse, c.à.d. cette estime profonde de l’homme pour l’homme créée par la guerre, ni aucune des vertus de la guerre ». Cela explique, par-delà la gêne que son texte peut inspirer, le mouvement dialectique de l’extrait proposé au concours 2003 par la banque PT, sur le thème de la paix : ne céder ni à la nostalgie, compréhensible, des anciens combattants, ni au reniement de soi prôné par un mouvement pacifiste que Montherlant accuse d’être internationaliste, de faire l’apologie des antihéros et de déjuger les valeurs fondatrices de l’idéal patriotique de grandeur ; forger un idéal de paix qui mobilise les même vertus que l’élan guerrier.

Quelques remarques préalables : un texte assez facile à comprendre, mais oratoire et long =>

1-      On pouvait en conserver le ton pour en restituer le style, mais ce n’était pas une nécessité.

 

2-      Il fallait surtout conserver l’équilibre entre les 3 mouvements de la démarche/ pensée :

US 1 refus de nourrir, avec les anciens combattants, la nostalgie de la guerre ;

US 2 critique du pacifisme internationaliste ;

US 3 exhortation de la jeunesse à une paix suffisamment exaltante pour la détourner de la fascination pour la guerre).

óNe pas s’attarder sur la 1ère page en occultant la référence à la jeunesse

      Ne pas sacrifier la critique du pacifisme

      Ne pas diluer l’exhortation finale et en comprendre finement le sens précis.

 

3-      Pour restituer le mouvement du texte il fallait

a)      Le visualiser en ne présentant pas le résumé sous la forme d’un bloc monolithe, mais en en matérialisant les 3 US  sous la forme de 3 §.

b)      Faire ressortir les articulations du texte par l’emploi de connecteurs logiques et de reprises nominales ou pronominales.

c)      Hiérarchiser les idées

 

4-      La rédaction devait

a)      Ne pas pratiquer le collage de citations.

b)     Ne pas ramener non + la reformulation à une « traduction ».

c)      Synthétiser sans schématiser.

Propositions de résumé du texte de Montherlant

Résumé 1

Les maux de la guerre l’emportent sur leurs vertus/. N’en déplaise aux vétérans, partagés entre le rejet rationnel/ d’un nouveau conflit et la nostalgie de leur jeunesse/ héroïque. Les illusions, rétrospectives comme prospectives, sont à ce titre/ mortelles. Après la victoire, la paix seule justifiera le sacrifice des martyrs//.

            Mais cette paix ne saurait se confondre avec le pacifisme radical des/ internationalistes qui, déniant à leur propre pays le droit à/ la guerre défensive, sont finalement + sensibles aux intérêts de/ l’ennemi qu’à ceux de leur patrie. De ces ennemis, ils font, sous couvert d’humanisme, le jeu quand ils/ prononcent l’apologie de la faiblesse. Ils sapent aussi les// fondements de la tradition en montrant  aux fils la vanité/   des idéaux qui ont fait la grandeur de l’Histoire/.

            Il faut donc faire de la paix une valeur exaltante/. Ainsi les jeunes gens, avides d’héroïsme, cesseront de ne/ donner du sens à   leur existence  qu’en affrontant la// mort à la guerre. Or, pour que cette guerre  ne serve + d’/ exutoire à leur énergie, la paix ne doit pas être/ mollesse, mais occasion de puiser au fond de soi la force/  de lutter et de se transcender pour une grande cause//. (200 mots)

            Résumé 2

Bien que les maux de la guerre l’emportent sur/ leurs vertus, les vétérans en exaltent parfois la grandeur : partagés/ entre le rejet rationnel d’un nouveau conflit et la/ nostalgie de leur bravoure juvénile, ils sont victimes d’/une illusion rétrospective, aussi mortelle que leur ancienne croyance// en une guerre en dentelles. Ecoutons donc +tôt la voix/ de martyrs : nous leur devons la paix.

Il ne s’/agit pas pour autant de dénier aux combattants le droit/ de défendre leur patrie, comme le font les pacifistes d’/aujourd’hui. + enclins à justifier l’ennemi que leur// propre pays, ceux-ci font en effet le lit de/ l’adversaire en excusant tous les anti-héros. Sacrilèges/, ils dénigrent les valeurs pour lesquelles des générations se sont/ sacrifiées, illustrant la grandeur de l’Histoire.

            La paix doit donc/ être aussi exaltante que la guerre, si on veut éviter// que les jeunes têtes brûlées, avides de mort héroïque, n’/entraînent le monde dans un chaos, dont les badernes sont/ moins la cause que l’ambition des conquérants. Inventons pour/ cela une paix qui, au lieu d’émasculer les esprit/, les virilise et elle exaltera les esprits. (197 mots)

 

Texte écho : Giono Ecrits pacifistes

Je n'aime pas la guerre. Je n'aime aucune sorte de guerre. Ce n'est pas par sentimentalité. Je suis resté quarante-deux jours devant le fort de Vaux1 et il est difficile de m'intéresser à un cadavre désormais. Je ne sais pas si c'est une qualité ou un défaut : c'est un fait. Je déteste la guerre. Je refuse la guerre pour la simple raison que la guerre est inutile. Oui, ce simple petit mot. Je n'ai pas d'imagination. Pas horrible ; non, inutile, simplement. Ce qui me frappe dans la guerre ce n'est pas son horreur : c'est son inutilité. Vous me direz que cette inutilité précisément est horrible. Oui, mais par surcroît. Il est impossible d'expliquer l'horreur de quarante-deux jours d'attaque devant Verdun à des hommes qui, nés après la bataille, sont maintenant dans la faiblesse et dans la force de la jeunesse. Y réussirait-on qu'il y a pour ces hommes neufs une sorte d'attrait dans l'horreur en raison même de leur force physique et de leur faiblesse. Je parle de la majorité. Il y a toujours, évidemment, une minorité qui fait son compte et qu'il est inutile d'instruire. La majorité est attirée par l'horreur ; elle se sent capable d'y vivre et d'y mourir comme les autres ; elle n'est pas fâchée qu'on la force à en donner la preuve. Il n'y a pas d'autre vraie raison à la continuelle acceptation de ce qu'après on appelle le martyre et le sacrifice. Vous ne pouvez pas leur prouver l'horreur. Vous n'avez plus rien à votre disposition que votre parole : vos amis qui ont été tués à côté de vous n'étaient pas les amis de ceux à qui vous parlez ; la monstrueuse magie qui transformait ces affections vivantes en pourriture, ils ne peuvent pas la connaître ; le massacre des corps et la laideur des mutilations se sont dispersés depuis vingt ans et se sont perdus silencieusement au fond de vingt années d'accouchements journaliers d'enfants frais, neufs, entiers, et parfaitement beaux. À la fin des guerres il y a un mutilé de la face, un manchot, un boiteux, un gazé par dix hommes ; vingt ans après il n'y en a plus qu'un par deux cents hommes ; on ne les voit plus ; ils ne sont plus des preuves. L'horreur s'efface. Et j'ajoute que malgré toute cette horreur, si la guerre était utile il serait juste de l'accepter. Mais la guerre est inutile et son inutilité est évidente. L'inutilité de toutes les guerres est évidente. Qu'elles soient défensives, offensives, civiles, pour la paix, le droit pour la liberté, toutes les guerres sont inutiles. La succession des guerres dans l'histoire prouve bien qu'elles n'ont jamais conclu puisqu'il a fallu recommencer les guerres. La guerre de 1914 a d'abord été pour nous, Français, une guerre défensive. Nous sommes-nous défendus ? Non, nous sommes au même point qu'avant. Elle devait être ensuite la guerre du droit. A-t-elle créé le droit ? Non, nous avons vécu depuis des temps pareillement injustes. Elle devait être la dernière des guerres ; elle était la guerre à tuer la guerre. L'a-t-elle fait ? Non. On nous prépare de nouvelles guerres ; elle n'a pas tué la guerre ; elle n'a tué que des hommes inutilement. La guerre d'Espagne n'est pas encore finie qu'on aperçoit déjà son évidente inutilité. Je consens à faire n'importe quel travail utile, même au péril de ma vie. Je refuse tout ce qui est inutile et en premier lieu la guerre car son inutilité est aussi claire que le soleil.