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fiche de méthode (2) les attendus de la dissertation (synthèse des rapports de jury 2007-2008)

La dissertation aux concours d’écoles d’ingénieur : vade me cum

Synthèse des rapports de concours 2007  ou 2008

 

1-Qu’est-ce qu’une dissertation ?

« Une dissertation digne de ce nom :

1)      propose dans son intégralité la citation soumise à la réflexion (recopier le libellé en tête de copie est insuffisant)

2)      réfléchit sur cette citation en analysant attentivement tous ses termes, sans chercher à la ramener à tout prix à un sujet déjà traité en cours ;

3)      soumet alors au lecteur une problématique et le plan qui en découle dans une introduction rigoureuse ;

4)      conclut l’ensemble des développements par un bilan et un questionnement d’ouverture (qui ne se traduit d’ailleurs pas nécessairement par une question au sens grammatical) » (E3A).

 

« Dans cet exercice il s’agit toujours d’inventer et de construire une réponse personnelle- pertinente et cohérente- au problème posé dans le sujet, en s’appuyant sur les œuvres du programme. Une pure investigation conceptuelle sans référence travaillée à des passages précis dans les œuvres au programme est donc exclue. Un pur assemblage de morceaux de textes commentés sans réflexion thématique sut la thèse soumise à l’examen est tout autant exclu. C’est une épreuve de français-philosophie : les deux dimensions textuelle et conceptuelle doivent donc être conjuguées ». (CCP)

« La dissertation est un exercice composé et sa réussite tient en grande partie aux qualités du plan : cohérent, progressif, suivant le mouvement de l’esprit qui se confronte à un problème- le plan est déterminé par le choix et la formulation de la problématique »

 

Le « volume »

-         Synthétique, la dissertation ne doit pas excéder 1200 mots, soit 5-6 pages aérées à  Centrale-Supélec.

-         Le rapport E3A (dissertation en 3 heures) recommande de se limiter à 6-7 pages « correctement écrites et relues attentivement ».

 

2- Les qualités d’une bonne copie

- une problématique articulée à la citation

E3A « Les très bonnes notes ont donc été attribuées à des copies qui ont su articuler toutes les données de la citation et proposer une approche critique de l’affirmation de Marrou, en se fondant sur une connaissance précise des oeuvres au programme ». « Les copies qui ont proposé une véritable analyse – précise, exhaustive, fine- du libellé ont été évidemment récompensées. ».

CCP « toute bonne copie doit satisfaire aux deux obligations suivantes. Elle doit d’une part prendre vraiment en compte la spécificité du sujet, exploiter les termes précis de la citation et construire ainsi qu’examiner dans chaque partie, une articulation conceptuelle simple et déterminée, pour finalement formuler une réponse originale. Elle doit d’autre part étudier avec finesse, de façon relativement détaillée le sens de tels ou tels passages du texte, mobiliser et associer- souvent d’ailleurs différencier- les points de vue des différents auteurs. Originalité, rigueur, précision, finesse et sens critiques, telles sont les principales qualités d’une bonne copie. Mais, insistons sur le plus important : le jury préfère toujours une réflexion audacieuse, fût-elle parfois maladroite, à toute récitation de tel ou tel élément du cours ». « Résumons nous. Qu’attendons-nous d’une bonne copie ? Que la réponse soit intelligente, que les remarques soient pertinentes, que la progression soit réelle et cohérente, que les textes soient connus et bien exploités, que le propos soit claire et élégant. Pour le reste, tout est possible. Une copie ne peut être jugée à l’aune d’une orthodoxie méthodologique étroite : la dissertation dans son mouvement dialectique n’est pas un exercice techniquement réglé par une série déterminée  de procédures automatiquement figées. »

Polytechnique : « le jury a particulièrement valorisé les copies qui ont su, par un effort d’analyse minutieux et s’appuyant sur une connaissance solide des œuvres au programme, témoigner d’une authentique capacité d’abstraction. Prendre de la hauteur et de la distance par rapport à une citation bien analysée, c’est dominer pleinement l’esprit et la démarche de la composition française, qui  conduisent à faire d’un programme –une problématique,d es œuvres- l’occasion privilégiée d’un exercice de réflexion personnel et averti 

 

 

- un raisonnement ferme, logique et bien mené

 

- Des références précisesqui servent l’argumentation sans gauchir les œuvres : »dans les bonnes copies, les références aux œuvres et les citations (complètes et exactes) servent ainsi la thèse sans se substituer à l’argumentation et les œuvres ne sont pas gauchies pour entrer de force dans un développement » (E3A) « Le recours à toutes les œuvres du programme pour illustrer les développements est indispensable ». « des analyse fines et précises de tel ou tel passage des œuvres. Il ne faut jamais se contenter de rapides allusions et l’on a souvent grand intérêt à bien faire valoir la complexité d’un personnage ou d’une situation . On ne rappellera jamais assez aux candidats qu’une étude sérieuse et détaillée des œuvres est absolument indispensable. Mas sa fonction n’est pas de permettre l’accumulation d’analyses toutes faites à réutiliser telles quelles mais de rendre possible au moment du concours l’invention d’analyses originales et approfondies parfaitement adaptées à la spécificité du sujet à traiter »

 

 - Une culture personnelle , mais authentique, et qui n’ampute ni l’argumentation ni l’analyse des œuvres au programme « si les correcteurs apprécient l’apport d’éléments de culture personnelle dans la dissertation, ces références ne doivent pas se substituer à l’argumentation, ni servir d’ornementation gratuite » (E3A)

 

 

3 – Les attentes déterminent les critères d’évaluation

   «  Compréhension et analyse du sujet, qualités du plan : parmi les critères qui permettent d’évaluer une composition française figure également la capacité à mobiliser des connaissances spécifiques : réflexions et analyses, citations des œuvres au programme, maîtrise de la problématique générale étudiée en cours » (Polytechnique)

 

-          Analyse et compréhension du sujet

 E3A « Il s’agissait de « discuter » une citation de HI Marrou : une analyse méticuleuse des termes du libellé était donc un préliminaire essentiel avant toute bonne rédaction » Les rubriques abordées sont ensuite les suivantes : « Reformulation des propos de l’auteur et mise en lumière des présupposés ». « Les copies qui se sont  contentées de paraphraser tel ou tel segment de la citation, sans chercher à dégager sa cohérence générale, sans en relever l’originalité, ont été pénalisées. L’absence d’analyse préliminaire de la citation a été très lourdement sanctionnée ».

Polytechnique : « il ne s’agit pas d’isoler les termes ainsi abordés, mais de voir comment ils s’insèrent dans un propos d’ensemble. On peut ainsi définir une problématique par l’analyse rigoureuse de notions qui se font écho, se complètent, se nuancent[…] Seul ce travail d’analyse méthodique permet d’adapter les connaissances acquises au sujet précis qu’ils ‘agit de traiter. Seul aussi il permet de légitimer les éléments d’un dépassement attendu de la citation au profit d’une réflexion qui ne l’occulte pas, mais en contexte les présupposés »

 

-          Plan

E3A

« Quelle que soit la structure logique retenue, on attend que le candidat suive, sur la base de sa problématique, un plan cohérent et qu’il développe des arguments qui ne soient pas des rhapsodies de cours sans rapport explicite avec le sujet […]

 

A retenir :

Le plan

1)      répond à une problématique dégagée après analyse du sujet proposé et non à une problématique étudiée en cours ;

2)      correspond à un cheminement logique et non à un pur exercice formel ;

3)      présente une argumentation articulée et non une juxtaposition d’idées péremptoirement affirmées (et parfois contradictoires) ;

4)      permet d’exploiter les œuvres en fonction du sujet et non l’inverse.

 

Si le plan dialectique canonique est un plan en 3 parties, les jurys préfère deux parties solidement charpentées à des III mous ou hors-sujet : « On attend souvent 3 parties, et c’est +tôt une bonne chose. Mais 2 parties denses et bien articulées valent mieux que trois parties sans véritable progression et indigentes quant à leur contenu […] Ce qui est décisif, c’est l’intelligence du propos que l’on construit » » (CCP) ; « Les correcteurs n’exigent pas un plan en 3 parties et il vaut mieux un bon travail en deux parties, qu’une juxtaposition de trois parties sans cohérence logique ». (E3A)

 

 

-          Maîtrise des œuvres et culture personnelle mobilisée à bon escient

     Le rapport de Polytechnique insiste sur l’importance des exemples : « le rôle des exemples est capital à chaque étape de la composition française : outre leur fonction illustrative, argumentative ou critique, ils témoignent, en situation de concours, d’une expérience de lecteur fondée sur une pratique nourrie des œuvres au programme. »

 

-          Qualité de l’expression écrite

 

« Une copie correcte

1)      respecte l’orthographe d’usage (y compris les accents et les majuscules) et les règles d’accord ;

2)      présente une syntaxe ferme et claire ;

3)      adopte un lexique précis et soutenu ;

4)      utilise une ponctuation pertinente ;

5)      propose des articulations logiques pour baliser l’argumentation ;

6)      soigne la présentation formelle (alinéas, propreté, lisibilité, soulignement des titres et pas des auteurs)

Les correcteurs n’exigent pas des exercices de style ; ils attendent tout simplement que des candidats qui se destinent au métier d’ingénieur sachent communiquer dans des écrits respectueux des règles élémentaires de la langue »(E3A)

« On ne saurait réussir sans une pratique maîtrisée de l’orthographe et de la syntaxe élémentaires. Ecrire correctement, avec précision élégance et clarté, est bien la moindre des choses dans une telle épreuve. Ce qui suppose une certaine familiarité avec la langue, nourrie et entretenue non seulement dans la lecture des œuvres, mais aussi par un travail régulier et méthodique de l’expression. Aucune indulgence à attendre autrement : on sera toujours jugé non sur ce qu’on aura voulu dire, mais sur ce qu’on aura écrit et sur la façon dont on l’aura écrit. Les correcteurs auront toujours raison de douter du sérieux de candidats incapables de respecter les accords grammaticaux les plus évidents ou se laissant aller à transformer « Odette » en « Audette » puis « Odeht » dans la même page »

(Centrale)

 

4-Le lamento du correcteur :

Aperçu d’ensemble

  E3A « Le sujet en a dérouté beaucoup[…]. Cette année encore, la lecture attentive de la citation proposée est rare et les dérives immédiates sur d’autres sujets sont beaucoup trop fréquentes. Les œuvres ne sont pas toujours utilisées de façon pertinence, malgré une abondance de citations longues ; certains ne les ont tout bonnement pas lues. Ajoutons que la langue est très malmenée : la morphologie, la syntaxe et le lexique de base ne sont plus maîtrisés. »

 

 Les erreurs pointées

      L’introduction :

 L’accroche. Elle est nécessaire, mais il faut éviter les banalités : » commencer par « depuis la naissance de l’humanité, l’homme a toujours été préoccupé par l’histoire de ses ancêtres » est bien maladroit » (E3A). « Sans être amené, le sujet est livré de façon abrupte » (Centrale).

 

La citation « Dans un assez grand nombre de cas, la citation à commenter n’est pas reproduite dans l’introduction. Il n’y est même pas fait allusion, pas plus qu’à son auteur. Pour beaucoup encore, elle est considérée comme une formalité dont on tente de se débarrasser au plus vite tant bien que mal en la traduisant à se façon afin de traiter un autre sujet […] Ceux qui n’ont pas fait l’effort de lire attentivement le propos de Marrou ont donc été pris au piège fatidique du copié-collé, du pot-pourri de notes de cours plus ou moins comprises et surtout plus ou moins adéquates. Ce manque d’attention au libellé se manifeste aussi dans l’absence fréquente des termes du sujet dans les développements. La grande majorité des candidats ne semble pas savoir qu’il faut revenir à ces termes tout au long du devoir, qu’il faut dialoguer avec ces mots, composer, négocier avec eux/ Quant à la citation, elle est parfois présentée de façon dangereusement tronquée[…] Quand elle existe, l’analyse des termes du sujet est bien souvent erronée, faute qu’une maîtrise de la langue » (E3A).

Même constat à Centrale : »une copie qui ne prête aucune attention aux termes-clés de l’énoncé, ne les cite pas dans l’introduction, ne les reprend pas à toutes les « tapes de l’argumentation et préfère leur en substituer d’autres plus vagues ou erronés ne peut s’attendre à aucune indulgence. L’incapacité à produire une lecture critique du sujetr et à le problématiser explique beaucoup d’échecs. D’autant qu’on aboutit vite, de cette manière, au hors-sujet ou à une démarche factice, fondée sur les poncifs, de fausses questions ou des raisonnements sommaires. Le but n’est pas de régurgiter des choses apprises, mais de montrer qu’on maîtrise assez son savoir pour produire une pensée personnelle. « 

 

formulation d’une problématique « Introduire une citation n’est pas neutre : il faut la gloser, la problématiser. On ne peut décemment passer de la citation de Marrou à « ainsi pouvons-nous nous demander comment l’historien parvient à la connaissance historique » Problématiser, ce n’est pas non plus laisser déferler l’avalanche de questions possibles soulevées par le sujet et plus ou moins en rapport avec lui, surtout s’il n’est pas prévu d’y répondre : c’est poser les questions nécessaires à la réflexion, telles qu’elle sont suscitées, encouragées par le sujet lui-même ». « Sans prendre la peine de définir une problématique, on annonce aussitôt un plan plus ou moins factice, à peine intellgiible et dépourvu de la moindre nécessité logique » (Cenrale)

 

 

Composition et argumentation

- Le respect du sujet

«  Le correcteur sanctionnera le hors-sujet et, dans une moindre mesure, les défauts de construction » (E3A)

 

    -  Le plan

- Absence de plan : « En l’absence d’un plan solide et pertinent, les argumentations sont parfois bien maladroites, pour ne pas dire stupides ».(E3A) ; « pas de dissertation sans plan. Le jury n’a pas de dogmes en la matière, mais il ne se satisfera jamais d’un développement de bric et de broc, mêlant le coq à l’âne et n’obéissant à aucune nécessité logique. » (Centrale).

-Plan plaqué, hors-sujet: « substituer un plan tout fait à l’analyse des notions de la citation » (Polytechnique)

- Plan schématique : « 1/ oui, l’auteur de la citation a raison ;2/ non, l’auteur a tort ; 3/ en fait il est possible de penser différemment de l’auteur. Strictement tel quel, ce plan n’a aucune originalité et ne peut être considéré comme très bon. Il gagne considérablement en valeur si le candidat réussit à lui conférer une forme originale en organisant chacune des parties autour d‘une perspective thématique déterminée en rapport avec les termes du sujet »  (CCP).

- plan énumératif, purement illustratif « qui se contente de gloser les termes de la citation sans les inscrire dans une dynamique de réflexion démonstrative » (Polytechnique)

 

La qualité des arguments

Le rapport E3A pointe les arguments « absurdes » et les jugements de valeur abrupts.

 

Les exemples

« Dans certaines copies, les illustrations sont bien pauvres » (E3A). Polyt déplore la « paraphrase » et le traitement « de seconde main » des oeuvres

 

La maîtrise des œuvres au programme

La méconnaissance :« Les candidats ne manifestent pas tous un contact personnel avec les oeuvres au programme et beaucoup de copies n’en évoquent que des aspects globaux, issus de cours ou des détails sans grand intérêt ». (E3A). « Rien ne peut être pensé indépendamment des œuvres. Leur connaissance précise, permettant de les citer, de les analyser avec rigueur et de les confronter est donc indispensable » (Centrale, qui déplore que Malebranche soit tout bonnement méconnu de beaucoup de candidats)

 

Défaut inverse : la paraphrase ou le psittacisme

 « il ne sert à rien de raconter les œuvres, car les résumés ne remplaceront jamais une argumentation. En racontant les œuvres, le candidat montre qu’il connaît les œuvres (ce qu’il n’a pas à faire : s’il ne les connaît pas, le correcteur s’en aperçoit toujours), mais démontre aussi qu’il ne sait pas réfléchir à partir de ce qu’il lit ». (E3A).

« Les correcteurs notent une recrudescence des citations. Ils ne sont pas dupes de ces reprises textuelles parfois longues, souvent les mêmes d’une copie à l’autre. Certaines, reproduites sans la moindre pertinence par rapport à l’argumentation, révèlent le même manque de connaissance réelle des œuvres ».

 

L’expression écrite

Le rapport E3A déplore la piètre qualité de la rédaction : noms écorchés ; vocabulaire pauvre et imprécis ; familiarités ; orthographe grammaticale et orthographe d’usage déficientes (règles d’accord) ; fautes de syntaxe, à commencer par l’ordre des mots dans l’interrogation indirecte. « Rappelons aux candidats qu’il faut s’interdire une langue relâchée

 

Publié le 14 octobre 2010 par anne patzierkovsky (lycée du parc des loges d'evry (91))