Ce département des Arts de l’Islam est né de la nécessité de trouver un espace suffisant pour des objets qui d’un côté étaient déjà au Louvre (mais dans l’aile Richelieu), et de l’autre côté provenaient du Musée des Arts décoratifs.


Nous avons pu y observer énormément d’objets mais il faudra revenir car 14000 objets et environ 3000 œuvres sont exposés !

A l’entrée on remarque tout de suite une grande carte murale animée permettant de visualiser la conquête arabe.


En visitant ce département, nous pouvons observer des réalisations artistiques qui vont des débuts de l’Islam au VIIe siècle jusqu’au début du XIXe siècle, dans des domaines variés : éléments d’architecture, objets d’ivoire, de pierre, de métal, de verre ou de céramique, textiles et tapis, arts du livre...

Voici une présentation des quelques œuvres qui m’ont particulièrement marquée : 

1/ Peintures de mosaïques provenant de la Mosquée de Damas (Xe siècle environ) :

Ces peintures représentent si bien des mosaïques que l’œil pourrait s’y tromper et n’y voir qu’une mosaïque justement ! Cette œuvre témoigne de la présence des Omeyyades [Dynastie de califes arabes qui a régné sur l'ensemble de l'Empire musulman entre 661 et 750, depuis sa capitale Damas, puis dans la péninsule Ibérique avec l'émirat de Cordoue (756-1031)] à Damas.




2/ Pyxide d’Al-Mughira (Espagne. 968)

Ce très bel objet en ivoire était une boîte dont on ignore l’usage précis (coffre à bijoux ? boîte à parfum ?) mais dont le matériau était  réservé aux princes ou aux princesses. Cette boîte était d’ailleurs destinée à un prince qui vivait en Espagne et appartenait à la dynastie des Omeyyades.

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Une nouveauté que les élèves ont bien appréciée, c’est qu’à côté de certaines œuvres on peut voir en relief des objets exposés en vitrine (des explications sont également données en braille pour les malvoyants) et surtout toucher un morceau du matériau précieux dont est composé l’objet. Ici les élèves ont pu toucher de l’ivoire avec lequel la boîte a été fabriquée ou plus loin le panneau à l'oiseau stylisé.

3/ Aiguière (1000-1015, Égypte ?)

Cet objet sculpté dans du cristal de roche provenait très certainement Égypte, où on trouvait ce matériau. Tout, y compris l’anse, a été sculpté dans un même bloc. Le petit couvercle en or a été rajouté deux siècles plus tard, en Italie où l’objet avait été apporté. On a ensuite retrouvé cet objet dans le trésor de la Basilique Saint-Denis.


4/ Chandelier aux canards et aux félins :

Cet objet qui ne porte ni signature ni date est un chef d’œuvre de l’art du métal. Alors qu’il semble très lourd, il est en réalité extrêmement léger car il a été réalisé avec une feuille de métal très fine. L’œuvre est incroyable et témoigne de la virtuosité de l’artiste qui l’a réalisée car une seule feuille de métal a été utilisée. C’est ainsi que les petits canards par exemple ont été créés en martelant de  l’intérieur la fine feuille métallique !

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5/ Livres d’histoires :

Nous avons pu observer une série de double- pages de manuscrits avec de belles peintures très colorées, qui provenaient souvent d’Inde. La fragilité de ces peintures fait que l’on reverra rarement les mêmes pages de manuscrits d’une visite à l’autre car elles sont changées tous les trois  mois.

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6/ Lion de Monzon (XIIe-XIIIe siècle, Palencia, Espagne) :

Ce lion qui servait de bouche de fontaine, vraisemblablement dans un palais, est aussi l’emblème du département des Arts de l’Islam.


 

7/ Tête princière (XIIe-XIIIe siècle, Iran) :


Cette tête, qui devait appartenir à un militaire de haut rang, est en stuc, une poudre de marbre très fragile.  Les proportions de la tête témoignent de l’existence de décors monumentaux sculptés en Iran au tournant des 12e - 13e siècles.L’ensemble devait être peint car on perçoit encore des restes de couleur noire sur la chevelure et les sourcils, de rouge sur le visage et de bleu vers la boucle d’oreille.

8/ Reconstitution du porche d’une maison (Caire,XIVe-XVe siècle) :

Alors que cette maison devait être démolie au XIXe siècle, on l’a en quelque sorte démontée et on a mis les parties dans des caisses que l’on a retrouvées qu’en 2000. Il a alors fallu reconstituer le puzzle ! Pouvoir se retrouver ainsi sous le porche de cette maison nous a transportés bien loin…


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9/ Baptistère de Saint-Louis :

Il s’agit de  l’un des plus grands chefs d’œuvre de l’art islamique. Mais il constitue une énigme : aucune inscription sur cet objet incontestablement princier n’indique le nom de son destinataire. A l’origine on a d’abord pensé qu’il avait été réalisé à l’époque du roi Saint Louis d’où ce nom, mais en fait quand celui-ci mourut en 1270, le baptistère n’existait pas encore. Au départ cet objet n’était pas religieux, mais à son arrivée en Europe, les chrétiens l’ont mis dans le trésor de la Chapelle du château de Vincennes. Plusieurs rois de France (dont Louis XIII) ont été baptisés au-dessus de cet objet. Sur ce baptistère on peut observer des souverains ainsi que des cavaliers au combat.
 
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Enfin,  l’artiste qui a réalisé ce chef-d’œuvre a inscrit plusieurs fois son nom sur l’objet, dans une coupe tenue par un personnage


10/ Coupe à scène de chasse (XIIe siècle, Iran) :

Cette coupe illustre parfaitement les qualités des céramiques à pâte siliceuse. Rendue très dure par la cuisson, cette pâte permet d'obtenir des objets à parois fines. Elle est ici percée pour accroître l’effet de transparence. De plus ici, un habile jeu de transparence et de relief anime le décor de scènes de chasse, probablement inspiré par la littérature de l’époque.


11/ Plat au paon (1530-1555. Turquie) :

Le décor de ce plat est peint dans une gamme de couleurs employée dans l'art ottoman autour des années 1530-1555, permettant ainsi de dater ce chef-d’œuvre de la céramique dite "d'Iznik". L'univers végétal est caractéristique du répertoire ornemental "saz" (le mot ""saz" désigne en turc ancien une forêt dense et enchantée, peuplée d'animaux et de créatures fabuleuses). En revanche, la présence du paon, symbole de beauté, est exceptionnelle.

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12/ Panneau à scène de jardin (XVIIe siècle, Ispahan)

Cette scène provient probablement d’un pavillon royal d’Ispahan, dont le bas des murs étaient ornés de grands panneaux de céramique. Le décor montre quatre jeunes personnes dans un jardin. Deux jeunes hommes s’affrontent dans une joute poétique, une servante apporte des victuailles et un dernier personnage observe l’ensemble. 

13/ Poignard (Khandjar) à manche en tête de cheval (XVIIe siècle, Inde)

 

A cette époque, beaucoup de poignards ont leur manche sculpté dans de luxueuses matières, comme ici le jade. Ce manche qui représente un cheval comporte un harnais et une crinière en pierres précieuses (rubis). Ceci indique toute la noblesse du cheval à l’époque -  les chevaux des personnages importants avaient souvent leur crinière et leur harnais ornés de pierre précieuses. On observe également des incrustations d’or dans la lame, certainement d’origine, et qui s’avère être particulièrement tranchante…

Mme Trouvé, Documentaliste