En plaçant des tueurs en guise de personnages principaux dans son dernier roman Les Enfants de chœur de l’Amérique, Héloïse Guay de Bellissen a fait un pari osé, mais ce choix a été payant. En mettant le lecteur à la place de Chapman, assassin de John Lennon et de Hinckley, coupable d’avoir tiré sur Reagan, elle nous permet d’essayer de comprendre l’incompréhensible. Le fait de suivre tour à tour les personnages depuis leur plus jeune âge nous permet de voir ce qui a cloché pour qu’ils en arrivent là, nous poussant à en lire toujours plus pour le découvrir, pour finalement se demander s’ils n’étaient pas simplement perdus dès le départ. La personnification de l’Amérique qui s’exprime permet aussi de prendre du recul face à l’histoire, de façon à montrer que ces actions ne sont pas le résultat que d’un individu, mais d’une société, présentée dans le livre comme ayant conscience de ses tares amis ne faisant que peu pour les corriger. Au final, on a donc un livre qu’on a envie de continuer, jusqu’à avoir envie de le recommencer.

La rencontre avec l’auteure n’a pourtant selon moi pas totalement rempli l’objectif que nous avions, c’est-à-dire d’expliciter les choix pris pour le roman. Si les questions de M. Lapeyroux portaient bel et bien sur l’ouvrage et permettaient de mieux le cerner et comprendre d’un autre point de vue, les questions posées par le public ne l’étaient que rarement et s’écartaient du sujet, pour parler de l’édition du livre notamment. Même si obtenir un aperçu du monde cruel de l’édition et des difficultés rencontrées par les écrivains était intéressant et a pu permettre d’informer certains intéressés, cela n’a pas forcement aidé à mieux comprendre les motivations qui ont poussé Héloïse Guay de Bellissen à écrire Les Enfants de chœur de l’Amérique, de la façon singulière, scindée avec de nombreux personnages, comme elle l’a fait. Même si l’entrevue débordait donc un peu du sujet, elle a toutefois le mérite d’avoir donné envie de lire à nouveau le dernier ouvrage de Héloïse Guay de Bellissen, mais aussi son premier livre Le Roman de Boddah, qui semble tout aussi intéressant, si ce n’est plus.

Gabriel.