"le lac des cygnes" au Théâtre Chaillot

les premières Fac ont assisté à un extrait du ballet "le lac des cygnes" le mardi 2 avril au Théâtre Chaillot.

Dans la version contemporaine de Radhouane El Meddeb

 

 

 

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LE LAC DES CYGNES

Musique de TCHAIKOVSKI et chorégraphie de Radhouane El Meddeb

 

                       

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Piotr Ilitch Tchaïkovski est un compositeur russe né le 25 avril 1840 à Votkinsk et mort le 25 octobre 1893 à Saint-Pétersbourg.

Radhouane El Meddeb est un danseur chorégraphe né à Tunis. Après un début de carrière comme comédien, il s'oriente vers la danse dès 2005 et fonde la Compagnie de SOI en 2006.

La création du Lac des cygnes en 1877 et les représentations qui suivent sont une cruelle humiliation pour le compositeur. Le ballet est retiré de l'affiche et tombe dans l'oubli durant dix-huit ans. Une seconde version sera crée en 1894 quelques mois après la mort du compositeur représenté au Théâtre Impérial Mariinski Cette réalisation est confiée à Ivanov, deuxième maître de ballet et adjoint du célèbre Petipa.
Le Lac des cygnes (avec cet amour du prince pour une jeune fille-oiseau, créature poétique et iréelle) est un sujet fantastique, porteur de nombreuses interprétations symboliques et psychologiques.L’intérêt chorégraphique et dramatique est centré sur la ballerine qui a un double personnage à jouer et à danser (Odette, cygne blanc-vitrine lyrique, et Odile, Cygne noir-dangereuse séductrice), le prince étant réduit à devenir l’instrument de la fatalité.

Le jeune prince Siegfried fête sa majorité. Sa mère, la reine, lui annonce que, le jour suivant, au cours d'un grand bal pour son anniversaire, il devra choisir une future épouse. Vexé de ne pouvoir choisir celle-ci par amour, il se rend durant la nuit dans la forêt. C'est alors qu'il voit passer une nuée de cygnes. Il épaule son arbalète, s'apprêtant à tirer, mais il s'arrête aussitôt : devant lui se tient une belle femme vêtue de plumes de cygne blanches. Ils dansent et Siegfried apprend que la jeune femme est en fait la jeune et belle princesse Odette, la princesse cygne. Un terrible sorcier nommé von Rothbart, la captura et lui jeta un sort ; le jour, elle serait transformée en cygne blanc et, la nuit, elle redeviendrait femme. D'autres jeunes femmes et jeunes filles apparaissent et rejoignent la princesse Odette, près du Lac des Cygnes, lac formé par les larmes de ses parents, lorsqu'elle fut enlevée par le méchant sorcier von Rothbart. Ayant appris son histoire, le prince Siegfried, fou amoureux, est pris d'une grande pitié pour elle. Il lui déclare son amour, ce qui affaiblit le sort. Von Rothbart apparaît. Siegfried menace de le tuer mais Odette intervient ; si von Rothbart meurt avant que le sort ne soit brisé, il sera irréversible. Le seul moyen de briser le sort est que le prince épouse Odette.  Le lendemain, au bal, à la suite des candidates fiancées, survient Rothbart, avec sa fille Odile, transformée en Odette mais vêtue de noir (le cygne noir), qui est le sosie d'Odette. Abusé par la ressemblance, Siegfried danse avec elle, lui déclare son amour et annonce à la cour qu'il compte l'épouser. Au moment où vont être célébrées les noces, la véritable princesse Odette apparaît. Horrifié et conscient de sa méprise, Siegfried court au lac et supplie Odette de lui pardonner. Il la prend dans ses bras mais elle meurt. Les eaux du lac montent et les engloutissent.

 

 

   

 

 

 

 

 

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Le mythe du cygne offre de nombreuses possibilités d'adaptation. On voit  apparaître le caractère androgyne de l'animal qui a conduit, dans certaines mises en scène à confier la figure des cygnes à un corps de ballet masculin.

En confiant à Radhouane El Meddeb la création d’un Lac des cygnes, Bruno Bouché, directeur du Ballet de l’Opéra national du Rhin, a pris le pari de l’émotion. Séduit par la théâtralité et les qualités narratives de l’œuvre, le chorégraphe a choisi de s’appuyer sur la vision freudienne qu’en donna en 1984 Rudolf Noureev.

 

« Le lac des cygnes est pour moi une longue rêverie du prince Siegfried […] Celui-ci, nourri de lectures romantiques qui ont exalté son désir d'infini, refuse la réalité du pouvoir et du mariage que lui imposent son précepteur et sa mère […]. C'est lui qui, pour échapper au destin qu'on lui prépare, fait entrer dans sa vie la vision du lac, cet « ailleurs » auquel il aspire. Un amour idéalisé naît dans sa tête avec l'interdit qu'il représente. Le cygne blanc est la femme intouchable, le cygne noir en est le miroir inversé. Aussi, quand le rêve s'évanouit, la raison du prince ne saurait y survivre »

 

Ce ballet s’inscrit dans un inconscient collectif quasi mondialisé au point de représenter à lui seul toute la danse classique. Traitant la chorégraphie à la manière d’un palimpseste, Radhouane El Meddeb a commencé par effacer les différents actes qui trament le récit et ses rebondissements pour en faire une sorte de longue rêverie d’où émergeraient les emblèmes du ballet. Il a  décidé d’éliminer le troisième acte qui  lui semblait trop folklorique mais suivi le livret, affiné certains thèmes comme le mélange des genres, et concentré toute l’histoire dans le rapport à l’être aimé.

 

le désir d’envol et d’animalité que porte chaque danseur, sa passion d’être un autre, et bien sûr la sexualité, dont cet oiseau s’est fait le mythologique champion mâle et femelle. Au lieu de faire voir l’ordre à travers des ensembles tirés au cordeau et répétant à l’unisson un même mouvement ad libitum, il a réparti les danseurs sur le plateau comme autant d’individus, échangeant des regards, se jaugeant en arpentant l’espace, se frôlant sans se rencontrer, évitant le contact direct, étrangers l’un à l’autre mais toujours solidaires.

Mais que peut raconter aujourd’hui au public le Lac des cygnes ? Un enchantement, une beauté ? Beaucoup de questions se sont posées, de la dramaturgie d’hier et d’aujourd’hui aux personnages, à la façon dont cette pièce est perçue. Qu’en reste-t-il ? D’abord la musique, c’est elle qui demeure dans les oreilles après le spectacle. « J’ai beaucoup lu sur le compositeur, sur les différentes versions du ballet. Je voulais comprendre la fascination que cette pièce exerce à travers le temps, malgré sa longueur, son mauvais accueil à la création, ses différents remaniements. J’en ai gardé quelques éléments essentiels. Des thèmes comme l’amour, la solitude, la peur, la domination, le désir de retrouver l’autre, de se transformer. Durant ces recherches, j’ai constaté qu’il y avait peu de rôles importants. Le prince, le précepteur et le magicien qui généralement sont interprétés par le même danseur, Odette et Odile. Ils sont quatre. Moi, j’avais envie qu’on soit tous amoureux, qu’on soit tous Odette ou le prince. Je ne voulais pas octroyer ces rôles principaux exclusivement aux solistes. Je n’ai pas été respectueux avec la chorégraphie de ce point de vue. Même si techniquement, il s’agit de l’une des pièces les plus difficiles à danser, j’ai préféré partager solos et variations avec tous les danseurs. J’ai aussi travaillé sur un phénomène qui m’intrigue beaucoup. Devant l’image ou dans la rue, on assiste à beaucoup d’évènements, des attentats aux migrants qui traversent la Méditerranée ou échouent, on voit des gens qui regardent des gens. Et si l’on pouvait assister aussi à d’autres scènes dans le Lac des cygnes. Un baiser, une scène d’amour. La pièce parle de cela, de quête de l’autre, de rapprochement, d’altérité. J’ai investi ce Lac des cygnes en pensant à cela, avec la notion d’assister que l’on retrouve dans la foule, l’agora ou le peuple. »

 

                  

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