Les élèves de 4ème B et F ont bien travaillé : aidés par leur professeur de Français, Mme Bouvier, ils se sont lancés dans la rédaction de deux nouvelles, une par classe, sur le thème du fantastique. Voici le résultat de ce beau challenge. Souhaitons-leur bonne chance, on attend le 8 juin avec impatience pour connaître les résultats !
En attendant, bonne lecture !
LE CHEMIN D’ESTHER

Dimanche 23 août
Salut ! Je m’appelle Esther, j’ai treize ans et j’habite à Paris. J’ai appris que je vais déménager dans la banlieue de San Francisco car mes parents y sont mutés pour leur travail. Je suis très contente de partir car ici, je n’ai pas d’amis, mais ça, mes parents ne le savent pas.
Dimanche 30 août
Aujourd’hui, c’était le grand jour ! Nous nous sommes levés tôt, nous avons pris l’avion et après plusieurs heures de vol, nous sommes enfin arrivés. Ma chambre est plutôt grande, j’ai commencé à ranger mes affaires. A droite, il y a mon lit, à côté, mon bureau, et au fond, mon armoire. Au milieu de tout ça, nous avons placé mon tapis fétiche…bref, tout va bien ! Ah oui, j’allais oublier, de ma fenêtre, on peut apercevoir, au loin, un petit parc d’attractions entouré d’arbres. Il a l’air abandonné.
Mardi 1er septembre
Aujourd’hui, c’était ma rentrée, je me suis fait une amie qui s’appelle Lola. J’étais toute seule évidemment et Lola aussi parce qu’elle vient de déménager elle aussi ! Je suis allée m’asseoir à côté d’elle et nous avons parlé toute la journée. Elle semblait si triste d’avoir déménagé et perdu toutes ses amies.
Jeudi 17 septembre
Plus les jours passent et plus on se rapproche avec Lola ! Nous rentrons tous les soirs ensemble car nous avons découvert qu’en plus de bien nous entendre, nous étions voisines ! Tous les vendredis soirs, ses parents viennent dîner à la maison et ensuite, elle reste dormir. Nous parlons pendant des heures et nous nous couchons vraiment tard ! Ah, au fait, j’ai remarqué qu’il y avait un petit chemin qui donnait sur l’entrée du parc d’attractions, j’ai tellement envie d’aller y jeter un coup d’œil…
Vendredi 25 septembre
Aujourd’hui, Lola a fini une heure plus tôt que moi alors je suis rentrée toute seule et suis passée par le petit chemin du parc d’attractions. Ce que j’ai vu était terrifiant. J’ose à peine en parler car j’ai peur qu’on me prenne pour une folle. Au début, je pensais n’y passer qu’un instant mais j’ai vu la grande roue bouger toute seule… N’en croyant pas mes yeux, j’ai rebroussé chemin pour en parler à Lola. Nous avons décidé d’y retourner toutes les deux demain pour qu’elle puisse voir de ses propres yeux cet étrange phénomène.
Samedi 26 septembre
Cet après-midi, nous sommes parties, Lola et moi, en direction du parc d’attractions. J’étais sûre de ne pas avoir rêvé : la grande roue avait vraiment bougé hier ! Lola a regardé la grande roue attentivement : « Il n’y a rien qui bouge ici ! » Je lui ai répondu qu’il y avait forcément quelque chose et je lui ai demandé de me suivre. Mais, apparemment, elle a trouvé que c’était une mauvaise idée… J’ai entendu des grincements, j’ai sursauté mais j’ai vite réalisé qu’il s’agissait du vent qui faisait bouger les manèges. J’ai levé les yeux et j’ai vu la grande roue s’animer. J’ai aussitôt appelé Lola mais en me retournant, je me suis rendu compte que j’étais seule. Où était-elle passée ? Avait-elle eu peur ? Mais comment avait-elle pu disparaître aussi rapidement ? Le parc d’attractions n’était pas grand, j’ai pensé que je la retrouverai vite si je la cherchais un peu.
Alors je suis retournée en arrière et j’ai tourné à droite, le seul autre chemin que je voyais devant moi. Lola avait dû le prendre au lieu de me suivre. Mais je ne l’ai pas trouvée. J’étais seule. Les grincements ont repris, de nouveau le vent ? J’ai décidé de les ignorer même s’ils me glaçaient le sang. Du coin de l’œil, j’ai vu une ombre qui ne m’a pas rassurée pas : « Lola, c’est toi ? » Mais personne ne m’a répondu, ma voix a résonné dans un silence de mort. Je me suis alors mise à courir pour essayer de suivre cette ombre. J’ai perdu sa trace sur le chemin sur lequel je me trouvais quelques minutes auparavant. Logiquement, la sortie se trouvait derrière moi. Mais je n’avais aucune envie de rentrer. Je voulais retrouver Lola pour lui demander des explications.
J’ai avancé. J’aurais dû arriver à la fin du parc depuis bien longtemps mais, visiblement, le chemin était sans fin. Et, étrangement, je n’étais toujours pas passée devant la grande roue. Elle ne me semblait pourtant pas si loin. Puis j’ai eu une idée : si je parvenais à l’atteindre, je pourrais monter dedans et ainsi, je pourrais voir facilement tout le parc et je retrouverais Lola. Mais ma réflexion a été interrompue car j’ai vu la même ombre repasser. Elle s’éloignait sur le chemin opposé à la grande roue. Je l’ai suivie quand même.
Plus j’avançais, plus il y avait de brouillard et plus il faisait sombre. Mais je n’y faisais pas attention, j’étais focalisée sur cette ombre qui rapetissait au loin. J’ai fini par ne plus la voir tant il y avait du brouillard. J’avais très mal aux pieds et mes jambes souffraient. J’étais persuadée que je n’avais pas besoin de courir autant pour traverser un si petit parc. Quand j’ai regardé autour de moi, j’ai entendu des chuchotements. « Qui est là ? Montrez-vous ! » Évidemment, les murmures ont cessé et personne ne m’a répondu, seul l’écho de mes phrases se répercutait de loin en loin.
J’ai ignoré tout cela au même titre que l’obscurité, le brouillard et la taille de ce parc. J’ai cherché la grande roue des yeux, je ne la voyais plus. J’ai commencé à avoir peur. Sûrement le brouillard… Je suis retournée sur mes pas. Étrangement, je suis passée devant plusieurs manèges que je n’avais pas vus en courant. Peut-être n’avais-je simplement pas fait attention.
Mais il y avait trop de coïncidences bizarres et mes dents qui n’arrêtaient pas de claquer à cause du froid n’arrangeaient pas les choses. Pourtant nous étions au tout début de l’automne. Mais à peine avais-je formulé cette pensée qu’il s’est mis à pleuvoir. Evidemment, la saison des pluies. Cette étincelle de logique aurait dû me rassurer un peu mais non. Je n’aime pas la pluie.
J’avais désormais vraiment envie de rentrer. Lola avait eu raison. Heureusement, le chemin n’était pas compliqué. A la fin de cette allée, il me suffisait de tourner à droite pour voir la sortie, en tout petit, au loin. Mais je me suis arrêtée car quelque chose m’a terrifié.
Je me souviens de ce moment. Je voyais la grande roue sur la droite et je voulais aller vers elle quand une ombre est à nouveau passée. J’ai baissé puis relevé les yeux : la grande roue n’était plus là, sur la droite. Simplement des manèges, des stands de tir et de peluches, encore et encore. J’ai décidé d’en prendre une. Cela me remonterait le moral. J’ai éclaté les trois ballons pour me détendre même si ce n’était pas la peine puisqu’il n’y avait personne, et j’ai détaché une peluche du stand. Dès que je l’ai prise dans les mains, toutes les autres sont tombées en poussière. J’ai hurlé et laissé tomber la peluche. J’ai couru vers le chemin qui devait m’amener vers la sortie. J’ai couru jusqu’à n’en plus pouvoir, mais pas de sortie ! Je suis arrivée à un mur, j’avais le choix entre la gauche et la droite. Mais pas de sortie ! Je n’aurais jamais pensé que mon sens de l’orientation soit aussi mauvais. Mais quelque chose me disait que ce n’était pas mon sens de l’orientation qui clochait. J’ai pris à gauche. Avec un peu d’espoir et de chance, j’allais retrouver Lola. Elle m’indiquerait la sortie et on s’en irait d’ici comme si rien ne s’était passé.
Mais ce n’est pas Lola que j’ai trouvée. C’est la peluche que j’avais laissé tomber par terre. Si je ne l’avais pas vécu, j’aurais trouvé cela impossible. Mais je ne délirais pas. Les ombres, les murmures, les amies qui disparaissent, les vieilles grandes roues qui bougent toutes seules, inaccessibles, les sorties qui se transforment en culs-de-sac, les peluches qui se déplacent, cela n’existait pas. Donc je délirais, obligatoirement.
Pour ne rien arranger, les murmures ont repris. Je ne comprenais pas ce qu’ils disaient mais cela commençait à me fatiguer. « Taisez-vous, laissez-moi tranquille ! » Ils n’ont pas arrêté, bien au contraire, ils ont repris plus fort. J’ai pris la peluche et, avec mes dernières forces j’ai couru tout droit.
Au bout d’un moment, je me suis arrêtée près d’un tunnel. Les ombres grandissaient avec la nuit et semblaient s’animer. Un énième manège a surgi sous mes yeux ébahis. Une porte, presque invisible derrière le brouillard, m’attirait. Je me suis dirigée vers cette porte quand j’ai entendu des cris. J’ai senti mes cheveux se hérisser sur ma tête mais j’ai continué. J’ai ouvert cette porte, j’ai éclairé l’espace obscur grâce à mon téléphone et j’ai avancé à tâtons. Des toiles d’araignées, de la poussière me faisaient éternuer toutes les secondes. Quelques mètres plus loin, j’ai pris machinalement, presque mécaniquement, un billet pour l’attraction : un train. Je me suis assise, le train a fermé ses portes et je me suis endormie.
Dimanche 27 septembre
Je me suis réveillée sous la lumière du soleil. J’ai regardé ma montre. J’ai refermé les yeux puis les ai rouverts et je me suis aperçue que j’étais dans ma chambre. Je me suis levée, je suis sortie de ma chambre et j’ai descendu les escaliers. J’ai aperçu mes parents et ai sauté de joie. Eux, ils m’ont regardée plutôt bizarrement :
« Pourquoi es-tu couverte de terre ?
- Justement, je dois vous expliquer. Il y a un parc d’attractions hanté juste à côté de la maison.
- Voyons, Esther, ce n’est pas possible.
- Siiii ! De toute façon, vous ne me croyez jamais »
Je suis remontée dans ma chambre, furieuse, déboussolée. Puis mes parents m’ont rejointe et nous sommes redescendus au salon pour que je leur raconte calmement mon histoire. J’ai commencé à parler mais au bout de quelques instants, je me suis rendue compte que mes parents ne m’écoutaient plus. Je me suis levée et regardant avec dépit mes vêtements salis par la boue, je suis remontée dans ma chambre, malgré les protestations de mes parents. Je me suis blottie en boule sur mon lit, malgré les couvertures et les draps froissés. Le doute m’envahissait peu à peu et les idées se mélangeaient dans mon esprit. Que s’était-il vraiment passé cette nuit ? Ce parc n’était-il qu’un rêve ? Les larmes ont commencé à monter mais j’ai tourné la tête et mes yeux sont tombés sur une petite chose sur le tapis. Je me suis relevée précipitamment pour aller voir de plus près : c’était une peluche, celle du stand de tir, et à côté, un petit bout de papier froissé, le ticket du parc. Je n’avais donc pas rêvé. J’ai levé les yeux vers la fenêtre, et là, stupeur ! Le parc avait disparu. Mais où était Lola ? Où était le parc ? D’où venaient ces drôles d’objets sur le tapis ? Devenais-je folle ?
Classe de 4ème B
L'urne

Mon nom est James. L'histoire que je vais vous raconter est celle d'une nuit qui a changé ma vie. Ancien policier, j'ai été habitué, durant mon existence, à entendre les histoires les plus folles mais j'ai toujours cherché à démêler le vrai du faux, à faire triompher la raison sur les événements inexplicables. Mais quand un phénomène étrange vous touche personnellement, les choses sont toujours différentes. Aujourd'hui encore, j'en parle peu, de peur qu'on me prenne pour un fou. Mais jugez plutôt par vous-même en écoutant mon récit. Cette histoire a commencé il y a maintenant vingt ans…
A l'époque, je vivais en pleine campagne, seul, dans une petite maison qui avait autrefois accueilli mes grands-parents. Pour leur rendre hommage à l'occasion de l'anniversaire de leur triste mort, je réussis à me convaincre de partir sur les lieux de leur rencontre. Pour cela, je devais me préparer car de nombreuses histoires avaient été racontées sur cet endroit. Je pris donc des chaussures de marche, un sac de couchage, une couverture, de l'argent et une bombe pour lutter contre toutes sortes d'insectes car j'en avais une véritable phobie. Je partis à l'aube, espérant arriver en fin de matinée.
Ma marche dura plus longtemps que prévu, c'était maintenant l'après-midi et je me rendais dans un collège désaffecté pour y faire quelque chose de vraiment bizarre : je devais y déposer les cendres de mes grands-parents qui s'étaient rencontrés dans l'une de ses salles. Le collège apparut. Un gros cadenas empêchait tout visiteur d'y pénétrer. Mais j'avais prévu cette éventualité et après un bon coup de cisaille, la chaîne céda. J'ouvris la grille en fer rouillé. Le bitume était mangé par les herbes folles. Les quelques bancs en bois qui s'y trouvaient n'invitaient plus au repos, ils étaient mangés par la mousse, et le bois, pourri, aurait cédé à la moindre pression exercée. En avançant, je découvris les vitres cassées. Même l'inscription avec le nom du collège, se décrochait et se balançait, bancale, dans le vent. L'ensemble dégageait une atmosphère un peu sinistre, je frissonnai. J'avançai pourtant et poussai la porte d'entrée. Le bruit qu'elle fit me glaça le sang et j'entrai dans le hall poussiéreux, plein de toiles d'araignées. La plupart des vitres étaient brisées et d'énormes fissures lézardaient les murs. Le fait de pénétrer dans un tel endroit me coupa le souffle et je m'arrêtai quelques minutes.
Je finis tout de même par me diriger vers les escaliers et commençai à les monter. J’avais l’impression que les lumières s’affaiblissaient à chaque pas, chaque marche me semblait moins accueillante que la précédente. Il arriva même un moment où je ne vis pratiquement plus mes pieds. Je m’arrêtai quelques secondes, à bout de souffle. Cela faisait plusieurs minutes que je gravissais ces escaliers étroits, chaque marche plus étroite que l’autre.
Un souffle froid me parcourut le dos et j’entendis un bruit étrange. Je repris mes esprits, me disant que c’était juste une hallucination et poursuivis mon chemin. Je sentis alors comme une main me caressant le dos et je commençai à me poser des questions. Je me retournai d’une manière brusque et je vis comme une silhouette transparente et blanchâtre disparaître dans la pénombre. Je continuai mon chemin et j’aperçus une lumière derrière moi. Je tournai la tête et la lumière disparut à ce moment précis. Cela faisait maintenant plus de quinze minutes que je montais ces marches affreuses qui tournaient comme dans la tour d’un château immense et sombre.
Enfin, je parvins à l’étage, j’avançais avec prudence dans cet endroit bizarre. Je ne me sentais pas du tout en sécurité. Le couloir était sombre et laissait flotter une ambiance mystérieuse. Chaque bruit me faisait penser à une personne mourante, chaque pas que je faisais semblait me rapprocher de la mort. La saleté m’écœurait, la poussière recouvrait tout. J’entendais des souffles, des cris aigus étouffés, des rires qui me donnaient la chair de poule, je sentais des choses qui m’effleuraient le corps. Je traversais les salles une par une quand j'aperçus une petite porte entrouverte sur ma droite. Je décidai d'entrer et pénétrai dans une vieille classe aux murs jaunis par la moisissure, aux tables reliées entre elles par les toiles d'araignées. C'était sans aucun doute une ancienne salle de sciences. Je remarquai de vieux livres, des aquariums asséchés, contenant des poissons morts couverts de poussière. C’était un endroit repoussant et mystérieux. Mais malgré toutes ces saletés, j’étais persuadé que c’était là.
Pas à pas, j'avançai dans la salle et vins déposer l'urne sur une des tables et à ce moment-là, j'entendis des rires, des bruits comme si le collège reprenait vie puis soudain, un cri strident ! J'eus une sueur froide, mon sang se glaça, je crus faire un arrêt cardiaque. J'essayai de retrouver mon calme, me disant que j'étais le jouet de mon imagination et, prenant mon courage à deux mains, je sortis pour en savoir plus. Je pensais qu'il s'agissait de garçons et de filles, d'élèves de ce collège mais dans une lumière venue d'on ne sait où, j'aperçus des ombres familières. Plus je m'avançais et plus ces ombres me rappelaient des gens que je connaissais. Enfin, je reconnus mes grands-parents. Ma grand-mère était assise sur les genoux de mon grand-père et pleurait. Cette vision étrange me perturba à un tel point que je restai sans voix, incapable de réagir. Étaient-ils vraiment-là ? Comment était-ce possible? Devenais-je fou ? Je fermai les yeux et quand je les rouvris, je ne vis plus que des livres oubliés là, sur les tables. Je ne comprenais plus rien.
Un bourdonnement de plus en plus persistant me tira de cet état de stupeur et augmenta ma crainte. Les insectes avaient toujours été ma plus grande phobie et ce bruit se rapprochait malheureusement de plus en plus. Je sortis tout de même de la salle pour retourner auprès des cendres de mes grands-parents. Le bourdonnement semblait se calmer mais je restais sur mes gardes. Je marchai jusqu'à la table sans rien remarquer d'anormal. Mais en avançant, je me rendis compte que l'urne avait disparu. Au même moment, je sentis un craquement sous ma chaussure. Après un temps d'arrêt, je levai doucement le pied et regardai dessous. Il s'agissait bien d'un insecte, complètement écrasé certes, mais qui prouvait que le bourdonnement était bien une menace ! En relevant la tête, je compris que mon cauchemar commençait : un, deux, trois puis une nuée d'insectes surgirent devant mes yeux. Interdit, je reculai et me cognai à une table. Une terreur affreuse s'empara de mon esprit et mon sang se glaça. Que s'était-il passé ? Où les cendres étaient-elles maintenant ? Comment pourrais-je honorer la promesse faite à mes grands-parents ?
Soudain, sans que je comprenne pourquoi, les petites bêtes jusqu'alors plutôt calmes, s'agitèrent et foncèrent sur moi à toute vitesse. Sans prendre le temps de réfléchir, je n'écoutai que mon instinct et pris mes jambes à mon cou pour fuir de cet endroit avant de finir dévoré par ces maudits insectes. Curieusement, ma course vers la sortie me sembla beaucoup moins longue qu'à l'aller. Je dévalai les escaliers, retrouvai sans peine la sortie et respirai enfin le bon air frais de la forêt. Mais derrière moi, le bourdonnement persistait. Je courus à perdre haleine dans les bois, sentant que rien ne pourrait arrêter mes poursuivants. Voulant m'assurer de mon avance, espérant pouvoir souffler un peu, je tournai soudain la tête vers l'arrière mais ce fut une grave erreur stratégique. Je ne vis pas une racine menaçante tendre ses bras noueux autour de mon pied gauche. Je trébuchai, piquai du nez vers le sol et au contact de la terre boueuse, je m'évanouis.
Je me réveillai dans mon lit, dans ma chambre, dans la maison de mes grands-parents. Les jambes lourdes, le corps courbaturé, je me levai et me dirigeai vers la salle de bains pour me passer de l'eau sur le visage. Je sentais une étrange sensation de picotement sur le visage et lorsque je levai les yeux vers le miroir, je remarquai que mon visage était criblé de petits points rouges. Oui, pas de doute, il s'agissait de piqûres et par dizaines ! Je clignai plusieurs fois des yeux mais rien ne changea. Pour oublier tout ça, je décidai d'aller boire un café.
Je descendis donc dans le salon. Tout semblait normal. Tout ? Non ! L'urne contenant les cendres de mes grands-parents était renversée sur le tapis. Un petit tas de poussière, que l'air frais faisait voler. Mon cœur se mit à battre de plus en plus vite mais je décidai de m'en occuper plus tard, le temps de me remettre de mes émotions et d'avaler une bonne dose de caféine qui me remettrait sûrement les idées en place. J'allai prendre mon petit-déjeuner. Ma tasse de café à la main, appuyé contre un des meubles de la cuisine, je regardais dans le vague lorsque mes yeux tombèrent sur un vieux journal oublié là qui titrait « Étrange nuit au pensionnat ». Je l'ouvris et lus : «Mystère au collège Jules Ferry : dans la nuit, quelques personnes témoignent de phénomènes étranges qui se seraient déroulés dans l'enceinte de l'ancien collège Jules Ferry. ''Je vous assure que c'étaient bien des cris de personnes que j'ai entendus cette nuit, c'était terrifiant ! '' dit l'une d'elle, qui souhaite rester anonyme. Deux autres personnes affirment également avoir entendu les mêmes cris et disent avoir été témoins d'apparitions. Pour tranquilliser le voisinage, la police a décidé d'ouvrir une enquête et ce matin, la mairie réaffirme son désir de raser les bâtiments, dans un avenir proche. » Et là, la date du journal me sauta aux yeux : l'article était vieux de dix ans, le collège n'était plus là !
Une sueur froide coula dans mon dos. L'urne renversée, les piqûres, je n'avais pourtant pas rêvé ! J'avais bien parcouru les couloirs, gravi les escaliers sinistres, pénétré dans cette maudite salle de sciences ! J'essayai de ne plus y penser et remontai donc dans ma salle de bain. Mais une fois devant le miroir, je me rendis compte que les piqûres étaient toujours là... Je restais pétrifié…
Classe de 4ème F