L’étrange, joyeux et incertain livre des Fleurs de la ville,

qui raconte les choses
comme elles auraient pu
se passer

 

 

à lire à l’envers ou à l’endroit, dans un sens ou dans l’autre

écrit par les élèves
de la classe de 6e E
du collège Henri Barbusse

professeur D. Beaume

 

L’histoire semble commencer…

 

…un bon matin, une petite fille, une petite Chaperon rouge, se promène avec son père dans la ville toute grise…

… seule la petite fille est colorée…

… elle a beaucoup d’imagination…

… elle s’intéresse à tout, elle regarde tout…

… pas comme son père, qui est scotché à son téléphone…

Il ne remarque rien, parfois la fille ne lui tient plus la main et va chercher des fleurs, peut-être pour en offrir.

Pour lui la petite fille est invisible, car il ne fait pas attention à elle. Il porte un sac à courses et parle sans cesse au téléphone.

Il y a partout des gens occupés et toutes sortes de choses, parfois des enfants qui jouent.

 

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La petite et son père regardent dans des directions différentes… puis on voit la fille et les jambes des passants…

Cette fille est magique, car tout ce qu’elle regarde et tout ce qu’elle touche devient tout d’un coup coloré.

Soudain, à côté d’un poteau, elle remarque  une fleur et la ramasse. Elle en vois d’autres, et veut en cueillir, peut-être pour faire un bouquet pour sa maman.

Un moineau rend son âme et la petite fille lui rend hommage, mais son père ne se rend compte que plus tard qu’elle n’est plus là.

Elle se sent seule, mais elle s’identifie à ces fleurs, qui sont colorées comme elle. Et plus elle en donne, plus le monde se colore.

A chaque passant que côtoie son père elle offre des fleurs. C’est comme une marque de respect. Et puis, on dirait que lorsque la fille leur offre des fleurs ils deviennent tous joyeux.

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En fait, c’est l’histoire d’une fille qui vit dans une ville en noir et blanc et qui sait trouver partout des fleurs colorées. Ce sont les fleurs du bonheur.

 

Non idem est si duo vident idem

 

Ce que pourrais penser la petite fille

 

Je suis partie avec mon père pour faire des courses. Mon père a commencé à parler au téléphone dès qu’on a quitté la maison. On avance vite dans la rue, trop vite, mais je trouve des fleurs partout, sur tout le chemin de la maison ! Il y a un oiseau mort sur le chemin du parc, je dépose sur lui une de mes fleurs. C’est bizarre, il y a un monsieur allongé sur un banc, je lui en donne aussi. Puis nous sortons du parc et nous rencontrons un ami de papa qui promène son chien, auquel j’offre des fleurs. Nous rentrerons à la maison, où maman nous attend.

… ou bien…

Je m’appelle Lisa. Autour de moi il y a de grandes personnes qui ne font pas attention aux choses, qui parlent au téléphone où ne regardent que les fils électriques. Tiens, des fleurs ! Elles sentent tellement bon ! Je les garde. J’espère en trouver d’autres.

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Je vois des gens, et du gris, et du gris ! Et puis des fleurs, des fruits et des légumes, des taxi, et encore des gens, et papa qui ne fait attention à rien. Attends papa, il y a un oiseau mort ! Je lui pose une fleur…

… ou bien…

C’est toujours comme ça, les grands ne regardent même pas autour d’eux ! Oh, une fleur ! Mmm, elle sent bon ! Encore une, elle sent encore mieux que l’autre ! Et encore une autre !

Cette femme est tellement drôle…

Ah, les objets de cette vitrine sont très rares, je n’en ai jamais vu de pareils…

Cet oiseau est mort, je dois lui rendre hommage. Je vais poser sur lui quelques fleurs…

C’est un vieux monsieur, il est peut-être mort aussi, je vais lui mettre une fleur… Papa est en train de saluer quelqu’un. Moi, je salue le chien. Et je lui mets des fleurs…

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… ou bien…

Mon papa ne me surveille pas. Je vois une fleur et décide de la cueillir. Je vois un moineau mort, je lui donne des fleurs pour qu’il repose en paix. Je vois un homme qui dort, et je décide de lui donner aussi des fleurs. Puis je vois un chien et je lui mets des fleurs dans le collier. Qui suis-je ?

… ou bien…

Je vois un chien, je crois qu’il est triste. Du coup, je lui donne des fleurs. Je vais arriver chez moi avec mon père. Je verrai ma mère et lui ferai un gros câlin. Et je jouerai avec mes petits frères dans le jardin.

… ou bien…

Je m’appelle Radija. J’ai un papa toujours au téléphone. Je suis la seule chose colorée de la ville. J’aime les fleurs, mais mon papa est trop occupé avec son téléphone, tellement qu’il ne sait même pas que je suis à côté de lui… A chaque fois que je regarde une

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chose elle devient colorée… On passe devant une vitrine pleine de bocaux. Mon papa ne voudra jamais

 m’en acheter un, ça ne sert à rien… Je continue à cueillir des fleurs. Malheureusement, un oiseau est mort. Pour lui rendre hommage, je pose des fleurs sur lui. Je continue à marcher avec mon papa. Je l’impression de faire le tour du monde. On passe à côté d’un chien très beau et très gentil. Je le salue et pose des fleurs derrière sa laisse. Je suis arrivée chez moi. Contente ! Je vais jouer avec mes cousins ! Grâce à moi, le monde est en couleurs !

 

Ce que pourrais penser le papa

 

Je ne vois pas ce qui m’entoure, à part mon téléphone. « Ma fille, vient, arrête de la lâcher la main ! Allo, allo !!! Voilà, tu peux être contente, j’ai perdu un de mes meilleurs clients »

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… ou bien…

« Allo ! Oui chérie, j’ai acheté les légumes… Attends un instant… Lisa, dépêche-toi, la prochaine fois que tu me lâcheras la main tu auras la fessée ! » Hmm, c’est bizarre, je n’ai jamais remarqué cet endroit. « Lisa, ne touche pas aux personnes que tu ne connais pas — je ne pourrai jamais raisonner cet enfant ! C’est bizarre, je n’ai jamais remarqué cet endroit non plus. Je traverse le parc et je ne suis pas content.

… ou bien…

J’espère que je vais vite arriver à la maison pour finir le projet. Je vais appeler mon patron pour lui dire que j’ai presque fini. Bon, vite les courses et ho, go maison !

… ou bien…

J’ignore tout sauf ma fille en parlant au téléphone. Je ne sais pas où je vais…

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… ou bien…

Moi, Paul, je peux me balader aujourd’hui avec ma fille. Mais mon patron m’appelle et me dit qu’en ce moment ça ne va pas et que je suis sur le point d’être viré… Et moi, qui essaie de négocier pour lui prouver qu’il faut me garder et puis… Je m’en fiche de ce qu’il y a à côté de moi ! Ma fille se disperse et je la laisse, je m’en occuperai qu’en j’aurai réglé le problème avec le patron… Ah, il répond ! Finalement… mais non il va pas me garder ! Et puis… je ne suis pas d’humeur… je dois faire des courses… je me trompe certainement de ce que je dois acheter !

… ou bien…

Moi, Patrick, j’ai une fille qui aime la nature, c’est bien ! Mais elle abuse, à la fin ! Toujours quand je suis au téléphone ! Normalement pendant cinq minutes… Mais il n’y a plus de réseau, je vais devoir répéter la dernière phrase…

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… ou bien…

Dring, dring, dring ! « Allo ! » Bla bla bla… » Non, je t’en supplie, je veux qu’on vende la petite ! Et vite ! Comment ça, où est-elle ? Elle est à la maison, pourquoi ? Non, je ne crois pas. Je te laisse, je dois aller à l’épicerie… Des pommes, 3 kilos, et des fraises… 26 s’il vous plaît. » Dring, dring, dring ! « Allo ! » Il y a de beaux parfums ici, je raccroche… Dring ! Ça suffit !

 

Interactions

 

  • Oh ! Papa, regarde, un oiseau mort !
  • Chérie, viens, c’est dégoutant !
  • J’arrive ! Je lui donne des fleurs !

ou bien…

  • Papa, j’ai vu un petit oiseau mort sur le chemin !
  • Ah, bon ? Dépêche-toi !
  • Oui, je lui ai déposé une fleur.
  • Et pourquoi ?

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  • Mais… parce qu’il est mort ! Comme ça il est bien orné !
  • Dépêche-toi, on va arriver en retard pour le déjeuner !

ou bien…

  • Oh, un oiseau, je dois lui rendre hommage !
  • Mais qu’est-ce que tu fais ?
  • Attends papa, j’arrive !

 

ou bien…

  • Papa, il y a un oiseau !
  • Laisse-le, il est mort.
  • Je lui dépose une fleur.

ou bien…

  • Attends, je suis au téléphone !

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ou bien…

  • Oui patron, j’ai presque fini la préparation du chantier !
  • Papa, il y avait un moineau mort !

ou bien…

  • Il faut vite rentrer, on est en retard !
  • Mais papa, un oiseau est mort, je peux m’occuper de lui, pour lui rendre hommage ?
  • Si tu veux, mais tu as trois minutes !
  • Merci papa !!

ou bien…

  • Viens Lisa !
  • Attends papa, j’arrive ! Tu ne t’occupes jamais de moi.
  • Non mais… ! Bon, tu viens tout de suite !
  •  

ou bien…

  • Papa ! Je cueille des fleurs ! Tu veux les voir ?

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  • Attends ma fille, je parle avec ta maman je dois savoir ce que je dois acheter pour ce soir.
  • D’accord papa.

ou bien…

  • Attends papa, j’ai trouvé un oiseau ! Mais… Il est mort ! Je vais lui mettre des fleurs pour lui rendre hommage.
  • Tu viens ma puce ?

 

Explications

 

La fille voit le monde autrement. Triste, mais coloré. Le père, lui, le voit banalement, ennuyeux.

 

La fille a un don. C’est pour cela qu’elle est en couleurs et pas les autres. Mais personne ne fait attention à elle. Quand elle retrouve sa mère, son frère et sa sœur, elle est heureuse. Son bonheur colorie le monde.

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La fille fait plus attention à la terre, à la nature, aux gens. Le père est débordé. Elle ne pense qu’à son monde à lui, qui est noir. On dirait qu’il est esclave de quelque chose.

Les deux personnages ne voient pas la même chose car ils ne sont pas dans le même monde.

 

La petite fille s’intéresse à tout car elle n’est pas occupée. Pas comme le père, qui s’en fiche de tout à cause du téléphone.

 

Le monde est en couleurs grâce au regard de la petite fille. Et aux fleurs…

 

Ce n’est que la petite fille qui fait vraiment attention au monde…

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L’histoire semble finir…

 

Le père et la fille ont marché, marché et marché encore dans cette ville qui s’est colorée progressivement. Ils arrivent enfin chez eux, où la mère les attend. La fille laisse ses parents et court retrouver ses petits frères et sœurs, dans le jardin.

ou bien…

« Je suis heureuse de pouvoir colorer le monde et d’offrir du bonheur, à moi et à ma famille. C’est pour ça que ma mère m’autorise à lui poser des fleurs dans les cheveux et d’en parer mon frère et ma sœur. »

ou bien…

Arrivée au bout du parc, la fille voit un homme seul, couché sur un banc, en train de dormir. Elle met des fleurs dans ses chaussures. On peut comprendre qu’elle est touchée par la solitude de cet homme et veut partager avec lui ce qu’elle possède : des fleurs. Plus loin, dans la rue, elle découvre encore des fleurs près d’une grille, et, sensible à leur beauté, elle les cueille. Et son père reste totalement coupé de l’environnement et toujours au téléphone.

Devant un magasin, la petite fille regarde des vases colorés, alors que son père regarde le vase gris. Il rencontre un de ses amis, et la fillette met de fleurs dans le collier du chien de l’ami. Ensuite, ils arrivent dans un petit quartier où le père salue une voisine.

Ils continuent le chemin et arrivent chez eux. La maman prend dans ses bras la petite fille et celle-ci met des fleurs dans le pull de sa maman. Soudain, elle va dans le jardin, où elle voit ses petits frère et sœur. Elle dispose des fleurs sur la tête de la petite sœur et sur le pantalon de son frère. A la fin, elle ôte sa capuche et place une fleur dans ses cheveux.

ou bien…

La fille va directement dans son jardin. Il y a des fleurs partout. Puis elle regarde le ciel  bleu est s’offre une fleur à elle-même …

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ou bien…

Un fois rentrée chez elle la petite fille voit sa mère et lui fait plein de câlins et de bisous. Elle met des fleurs sur sa petite sœur et sur son petit frère.

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ou bien…

La petite fille embrasse sa mère et lui dit qu’elle a profité de la balade pour lui cueillir des fleurs. C’est beau ! Et il y a du soleil.

ou bien…

La petite fille  passe avec son père devant des pâtés de maisons. Quand ils arrivent devant chez eux la petite fille est très contente de revoir sa mère, comme si elle ne l’avait pas revue depuis longtemps. Puis elle va dans son jardin merveilleux, comme si elle voulait raconter son aventure…

ou bien…

Le monde est maintenant en couleurs ! Et c’est tout ce qui compte !

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