La Coupe du Monde de rugby 2011 a vu un XV de France contrasté entre des rencontres médiocres en phase de poules et une finale perdue d’un point face aux All Blacks. En terre maorie, le XV de la Fougère remporte un deuxième titre mondial après celui de 1987. Retour sur le parcours des hommes de Marc Lièvremont.

Une phase de poules décevante

   Les deux premières rencontres opposent le XV de France face au Japon puis face au Canada. Les Bleus sont de loin favoris, mais s’imposent sans briller, respectivement 47 à 21 et 46 à 19. Les deux prestations sont incomplètes, avec des moments de flottement et de fébrilité dans les lignes du XV du Coq.

   Puis vient la confrontation attendue de tous face aux Blacks, par lesquels les Bleus se font dominer de la tête et des épaules (37-17). Ce résultat est somme toute logique, celui qui suit l’est moins. La rencontre face aux Iles Tonga tourne à la déroute, et le résultat, 19 à 14 pour les Océaniens, ne reflète que peu le niveau de jeu des Français qui auront sur le terrain montré toutes leurs lacunes, leur jeu trop arrêté, leurs fautes de main trop fréquentes.

Les marches vers la Finale

   Le tirage des Quarts de Finale donne comme adversaire à la France, deuxième de justesse du Groupe A (seulement deux points devant les Tonga), l’Angleterre, leader du Groupe B et ayant remporté tous ses matchs. Les résultats du XV de la Rose ne reflètent pas leur jeu médiocre, aussi Martin Johnson (le sélectionneur britannique) joue-t-il sur le moral et lance-t-il des attaques contre le XV de France via la presse la semaine précédant le « Crunch » (nom des chocs France-Angleterre). De son côté, Marc Lièvremont garde le silence et les Bleus passent la semaine renfermés sur eux-mêmes afin de mieux se concentrer sur leur jeu. Et au final, c’est la France qui crée la surprise et s’impose 19 à 12 (essais français de Clerc et de Médard) dans son match le plus abouti depuis le début de la compétition, contre une fébrile équipe d’Angleterre.

   En Demi-Finale, le capitaine Thierry Dusautoir et ses coéquipiers font face aux Pays-de-Galles, qui a battu l’Irlande au tour précédent. Le XV du Poireau séduit le public depuis le début de la compétition et est logiquement donné favori. A nouveau, les Bleus font mentir les pronostics. Victoire 9 à 8 de l’Equipe de France, dans la douleur, malmenée par des Diables Rouges pourtant rapidement réduits à dix. La Nouvelle-Zélande est sortie victorieuse de l’autre Demi-Finale (20 à 6 contre l’Australie), l’affiche de la Finale est donc Nouvelle-Zélande-France.

Perdants dans l’honneur

   Pendant une semaine, le XV de France est critiqué de tous les côté : tout le monde pense qu’il ne mérite pas cette Finale. Le peuple maori est assuré du dénouement heureux de la rencontre, et attend confiant son deuxième trophée mondial après celui de 1987.

   Dans l’Eden Park d’Auckland qui bat son plein, les All Blacks livrent leur haka le plus guerrier aux Français. Mais les Bleus forment un « V », comme « Victoire », derrière Dusautoir et s’avancent au-delà de la ligne médiane pour s’approcher des joueurs du capitaine Richie McCaw.

   La première mi-temps est très serrée, le XV de France est très solide en défense et à de l’inspiration lors de ses offensives. Le score est de 5 à 0 pour les Blacks après 40 minutes, la faute à un essai de Woodcock à la 14e minute. Malgré son bon début de match, les Bleus auraient pu être menés par un plus grand écart, mais le 0/3 en coups de pied pour Piri Weepu (8 points au total) ne donne que ce faible avantage aux Néo-Zélandais.

   En deuxième mi-temps, Stephen Donald marque d’entrée une pénalité en faveur des Blacks et porte le score à 8 à 0. A la 47e, les Français recollent au score grâce à un essai de Dusautoir transformé par Trinh-Duc. 8 à 7. On en restera là. La France sort la tête haute d’un Mondial pourtant mal engagé, après avoir ébranlé la machine du sélectionneur néo-zélandais Graham Henry, et ce malgré un arbitrage plus que douteux du sud-africain Craig Joubert.

   Au coin des statistiques, on retiendra que l’ailier Vincent Clerc termine meilleur marqueur d’essai à égalité avec l’Anglais Chris Ashton. De son côté, Thierry Dusautoir est élu Meilleur Joueur IRB de l’année (meilleur joueur au monde sur l’année, élu par l’International Rugby Board). Les Bleus vont changer de sélectionneur et c’est Philippe Saint-André, l’ancien manager de Toulon, qui prend le flambeau.

   Ce qu’il faut aussi retenir, c’est que la France reste sur une incroyable série de cinq Coupes du Monde d’affilée où les Bleus atteignent au moins les Demi-Finales. Aucune autre nation ne peut en dire autant.

                                                                                                                       Pierre-Marie