Les Bleus & Laurent Blanc, une histoire qui a commencé il y a 18 mois

 

   Après le fiasco de l’équipe de France lors de la Coupe de Monde 2010, Laurent Blanc reprend  une sélection au fond du gouffre. Celui qui est surnommé « Le Président » est très attendu par les supporters de l’hexagone après les six ans pendant lesquels Raymond Domenech dirigeait les Bleus.

   On attend de l’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux (avec lesquels il a remporté le titre de Champion de France en 2009, mettant ainsi fin à sept ans de domination de l’Olympique Lyonnais) qu’il redonne à l’équipe de France une dynamique de victoire et qu’il gomme les mauvais souvenirs du Mondial d’Afrique du Sud et de l’affaire Knysna.

 
Les six premiers mois

 

   Le 11 août, la France joue en amical contre la Norvège à Oslo. C’est le premier match de Blanc sur le banc des Bleus, et il décide, avec le soutien de la FFF, de suspendre symboliquement les vingt-trois mondialistes. Cette rencontre se solde en échec (2 à 1, Ben Arfa est le buteur français). Blanc est le premier entraîneur de l’équipe de France à perdre son premier match depuis Gérard Houllier en 1992.

   Et ça ne va pas en s’améliorant, car, malgré le retour de la plupart des mondialistes (sauf certains encore suspendus : Anelka, Evra, Ribéry, Toulalan et Gourcuff, et ceux qu’il a décidé de ne pas rappeler), la France s’incline lors de son premier match des qualifications pour l’Euro 2012 contre le Belarus au Stade de France (but à la 85e minute de Kislyak). Mais les Bleus font une réaction d’orgueil et réagissent contre l’un des plus gros concurrents du groupe, la Bosnie, en s’imposant 2 – 0 à l’extérieur avec des buts de Benzema (72e) et Malouda (78e).

   Karim Benzema, l’ancien buteur de Lyon évoluant au Real de Madrid depuis 2009, s’affirme sur ce dernier match comme la pièce maîtresse de l’attaque Bleue sous l’ère Blanc, entouré de joueurs moins expérimentés, comme Ménez, Rémy ou Valbuena, et d’autres ayant vécu l’échec du Mondial, soit Ribéry et Malouda.

 

   Les 9 et 12 octobre, la France est confrontée à la Roumanie et au Luxembourg, toujours pour les qualifications pour l’Euro 2012. Ces deux rencontres ont lieu en France et se soldent par une victoire, du même score de 2 à 0. Lors du premier match, les buts sont inscrits en toute fin de match par Rémy (83e), et Gourcuff (89e). Face aux Luxembourg, ce sont Benzema (22e) et à nouveau Gourcuff (76e) qui offrent la victoire aux Bleus.

   Deux matchs amicaux suivent, deux rencontres de gala. D’abord, la France va jouer à Wembley (Londres) contre une équipe d’Angleterre à laquelle il manque des joueurs essentiels, comme Rooney ou Gerrard. Elle s’impose 2 à 1, avec une ouverture du score de l’inévitable Benzema à la 16e minute, puis un break signé Valbuena dix minutes après le retour des vestiaires (55e). Peter Crouch sauve l’honneur anglais en toute fin de match (86e). Puis, le 10 février 2011, les Bleus rencontrent le Brésil au Stade de France. Aux alentours de la 40e minute, l’arbitre facilite la tâche aux Français en expulsant sévèrement Hernanes, et c’est à la 54e minute que Benzema, encore lui, inscrit le seul but de la rencontre, après un débordement de Ménez dont il reprend le centre au second poteau.

 

2011

 

   Le 25 mars, la France se déplace au Luxembourg pour le match retour des Qualifications pour l’Euro, et s’impose à nouveau par 2 à 0, malgré une qualité de jeu médiocre sur un terrain qui empêchait beaucoup la maîtrise technique. Les buts sont inscrits Mexès à la 28e minute sur un coup-franc de Nasri et Gourcuff à la 72e minute sur un centre contré de Ribéry. Quatre jours plus tard, la Croatie, en match amical, met fin à la série de six victoires d’affilée des hommes de Laurent Blanc en allant les tenir en échec 0 à 0 au Stade de France.

 

   En avril, le site d’informations Mediapart diffuse le contenu d’une réunion à laquelle aurait participé Blanc, avec le DTN du football français François Blaquart, et deux autres entraîneurs travaillant actuellement à la FFF : Erick Mombaerts et Francis Smerecki. Selon ce site, il y aurait eu des propos racistes des trois premiers cités, notamment au sujet de possibles quotas discriminatoires dans les centres de formation de jeunes. Laurent Blanc se défend en déclarant qu’il parlait simplement du problème des joueurs à double-nationalité qui préféraient partir jouer avec la sélection de leur pays d’origine alors qu’ils avaient été formé en France (les deux exemples les plus connus sont ceux d’Obraniak (Pologne) et de Belhanda (Maroc)). Il a tout de même tenu à s’excuser si ses paroles avaient blessé des personnes, sans les retirer.

 

   Les 3, 6, et 9 juin, la France joue trois rencontres. La première l’oppose au Belarus pour le match retour, à Minsk. Abidal, l’arrière-gauche français qui vient de remporter la Ligue des Champions avec son club du FC Barcelone, met le ballon au fond de ses propres filets sur un centre bélarusse après 20 minutes. C’est Malouda qui répare l’erreur seulement deux minutes plus tard, mais les Bleus de rapporteront rien de mieux qu’un petit point de Minsk.

   Avant de retourner en France, la FFF a programmé une petite tournée en Ukraine et en Pologne, pays organisateurs de l’Euro. Le 6 juin, à Donetsk, la France gagne 4 à 1 contre des Ukrainiens qui avaient pourtant ouvert la marque par l’intermédiaire de Timoshchuk à la 53e minute. C’est Gameiro qui égalise quatre minutes plus tard, son premier but en Bleu. Et ensuite, on assiste à un festival de Marvin Martin. Ce joueur, évoluant à Sochaux, qui vient de finir en tête du classement des passeurs décisifs de la Ligue 1, fête sa première sélection en Bleu en inscrivant deux buts (comme un certain Zidane) et en délivrant une passe décisive. Les deux buts sont marqués aux 87e et 91e minutes, et la passe décisive a pris la forme d’un corner, bien repris de la tête au deuxième poteau par Younès Kaboul, qui ouvre lui aussi son compteur de buts en Bleu. Le 9 juin, la France s’impose en Pologne 1 à 0, un but contre son camp de Jodlowiec, déviant une frappe de Charles N’Zogbia.

 

   Pour le traditionnel match amical d’août, la France affronte le Chili le 10 du mois, à Montpellier. Les Bleus ouvrent la marque en première mi-temps avec un but de Rémy de la tête, ce dont il est spécialiste, sur un centre de Benzema, mais se font rejoindre à l’entame du dernier quart d’heure (76e), la faute à une frappe enroulée de Cordoba aux seize mètres, profitant du manque de pressing de la charnière centrale française.

   En septembre, la France se déplace les 2 et 6 en Albanie et en Roumanie, pour le compte des 9e et 10e journées des Qualifications pour l’Euro, avec une victoire et un nul à la clé. Les Bleus s’imposent 2 à 1 en terre albanaise, avec une première mi-temps totalement dominée par les coéquipiers d’un Benzema buteur (11e) puis passeur décisif (18e) pour le premier but en Bleu de M’Vila. Mais la seconde mi-temps est dominée par le modeste adversaire de la France, qui revient à un but d’écart dès son commencement (47e), à la suite d’une erreur de compréhension entre les deux défenseurs axiaux Kaboul et Abidal qui profite à Bogdani qui n’a plus qu’à ajuster Lloris. Pour ce qui est du match de la Roumanie, la France est confrontée à une équipe jouant à dix en défense, tactique gagnante car les Roumains décrochent le point du match nul (0-0).

            En octobre, la France rencontre à nouveau l’Albanie le 7 avant de clôturer sa campagne de Qualifications contre la Bosnie le 11. Les deux matchs ont lieu au Stade de France. L’Albanie oppose une bien moins faible résistance qu’au match aller et s’incline 3 à 0, des buts de Malouda (11e), Loïc Rémy (37e), et Réveillère (66e). Le match contre la Bosnie va être plus riche en émotion. Les Bleus ont 19 points, la Bosnie 18, et seul le leader du groupe est qualifié, le deuxième doit jouer des barrages. Donc une défaite serait calamiteuse pour la France, qui se verrait obligée de revivre l’expérience de 2009, et la double-confrontation contre l’Irlande, restée dans les mémoires à cause de la main d’Henry. Et ce match commence de la pire des manières, avec une domination exercée par les hommes du sélectionneur et ancien joueur du PSG Safet Susic, qui est concrétisée par le redoutable attaquant de Manchester City Edin Dzeko, qui fusille Lloris à la 40e minute. Les Bleus vont pousser en deuxième mi-temps pour recoller, avec notamment de très dangereux Ménez et Nasri. Ce dernier, coéquipier du buteur bosniaque en club, va provoquer le pénalty sauveur en obligeant Emir Spahic, l’ancien capitaine de Montpellier, à la faute dans la surface bosnienne. Et c’est lui qui se rend justice en le transformant à la 77e minute.

   En novembre, les Bleus jouent deux matchs amicaux au Stade de France. Le 11, ils rencontrent les Etats-Unis et s’imposent 1 à 0 dans un match équilibré. La délivrance vient de Loïc Rémy, rentré en cours de match, qui trompe Tim Howard à la 72e minute. Le Marseillais en est à son quatrième but avec Blanc, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur depuis l’été 2010 après Benzema (5 buts). Le match est ennuyeux, le suivant aussi. Quatre jours plus tard, la Belgique est le nouvel adversaire des Bleus. Le match est médiocre, et finit logiquement par un score de 0 à 0.

 

Et après ?

 

   Après un an et demi, Laurent Blanc a dirigé sa sélection au cours de 19 rencontres, avec 11 victoires, 6 nuls, et 2 défaites lors des deux premiers matchs. Il reste sur une série de 17 matchs sans défaite d’affilée (série en cours), et sa meilleure série de victoires est de 6 succès d’affilée. Ses joueurs ont marqué 26 buts pour 9 buts encaissés. Enfin, alors que lorsqu’il a repris la tête de l’équipe de France, celle-ci était au 21e rang mondial au Classement FIFA, il l’a remontée à la 15e place.

   La qualification pour le Championnat d’Europe des Nations est acquise, et les Bleus ont eu un tirage au sort favorable pour la phase de groupe, bien qu’ils aient fait partie du chapeau 4, c’est-à-dire le groupe des équipes les moins bien classées au Classement FIFA. L’équipe de France a hérité de l’Ukraine, organisateur (évitant ainsi l’Espagne et les Pays-Bas), de l’Angleterre (évitant l’Allemagne) et de la Suède (évitant le Portugal).

 

   Mais l’avenir de Laurent Blanc reste flou. Certains médias ont parlé de l’intérêt d’un gros club européen pour l’ex-entraîneur de Bordeaux. De plus, le président de la FFF Noël Le Graët a déclaré ces derniers jours qu’il ne prolongerait pas le contrat du « Président » avant l’Euro, au cas où ce dernier est raté. Quid du futur ?


                                                                                                                                                                                                                                                                 Pierre-Marie Bartoli