Emil Nolde, un artiste à découvrir

A Paris, se tenait ces dernières semaines une exposition au grand-Palais. Y étaient exposées les œuvres du célèbre Picasso, mais également celles d’un peintre dont la renommée est beaucoup moins étendue en France. Il s’agit d’Emile Nolde (1867-1956), précurseur de l’expressionniste Allemand, qui a peint de nombreuses peintures de styles différents au cours de sa vie. Les œuvres de Emil Hansen sont inspirées de nombreux artistes, mais aussi de sa ville natale, de laquelle il prendra d’ailleurs son nom en 1902 : Nolde. Il attache un intérêt particulier à la couleur, et adopte au fil du temps des formes de plus en plus simplifiées, influencé notamment par Rembrandt, à l’époque du romantisme. Par ailleurs, il travaille aussi différents aspects : des tons sombres comme clairs mais également avec différentes techniques : des aquarelles, des lithographies, des gravures sur bois…
Cette rétrospective qui lui était consacrée, regroupait 90 peintures, 70 aquarelles, gravures et dessins, illustrant la totalité de son œuvre, aussi originale que saisissante, classée alors en douze thèmes : La montagne enchantée, Un pays, Les années de combat, Bibles et Légendes, l’Œuvre graphique, Nuits de Berlin, Welt, Heimat, Phantasien et « peinture non peintes », et enfin, « La mer et les saisons ».
Fils d’un paysan, il a suivi des formations pour devenir ébéniste, puis a pris des cours dans différentes écoles d’art. Nolde se joint au groupe d’artistes « die Brücke » (= le pont) entre 1906 et 1907 et quitte celui de « sécession » en 1910, n’étant pas apprécié des artistes, pour créer par la suite la « Neuen Sécession ». Il ne commence que tard à peindre et ne connaîtra un succès international qu’après la seconde guerre mondiale, rencontrant jusqu’alors des difficultés d’existence matérielles. En effet, les nazis qui n’apprécient pas son travail, qualifient son art de « dégénéré ». En 1941, il est interdit de peindre, et une partie de ses œuvres est détruite, alors même qu’il s’était rangé du coté du parti nazi. Mais Nolde, qui ne peut s’exprimer que par la peinture, continue à travailler en réalisant des aquarelles de la taille d’une carte postale (plus d’un millier), qu’il appelle « peintures non peintes » puisqu’elles servent en fait d’ébauche aux peintures à l’huile qu’il souhaite réaliser, une fois son interdiction levée. Ainsi, Nolde n’incarne plus le « génie allemand » qu’il croyait être et déclarera même : « Je ne connaissais rien à la politique. L’art et la politique me paraissaient opposés. »
On retrouve dans beaucoup de ses œuvres des influences impressionnistes de plusieurs peintres tels que Van Gogh et Gauguin (le fait de se libérer des conventions et de s’exprimer avec des couleurs notamment), Vlaminck ou encore Matisse (par les thèmes étranges qu’il aborde avec des œuvres dont une part relève de l’imaginaire : monde du cirque, rondes de lutin, magiciens…). Ainsi, dans ses œuvres, il écarte toute démarche naturaliste : que ce soit dans les objets, les êtres ou les paysages, Nolde utilise des tonalités vives ou sombres, mais souvent inattendues.
    Emil Nolde a plusieurs préoccupations principales : il y a d’une part l’être humain que l’on retrouve dans les portrais, autoportraits notamment en 1917, marqués par l’intensité de la couleur, et les couples ; D’autre part, il s’intéresse aux sujets religieux comme on peut le voir dans La Vie du Christ et Pentecôte en 1911, ou encore Mise au tombeau en 1915. Les formes simplifiées, l’expression des personnages qui nous font face mais aussi la dominance des couleurs rouges et vertes dans chaque tableau amènent les croyants à s’émouvoir, bien que ces peintures trop violentes, ne connaissent alors pas le succès. Les paysages et les natures mortes, quant à eux sont également très nombreux, et il y adopte un style particulier de peinture, en particulier dans l’organisation des couleurs et d’une certaine distance de la réalité à la manière de Van Gogh comme par exemple Devant la clôture morte réalisée en 1907.
Ces thèmes qu’il aborde sont dus aux différentes périodes de sa vie : lors de son voyage à Berlin, il découvre la vie nocturne qui le fascine, et c’est alors qu’il peint des scènes de bar et de cabarets. En revanche, les différents voyages qu’il fera à l’époque de la colonisation, en particulier son voyage dans les mers du sud en 1913 le conduisent à une série de représentations exotiques, avec un certain souci de vérité comme dans La Jeune indigène au collier en 1914. D’autre part, les paysages et les natures mortes font surtout référence à son pays natal, Nolde, qui inspire aussi ses premières œuvres, des montagnes personnifiées, qui lui permettront d’acquérir sa notoriété.
                     

    L’exposition est finie désormais mais n’hésitez pas à visiter le musée virtuel (http://www.rmn.fr/Emil-Nolde), . On peut encore approfondir cette redécouverte de l’expressionnime allemand. Je vous recommande particulièrement de vous attarder devant La Vie du Christ.