Interview exclusive

                          « Une dure réalité ! »

                                        Rencontre avec un jeune clandestin

 

             

 Mardi dernier, j’ai eu l’occasion d’obtenir une interview individuelle avec un jeune clandestin émigré depuis peu de temps. Il nous livre ici ses sentiments, sa joie d’être ici mais aussi sa peur de la police… Interview choc du jeune Oko.

 

 

Bonjour, bienvenue à vous Oko. Vous êtes arrivés depuis une semaine aujourd’hui. Comment vous sentez vous ?

Merci. Je peux dire que je me sens plutôt bien pour ma situation. J’essaye de me reposer le plus souvent mais je n’ai que trop peu l’occasion à cause des papiers, de la police…

 

D’où venez vous exactement ?

Je viens du Maroc en Afrique du Nord. Je vivais dans un petit village où tout le monde se connaissait ; nous avions un style de vie plutôt pauvre ce qui a toujours été un poids pour mes parents. Ils ne voulaient pas que mon frère et moi nous connaissions la même situation.

 

Il y avait donc une raison particulière à votre départ ?

C’était principalement le désir de mes parents mais ils pensaient autant à eux qu’a nous (lui et son frère). Mais la pauvreté est très présente là-bas, rien à voir avec ici croyez moi et c’est important que quelqu’un gagne plus d’argent pour la famille !

Alors je n’étais pas vraiment obligé de partir mais la routine dans le village - en plus du reste - m’a aidé à faire mon choix final.

 

Et ceux qui vous accompagnaient ont-ils eu la même chance ?

Malheureusement très peu ont eu la même chance que moi. Je suis un des rares chanceux, si je puis dire. Nous étions cinq et seulement moi et un autre compagnon avons réussi à passer. Les autres se sont fait prendre par la police juste avant le passage du grillage où nous devions passer par-dessus.

 

Comment s’est passé votre passage en France ?

Comparé à mes anciens camarades mon passage s’est bien passé puisque je suis maintenant en France mais cela a été assez éprouvant et très long ! Nous sommes restés des jours et des jours dans différents camions conduits par des passeurs : nous voyagions la nuit et le jour on nous déposait dans des déserts où l’on devait se cacher au cas où la police passerait… Malheureusement les autorités était à la frontière et nous ont poursuivi. J’ai réussi à passer le grillage et me voilà en France.

 

Aujourd’hui où vivez vous ?

Aujourd’hui je vis dans un minuscule appartement que j’ai trouvé pour très peu d’argent. Il paraîtra certainement misérable pour la plupart des gens mais cela me convient pour le moment. Cela dit il est possible que dès demain j’ai à partir et je n’aurai alors plus le choix : je dormirais dans la rue.

      

Vous parlez plutôt bien le français ! Vous l’avez appris là bas j’imagine ?

Oui, ma mère l’a appris de son père et me l’a enseigné depuis que je suis tout petit. J’aime beaucoup cette langue.

 

Quels sont vos projets ?

Je n’ai pas encore décidé. Il faut que je trouve un travail ce qui ne sera pas très facile, je le sais. Je pense que je vais vivre au jour le jour comme la plupart des sans papiers ! Cela dit je peux aussi obtenir l’aide d’associations.

 

Avez vous une aptitude particulière ?

Je suis un bon coureur mais je ne pense pas aller très loin dans cette voie là. Je suis plutôt douée pour les travaux manuels car c’est l’activité que je pratiquais le plus là-bas.

 

Vous avez rencontré d’autres clandestins ?

Je suis resté en contact avec le seul compagnon qui a réussi à passer avec moi mais nous nous voyons très peu pour éviter de nous faire arrêter par la police. Sinon je vois aussi mon cousin qui est aussi émigré mais en général je préfère rester seul.

 

Vous préférez vivre ici ou en Afrique ?

Je ne suis pas resté assez longtemps en France pour me décider mais j’ai tout de même une préférence pour votre pays même si ma famille me manque !

 

 

Propos recueilli par Alexia L.