Interview de mon grand-père sur sa vie durant la 2ème Guerre Mondiale

 Le texte qui va suivre est une interview rédigée sous forme d’un monologue

 

   « En 1945, à la fin de la guerre, j’avais 7 ans. Les souvenirs, presque 70 ans plus tard, sont rares. Seuls me restent en mémoire quelques faits isolés ».

 Mes parents et moi habitions dans un appartement du 15ème arrondissement qui donnait sur l’île aux cygnes au milieu de la Seine. De notre fenêtre, nous pouvions apercevoir le Trocadéro et en nous penchant la tour Eiffel.

 Cartes d’alimentation (pendant la guerre)

Pendant la guerre, des cartes d’alimentation étaient distribuées en marie. Ces tickets de couleurs différentes nous servaient à acheter la nourriture dont nous avions besoin. Grâce à cela, nous pouvions acheter l’essentiel : pain, viande, légumes…etc... pour le mois.

Quand nous allions dans une boulangerie par exemple, ma mère présentait son ticket au commerçant qui nous donnait aussitôt la ration qui nous était réservée. Lorsque les gens recevaient leurs cartes d’alimentation, ils courraient tous vers le premier commerçant de la rue. Devant les vitrines, Il y avait une queue énorme. Tout le monde se connaissaient et discutaient ensemble, pas comme aujourd’hui d'ailleurs. 

A l’époque, mon père travaillait dans une imprimerie. Quelques fois, en rentrant du travail, il ramenait des planches de faux tickets imprimés dans la journée. Comme la qualité de l’impression n’était pas excellente, le soir, après diner, mon père descendait la lampe à contre poids au raz de la table de la salle à manger et, délicatement, avec des crayons pastels, il corrigeait la couleur des tickets pour les rendre plus vrais.

Les jours suivants, quand ma mère allait faire les courses, elle avait toujours peur que le commerçant reconnaisse que les tickets étaient faux. Heureusement, ça n’est jamais arrivé.

 

A l’école (pendant la guerre)

A l'école, nous étions environ 40 par classe. Cela était dû au manque de professeurs, essentiellement des hommes à l’époque, qui avaient été mobilisés.

 

Les alertes (pendant la guerre)

Lorsque des vagues d’avions approchaient de Paris, les sirènes qui étaient présentes sur plusieurs immeubles de la ville retentissaient. Lorsque ce genre de chose se produisait, nous avions  pour consigne de descendre dans les caves au cas où il y aurait des bombardements. Il est arrivé qu’on soit contraints de descendre deux à trois fois dans la même nuit.

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L’île aux cygnes (pendant la guerre)

Un jour, en regardant par les fenêtres de notre appartement, nous vîmes que les allemands installaient sur l'ile aux cygnes, juste en face de chez nous, une dizaine de batteries de DCA (défense contre avion) qui étaient chargées d’abattre les avions de bombardement alliés survolant Paris. On avait très peur que ces avions bombardent ces batteries car compte tenu de l’imprécision des bombardements à l’époque, nos immeubles étaient directement menacés.

 

La radio (pendant la guerre)                    

Le soir, avec mon père, nous écoutions  radio Londres. Cela nous donnait des informations réelles. On prenait évidemment soin, lorsqu’une patrouille allemande passait dans la rue, de baisser ou d’éteindre le poste.

 Dans les métros (pendant la guerre)

Dans les métros de Paris, lorsqu’une personne âgée entrait dans l’un des compartiments du train, en général, les allemands qui avaient reçu la consigne d’être corrects se levaient pour laisser leur place.

 La rafle du Vel d’Hiv (pendant la guerre)

Nous sommes au moment de la rafle du Vel d'Hiv (vélodrome d'Hiver). Il y avait dehors, juste derrière chez nous, plein d’autobus parisiens qui ramenaient les juifs. Ils avaient été regroupés par les SS au vélodrome d’hiver. A ce moment-là, personne ici ne savait où étaient envoyés tous ces gens et ce qu’ils allaient devenir. A la fin de la guerre, au Trocadéro, il y eu une projection de films qui avaient été pris par les armées américaines lorsqu’elles libérèrent les camps de concentration. Tout le monde fut très surpris et horrifié de ce qui s’était passé réellement pour eux.

 La traversée de Paris (pendant la guerre)

La famille de ma mère habitait en banlieue est de paris. Il y eu une période pendant la guerre où nous étions sans nouvelle car suite aux bombardements sur l’est parisien, les trains ne circulaient plus et le téléphone était coupé. Nous décidâmes donc d'aller leur rendre visite. Un matin, nous partîmes de très bonne heure, à pieds. Nous parcourûmes en tout 15 km à cause de la police française qui nous interdisait de passer à certains endroits ; des bombes à retardements n’avaient pas encore explosées. Le lendemain, nous  repartîmes dans notre appartement et fûmes, encore une fois, les 15 longs et éprouvants km. 

 Le départ des allemands de Paris (fin de la guerre)

Dans la journée, la radio avait annoncé que les troupes de libération étaient aux portes de Paris.   

Le soir même, tard dans la nuit, des bruits de moteurs et de chenilles de chars retentirent dans les rues sombres de Paris. Au début, nous crûment  que c'était les américains qui arrivaient. Le concierge en ouvrant ses volets pour les acclamer entendit parler non pas américain mais allemand. Je me rappelle qu’il allait étendre le drapeau français qu’il rentra immédiatement tout en prenant soin de fermer ses volets. Les allemands étaient en fait en train de fuir Paris car les américains arrivaient.

Des habitants du quartier avaient installé des barricades avec les grilles des arbres et les barrières métalliques qui clôturaient le chemin de fer Invalides/Versailles pour gêner la fuite les allemands. Lorsqu’ils arrivèrent devant ces obstacles, ils les dégagèrent en hurlant.                                                            

 Les incendies (fin de la guerre)

Un soir, nous vîmes, ma mère et moi des lueurs d'incendies derrière les immeubles de Passy. On entendait des cris. Au début, nous crûment que c’était à cause de l’incendie, mais en fait la réalité était tout autre. C'était les troupes franco-américaines qui entraient dans Paris. Les gens les acclamaient. Les combats avaient déclenché des incendies mais les cris étaient des cris de joie pour accueillir les libérateurs.

La fin de la guerre

Quand les troupes américaines entrèrent dans paris, ils nous jetèrent de leurs jeeps ou de leurs chars  des chocolats et des chewing gum. C’était la première fois qu’on goûtait des chewing gum et le chocolat qui était rare nous semblait délicieux.

 Troupes américaines (fin de la guerre)

Ce jour-là, nous étions allés, mon père et moi, acclamer les troupes américaines dans les rues de Paris. Évidemment, tous les Allemands étaient déjà partis, enfin c’est ce que tout le monde pensait. Nous passions tranquillement sur le pont de Bir Hakeim quand tout d’un coup, en plein milieu de l’après-midi, des coups de feu furent tiré de la station de métro aérienne Grenelle aujourd’hui Bir Hakeim par des tireurs allemands restés secrètement dans la station. A ce moment-là, la foule se mit à paniquer et tout le monde tenta de s’enfuir par tous les coins de rues. Mon père me prit aussitôt par le bras et nous rentrâmes à l’appartement où ma mère, affolée par le bruit de la fusillade, explosa de colère.

 Exposition au Champ de Mars (fin de la guerre)

Immédiatement après la fin la guerre, à la libération de Paris, du matériel de guerre (avions endommagés, canons, véhicules tous terrains, armes diverses) fut exposé au Champ de Mars. Tous les parisiens vinrent contempler hommes et matériels qui les avaient libérés.

 

FIN

 

Quelques photos pour vous situer :

 


 L'île aux Cygnes, 16e arrondissement

Pont de Bir-Hakeim

Rafle du Vel d'Hiv, Juillet 1942

Vue depuis l'appartement que nous occupions à l'époque. On peut apercevoir en face cette fameuse île aux Cygnes.


PS : Je tiens vraiment à ajouter que ce monologue a été rédigé avec grand plaisir. J’ai essayé de manier l’écriture avec le plus grand soin.

Jérémy