Le train vient d’arriver. Aucune maison à l’horizon. Après une longue marche, nous arrivons enfin au campement du 8ème régiment d’infanterie. Nous vivons dans des tentes : notre matelas est par terre, nous avons très peu de nourriture, un peu de pain et du fromage moisi. Un petit bol de soupe est servi tous les jours. Les soldats font leurs besoins dans un seau qu’ils jettent dans les sous-bois, derrière le camp. Quelques jours plus tard, des renforts sont envoyés ; il y a maintenant une grande troupe de soldats mobilisée sur place. Ils se sont déplacés depuis Paris en une longue file de taxis si bruyante. Le paysage défile devant nos yeux. Mon groupe arrive enfin près de la rivière «Marne ». Les soldats allemands sont déjà mobilisés. Dans les deux camps, nous sommes déjà quelques milliers. Une pluie d’obus tombe sur nous. Les coups de feu éclatent à nos oreilles. Nos soldats meurent un à un. J’ai peur. Tout se passe si vite ! Un obus éclate à deux mètres de moi. Je tombe. J’ai mal à la tête. Quand je me réveille, un trou d’obus s’est creusé derrière moi. Je me dégage. Je rentre à la base avec du sang sur la tête, des écorchures et une plaie au genou. Après ses premiers affrontements, la bataille est finie.