Par le chemin des écoliers S’en allaient deux petits souliers,
Deux souliers seuls au monde S’en allaient par la terre ronde,
S’en allaient, les semelles molles, A regret, loin de leur école,
S’en allaient chez le cordonnier Où l’on voit grandir les souliers,
Où l’on voit souliers d’écoliers Devenir souliers d’ouvriers,
Et parfois, avec de la chance, Devenir souliers de finance,
Et souvent, avec de l’étude, Devenir souliers de grand luxe,
Et toujours, avec de l’amour, Devenir souliers de velours.
Maurice Carême
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LE LABOUREUR ET
SES ENFANTS
Travaillez, prenez de la peine :
C'est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l'héritage
Que
nous ont laissé nos parents.
Un
trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l'endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver : vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu'on aura fait l'août.
Creusez, fouillez, bêchez, ne laissez nulle place
Où
la main ne passe et repasse.
Le Père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu'au bout de l'an
Il
en rapporta davantage.
D'argent, point de caché. Mais le Père fut sage
De
leur montrer avant sa mort
Que
le travail est un trésor .
Jean de La Fontaine
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