La poésie lyrique
Dans la mythologie grecque, le poète Orphée chantait en s'accompagnant de sa lyre : sa poésie avait le pouvoir de charmer les bêtes sauvages. Sur le mot lyre a été formé l'adjectif lyrique. Ce dernier s'appliquait jadis à tout ce qui pouvait être chanté. Depuis le xixe siècle, il caractérise également un genre de poésie.
Quel est-il ? Quels en sont les principaux thèmes ?
I. Les principaux thèmes
La poésie lyrique exprime de façon passionnée et imagée des sentiments personnels sur des thèmes très généraux comme l'amour, la nature, la mort, le temps qui passe, la nostalgie et la musicalité.
- "Vieille chanson du jeune temps", Les Contemplations, V. HUGO
- Le regret
Le jeune homme, V. Hugo sans doute, n’a que 16 ans, il est mélancolique « morose » ? Durant toute la promenade, il parle, il se déplace mais ne prête pas attention à ce qui s’offre à lui (d’où l’emploi des négations). Sa nature amoureuse dort. C’est cet épisode qui la réveillera (trop tard !) Au 1er vers, le jeune homme ne « songe pas à Rose » ; à l’avant-dernier, c’est Rose qui dit « n’y pensons plus ». Au début, c’est Rose qui désire venir au bois ; à la fin, c’est lui qui y « pense pour toujours ». Le « nous » du début du texte (couple possible) disparaît.
- La nostalgie, teintée d’ironie
L’antithèse du titre marque le regret du passé. Dans ce souvenir d’enfance, V. Hugo, grand séducteur se moque tendrement du jeune homme aveugle qu’il était.
Reprise du « Carpe diem » d’Horace, cher à Ronsard.
- Idéalisation de la femme et de la nature
-Le narrateur est aussi aveugle à l’une et à l’autre.
- La femme : belle, courageuse, émue
- La nature : belle, personnifiée, asile idéal
-Correspondance entre la femme et la nature
> Rose/rossignol / rosée
> Nature complice (les oiseaux expriment ses sentiments, commentent la situation, lui donnent l’occasion de révéler son corps).
- "Tristesse d’Olympio" (deux derniers quatrains), Les Contemplations, V. HUGO
Comme quelqu'un qui cherche en tenant une lampe,
Loin des objets réels, loin du monde rieur,
Elle arrive à pas lents par une obscure rampe
Jusqu'au fond désolé du gouffre intérieur ;
" Et là, dans cette nuit qu'aucun rayon n'étoile,
L'âme, en un repli sombre où tout semble finir,
Sent quelque chose encor palpiter sous un voile...
C'est toi qui dors dans l'ombre, ô sacré souvenir! »
Ce poème est rédigé en 1837 lorsque V. Hugo effectue un pèlerinage nostalgique à Jouy, là où il retrouvait J. Drouet en 1834-1835, lieu témoin de leur amour.
Or, la nature semble avoir oublié. Insensible, elle ne sait pas compatir aux souffrances humaines.
« Nature au front serein, comme vous oubliez!
Et comme vous brisez dans vos métamorphoses
Les fils mystérieux où nos cœurs sont liés »
D’où chez le poète la mélancolie. Plutôt de lui permettre de renouer avec le passé, ce lieu souligne la fuite du temps (thème de la vieillesse et de la mort omniprésent à la fin du poème).
Pourtant, à la fin, Olympio; ce double du poète, parvient à vaincre le temps par le souvenir.
Le poète montre une conception, très moderne, du «gouffre intérieur». Les «entrailles» où descend «l'âme», sont les profondeurs de notre sensibilité, notre inconscient. Cette descente, une lampe à la main, a une valeur concrète mais aussi symbolique, la lampe étant alors la mémoire. Par un fort retournement final, Hugo réussit à faire de ce déclin une victoire non seulement sur les trahisons de la nature et du destin.
3. "Il pleure dans mon cœur", Romances sans paroles, P. VERLAINE.
> Redondance ou la monotonie de la pluie et de l’ennui
- Régularité du poème : 4 quatrains d’hexasyllabes avec enjambement à chaque fois, ce qui rend la régularité de l’alexandrin
- Rimes identiques sauf au vers 2 pour chaque quatrain ; reprise du même mot au v 1 et 4 de chaque strophe
- Rimes intérieures (v 1 « pleure / cœur ») et paronymes ( v 10 « ce cœur / s’écoeure »)
- Phrase interrogative, exclamative, interrogative, exclamative
>Musicalité des sensations
- Str 1 « il pleure / « il pleut » > simultanéité des perceptions physiques et morales. Correspondance entre les sensations et le paysage.
- Str 1 : allitérations en m, n, l, nasalisées : mélancolie
- Str 2 : martellement des sonorités en b, d, p, t, s, ch : bruit de la pluie
- Ce martellement rejaillit sur l’âme du poète : le lecteur sent davantage d’agressivité
- La fin est de nouveau plus apaisée même si toujours très mélancolique.
II - L’écriture de la poésie lyrique.
- Utilisation fréquente de la 1ère personne
- Champ lexical des sentiments
- Présence d’interjections, qui traduisent l’enthousiasme, le désespoir, la plainte, la supplication
- Les phrases de types exclamatif et interrogatif, accompagnés d’une ponctuation propre à rendre compte de l’émotion (points de suspension par exemple)
- Le jeu sur le rythme
- Mètres courts ou longs, enjambement d’un vers à l’autre, créant des effets de continuité et d’allongement
- Rythme régulier traduisant la douceur et l’harmonie ; coupes fortes créant des ruptures
- Jeu des sonorités qui donnent du sens : disposition et richesse de la rime, allitérations, assonances.
- La présence des figures de style :
- L’anaphore traduit la force d’un sentiment ou d’un choc émotionnel
- La comparaison, la métaphore, la personnification permettent d’exprimer l’émotion par les images
- L’antithèse souligne les contradictions qui peuvent caractériser les sentiments
- L’apostrophe permet d’interpeller la personne aimée
- La gradation, l’hyperbole peuvent manifester l’ampleur du sentiment.