Secrets enterrés

 

 

 

 

 

Seconde 7

Lycée Sonia Delaunay de Villepreux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Marianne, femme de Claudio, amie de Médée et amante de Jason

Médée, amie de Marianne, ex-femme de Jason

Jason, ex-mari de Médée, amant de Marianne

Octave, ami de Claudio, amant de Marianne

 

L'histoire se déroule dans la ville natale de Marianne durant l'époque de la chasse aux sorcières.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ACTE PREMIER

Dans une forêt sombre

SCENE PREMIERE. MEDEE

 

MEDEE

 

S'apitoyant et creusant la tombe de ses enfants.

Ah ! Je vous demande pardon mes chers enfants, la chair de ma chair, mon propre sang. Votre sort est la conséquence de ma colère envers votre père. (Médée furieuse et creusant plus vite) Lui, ce vaurien m'ayant pris honneur et dignité dès le moment où il a adressé la parole à cette harpie. Elle, le fruit du démon et du péché, cette souillon m'a humiliée et a taché ma fierté. Je n'avais d'autre choix que de lui arracher la vie en retour et de punir mon récidiviste de mari.

(Médée désemparée et se justifiant en déposant les corps de ses enfants dans leur tombe et en les recouvrant de terre)

Mon unique solution était de lui retirer ce qu'il avait de plus précieux au monde : vous, mes descendants… Même en sachant que je me faisais ainsi souffrir, que je vous condamnais dans la fleur de l'âge. Je n'ai pu réprimer ma vengeance. Je voulais le faire payer plus que je ne vous aimais, plus que je ne m'aimais moi-même. J'ai longtemps tergiversé, j'ai repoussé l'échéance et cherchais d'autres recours. Mais, le tuer ne lui aurait pas causé assez de souffrance. Or, je voulais lui faire connaître l'Enfer sur Terre. Il fallait donc qu'il vive le reste de sa vie avec ce fardeau. Savoir que son péché a causé la mort de ses propres enfants est la plus insupportable des pensées pour le père attentionné et aimant qu'il est. s'apitoyant, Oh ! Pardonnez moi, mais il faut me comprendre : son manque de considération pour moi m'a détruite de l'intérieur et m'a transformée en monstre...

Médée met le dernier lopin de terre sur la tombe de ses enfants.

 

SCENE II. MARIANNE

 

MARIANNE

 

Venant de quitter Octave.

Je suis indignée par la proposition de Coelio. Ce lâche n'a même pas le courage de venir me faire cette offense lui-même, il préfère envoyer son ami Octave. Pourquoi ne m'a-t-il pas fait part de ses sentiments de vive voix ? Suis-je trop intimidante ? Peu importe, ma fidélité étant pure, j'aurais refusé ses avances. Mais à quoi songeait-il ?! Coelio m'a-t-il pris pour une fille de joie ?... Ces moindres pensées m’insupportent, les valeurs inculquées par mes parents n’incluent pas cette pratique, tout de même ! (Marianne réfléchit) Quoi qu'il en soit, il vaudrait mieux que mon mari n’ait guère connaissance de cette mésaventure, cela pourrait causer maints et maints problèmes. Par ailleurs, sa confiance à mon égard s'éteindrait probablement. (Marianne décidée) Oui, je ne lui avouerai point, cela vaut mieux. (Marianne partagée finalement) Cependant, je ne pourrai tenir un tel secret car je lui ai promis honnêteté autrefois. Comment pourrais-je me tenir face à mon mari en le regardant droit dans les yeux, tout en gardant ce fléau ? (Marianne s'imaginant le pire) S’il le découvrait... (Marianne effrayée) Oh ! Aura-t-il confiance en moi, ou se doutera-t-il d’une infidélité de ma part ? Passons, je dois cesser ces inquiétudes, l’angoisse pourrait me...

Marianne s'interrompt à la vue de Médée.

Que faites-vous ici ?

 

MEDEE

 

J'enterre mes secrets.

 

MARIANNE

 

Enterrer vos secrets, est-ce une métaphore ?

 

MEDEE

 

Peut-être.

 

MARIANNE

 

Vous semblez bien mystérieuse. Je vous avoue que j'ai eu une journée difficile et que j'ai besoin de me confier à quelqu'un.

 

MEDEE

 

D'un ton sec.

N'y-a-t-il pas quelqu'un d'autre ? N'avez-vous vraiment personne à qui parler ?

 

MARIANNE

 

Vous imaginez que si je me retrouve seule dans une forêt sombre, cela signifie que mon entourage est restreint. Et, vous semblez en avoir besoin aussi. Enfin, il m'y paraît.

 

MEDEE

 

Je ne vous ressemble point. D'ailleurs, j'ai mieux à faire que discuter avec vous. 

 

MARIANNE

 

Seriez-vous assez charitable pour me changer les idées ? Pourriez-vous m'épauler ?

 

MEDEE

 

Non, j'ai d'autres occupations… (à part) Je dois enterrer mes secrets…

 

MARIANNE

 

Quelles occupations ?

 

MEDEE

 

Vous m'importunez. D'où vous vient cette prétention de vouloir vous immiscer dans ma vie ?

 

MARIANNE

 

Mais… Je suis une inconnue, il y a donc peu de chances que nous nous revoyions. Par conséquent, vous pouvez me les partager en toute tranquillité… (coupée par Médée)

 

MEDEE

 

Et bien justement, là est le problème.

 

MARIANNE

 

Ce n'est pas bon pour vous de garder des secrets. Les secrets vous tuent à petit feu. Croyez-en mon expérience. Les secrets sont des poisons. (dit-elle en colère)

 

MEDEE

 

Ce n’est pas la peine d’insister je ne vous dirai rien de plus. (dit-elle avec mépris)

 

MARIANNE

 

Vous savez je suis bien aussi têtue que mon mari. Je ne sais d’ailleurs que faire pour y remédier.

 

MEDEE

 

Comment cela ? (agacée)

 

MARIANNE

 

Et bien, il m’accuse d’un crime que je n’ai point commis ; et malgré tous les serments par lesquels nous sommes liés, il reste de marbre et ne m’écoute point.

 

MEDEE

 

Furieuse contre l'époux.

De quel crime s’agit-il ?

 

MARIANNE

 

Celui de l’adultère.

 

MEDEE

 

Mais que me dites-vous là, votre mari vous aime sûrement. Soyez heureuse qu'il veuille vous conserver à tout prix. Ce n'est point le cas de tout le monde ! Je parle en connaissance de cause…

 

MARIANNE

 

Je le comprends… Pourriez-vous m'en faire part ?

 

MEDEE

 

A part.

Je ne peux me risquer à parler de mes enfants décédés. En revanche, il me serait profitable de me libérer du fardeau qu'est l'acte de mon mari.

A Marianne.

Pourquoi pas... Venez marchons, nous pourrons discuter en paix chez moi.

 

ACTE II

Chemin liant la maison de Médée à la ville.

SCENE PREMIERE. MARIANNE, MEDEE

 

MARIANNE

 

Je vous remercie de cette invitation. Vous êtes vraiment très aimable et charitable car j'en avais vraiment besoin.

 

MEDEE

 

Hum...

 

MARIANNE

 

Où est-ce que vous habitez ?

 

MEDEE

 

Non loin d'ici.

 

MARIANNE

 

Est-ce la grande demeure avec les roses ?

 

MEDEE 

 

Non, vous verrez bien à quoi elle ressemble...

 

MARIANNE

 

Je suis navrée, je sais que je suis un peu trop enthousiaste. (pause, regardant au loin) Oh, c'est la maison avec les violettes.

 

MEDEE

 

Non ! C'est la maison avec les bleuets.

 

MARIANNE

 

Oh, j'adore le bleu ! Vous l'aimez aussi, est-ce pour cela que vous avez peint votre porte en bleu ?

 

MEDEE

 

Non, mon mari en revanche en est fou. Mais la maison était déjà ainsi à notre arrivée.

 

MARIANNE

 

D'où venez-vous ? Vous avez dû partir précipitamment si vous n'avez pas pris la peine de choisir la maison de vos rêves. Avez-vous pu décider de la décoration ? J'ai vraiment hâte de voir l'intérieur. Pouvons-nous rentrer ?

 

MEDEE

 

Je crains de devoir annuler notre entretien. (agacée par ce manque de civisme)

 

MARIANNE

 

Je suis désolée, je vois bien que je vous ai oppressée voire offensée. Cependant, comprenez-moi j'ai eu une journée horrible. Comme je vous le disais mon mari me mène la vie dure et j'ai véritablement besoin de me confier à quelqu'un... (Marianne en pleurs) Je ne pense pas pouvoir supporter cette vie si je n'ai pas une véritable confidente, qui ne soit pas sous le joug de mon époux. Je vous en conjure ne me laissez pas livrée à mon triste sort.

 

MEDEE

 

Bien, bien rentrons. Mais arrêtez votre fontaine.

 

MARIANNE

 

Oh ! Merci ! Je vous en serai éternellement reconnaissante. Je me souviendrai toujours de votre gentillesse et de votre soutien en ces temps troublés.

 

MEDEE

 

Hum... Remettez-vous, soyez digne dans l'adversité !

 

MARIANNE

 

Pourriez-vous me faire du thé ? Cela me permettrait de me remettre plus rapidement.

 

MEDEE

 

A elle-même.

Elle est véritablement sans gêne.

A Marianne.

Voudriez-vous un mouchoir également ?

 

MARIANNE

 

En pleurant.

Je sens votre irritation. Je suis véritablement gênée d'être un tel fardeau pour vous, qui ne m'avez rien demandé. Mais, je n'ai personne d'autre vers qui me tourner. Je vous en supplie soyez bonne avec moi, je ne pourrais souffrir un autre rejet. Trouvez au fond de vous-même cette âme généreuse et aidez-moi. Je vous en prie, épaulez-moi, soutenez-moi... (s'effondre en pleurant)

 

MEDEE

 

Soit. Allons rentrons afin que vous puissiez reprendre vos esprits et tarir cette source inépuisable.

Les deux femmes rentrent chez Médée et Médée prépare du thé.

Alors, qu'est-ce qui vous tracasse à ce point ?

 

MARIANNE

 

Je suis avec lui et il m'accuse alors que je suis innocente… Je devrais le tromper pour lui rendre la monnaie de sa pièce, mais…

 

MEDEE

 

Estimez-vous heureuse. Moi c'est une autre femme qui l'a fait.

 

MARIANNE

 

Je suis navrée pour vous. Pourquoi l'a-t-il fait ?

 

MEDEE

 

C'est à vous de me le dire car vous voulez commettre un adultère !

 

MARIANNE

 

Je ne l'aurais pas supporté. D'ailleurs, s’il m'accuse c'est sûrement parce qu'il le fait lui-même. Je suis déjà tellement attristée par sa jalousie, cela serait le coup de trop. En somme, il est véritablement horrible.

MEDEE

 

Apportant du thé.

Allez-vous mieux ? Voulez-vous que je vous raconte comment mon mari m'a remplacée ? (blasée)

 

MARIANNE

 

Si cela vous pèse sur le cœur...

 

MEDEE

 

Vous pleurez parce que votre mari est trop possessif, le mien a demandé le divorce pour se marier avec une femme plus jeune, plus riche et plus puissante que moi.

 

MARIANNE

 

Le mien ne veut même pas d'enfant !

 

MEDEE

 

Le mien me les a donnés puis me les a repris, mais je les ai cachés pour les protéger.

 

MARIANNE

 

Où ?

 

MEDEE

 

Je dois garder le secret. Sur ce, nos deux maris sont affreux et atroces. Nous devrions être des femmes fortes et dignes. Qu'en dites-vous ?

 

MARIANNE

 

Vous avez raison. Merci de m'avoir redonné l'espoir et le courage de vivre avec lui.

 

MEDEE

 

De rien. Je ne vous reconduis pas.

 

Scène II. JASON, MARIANNE

 

 

JASON

 

Bousculant Marianne.

Je suis désolé, je ne vous avais pas vue mais cela est une erreur car vous êtes magnifique.

 

MARIANNE

 

Euh… Merci.

 

JASON

 

D'où venez-vous jeune beauté ?

 

MARIANNE

 

Je viens de chez une amie, dans la forêt.

 

JASON

 

Je suis sûr que votre nom doit être à la hauteur de votre beauté. Quel est-il ?

 

MARIANNE

 

Marianne. Et quel est le vôtre ? D'où venez-vous ?

 

JASON

 

Jason, je viens d'un pays très lointain.

 

MARIANNE

 

Vous êtes vraiment très séduisant.

 

JASON

 

Merci. On me l'a souvent dit, mais venant de votre bouche, il me semble que c'est la première fois que je l'entends véritablement. Cela me touche vraiment !

 

MARIANNE

 

Il me semble que c'est la première fois que l'on me dit des choses aussi belles.

 

JASON

 

Tout ce que j'ai dit est à la hauteur de votre beauté.

 

MARIANNE

 

Laissez-moi vous dire que cela est réciproque.

 

JASON

 

Souhaitez-vous que je vous raccompagne chez vous ?

 

MARIANNE

 

Cela sera avec plaisir, ainsi nous pourrons faire plus ample connaissance.

 

JASON

 

Je laisse votre charme me guider.

 

MARIANNE

 

Je suis sûre que vous n'avez pas besoin de guide dans ce domaine.

 

JASON

 

J'aimerais vous le démontrer dès maintenant, pourrais-je vous voler un baiser ?

 

MARIANNE

 

Ne voulez-vous pas que nous fassions une pause auparavant ?

 

JASON

 

Je vous avoue que vos lèvres sont si tentantes que j'ai du mal à vous résister.

 

MARIANNE

 

Et bien, je me laisserai donc tenter.

Jason embrasse Marianne.

 

JASON

 

Vos lèvres sont aussi délicieuses qu'elles semblaient l'être.

 

MARIANNE

 

Il faut dire que le fruit du péché a toujours un excellent goût...

 

JASON

 

Il me tarde de savourer le fruit de votre jeunesse...

 

MARIANNE

 

Vous n'y pensez pas. Je ne puis me livrer à vous ainsi ! D'ailleurs, regardez où nous sommes.

 

JASON

 

Vous avez vous-même expliqué que le péché a un goût irrésistible. Ne pensez-vous pas que nous connaître en ces lieux ne ferait qu'augmenter cette jouissance ? Ne ressentez-vous pas cet appel de votre être qui vous prie de succomber à mes charmes ? Votre souffle ne s'accélère-t-il pas ? Vos joues ne vous semblent-elles pas plus chaudes ? Sachez Marianne que je ressens la même chose et que je n'ai qu'une envie : succomber avec vous à ce feu dévorant. Abandonnez-vous à lui, abandonnez-vous à moi.

 

MARIANNE

 

A elle-même.

Puisque mon mari me punit pour un crime que je n'ai pas commis et qu'un magnifique jeune homme est tombé sous mes charmes, pourquoi devrais-je me priver d'une si agréable trouvaille ? Je ne ferai que me payer des injustes reproches que Claudio a émis. En somme, il considère que j'ai déjà commis ce forfait alors autant l'avoir réellement fait, que je puisse au moins tirer avantage de ses accusations.

A Jason.

Je serai plus que ravie de découvrir à quel point ce feu peut être intense dans une forêt comme celle-ci.

Jason prend la main de Marianne. Ils se faufilent dans les bois pour ne pas être visibles depuis le chemin et commencent à s'embrasser et à se coucher dans les hautes herbes.

 

Scène III. JASON, MEDEE

 

JASON

 

Ô Marianne, pourquoi es-tu partie si vite ? Ne pouvais-tu pas attendre mon éveil ? Je n'ai même pas eu le temps de te dire ce que j'avais sur le cœur, après cette voluptueuse nuit. Tu aurais entendu mon attachement à ton égard, à quel point tu es magnifique, à quel point tu m'as retourné l'âme. Mais, ce n'est pas grave, je vais coucher sur le papier mes pensées, mes sentiments afin d'avoir la chance de t'apercevoir à nouveau et peut-être de partager un autre moment inoubliable.

(souffle) Maintenant, le temps du plaisir est terminé. Je dois revenir à la réalité, à Médée.

(se dirige vers la maison de Médée et frappe à la porte)

 

MEDEE

 

(surprise) Tiens, tu es toujours en vie…

 

JASON

 

Ne t'en déplaise ! Je ne viens que pour la chair de ma chair. Ne t'en fais pas, je ne resterai pas.

 

MEDEE

 

Ils ne sont pas là, ils sont à la place que tu leur as donnée.

 

JASON

 

Balivernes ! De toute façon, cela n'a pas de sens. (rentre avec force)

 

MEDEE

 

Je t'en prie, tu peux retourner la maison si tu le veux.

 

JASON

 

C'est bien ce que je compte faire. (Jason cherche dans la maison)

 

MEDEE

 

Tu risques d'avoir besoin de cela. (Médée lui tend une pelle)

 

JASON

 

(stupéfait) Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'est-ce que tu as encore fait, sorcière ? Aurais-tu osé faire du mal à tes propres enfants ? Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? En vérité, tu es un monstre. (dit -il en la secouant)

MEDEE

 

Peut-être, mais n'est-ce pas ta faute ? En sondant ton âme, ne vois-tu pas que je suis ta création ? Tes péchés m'ont donnée naissance. Je me suis payée de ta trahison.

 

JASON

 

Que dis-tu ? Quelle folie t'a atteinte ?

 

MEDEE

 

Tu ne comprends donc pas Jason, ils sont morts. Ils sont morts par ta faute. Tu m'as poussée à tuer nos enfants.

 

JASON

 

C'est impossible, tu n'aurais pas pu être aussi ignoble !

 

MEDEE

 

Tu sous-estimes la vengeance d'une femme.

 

JASON

 

(cherche à étrangler Médée) Non, non, je ne veux pas devenir comme toi. Tu es la pire des criminelles. Tu es le Diable incarné ! Et encore, le diable ne pourrait égaler ta cruauté. Quelle mère dénaturée es-tu pour sacrifier tes enfants à ta vengeance ! Comment as-tu fait ? Comment l'impassibilité a-t-elle pu à ce point te dominer ? Je suis incapable de vivre sans la présence chaleureuse de ma progéniture. Je ne souffrirai pas leur manque. Leurs regards me suivront partout, leurs rires résonneront à chaque coin de rue, tu as volé leur avenir et le mien par la même occasion. Tu m'as condamné à ta folie. Je préfère encore ne pas vivre plutôt que de te voir tous les jours dans le miroir de ma conscience.

Jason se suicide.

 

ACTE III

Chez Marianne

SCENE PREMIERE. MARIANNE, MEDEE

 

MEDEE

 

Marianne ! J'ai quelque chose à vous annoncer... Ce n'est pas gai mais cela me ravit !

 

MARIANNE

 

Qu'est-ce donc chère amie ?

 

MEDEE

 

Hier soir, mon ex-mari est venu me voir pour me demander des explications sur mes secrets. Je lui ai tout raconté car je savais pertinemment que cela lui briserait le cœur, et je voulais le faire souffrir. Dans son malheur, il a décidé de mettre fin à ses jours devant mes yeux.

 

MARIANNE

 

Juste ciel ! Je m'imagine à votre place. Cela a dû être très récompensant pour vous.

 

MEDEE

 

Mais certainement. Il est vrai que je parais cruelle, mais, croyez-moi, ce Jason le méritait.

 

MARIANNE

 

Jason ? Tel est son nom ?

 

MEDEE

 

Oui, bien sûr ! Excusez-moi si je ne vous l'ai pas dit auparavant... De toute façon, je ne pouvais pas me faire à ce nom, trop répugnant à mon goût.

 

MARIANNE

 

Que dites-vous, là ? (À part) Serait-ce l'homme que j'ai rencontré la nuit passée ?

 

MEDEE

 

Vous semblez distraite. Qu'y a-t-il ?

 

MARIANNE

 

Se remémorant gaiement leur rencontre.

Ce fameux Jason ne serait-il pas grand, brun, beau et charismatique ? N'a-t-il pas une voix envoûtante mais douce ?

 

MEDEE

 

Hésitante et intriguée.

Vous avez fait un très beau portrait de ce dernier. L'avez-vous déjà rencontré ?

 

MARIANNE

 

Retournant à la réalité.

Bien sûr que non ! Tout cela n'était qu'une supposition. (À part, triste) C'est donc bien de mon Jason dont elle parle ! Cette nouvelle me laisse un vide, me brise le cœur et m’anéantit au plus profond de moi-même. (à Médée) Excusez-moi, je ne me sens pas très bien. J'aurais aimé partager votre bonheur, mais il faut que vous partiez.

 

MEDEE

 

Etonnée.

Vous me brusquez ! Je viens à peine d'arriver !

 

MARIANNE

 

Irritée.

S'il-vous-plaît, partez, partez ! Je me sens faiblir.

 

MEDEE

 

Si c'est ainsi, je m'en vais... Ce ne sera pas la peine de venir me voir lorsque vous vous sentirez seule ou que vous n'aurez personne pour vous consoler !

 

ACTE III

SCENE II. MARIANNE

Qu'ai-je fait pour mériter une telle souffrance ? Cet homme que je viens de rencontrer, cet homme que je viens de chérir, cet homme que j'ai aimé. Mais quelle est cette douleur qui m'envahit ? Pourra-t-elle un jour partir ? Elle m'a guettée et me guettera à jamais. Cet homme qui fut le sien pendant vingt ans et le mien pendant une nuit... Oh ! Cette nuit ! Elle ne cessera de me hanter, le seul souvenir qu'il me reste de lui... Je peux encore le voir, l'entendre, le sentir et le toucher. Ce court instant partagé fut une révélation. Ma vie avait pris un sens dès lors qu'il était là, il a su me sauver, me secourir d'une vie sans issue. Mais maintenant, elle l'est définitivement, sans issue. Sans son amour, je ne suis plus rien. Mon existence est morte ! Qu'est-ce qui pourrait me maintenir en vie ? C'est une trop grande absence, un vide dans mon cœur qui ne pourra jamais être comblé. (pause, réalisant toute l'horreur de ce suicide) Jason est mort ! Comment… mon Dieu ! Pourquoi ? Pourquoi a-t-il renoncer à vivre ? Pourquoi m'a-t-il laissée seule, ici ? Après avoir trahi mon mari, après avoir retrouvé espoir en la confiance, me voilà abandonnée à mon tour. (refusant cette idée) Non, il m'aimait ! Est-ce qu'un parent, un frère, un ami, un proche serait à l'origine du malheur qui l'a pris ? (s'adressant à Jason mort) Ô mon désespoir est ineffable. Mon amour l'était aussi. Il m'a fallu une nuit pour t'aimer. Il me faudra une vie pour t'oublier. Ton visage ne cessera de me hanter comme le souvenir de nos corps en train de s'aimer. En levant la tête vers le ciel je ne vois que l'azur de tes yeux. Le songe de ta douceur soyeuse sur mes lèvres me pénètre. Tu m'as quittée pour rejoindre les étoiles. Mon âme subit la déréliction. Et de noir vêtue, je ne suis plus séduite que par la solitude. Ô Jason, je chercherai ton amour dans ciel, mer et terre. Tu m'aimais, non ? Autant que moi ? Alors pourquoi n'as-tu rien dit ? N'avais-tu pas confiance en moi ? J'aurais pu t'apporter une aide, même infime ! Quel était le malheur qui te rongeait ? Je t'aimais, alors pourquoi est-ce que tu es parti ? Non. Pour toi, je ne peux pas me laisser abattre ! Je dois retrouver d'autres bras dans lesquels me réfugier. Ton absence se fera peut-être moins pesante, si quelqu'un est là pour m'accompagner... (réfléchissant) Mais pauvre ignorante que je suis, Octave est venu et Coelio m'a fait des avances ! Et me voici, partagée, le doute s'installe désormais. Pourquoi ne puis-je donc me délecter d'un amour simple ? Octave me plaisait, mais hélas il n'est entré dans ma vie que pour aider son ami Coelio. Devrais-je lui faire part de ma pensée ? Risquer le peu qu'il me reste ou choisir la sécurité mais à l'encontre de mes sentiments ? J'irai, le temps panse les blessures, et je me dois de voir les deux, afin que mon choix soit sûr.

 

SCENE III. MARIANNE, OCTAVE

 

Octave toque à la porte.

 

MARIANNE

 

Oui ? Bonjour Octave, comment vas-tu ? (en ouvrant la porte et en prenant un sourire charmeur)

 

OCTAVE

 

Je me porte bien. Je venais savoir si tu avais réfléchi depuis hier. Je t'avoue que Coelio t'apprécie vraiment et qu'il a fortement envie de te voir. Il ne fait que me parler de toi...

 

MARIANNE

 

(rire charmeur) Et toi ? Que penses-tu de moi ? M'inviterais-tu à un rendez-vous ? Ton charme m'a séduite, j'aimerais en apprendre plus sur toi...

 

OCTAVE

 

Oh... Je ne m'attendais pas à ça. (pause) Il est vrai que tu es une belle femme, mais ce serait tromper mon ami (à la fois gêné et content).

 

MARIANNE

 

Peu importe, il n'en saura rien ! Et puis, c'est seulement un rendez-vous, rien de plus après tout...

 

OCTAVE

 

Oui, mais je n'ose pas … Oh et puis après tout allons-y. Il n'y a rien de mal à ce que l'on se voie.

 

MARIANNE

 

Très bien, à très très bientôt alors, ce soir à l'auberge, ça te va ? Et, ne parlons plus de Coelio, je n'ai que faire de lui.

 

OCTAVE

 

Parfait, à tout à l'heure.

 

ACTE IV

Chez Médée

SCENE PREMIERE. MEDEE

 

MEDEE

 

Balançant le corps de Jason dans le fond de son jardin de manière brutale, puis se tenant devant le corps.

Tu auras été un [mot manquant : fardeau ?] pour moi jusque dans ta mort. Je continuerai de te maudire de tout mon être jusqu'à la fin des temps, mon amour.

Se penchant sur le corps de son mari décédé, fermant ses yeux avec délicatesse, elle sort une lettre de la veste de Jason en se redressant.

Que vois-je ? Est-ce une lettre ? (curieuse) A qui as-tu adressé tes dernières pensées ?

Ouvrant la lettre et la lisant à haute voix.

Ma chère et tendre,

Quelle a été ma triste surprise de me réveiller dans cette sombre forêt sans ta lumineuse présence à mes côtés alors que j'avais tant de choses à te dire. Les mots qui me viennent ne sont pas assez puissants pour te témoigner mon exaltation à la suite de cette tumultueuse nuit. Cette douce nuit qu'on a passé ensemble m'a complètement émerveillé. Cette douce nuit passée contre ta peau et au creux de tes bras a été la plus belle de ma vie. Notre rencontre m'a retourné le cœur. L'odeur de tes longs cheveux m'a envoûté. Tes mains sur mon corps me procuraient des palpitations et des sensations que je n'avais pas ressenties depuis longtemps. Et tes yeux, aussi purs que ton âme, ont transpercé mon cœur et m'ont fait découvrir les flots emprisonnant de l'amour. Le souvenir d'une nuit aussi exquise est si inoubliable, que je ne pourrais en vivre une autre aussi passionnée. En effet, j'ai connu bien des femmes, mais aucune ne t'égale tant par ta beauté que ton intelligence. Sous ce doux ciel étoilé, l'amour que tu m'as apporté m'a transporté dans de magnifiques songes. Du coup, je me retrouve totalement désemparé à mon réveil, j'aimerais connaître la raison de ton départ précipité, car mes yeux aussitôt ouverts, mon cœur réclamait déjà ton précieux sourire. S'il-te-plaît reviens-moi vite mon ange, j'organiserai une rencontre digne de l'amour que je te porte. Je t'emmènerai dîner dans l'intimité de notre amour afin de mieux te connaître, la personne que je chéris, tout en espérant que nos lèvres se frôlent à nouveau.

Jason, qui se languit déjà de toi

(furieuse) Marianne, cette fille de joie a osé tromper mon ambition ! Elle dans le même lit que Jason ! Comment Marianne a-t-elle pu me faire cela et lui offrir une nuit aussi exquise ? Dire que je lui faisais confiance... Ils vont voir le sort que je réserve aux criminels. Entends Jason, ta mort est seulement le début de ma vengeance. Marianne paiera pour sa trahison.

 

SCENE II. MEDEE, MARIANNE

 

MARIANNE

 

Venant chez Médée.

Chère amie, j’ai besoin d’un avis extérieur à propos d’une idée qui m’est venue. Cela concerne l’injuste accusation de mon époux, qui suggère que j’aurais commis un adultère.

 

MEDEE

 

(d'un ton nonchalant) Va, dit ce qui t’amène.

 

MARIANNE

 

Octave n’est guère déplaisant, n’est-ce pas ?

 

MEDEE

 

Certes…

 

MARIANNE

 

J’ai ainsi pensé qu’il serait juste de commettre ce pour quoi je suis soupçonnée.

 

MEDEE

 

(d'un ton non surpris) Commettrais-tu l’adultère ?

 

MARIANNE

 

Je sais combien irrespectueuse je serais. Mais cela vaut mieux qu’être infidèle à ses yeux, alors que le doute qu’il prend pour réalité, est le fruit de ma liberté.

 

MEDEE

 

De qui parles-tu donc ?

 

MARIANNE

 

Claudio, qui d’autre ?

 

MEDEE

 

Je l’ignore, (puis tout bas) un mari infidèle…

 

MARIANNE

 

Je te remercie de ton écoute, mon amie.

 

MEDEE

 

(faux sourire, méprisant)

 

MARIANNE

 

Ton amitié et ton soutien me sont bénéfiques.

 

MEDEE

 

Je n’en doute pas…

 

SCENE III. MEDEE

 

MEDEE

 

J'ai déjà tant souffert. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Elle s'est rapprochée de moi pour séduire mon atroce mari. J'aurais dû m'en douter et me méfier de cette étrange approche. Une fois de plus le destin se retourne et s'acharne contre moi... (n'en revenant pas) Comment a-t-elle pu me trahir moi, son amie ? Elle avait conscience du mal que cette trahison me causerait ! Non seulement, elle savait que l'infidélité de mon mari serait la source de mon profond désespoir, mais en plus de cela, elle m'a menti droit dans les yeux. Cette catin n'a pas osé m'avouer qu'elle a eu une relation avec Jason. Quelle lâche ! En plus de n'avoir que peu de vertue, elle n'a pas non plus d'honneur ! Je me dois de lui faire payer le prix de ses actes. (elle va chercher son livre de potion et le feuillette) Comment puis-je me rembourser de son déshonneur ? La tuer ? Non, ce serait trop plaisant à son égard, elle mérite une souffrance plus dévastatrice. Je me dois de lui faire ressentir la douleur qu'elle a provoquée en moi. Cette fille de joie m'a apprise qu'elle était éprise d'Octave... Quel meilleur moyen de se venger que de lui faire subir le même sort ? (Réalise un filtre d'amour en expliquant son plan) Puisque c'est ainsi, je vais lui voler son amour. Ce puissant filtre d'amour devrait écarter Octave de Marianne. Ce dernier tombera follement amoureux de moi, et rejettera celle qui l'aime. Ensuite, je le tuerai pour la faire affreusement souffrir au point qu'elle veuille en mourir.

 

ACTE V

Dans une auberge

SCENE PREMIERE. MEDEE, MARIANNE, OCTAVE, SERVEUR

 

 

OCTAVE

 

Arrivant côté jardin et Médée côté cour.

Bonjour, une femme du nom de Marianne est venue réserver une table pour deux.

 

MEDEE

 

Oui, bien sûr ! Veuillez me suivre. (Elle conduit Octave jusqu'à une table au centre de la scène). Je vous en prie, asseyez-vous. (Elle le fait asseoir) Désirez-vous un pichet de vin pour vous désaltérer ?

 

OCTAVE

 

Cela va de soit étant donné que j'ai fait un long chemin.

 

MEDEE

 

Parfait, je vous apporte cela tout de suite.

(Elle sort côté cours).

 

OCTAVE

 

(à lui-même) Très aimable cette serveuse... (il regarde autour et soupire) Je suis si nerveux, mais j'ai tellement hâte de voir Marianne ! J'espère tout de même que ce rendez-vous n'aura pas de conséquence sur l'amitié que j'entretiens avec Coelio.

(Médée apparaît mais reste proche des coulisses pour qu'Octave ne puisse pas la voir. Elle tient un pichet dans sa main et un verre dans l'autre. Elle verse le contenu du verre dans le pichet.)

 

MEDEE

 

(à part) Moi, Médée, par le pouvoir de ma sorcellerie

Je demande que l'homme prénommé Octave

Celui qui attend Marianne, assis ici

Tombe sous mon charme après avoir bu ce breuvage !

(Elle regarde à l'intérieur du pichet)

Ce philtre d'amour fera l'affaire.

(Elle s'avance vers Octave)

Voici votre breuvage, cher Monsieur.

 

OCTAVE

 

Merci, j'ai vraiment besoin d'apaiser ma soif. (boit)

 

MEDEE

 

Vous verrez, le vin va vous changer les idées... Quand est-ce que Marianne est censée arriver ?

 

OCTAVE

 

Elle ne devrait pas tarder. (boit de nouveau)

 

MEDEE

 

Je reviendrai à son arrivée. (elle sort)

 

MARIANNE

 

(arrivant côté jardin et apercevant Octave) Mon cher ! Excusez mon retard, mais j'ai dû courir, c'est pour cela que je suis essoufflée.

 

OCTAVE

 

(sur le point de boire, mais s'arrête en voyant Marianne) Pas de problème, du moment que vous êtes là (il lui prend la main au moment où elle s'assoit) Je vois bien que vous êtes essoufflée, voulez-vous boire ? C'est du vin (lui tend son verre).

 

MEDEE

 

(aparté) Non !

 

MARIANNE

 

(hésitante) Non merci, j'ai surtout besoin d'eau.

 

MEDEE

 

(revient vers eux, mais détourne son regard de Marianne) Que désirez-vous ?

 

OCTAVE

 

Un verre d'eau pour mademoiselle, une côte d'agneau et ?

 

MARIANNE

 

(en observant Médée) La même chose pour moi.

 

MEDEE

 

Très bien, à tout de suite (elle sort).

 

OCTAVE

 

(inquiet) Allez-vous bien, Marianne ? Vous avez l'air préoccupée.

 

MARIANNE

 

Ce n'est rien, Octave. C'est simplement que la voix de la serveuse me dit quelque chose, mais elle ne m'a pas regardée. Je n'ai donc pas pu voir correctement son visage.

 

OCTAVE

 

Elle est charmante, n'est-ce pas ? (Marianne le dévisage) Mais pas aussi charmante que vous, bien sûr.

 

MARIANNE

 

Je suis tellement heureuse que vous soyez là. Vous savez, je me sentais si seule jusqu'à ce que je vous rencontre. Mon mari ne m'aime plus et ne me fait plus confiance... C'est presque un étranger pour moi. (silence) Mais ne parlons pas de lui !

 

OCTAVE

 

Il a fait une grande erreur en vous traitant ainsi. Vous êtes une des femmes les plus charmantes que j'ai rencontrées et je vous ferais entièrement confiance !

 

MEDEE

 

(en bout de scène, aparté) Lui faire confiance ! Elle n'est qu'une traîtresse !

Marianne tousse.

 

MARIANNE

 

Oui, merci. Ah ! Cela faisait longtemps que j'attendais cette soirée (dit-elle en exagérant pour le faire rire).

 

OCTAVE

 

Nous en profiterons donc comme il se doit.

 

MARIANNE

 

Ma course m'a totalement décoiffée. Je veux vous faire honneur, permettez-moi donc de me rendre au cabinet afin de m'arranger. (Marianne se lève et va aux toilettes).

 

MEDEE

 

(arrivant vers Octave avec un sourire machiavélique, deux plats dans les bras) Où est partie Marianne ? Ce n'est pas poli de sortir ainsi de table.

 

OCTAVE

 

(regarde la serveuse d'un nouvel œil) Vous avez raison, je trouve qu'elle n'est pas du tout respectueuse.

 

MEDEE

 

Alors pourquoi l'avoir invitée ?

 

OCTAVE

 

Je ne le sais guère depuis que je suis rentré dans ce restaurant car une autre femme a attiré mon regard...

Il embrasse Médée.

 

MARIANNE

 

(entre sur scène) Octave !

 

MEDEE

 

(à Marianne) Je crois qu'il a trouvé mieux que toi ! (à Octave) Échappons à cette vipère ! (ils sortent en courant)

 

MARIANNE

 

(s'arrête) Cette voix, cette serveuse… (réfléchissant) Mais oui ! Cette voix doucereuse ne peut qu'être celle de Médée ! La traînée !

 

SCENE II. MARIANNE, MEDEE, OCTAVE

La scène est coupée en deux. Marianne, d'un côté, se parle à elle-même. De l'autre, Médée tue Octave.

 

MEDEE

 

Oh oui ! Octave suis-moi, nous serons plus à l'abri des regards indiscrets dans l’arrière boutique.

 

OCTAVE

 

Allons-y mon amour, je te suivrai où que tu ailles ! Ton chemin est le mien, je t'aime à la folie, tu es le rayon de soleil qui éclaire mes nuits ! Dis moi ce que tu veux, je réaliserai tes vœux.

 

MEDEE

 

Donne-moi ta main, mon Octave chéri, tu me dévoileras tes délicieuses perversités dans l'alcôve de cette gargote (ils sont arrivés dans l'arrière boutique)

 

OCTAVE

 

Tu es la source de mon sourire, que veux-tu faire de moi ?

 

MEDEE

 

(avec un sourire maléfique) Nous allons jouer mon bébé, va au fond de la pièce et ferme les yeux en pensant à moi. (Octave va au fond de la pièce, bouillant d'impatience. Rire démoniaque de Médée tout en s'approchant doucement d'Octave et en chuchotant avant de le poignarder) Mon pauvre.

 

MARIANNE

 

Octave n'aurait pas pu me trahir ! Il était si aimant, si gentil, si attentionné... Je ne peux croire qu'il soit parti avec Médée. Quelle ignoble femme ! Elle est forcément impliquée dans cette atrocité... Elle a dû l'ensorceler ! Cette sorcière a une méchanceté que personne ne peut égaler ! (Marianne réfléchit) Elle porte un secret, j'en suis certaine ! Elle a forcément une faiblesse, même la plus petite qui soit ! Le jour de notre première rencontre, elle m'a avoué qu'elle enterrait ses secrets. (Marianne se met à courir jusqu'à ce lieu, dans la forêt. Elle commence à creuse avec ses mains). Je vais découvrir son secret. Je vais trouver une façon de me venger ! (elle continue à creuser et tombe sur une main d'enfant puis elle crie en regardant sa main) Oh mon Dieu ! Quelle horreur ! (Toujours en creusant) Elle n'a quand même pas osé tuer ses propres enfants pour se venger de Jason ! (Elle trouve les corps). C'est horrible ! Je ne peux pas croire qu'elle ait fait ça ! Je dois révéler ses crimes, cela doit passer avant ma vengeance. Le monde entier doit savoir !...

 

SCENE III. MARIANNE, MEDEE

 

MARIANNE

 

Octave ! Oh mon Dieu… Octave que t'est-il arrivé ? (tombe à genoux à côté d'Octave) Qui a bien pu te faire cela ? Qui oserait ôter la vie à un si bel homme ? Ne serait-ce pas une malédiction ? Chaque homme se rapprochant de moi est-il destiné à mourir ? (remarque Médée) Cet odieux forfait ne peut être que ton œuvre.

 

MEDEE

 

En effet, j'en suis l'auteure.

 

MARIANNE

 

Pourquoi as-tu fait ça ? Qu'est-ce qui t'est passé par la tête ?

 

MEDEE

 

La vengeance ! Tu m'as pris ce qui m'appartenait. Tu n'avais pas le droit de me dérober Jason. Tu n'avais pas le droit de le rendre heureux. Je ne fais que te rendre le mal que tu m'as fait subir !

 

MARIANNE

 

Me voici submergée par la haine, Médée, tu ne t'en sortiras pas si facilement. Tu es la source de tous mes tourments, mais je me vengerai. Oh jamais, jamais tu n'aurais dû aller si loin.

 

MEDEE

 

Et avec tes pauvres moyens, idiote, tu penses m'impressionner. Sais-tu au moins qui je suis, ce que je pourrais te faire ? De toute façon, cela n'a guère d'importance, tu peux t’égosiller tant que tu veux, je suis déjà arrivée à mes fins.

 

MARIANNE

 

(lui donnant une gifle) L'idiote sait ce que tu as fais, tu ne t'es pas contentée de conduire au suicide l'homme que j'aimais, ni même de tuer un autre prétendant en l'ayant fait tomber amoureux de toi. Non, tu as fait bien pire et tu le sais ! Comment peux-tu te supporter ?

 

MEDEE

 

Et toi alors ? Tu as trahi ton mari et la seule amie…

 

MARIANNE

 

Je ne suis pas un monstre, je suis simplement humaine. Mais, ce n'est pas ton cas… Je sais ce que tu es, je sais ce que tu as fait. Le monde ne peut supporter une inhumaine comme toi. Je jure donc devant Dieu que tes crimes ne resteront pas impunis. Je vais donc révéler au monde la noirceur de ton âme, tes pires secrets.

 

MEDEE

 

(ironique) Tu m'effraies outre mesure.

 

MARIANNE

 

Si tu n'étais pas terrorisée par la révélation de ce secret, pourquoi avoir cherché à l'enterrer lors de notre première rencontre ? (Médée la regarde attentivement) Eh oui, je suis retournée sur notre lieu de rencontre pour déterrer ce que tu avais caché. Je voulais trouver un moyen de te punir de l'humiliation que tu m'as fait subir, mais à la place j'ai découvert ta folie. J'ai ainsi compris pourquoi tu ne voulais rien me dire ce jour-là. La vérité était trop atroce : tes secrets sont les corps de tes enfants ! Tu es une mère dénaturée ! Tu as tué la chair de ta chair ! Ce crime fait passer mon désir de vengeance en second plan, je me dois de te dénoncer pour que le juste courroux de la justice s'abatte sur toi. Tes actes odieux ne peuvent rester ignorés.

 

MEDEE

 

Pitié, penses-tu sincèrement vivre assez longtemps pour avoir le temps de les révéler ? J'ai obtenu tout ce que je désirais, je suis donc obligée de te dire au revoir et de parfaire ainsi ma vengeance.

 

MARIANNE

 

Ta menace n'a aucune emprise sur moi. Sache que je n'ai plus rien à perdre.

 

MEDEE

 

Détrompe-toi, chère amie, tu peux encore perdre la vie.

(Médée la poignarde).