Par Lemeunier Samantha (Sonia Delaunay, Villepreux (78)) le 21 mars 2017, 21:24
Le quiproquo ou la vengeance au coin de la rue
Par la Seconde 6 du Lycée Sonia Delaunay de Villepreux
Octave, ami de Gabriel et amant de Médée
Médée, amante de Octave
Gabriel, ami de Octave, aime Colombe en secret
Colombe, est aimé par Gabriel en secret
L'histoire se déroule en France au XXIe siècle dans la ville des protagonistes.
ACTE PREMIER
Dans un bar-restaurant
SCENE PREMIERE. OCTAVE, MEDEE
Les amoureux, Octave et Médée, rentrent au restaurant et vont s'asseoir.
OCTAVE
en tenant la chaise de Médée, Tu es magnifique, tes cheveux rayonnent.
MEDEE
Ô toi aussi mon amour !
OCTAVE
Octave lève la main pour appeler le serveur. Celui-ci apporte les menus et un apéritif (martini rosé).
Que souhaites-tu déguster, mon ange ? Au fait, le travail n'est pas facile en ce moment, est-ce que tu pourrais faire attention ?
MEDEE
Mais, je voulais le menu le plus cher (râlant).
OCTAVE
cherchant à négocier, Es-tu sûre que tu vas finir ? Parce que si tu prends le menu le plus cher, je vais être obligé de prendre un verre d'eau .
MEDEE
conciliante, Bon d'accord, je me contenterai d'un menu moyen, comme ça tu n'auras pas à manger les cacahuètes.
OCTAVE
Merci, tu es très gentille, je te remercierai plus tard. (taquin) D'ailleurs, comment s'est passée ta journée ?
MEDEE
J'ai beaucoup pensé à toi, d'autant plus que la journée au travail a été difficile. Le patron voulait me muter, mais il a muté Michèle parce qu'elle a refusé ses avances.
OCTAVE
Oh… (s'ennuyant)
MEDEE
D'ailleurs c'est un jour spécial aujourd'hui, n'est-ce pas ? (enthousiaste)
OCTAVE
Oui, tu vas être mutée ? (non investi)
MEDEE
Mais tu n'as rien écouté. (agacée)
OCTAVE
Mais si, mais si. (sûr de lui) Du coup est-ce que tu es mutée ? (inconséquent)
MEDEE
(furieuse) T'es sérieux ?
Le serveur arrive pour prendre la commande et repart, gêné.
Je te SIGNALE que le dernier qui a oublié cette chose a fini célibataire.
OCTAVE
Mais il était avec toi avant ? (perdu)
MEDEE
Sérieusement, tu te fous de moi ! (courroucée)
OCTAVE
Pardon ?! (vexé)
MEDEE
Comment oses-tu oublier notre anniversaire, Octave ? indignée en lui jetant le contenu de son verre au visage.
OCTAVE
Ah… (prenant conscience de son erreur) Je suis vraiment désolé ma chérie. J'ai eu une dure journée, j'ai eu beaucoup de choses à penser, est-ce qu'on peut repartir à zéro ? Je me ferai pardonner. (sincèrement navré)
SCENE 2. OCTAVE, MEDEE
MEDEE
Écoute si tu veux te faire pardonner, tu es très mal parti imbécile. Tu es vraiment très, très mal parti. (toujours énervée)
OCTAVE
J'ai charbonné toute la journée au travail. Et de toute façon, c'est moi qui ramène l'argent ici. (irrité)
MEDEE
En plus tu es sexiste ?!
OCTAVE
tapant du poing sur la table et renversant un verre. Tu confonds tout ! On est censé dîner en tête-à-tête et toi tu me prends la tête. Comme d'habitude, tu es une idiote.
MEDEE
furieuse. Euh… Pardon ?! Idiote, dis-tu ? Tu me déçois, je ne pensais pas que tu étais capable de cela.
OCTAVE
reste silencieux et cherche une réponse
MEDEE
C'est tout ce que tu as à dire ! Très bien ! L'idiote s'en va. Médée part.
OCTAVE
(la rattrape) Je voulais juste te faire rire. Je sais très bien que notre anniversaire était aujourd'hui.
MEDEE
Me faire rire ? (elle le gifle)
OCTAVE
se met à genoux, Chérie, je n'avais pas prévu de te demander en mariage maintenant, je n'ai même pas emporté la bague avec moi. Mais, je sais que je t'aime et que je ne veux pas te perdre. Tu es la femme de ma vie même si tu me fais chier, ma petite idiote. Je t'ai choisie avec tous tes défauts, et je t'accepte ainsi. En plus, tu me manquerais dans le lit… C'est pour ces raisons que je veux t'épouser. Est-ce que tu accepterais d'épouser un imbécile comme moi ?
MEDEE
Non ! Il fallait pas me faire cette blague. J'aurais dû t'acheter un cerveau pour ton anniversaire. Tu n'es pas vraiment séduisant et en plus tu ne peux même pas me payer le menu le plus cher.
OCTAVE
tombe dans les pommes
MEDEE
(se baisse et lui chuchote à l'oreille) Je rigole mon amour. (en pleurant de joie) Bien sûr que je veux t'épouser.
Octave entraîne Médée vers lui et l'embrasse.
SCENE 3. OCTAVE, GABRIEL
OCTAVE
Médée m'a tapé un scandale. Le serveur, ton ami, je ne sais plus comment il s'appelle, il est venu et il est reparti tellement il était gêné parce qu'elle me criait dessus. Bref, tout ça pour dire que je me suis passé la corde autour du cou en lui demandant de m'épouser.
GABRIEL
Mais tu es fou ! Médée, elle est bipolaire. Il va falloir que tu assumes.
OCTAVE
Oui, je sais… Imagine si nos enfants sont comme elle. Et toi ? Est-ce toujours le néant ?
GABRIEL
Non, à vrai dire, j'ai rencontré quelqu'un. Mais je suis tellement timide que je ne sais pas comment l'aborder.
OCTAVE
Mais il le faut. Si tu as vraiment des difficultés je peux t'aider.
GABRIEL
Ah oui ça serait fantastique !
OCTAVE
Comment est-elle ?
GABRIEL
Elle est parfaite, je n'ai pas les mots pour la décrire. Elle a des cheveux magnifiques, c'est une véritable déesse… (enthousiaste)
OCTAVE
Est-ce que tu as son numéro de téléphone ? Ou autre chose ?
GABRIEL
Je n'ai vraiment pas osé lui parler.
OCTAVE
Bon bah je vais essayer de t'obtenir un rendez-vous, mais il me faut quelques indices.
GABRIEL
Elle vient au bar le vendredi soir vers 19 heures et prend un mojito.
OCTAVE
Ah oui… Tu la surveilles quand même …
GABRIEL
Un peu… (tout gêné)
OCTAVE
Tu sais que je suis doué pour faire la cour. Je lui parlerai si tu le veux.
GABRIEL
J'ai vraiment besoin de ton aide, mais n'oublie pas que tu es fiancé et que je suis attiré par elle, cette belle Colombe.
OCTAVE
Comment connais-tu son nom ?
GABRIEL
Je l'ai vu sur sa carte bleue…
OCTAVE
Ah oui, tu as vraiment besoin de mon aide, voire même l'aide d'un psychologue…
Ils quittent le bar.
ACTE II
Dans la rue devant le bar-restaurant
SCENE PREMIERE. OCTAVE, GABRIEL
Octave est arrivé en avance pour aider Gabriel (il a prévu de déjeuner avec Médée).
OCTAVE
J'ai deux solutions à te proposer : soit tu vas lui parler, soit tu la bouscules et tu la regardes dans les yeux comme ça (mime) et ainsi elle tombera sous ton charme. Qu'est-ce que tu préfères ?
GABRIEL
Je préfère que tu le fasses.
OCTAVE
Qu'est-ce que tu veux que je lui dise sur toi ?
GABRIEL
Bah... que je suis beau.
OCTAVE
Il faudrait que tu changes de vêtement pour le rendez-vous quand même...
GABRIEL
Je mettrai un costard pour lui plaire. Je serai plus attirant qu'en jogging.
OCTAVE
Ah non c'est trop, elle va croire que tu es un manipulateur. Je crois que je vais lui dire que j'ai un ami à qui elle plaît et on verra la suite.
GABRIEL
Mais après elle va venir me voir, et je ne saurai pas quoi lui dire. Je suis trop timide pour lui parler. Un homme est censé être viril. Du coup, la première impression ne sera pas bonne.
OCTAVE
Bah va la voir tout seul alors.
GABRIEL
Mais je suis timide, j'ai besoin de ton aide !
OCTAVE
Je ne peux pas tout faire à ta place. En plus, elle risquerait de ne pas te voir. Je te propose donc une autre solution, je la dégoûte de moi, elle pensera que tous les hommes sont des goujats et tu viens ensuite pour la consoler et la séduire.
GABRIEL
Mais tu es trop séduisant, je ne tiendrais pas la comparaison. Elle pourrait tomber amoureuse de toi… Et je suis trop lâche pour aller la voir tout seul. Ça m'arrangerait si tu pouvais me procurer un rendez-vous avec elle comme ça j'aurais juste à me présenter.
OCTAVE
Oh ! Je sais, j'ai une super idée ! Je te propose de simuler un vol. Nous l'attendons devant le bar. Tu viens cagoulé lui prendre son sac et je lui rends en lui disant qu'un ami, qui ne veut pas se montrer, est son véritable héros.
GABRIEL
Oui, c'est bien ! Et je sais que j'abuse, mais est-ce que tu peux m'entraîner à lui parler ? Peux-tu jouer Colombe ?
OCTAVE
Oui… « Bonjour, je voudrais un mojito s'il-vous-plaît. Mais attendez, vous êtes mon héros ?
GABRIEL
Bonsoir, je m'appelle Gabriel. Oui… Depuis que je vous ai vue, je n'arrête pas de penser à vous.
OCTAVE
Vous êtes pas mal non plus. Je tenais à vous remercier pour le courage dont vous avez fait preuve. Puis-je vous inviter afin de vous montrer ma gratitude ? Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? »
GABRIEL
Cet entraînement est très efficace, je me sens beaucoup mieux. Je vais lui proposer d'aller au cinéma comme ça on ne parlera pas trop et je pourrai savourer sa présence et m'habituer à elle.
SCENE II. OCTAVE, COLOMBE, MEDEE
Colombe se balade dans la rue et se dirige vers le bar. Un homme cagoulé arrive rapidement sur elle.
COLOMBE
effrayée, Cet homme n'a vraiment pas l'air net. Je dois filer au bar avant qu'il ne m'atteigne.
L'homme lui vole son sac et disparaît dans une ruelle adjacente.
COLOMBE
Au voleur ! Au voleur ! Je ne vais tout de même pas le poursuivre dans cette lugubre ruelle. Aidez-moi !
Octave se met alors à la poursuite du voleur. Il revient quelques minutes plus tard avec le sac.
COLOMBE
Je vous suis infiniment reconnaissante.Vous êtes très brave et serviable...
OCTAVE
… Je dois vous avouer que ce n'est pas moi qui ai repris votre sac au voleur. Votre véritable héros préférait que je vienne vous le rendre.
COLOMBE
Mais pourquoi cela ? Qui est-ce ? Qui est mon sauveur ? (le cherchant des yeux)
OCTAVE
Il s'agit de mon meilleur ami Gabriel, mais il n'ose pas se montrer.
COLOMBE
Mais pourquoi cela ? Serais-je si effrayante ou bien est-il si laid qu'il préfère rester tapi dans l'ombre ?
OCTAVE
Rien de cela, mademoiselle. En réalité, il est amoureux de vous et il perdrait tous ses moyens devant vous. C'est pourquoi il m'a confié votre sac, il avait peur que vous pensiez qu'il était le voleur et qu'il venait le rendre parce qu'il aurait été incapable d'aligner deux phrases pour se défendre si vous l'aviez accusé. Et oui, il est vraiment fou de vous...
COLOMBE
Où puis-je trouver mon sauveur ? Je voudrais le remercier en personne et si ce que tu dis est vrai j'aimerais véritablement apprendre à le connaître, car il me semble être la perle que j'attends depuis longtemps déjà.
OCTAVE
Il est barman dans ce bar-restaurant.
COLOMBE
Je pense savoir qui il est. Je viens dans ce bar toutes les semaines en espérant qu'il me remarque et vienne me séduire. Au moins, maintenant je sais que je risque d'attendre une éternité si je ne prends pas un peu les devants. Bref, cette histoire m'a épuisée. Est-ce que tu pourrais lui donner mon numéro en lui expliquant à quel point il m'intéresse ? Je voudrais le faire moi-même mais il est plus prudent que je rentre pour me reposer. Dis-lui bien qu'il n'a pas de souci à se faire car je suis toute aussi fan de lui qu'il l'est de moi.
OCTAVE
Je suis ravi de l'entendre et je pense qu'il sera aux anges.
Colombe lui sourit et part.
OCTAVE
la rattrapant par le bras, Attends tu as oublié de me donner ton numéro.
COLOMBE
Oh, oui, pardon, je suis vraiment à l'ouest. C'est le 06 66 99 69 69. A bientôt.
OCTAVE
A plus tard.
MEDEE
pensant qu'Octave la trompe, Quel traître ! Il va le regretter, je vais le massacrer !
SCENE III. MEDEE, OCTAVE, COLOMBE
Médée se lamentant après avoir assisté à cette scène.Octave et Colombe, cachés au fond (n'entendent pas).
MEDEE
Ce n'est point possible. Octave n'a pas pu me tromper de la sorte ! Je l'aimais et il m'aimait, on allait se marier... Il a oublié notre anniversaire mais ce n'est rien comparé à cette tromperie, surtout qu'il s'était rattrapé... (en colère) Séduire une autre femme, cela est vraiment impardonnable ! Comment a-t-il pu me faire cela, à moi, l'amour de sa vie ? (doutant d'elle-même) C'est vrai qu'en ce moment, je ne suis pas aussi belle que lorsqu'il m'a connue, mais elle qu'a-t-elle de plus que moi pour que mon futur époux la courtise aussi spontanément dans la rue ? Son corps est peut-être plus mince que le mien, elle a sûrement un visage plus fin et plus joli, mais elle n'a pas notre passé. Elle ne le connaît pas. Nous accumulons des souvenirs depuis plus d'un an maintenant, est-ce que cela n'aurait pas dû suffire à m'assurer son cœur et à écarter tous risque de tromperie ? (désespérée) Jusqu'où va son indifférence ? Est-ce que si je mettais fin à ma vie il remarquerait ma disparition ? Ne suis-je qu'un poids pour lui, qu'une chaîne qui le retient alors qu'il cherche à s'élever vers le bonheur ? Peut-être devrais-je véritablement m'effacer de cette Terre, afin que l'un de nous au moins soit heureux. (revenant à la réalité, lucide) Pourquoi devrais-je mourir alors qu'il est le seul coupable ? Finalement, j'ai bien fait de ne pas me marier avec lui. Cet homme ne me mérite pas. Il n'a pas intérêt à revenir vers moi. Et l'autre, comment peut-elle être aussi insouciante ? Voler le futur mari d'une autre, elle n'a vraiment aucune gêne. Elle ne sait vraiment pas à qui elle a à faire. Cela vaudrait presque le coup de lui donner une leçon. (reprenant espoir) Et si je la tuais ! Octave ne verrait ainsi que moi et tout redeviendrait comme avant. (de nouveau lucide) Rien ne sera plus comme avant, rien ne pourra effacer sa trahison, rien ne pourra effacer cette douleur qui me transperce le cœur, si ce n'est laisser libre cours à ma colère. La vengeance devrait atténuer ma souffrance. Je vais donc détruire le bonheur qu'ils m'ont volé. Puisque je ne peux savourer les délices de notre amour, ils ne pourront goûter aux leur.
SCENE III. MEDEE, OCTAVE, COLOMBE
MEDEE
Médée sortant un objet de sa poche.
Je gardais cette pierre de création pour une occasion plus heureuse. J'aurais aimé en faire sortir ma parfaite robe de mariée afin qu'Octave se rende compte que j'étais unique et magique. Il n'aurait eu d'yeux que pour moi, mais puisque cela n'arrivera jamais car il m'a trahi autant m'en servir pour aller mieux... et les tuer !
(regarde autour d'elle) Ils ont pris de l'avance et ils se sont séparés. Cela va être compliqué de les avoir tous les deux. Et j'aurais bien voulu qu'ils se regardent en mourant, en même temps cela aurait été une fin très romantique. Finalement, ce n'est pas plus mal qu'ils se soient éloignés. Ainsi, ils ne pourront même pas se dire adieu et ma vengeance sera totale ! Je sens que ce jeu va vraiment me plaire ! Commençons ! Apparent télum ! (la pierre disparaît et laisse place à un fusil sniper). Parfait ! C'est l'arme dont j'avais besoin. Je vais pouvoir les tirer comme des lapins ! D'ailleurs, honneur aux dames ! Par où est-elle partie ? Je devrais monter sur le toit, ainsi j'aurais tôt fait de retrouver son hypocrite air de sainte nitouche. De toute façon, elle empeste tellement la fausseté qu'elle est repérable très facilement. (sur le toit) Justement la voici. Elle n'est pas allée bien loin à croire que cela est déjà dur pour elle de quitter Octave. Aurait-elle peur qu'il la trompe également ? Cela aurait été une douce vengeance contre elle, mais je n'ai pas cette patience et je veux aussi faire payer Octave sans me faire souffrir davantage. Voyons comment pourrais-je te tuer jeune fille afin de te faire connaître la profondeur de ma détresse. Tu es cause de ma souffrance, il faut que je sois celle de ta torture. Est-ce que je te tire dans le cœur pour que tu comprennes que tu as brisé le mien ou bien dans la tête pour être sûre que plus jamais tu ne viennes perturber ma vie ou encore dans les fesses pour que tu comprennes que tu aurais dû les laisser ranger ? Pourquoi est-ce que je me refuserais un petit plaisir alors que tu ne t'es pas gênée pour me dérober la source de mon bonheur ? J'espère que tu apprécieras le retour à l'envoyeur (Trois coups retentissent). Plus qu'un ! Je vais aller l'attendre à la sortie du bar, comme ça l'infidèle ne pourra pas souiller l'appartement. (Justement Octave sort) Ah mon amour, tu sembles pressé de venir me retrouver. Ça tombe bien je t'ai préparé une surprise. Je pense que tu l'apprécieras autant que j'ai savouré la mienne. Je vais commencer par te guérir de cet appendice qui te pousse à pécher. (Un coup et un cri retentissent). Ainsi, tu ne pourras plus jamais tromper personne. Ensuite, la tête ou le cœur ? Allez voyons si tu es résistant. Combien de temps te faudra-t-il pour mourir d'une balle dans le cœur ? Est-ce que tu comprendras que c'est moi qui t'ai tué, l'as-tu déjà compris ? Une chose est sûre, tu auras ainsi une idée de la douleur que j'endure par ta faute. (Un coup et un cri retentissent) Enfin, ton cœur saigne comme le mien ! Sens-tu cet envahissant picotement qui se transforme peu à peu en une souffrance insurmontable ? Ressens-tu cet étouffement du cœur qui te donne l'impression que chaque respiration sera ta dernière ? As-tu déjà envie d'en finir, de cesser de te battre pour chaque battement ? Tu sembles t'abandonner à la mort, il ne te reste plus qu'à te mettre à genoux pour implorer ma pitié sauf si tu préfères cette agonie. C'est bien mon ange, ne bouge pas, je vais te faire une auréole (Un coup retentit).
ACTE III
Chez Médée et Octave
SCENE PREMIERE. GABRIEL, MEDEE
Gabriel arrive chez Médée.
MEDEE
Je suis contente que tu sois venu !
GABRIEL
Je trouvais ça normal de venir pour se réconforter.
MEDEE
Je t'en prie, entre.
Gabriel dépose ses affaires à l'entrée et ils vont tous les deux sur le canapé.
MEDEE
Veux-tu un café ou un thé?
GABRIEL
Merci. Je prendrais bien un thé pour me réchauffer l'âme s'il-te-plaît.
Médée va préparer le thé dans la cuisine, elle pleure.
GABRIEL
Je suis très triste du décès d'Octave et de Colombe, perdre mon meilleur ami et ma future. Mais toi, tu perds ton fiancé, je suis désolé, cela doit être atroce.
Gabriel prend Médée dans ses bras.
MEDEE
Merci beaucoup pour ton soutien car ces moments-là sont très difficiles à surmonter.
GABRIEL
Je tenais beaucoup à Octave, c'était un ami formidable.
Médée fait semblant de pleurer.
GABRIEL
Je suis également peiné de la mort de Colombe. C'était une fille très belle avec laquelle j'aurais aimé avoir au moins un rendez-vous. (Gabriel, les larmes aux yeux, parle avec une voix fébrile)
MEDEE
Tu connaissais Colombe ?
GABRIEL
Non, mais je l'ai aperçue dans le bar où je travaille et un soir Octave m'a proposé d'aller lui parler afin de m'obtenir un rendez-vous avec elle.
MEDEE
Médée est surprise d'apprendre une telle nouvelle et commence à regretter ses actes.
Ah ! Je ne savais pas que tu l'aimais. Je suis vraiment désolée pour toi.
GABRIEL
Gabriel, attristé, change de sujet pour ne pas éclater en sanglots.
Bon, il commence à se faire tard, je devrais peut-être rentrer chez moi.
MEDEE
Tu ne me déranges pas. Tu peux rester dormir à la maison si tu le souhaites.
Médée recommence à pleurer pour que Gabriel accepte.
GABRIEL
Oui, si tu insistes je vais rester pour la nuit.
MEDEE
Par contre, tu dormiras sur le canapé. Ça ne te dérange pas ?
GABRIEL
Aucun problème. Ça suffira pour la nuit.
MEDEE
Médée prépare le canapé pour Gabriel.
Je te laisse te reposer. Passe une bonne nuit.
GABRIEL
De même pour toi.
SCENE II. MEDEE, GABRIEL
MEDEE
Médée dort. Dans son sommeil, elle revit la scène du meurtre.
Non, je ne dois pas tirer, ils ne sont coupables de rien. Oh non ! Pourquoi ai-je douté de toi ? Pourquoi ne pas m'avoir prévenue de ton arrangement avec Gabriel ? Pourquoi n'as-tu pas laissé ton ami le faire ? Pourquoi ne suis-je pas venue te demander pourquoi, exiger des explications sur ton comportement outrageant ? N'ai-je aucun moyen de me pardonner ? Non, je ne veux pas tirer ! Non !!! (Médée éclate en sanglots)
Le cauchemar de Médée a réveillé Gabriel parce qu'elle s'est beaucoup agitée. Il va dans sa chambre pour vérifier que tout va bien.
GABRIEL
Médée, ça va aller ?
MEDEE
Non... je…
Gabriel entre dans la pièce.
Colombe... Octave… Pourquoi vous ai-je fait cela ? Vous étiez innocents. Pourquoi vous ai-je tiré dessus ?
GABRIEL
choqué, attrape Médée pour la réveiller et avoir des réponses, Debout !
SCENE III. MEDEE, GABRIEL
MEDEE
Que se passe-t-il ? Pourquoi me réveilles-tu en pleine nuit ? Ça ne va pas ? Tu n'arrives pas à dormir ? J'ai moi aussi le sommeil agité.
GABRIEL
Pas pour les mêmes raisons.
MEDEE
Que veux-tu dire ? J'ai aussi perdu Octave mon aimé.
GABRIEL
La culpabilité et non la tristesse ne te laisse pas trouver un sommeil réparateur. Moi, le désespoir me tient éveiller.
MEDEE
De quoi serais-je coupable ?
GABRIEL
Tu le sais très bien.
MEDEE
Non, mais je suis sûre que tu vas rapidement me le dire, vu que tu n'en démords pas.
GABRIEL
Tu les as tués ! Je ne sais pas pourquoi mais tu es leur meurtrière !
MEDEE
Pourquoi aurais-je tué l'homme que j'aime et une inconnue ?
GABRIEL
Je n'en sais rien, mais je sais que c'est toi.
MEDEE
Non, s'il n'y a pas de raison, c'est que ce n'est logiquement pas moi. Comment peux-tu m'accuser ainsi du meurtre de mon fiancé ? Me crois-tu aussi inhumaine ?
GABRIEL
Tu l'as dis dans ton cauchemar. Ta conscience vient te travailler pour te montrer à quel point tu es mauvaise. J'espère seulement que tu ne trouveras jamais le repos.
MEDEE
Ne t'es-tu pas dit justement que ce n'était qu'un cauchemar ? Peut-être que mon cerveau essaye de trouver une explication rationnelle à ce double meurtre. Tu sais, je ne suis pas habituée à voir mon fiancé mourir quelques jours après sa demande. Cette expérience est assez traumatisante…
GABRIEL
C'est vrai, tu as raison cela ne veut peut-être rien dire. Mais pourquoi les avoir tués ? Pourquoi ne pas avoir cherché à rêver qu'il était encore en vie ?
MEDEE
Je ne savais pas que tu étais capable de choisir tes rêves... Je ne suis pas aussi forte, j'en suis incapable. Je subis mes rêves, je n'organise pas une projection privée tous les soirs... Et pour l'instant ce qui me fait le plus souffrir, ce n'est pas son absence. Il a disparu depuis une journée, je n'ai pas encore eu le temps de réaliser qu'il n'était pas en voyage d'affaire. Non, ce que je ne supporte pas c'est de ne pas savoir pourquoi. Est-ce que l'homme s'est trompé de cible ? Est-ce qu’Octave menait une double vie qui justifierait sa mort ? Est-ce que le tireur était tout simplement fou et assoiffé de sang ? Cette absence de réponse me mortifie, je veux juste savoir pourquoi.
(Gabriel, s'asseyant sur le lit et prenant Médée dans ses bras) Je suis navré, il n'y a pas de raison à cette horreur et même s'il n'y en avait elle ne changerait pas ce qui est arrivé ni la douloureuse perte que tu ressens. (Médée s'appuie sur son épaule pour pleurer, Gabriel, déstabilisé, change de position et met les pieds sous le lit. Il sent alors un objet.) Il y a un truc sous ton lit qui me gêne, attends. (se baisse pour le ramasser)
MEDEE
Cela doit sûrement être ma boite à bijou. Donne un coup de pied dedans et n'y fais pas attention.
GABRIEL
Tant qu'à faire, je vais la ramasser. Cela m'évitera d'abimer tes bijoux, surtout si Octave t'en avait offert. (Prend l'objet, s'énerve) Cela n'a rien avoir avec un bijou ! C'est un fusil sniper ! Tu t'es bien moquée de moi ! Ton travail de comédienne a-t-il été aussi savourant que celui de meurtrière ? Comment as-tu pu faire cela ? Comment peux-tu justifier cet abominable crime ? Pourquoi as-tu tué ton fiancé et cette étrangère que tu ne connaissais même pas ?
MEDEE
J'ai cru qu'Octave me trompait avec elle, je ne savais pas qu'il cherchait juste à te rendre service. Je les ai vus dans la rue et cela m'a mise hors de moi, je n'ai pas cherché à en savoir plus, je ne voulais pas prendre le risque de pardonner un tel affront. Je ne pouvais supporter cet abandon, il fallait qu'il parte pour d'autres raisons.
GABRIEL
Mais qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? Comment peux-tu penser que la solution à l'adultère est le meurtre ? Ton orgueil est-il à ce point plus fort que ton amour ? Ne traites-tu les hommes que comme des objets qui t'appartiennent ? De toute façon, je ne veux plus rien entendre de ta bouche. Tu n'es qu'une menteuse, une langue de vipère, rien de ce que tu pourrais dire ne justifierait ce que tu as fais. Un tel monstre, ne devrait même pas avoir le droit d'exister ! (réfléchit) Tu as tué ton âme sœur par possessivité, et si un jour tu retombais amoureuse, cela ne ferait que recommencer... Tu ne me laisses pas le choix. Ton comportement est dangereux et incontrôlable, pour protéger la gente masculine et l'humanité, je n'ai d'autre choix que de te tuer.
MEDEE
Arrête de faire l'imbécile, ce n'est pas comme si tu pouvais véritablement le faire. Et je me sens déjà assez coupable comme ça.
SCENE IV. MEDEE, GABRIEL
GABRIEL
à part, dans tous ses états, Je ne comprends toujours pas comment elle a pu faire cela ! Il faut vraiment être fou pour tuer deux personnes par jalousie. Elle ne se rend donc pas compte de la faute énorme qu'elle a commise ? Elle a pris mon meilleur ami et tué l'innocente femme que j'aimais secrètement sur un soupçon erroné ! Je ne peux m'imaginer sans revoir Octave et ma bien-aimée Colombe, ni vivant dans un monde avec cette infâme et dérangée Médée. Ma vengeance doit être rapide et terrible.
allant à la cuisine, Plus rien ne peut m'arrêter, je veux tuer un tel monstre aussi vite que possible. Prenant un couteau, Je ne peux plus me retenir, j'espère qu'elle s'est déjà rendormie et que je n'aurais pas à attendre pour que cette Médée ne soit plus de ce monde.
muni de son couteau et entrant doucement dans la chambre, Elle est bien endormie. Son heure est venue !
donnant un premier coup de couteau, Celui-ci, c'est pour mon meilleur ami !
MEDEE
criant de toutes ses forces, Je t'en supplie ! Monstre !
GABRIEL
assénant un deuxième et un troisième coup de couteau, Celui-ci est pour ma chère Colombe ! Et le dernier pour épargner l'univers de ton existence abjecte et de ta folie.
soufflant, La boucle est enfin scellée, Médée a été punie et ne représentera plus jamais un danger pour l'humanité. Mais, moi que suis-je devenu ? J’ai tué Médée parce qu’elle était une meurtrière, parce qu’ôter la vie n’est pas pardonnable. Pourtant, je l’ai fait… Cela me semblait nécessaire, mais ça n’excuse en rien mon acte. Que suis-je devenu ? Je croyais devenir un justicier. Cependant, je me suis transformé en assassin. Que dois-je faire ?