Le retour au collège par Emilie
Par Audrey Estermann (Sceaux) le 27 mai 2020, 14:04 - Lien permanent
Plus de trois mois que je n’avais pas revu le grand hall de mon collège.
Pour être honnête ce n’est pas ce qui me manquait le plus en confinement. Non, vraiment je ne trouvais pas obligatoire d’y retourner… Mais bon, ordre du gouvernement… (et de mes parents qui ne pouvaient plus me supporter).
J’entrais donc par les grandes portes étant l’entrée de ce véritable enfer sur Terre. Tout avait changeé!
Le surveillant qui nous faisait entrer ainsi que le proviseur qui se trouvait à coté portaient une visière tellement énorme que l’on aurait dit qu’ils allaient nous faire une démonstration de football américain.
Dans le hall, des rangées de tables étaient installées avec des dizaines de bouteilles de gels hydroalcooliques pour se laver les mains avant d’aller en cours. Aucun élève n’avait la permission de continuer son chemin dans l’établissement s’il ne s’était pas laver les mains auparavant.
Les différents niveaux n’avaient pas cours tous les jours : le lundi c’étaient les 6èmes, les 5èmes et les 4èmes, le mercredi les 3èmes et les 2nd, et le vendredi les 1ères et les terminales. Il n’y avait pas école le mardi ainsi que le jeudi pour laisser les services de « SOS DESINFECTION DU VIRUS » nettoyer le collège entier entre chaque journée de cours.
Bref, aujourd’hui, premier jour d’école depuis le début du confinement étant un lundi, j’étais une des premiers élèves à revenir.
Les cours avaient lieu en demi-groupe et les emplois du temps avaient été modifiés. Mon premier cours était un cours de mathématiques.
Notre professeure portait elle aussi tout un équipement pour se protéger du virus. Les règles et les feutres pour écrire sur le tableau ainsi que les tables étaient recouvertes de film plastique. Nous n’avions que le droit de toucher à nos propres affaires tout comme dans le reste de l’établissement. Sinon c’était une croix dans le carnet dans la case qui avait été rajoutée « NON-RESPECT DES CONSIGNES DE SECURITE ».
Nous avons commencé par écouter le blabla de notre professeure nous disant « Attention le virus est toujours parmi nous !» ou encore « Il est important de continuer à respecter les consignes de sécurité ! ».
Ayant enfin fini de raconter ce que nous avions entendu mille et une fois ces derniers mois, la professeure commença enfin à faire le cours. Et là, ce fut le drame…
Une élève qui était assise devant moi se mit soudainement à pleurer. Elle raconta alors à la professeure que son grand-père était décédé du COVID-19. Quelques minutes après s’être consoler, elle recommença à pleurer. Cette fois ci c’était parce que l’homme dont parlait l’exercice s’appelait Olivier comme son grand-père. Encore une fois la professeure dû la rassurer… Mais là, à peine l’élève s’était-elle calmée, qu’elle tomba dans les pommes…
Ce fut la panique ! Les pompiers arrivèrent ce qui fit fuir de nombreux élèves et professeurs ! Tout le monde courait dans tous les sens à l’idée que cette fille aurait pu s’évanouir à cause du coronavirus. A cause de toute cette pagaille, la vie scolaire dut appeler nos parents pour les informer de ce qu’il se passait et en quelques instants, la rue qui passait devant notre établissement fut bouchée par des dizaines de parents (les miens compris) craignant pour la santé de leur enfant. Le collège se vidait et je fus en vitesse ramenée à la maison.
A peine rentrée à la maison, ma mère me jeta dans un bain pendant une heure, et je dus me frotter si fort que mon corps était entièrement rouge une fois sortie de la baignoire. A ma sortie de la salle de bain, mes frères s’écartèrent et me regardèrent comme si j’étais porteuse du virus. Cela peut paraitre étrange mais ça me plaisait : j’avais l’impression d’être une impératrice et que mes frères jouant les serviteurs s’écartaient sur mon passage pour me saluer.
Le soir, nous reçûmes un mail du proviseur nous informant que le collège ainsi que le lycée ne réouvriront pas d’ici septembre. Cela ne m’étonna pas.
J’appelais alors ma camarade qui s’était évanouie et par bonheur elle décrocha. Je lui demandai des nouvelles et ce qu’il s’était passé. Elle me dit que c’était à cause de l’énoncé de l’exercice de mathématiques et non par ce qu’elle était atteinte du coronavirus. Je lui demandais alors ce que l’énoncé de l’exercice de mathématiques avait de si choquant. Elle me récita l’énoncé ainsi que la réponse « Combien Olivier Voit-Il D’oranges ? La réponse était 19 ».