SUSI 2015 Missoula, Montana, USA.

Une expérience inoubliable

3août

Remerciements

Tout d'abord je tenais à remercier chaleureusement les membres de la Commission franco-américaine, l'équipe d'encadrement de l'Université du Montana sans oublier l'équipe de direction de mon lycée, le lycée Julie-Victoire Daubié d'Argenteuil (95), ainsi que tous les acteurs français et américains qui ont rendu cette magnifique aventure possible. Je remercie également les dix-neufs lauréats avec qui j'ai passé des moments magiques.

Le but de ce blog est de vous faire partager mon expérience du programme SUSI, expérience qui m'a offert une ouverture culturelle incroyable sur le monde de l'enseignement. J'ai en effet pu rencontrer dix-neufs enseignants et formateurs de dix-neufs pays différents et découvrir l'enseignement tel qu'il est perçu et possible ailleurs. J'ai choisi de rédiger ce blog en français pour permettre au plus grand nombre de partager cette expérience. De plus il existe déjà un blog en anglais, rédigé par les vingt lauréats à tour de rôle, durant les cinq semaines du programme. L'université du Montana possède également une page web consacrée au programme SUSI 2015 dans le Montana.

Je ne peux qu'encourager les collègues curieux et dynamiques à se lancer dans l'aventure !

Le déroulement du programme

J'étais pour ma part dans le programme The Institute for Secondary School Educators (teachers) organisé par l'Université du Montana à Missoula. Dix-neuf autres enseignants et formateurs de dix-neufs pays différents avaient été sélectionnés pour participer au programme dans le Montana. Le groupe comptait des enseignants d'école primaire, de collège, de lycée et d'université pour les formateurs. Les professeurs d'anglais représentaient la majorité du groupe mais le programme est ouvert à toutes les matières, littéraires comme scientifiques. Il est également ouvert à toutes les catégories d'âges puisque les lauréats étaient âgés de 30 à 50 ans.

Le programme (voir livret détaillé) s'est déroulé du 1er juin au 5 juillet, soit 5 semaines. Durant les trois première semaines nous somme restés au Montana pour suivre des cours sur la culture américaine et visiter des écoles, des musées, des villes et des sites d'intérêt majeur. Les dix derniers jours, nous avons quitté le Montana pour nous rendre à Charleston en Caroline du Sud puis à Washington DC. Des rencontres avec des personnalités locales avaient été organisées ainsi que des visites de musées, sites historiques ... Le compte-rendu détaillé et les photos se trouvent dans le blog.

Mon ressenti

Nous sommes encadrés, je dirais même "chouchoutés", du premier jour au dernier jour. Accueillis à l'aéroport à notre arrivée, nous sommes ensuite conduits sur le campus, notre lieu de résidence. Nous logions dans des "suites", petits appartements de quatre chambres individuelles donnant sur un salon avec cuisine et salles de bain. La brochure détaillée du programme nous est remise à notre arrivée avec notre emploi du temps journalier, heure par heure. Dès lors, la vie de groupe commence. Pendant plus d'un mois, nous allions construire des liens d’amitié en découvrant nos cultures respectives.

Une parfaite organisation permet de tisser des liens dès le début : les cours offrent la possibilité à chacun d'intervenir pour faire partager son expérience dans son pays, permettant ainsi des échanges de pratiques ; des activités de groupe sont organisées après les cours et le week-end pour permettre aux participants de tisser des liens d'amitié ; le logement en "suites" permet des échanges informels autour des repas ; un groupe Facebook a été ouvert pour nous permettre de faire vivre cette amitié et pourquoi pas permettre une collaboration professionnelle, et enfin le Département d'Etat nous a offert la possibilité de faire partie de la communauté des International Exchange Alumni. L'objectif de ce programme est donc de bâtir une communauté éducative internationale.

Semaine 5 : Washington

5juillet

Les rencontres

Au programme, une discussion avec des membres du US House of Representative's Committee on Education and the Workforce concernant leurs diverses responsabilités et les programmes qu'ils tentent de mettre en œuvre ; une entrevue avec le sénateur du Montana Jon Tester pour aborder ses missions en tant que représentant du Montana à Washington ; une rencontre avec le responsable du programme au Département d'Etat (Ministère des Affaires Etrangères) et enfin une rencontre avec des membres du US Department of Education (Education Nationale).

Les visites

Une visite du Capitole nous a fait découvrir la rotonde et son dôme, la crypte et la National Statuary Hall Collection.

Le Capitole est le siège du Congrès, le pouvoir législatif des Etats-Unis. L'aile nord abrite le Sénat et l'aile sud la Chambre des Représentants. Sa construction débuta en 1793 mais il fut détruit dès 1814 par un incendie provoqué par les Britanniques en guerre contre les Américains. Sa reconstruction débuta en 1815 et dura 4 ans. La rotonde et le dôme furent ajoutés sous la présidence Monroe (1818-1829). Dans les années 1850 le Capitole fut agrandi avec l'arrivée de nouveaux Etats dans l'union et de nouveaux personnels. Le dôme fut changé et surmonté en 1863 de Libertas, statue de bronze d'une déesse romaine. Sa construction dura de 1855 à 1866 et s'inspira du Panthéon de Paris. Il est l'emblème du Capitole.

La visite débuta par la rotonde centrale. Elle est ornée de plusieurs peintures de Constantino Brumidi (1805-1880) qui représentent des évènements marquants de l'histoire américaine. Brumidi est aussi à l'origine de la fresque qui orne la base du dôme (Frieze of American History) et qui retrace elle aussi une succession de grands évènements de l'histoire américaine : la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, l'embarquement des Pères Pélerins, le baptême de Pocahontas ... Plusieurs peintres y ont contribué jusqu'à ce qu'elle soit complétée en 1953.

Une crypte a été ajoutée pour abriter la dépouille de George Washington, premier président des Etats-Unis. Mais pour respecter ses dernières volontés, il fut inhumé sur son domaine, à Mount Vernon. La crypte sert aujourd'hui de lieu d'exposition.

Enfin la visite du Capitole se termina par la National Statuary Hall Collection, pièce où se réunissait le Congrès autrefois. Elle renferme 100 statues offertes par chacun des 50 Etats pour honorer deux de ses illustres concitoyens.

La visite guidée de la ville nous permit de découvrir la Maison Blanche, le National Mall et les Mémoriaux Roosevelt, Martin Luther King, Lincoln et Jefferson.

La Maison Blanche, construite en 1792, est le symbole du pouvoir exécutif puisqu'elle est la résidence officielle et le bureau du Président des Etats-Unis depuis 1800 et l'entrée dans les lieux de John Adams, deuxième président des Etats-Unis. C'est ici que se trouve le fameux "bureau ovale".

Le National Mall est un parc ouvert au public qui s'étend du Washington Monument au Capitole. Il est bordé de nombreux musées, monuments et mémoriaux. Il est souvent utilisé pour des manifestations, comme le feu d'artifice du 4 juillet, car il a une forte signification historique et civique. C'est par exemple sur le National Mall, devant le Lincoln Memorial, que Martin Luther King prononça son discours "J'ai un rêve" le 28 août 1963.

Parmi les mémoriaux, celui d'Abraham Lincoln fut inauguré en 1922 en mémoire du 16ème président des Etats-Unis. Taillée dans du marbre, la statue qui s'y trouve le représente assis et songeur et elle mesure six mètres sur six. Celui de Jefferson fut inauguré en 1946 pour le bicentenaire de sa naissance. La statue est en bronze et fut ajoutée 4 ans après l'inauguration du mémorial. Le mémorial Franklin Delano Roosevelt, inauguré en 1997, honore le président Roosevelt. Il retrace 12 ans d'histoire américaine en quatre salles représentant les quatre mandats de ce président. Il souligne les périodes difficiles qu'il a dû gérer comme la Grande Dépression.  Le mémorial Martin Luther King fut inauguré en 2011 par Barack Obama. C'est le premier mémorial célébrant une personnalité noire sur le National Mall et le troisième célébrant un grand homme qui ne fut pas président.

Le Washington Monument fut érigé en l'honneur de George Washington, premier président des Etat-Unis. Débuté en 1848, la construction fut stoppée pour des problèmes financiers puis techniques pour n'être achevée qu'en 1884. Il fut ouvert au public en 1888. Contrairement aux obélisques classiques monolithiques, le monument est en maçonnerie composée de grès, de granit et de marbre. Le sommet offre une vue à 360 degrés sur la capitale. En redescendant, l'ascenseur marque un arrêt pour permettre au public d'admirer différents blocs de pierre offerts par des Etats ou des associations. Avec ses 169 mètres, le Washington Monument fut le monument le plus haut du monde jusqu'à la construction de la Tour Eiffel en 1889. Les architectes de l'époque prévoyaient de lui faire dépasser les 180 mètres, mais les matériaux utilisés ne permettaient pas de telles prouesses. De cet échec sont nées les recherches sur les constructions en acier.

Les activités

Des temps libres nous ont permis de découvrir d'autres quartiers par petits groupes, selon nos intérêts (Georgetown, the Arlington Cemetery...) ou des musées (Musée de l'Air et de l'Espace, Musée d'Histoires Naturelles).

Nous avons pu assister à un match de baseball  entre les Washington Nationals et les San Francisco Giants au National Stadium de Washington.

Le samedi 4 juillet, jour de la fête nationale célébrant le 4 juillet 1776 et la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis, nous nous sommes rendus dans le centre ville pour assister à la parade du 4 juillet et profiter de l'ambiance patriotique. Le soir nous nous sommes joints à la foule au pied du Lincoln Memorial pour regarder le feu d'artifice.

 

Semaine 5 Charleston, histoire, héritage et devoir de mémoire

30juin

Les dix derniers jours du programme se sont partagés entre la visite de Charleston, en Caroline du Sud, et celle de Washington D.C.

Un peu d'histoire ...

L'histoire de Charleston débuta en 1663 avec l'établissement de la première colonie, Charles Town sur la côte. En 1670 la Caroline du Sud fut créée. Au milieu du 18ème siècle la ville devint le centre économique de la région grâce au dynamisme de son port et à ses cultures de coton, de riz et d'indigo.

Au 19ème siècle, la Caroline du Sud fut le premier état à faire sécession en 1860. En 1861 la ville fut le point de départ de la guerre de Sécession lorsque des soldats confédérés tirèrent sur Fort Summer, occupé par des soldats de l'Union, dans le port de Charleston. La ville mit du temps à se relever de la guerre. Les difficultés financières obligèrent la ville à réparer ses bâtiments au lieu de les reconstruire, d'où ce patrimoine architectural étonnant.

AU 20ème siècle, Charleston choisit d'être moins dépendante de l'agriculture et diversifia son économie dans le commerce et l'industrie. Les activités industrielles et portuaires se développèrent de manière fulgurante après la construction d'un arsenal maritime en 1904. Plus tard Charleston put tirer profit des ressources venues de sa base navale, de son industrie pharmaceutique, et du tourisme.

C'est pourquoi Charleston offre aujourd'hui à ses visiteurs un visage à la fois traditionnel et moderne.

Les visites

Un tour guidé des quartiers historiques de Charleston permit de découvrir l'histoire de la ville, plus précisément l'histoire de l'esclavage et celle de la guerre de Sécession.

La visite de l'ancien marché aux esclaves (Old Slave Mart Museum) permit de mieux comprendre l'évolution de l'histoire de l'esclavage à Charleston. L'interdiction du commerce triangulaire en 1808 mena à une demande accrue de main d’œuvre. Le moyen de satisfaire cette demande fut la mise en place d'un marché aux esclaves domestique, à l'intérieur du pays. Charleston devint alors une plateforme d'achat et de revente d'esclaves pour les états du sud. Au cours des 70 ans qui séparèrent la Guerre de Sécession de la signature de la constitution, plus d'un million d'esclaves et leurs descendants esclaves, nés sur le territoire, furent échangés à Charleston.

La rencontre avec Mike Seekings, membre du conseil municipal de Charleston, nous permit de pénétrer dans la salle du conseil municipal de la mairie, construite entre 1800 et 1804.

Nous avons pu visiter une charter school, la Charleston Charter School for Math and Science. Une charter school est une école indépendante mais financée par des fonds publiques qui accueille gratuitement tout élève intéressé par le projet fédérateur de l'école. Bien que plus libre dans son offre éducative, une charter school se doit néanmoins de rendre des comptes concernant la gestion de ses subventions, de son personnel, et la réussite de ses élèves. 

La visite du Avery Research Center for African American History and Culture nous a offert un aperçu des efforts de la communauté afro-américaine pour préserver son histoire et construire son avenir. L'Avery Research Center se trouve sur le site de l'ancien Avery Normal Institute qui, de 1865 à 1954 fut un lieu de formation pour tous les étudiants noirs souhaitant embrasser des carrières professionnelles valorisantes ou accéder à des postes à responsabilités. En 1985 les anciens élèves de l'Institut se sont réunis pour créer ce nouveau centre. Aujourd'hui le centre est un lieu de mémoire où l'on enseigne à la communauté afro-américaine son histoire et sa culture à Charleston et en Caroline du Sud. Cette visite fut l'occasion de rencontrer différents acteurs de la vie locale notamment le Président de la NAACP (the National Association for the Advancement of Colored People) de Charleston, la plus puissante organisation de défense des droits de la communauté noire du pays fondée en 1909. Nous avons également pu assister à un service religieux dans une église baptiste et rencontrer des pasteurs noirs, anciens leaders locaux pour les droits civiques.

Enfin la découverte d'une plantation, la Middleton Place, dont la construction débuta dans les année 1730, permit de se rendre compte du rôle capital joué par l'esclavage dans l'enrichissement de la région, et à une autre échelle, du monde occidental dans son ensemble. C'est en 1924, 60 ans après la fin de la Guerre de Sécession, un incendie destructeur et le tremblement de terre de 1886 ayant réduit le lieu presque à néant, que furent entrepris des travaux de restauration par un descendant du fondateur Henry Middleton. Henry Middleton était un des planteurs les plus riches de Caroline du Sud, possédant jusqu'à 20 plantations (20 000 ha) et 800 esclaves. Il voulait faire de la Middleton Place un lieu de résidence plus qu'une réelle plantation de riz.

L'idée fut donc de rendre au lieu sa grandeur du 18ème siècle. Au fil des restaurations, et depuis la fin des années 1920, le lieu est ouvert au public. Les jardins sont les plus anciens jardins paysagés des Etats-Unis. Afin de protéger ce patrimoine, le lieu a été classé patrimoine historique national en 1972 et une fondation, la Middleton Place Foundation, a été créée en 1974 pour gérer le site.

 

Semaine 4 - La question de l'éducation sur les réserves indiennes et Helena, capitale du Montana

25juin

La quatrième semaine du programme fut marquée d'une part par la découverte d'un établissement scolaire de la réserve indienne des Flathead et d'autre part par la visite d'Helena, capitale de l'état du Montana.

La culture indienne dans l'éducation

Les tribus Salish et Kootenai vivent sur la réserve des Flathead, en bordure du comté de Missoula. Ces tribus sont connues pour leur implication dans la protection et la conservation du milieu naturel. Elles furent les premières des USA à organiser la protection de la faune et de la flore sur un périmètre donné. Elles ont également dirigé un programme étudiant l'impact de l'énergie hydro-électrique sur les ressources naturelles.


Nous avons pu visiter les locaux de Two Eagle River School, lycée situé sur la réserve, et rencontrer un enseignant et un responsable de l'établissement. Ils sont revenus sur l'importance de prendre en compte la culture tribale dans l'éducation des jeunes afin de préserver la mémoire du passé. L'établissement étant fermé et vide d'élèves, vacances oblige, nous n'avons pu assister à des cours, ni rencontrer des enseignants ou des élèves.

Nous avons ensuite pu découvrir la salle de basket du Salish Kootenai College, Université située non loin de Two Eagle River School, et découvrir un sport traditionnel indien, le stickball.

Helena

La visite d'Helena fut tout d'abord marquée par celle du Capitol Building, symbole du pouvoir législatif et judiciaire. Après la visite guidée du capitole, le Gouverneur, Steve Bullock, nous a reçus pour nous parler de sa mission de gouverneur du Montana et de sa vision de l'éducation dans l'état.

Nous avons également pu visiter le Montana History Museum et rencontrer un membre de la Montana Historical Society Museum qui nous a présenté l'histoire du Montana, l'éducation indienne et les ressources en ligne du musée. Il offre une collection intéressante d'artéfacts historiques retraçant l'histoire des Indiens d'Amérique et une autre retraçant l'histoire de l'immigration chinoise dans les années 1890 à Butte, Montana. Enfin il est possible d'admirer les œuvres d'un des plus grands peintres de l'ouest, Charles M.Russell.

Une autre visite très attendue fut celle du Montana Office of Public Instruction (OPI). Différents acteurs de l'éducation sont venus nous exposer les domaines clés de l'éducation : programmes, évaluations, programmes d'éducation sur les réserves indiennes, formation et recrutement des enseignants. Ce fut l'occasion de discuter des tensions existantes entre Etat fédéral et Etats fédérés en matière d'éducation, de la difficulté de s'entendre sur un programme commun et des évaluations communes, du difficile choix des programmes et des inégalités parfois criantes d'un Etat à l'autre mais aussi d'un établissement à l'autre sur une même commune.

 

Semaine 3 - L'environnement : Butte, Bozeman et Yellowstone

21juin

La troisième semaine fut marquée par la visite inoubliable du Parc National de Yellowstone. Cette visite s'accompagna de cours sur les parcs nationaux américains, sur la protection de l'environnement et de la faune sauvage, plus précisément des loups et des ours.

Les cours

American Culture, American Land (Dr. Bill Borrie) a souligné le lien entre force, beauté, sublime du territoire américain et valeurs de la société américaine. La société tirerait ses idéaux de la force de son territoire. Par exemple la détermination et la persévérance sont des valeurs nécessaires à la survie dans ce milieu naturel parfois hostile.

Climate Change and Ethics (Dr. Dane Scott) a retracé la prise de conscience de la beauté de son territoire par le peuple américain. A partir du XIX ème siècle, la protection de l'environnement deviendra une cause commune, quel que soit le parti au pouvoir. Néanmoins si chacun s'accordait à défendre les mêmes valeurs de respect du milieu naturel, il s'agissait plus de pouvoir tirer profit des occasions de divertissement que ces sites pouvaient offrir. Le concept d'écologie, inexistant au début du XX ème siècle, n'était pas présent dans les textes de lois. Il s'agit donc aujourd'hui de prendre en compte les aspirations nouvelles d'une société en terme de loisirs pour protéger au mieux le milieu naturel. De nouveaux défits en perspective.

An Introduction to African American Studies. Race and Religion in the US (Dr. Tobin Shearer). En amont de la visite de Charleston en Caroline du Sud, Tobin Shearer a abordé les thèmes des préjugés inter-ethniques et a retracé la construction mentale des catégories raciales à travers les âges. Né du contact de l'Europe et du continent africain ce concept a évolué au fil des critères retenus pour le définir. Certains ont ensuite cru bon de confondre différence et inégalité, créant même le mythe d'une "inégalité biologique". Les Etats-Unis ont légiféré pour tenter de rendre ce mythe réel par la lois (période de la Ségrégation) et ainsi justifier une inégalité de traitement entre les êtres. Par exemple jusqu'en 1952, être blanc était un prérequis pour toute demande de citoyenneté américaine.

Les visites

La route pour Yellowstone étant longue, des arrêts furent prévus à Butte et à Bozeman.

Butte

Au début du XXème siècle Butte Hill était connu pour ses mines de cuivre considérées comme "les plus riches sur Terre". Butte était une des plus grandes villes à l'ouest du Mississippi. Sa population très cosmopolite comptait des travailleurs venus d'Europe, de Chine, du Mexique et du Canada. L'exploitation minière a cessé en 1983 pour reprendre partiellement en 1986. Aujourd'hui la ville est en pleine mutation et tente de diversifier son économie dans la recherche énergétique, la médecine, le tourisme et l’environnement. 

Bozeman

Un court arrêt à Bozeman le temps d'un repas nous a permis de découvrir cette ville dynamique fondée par John D. Bozeman en 1864, fondateur du Bozeman Trail, route facilitant la ruée vers l'or. La ville accueil une partie de l'université du Montana et un aéroport international grâce à la proximité du parc de Yellowstone. La beauté des paysages a attiré les grands du cinéma pour le tournage de films comme A River Runs Through It ou The Horse Whisperer et les nombreuses activités de plein air possibles en font une ville attractive. Bozeman a vu sa population augmenter considérablement durant les 40 dernières années.

Yellowstone

Yellowstone fut le premier parc national américain établi en 1872. Le parc se situe sur une gigantesque caldeira d'où un nombre impressionnant de geysers, de bains de boue bouillonnante, et de sources d'eau chaude. Une présentation de la caldeira nous a été faite par Simon Buzzard, intructeur et administrateur dans une organisation à but non lucratif basée à Missoula. Cette organisation, Ecology Project International, se charge d'offrir à des étudiants de lycée la possibilité de mener des stages de terrain pour étudier l'environnement à Yellowstone et en Amérique Centrale.

Les visites de différentes parties du parc furent précédées d'introduction par des spécialistes de la vie sauvage. Dan Tyers, coordinateur dans la gestion des écosystèmes et de la population d'ours à Yellowstone nous a présenté l'évolution des mentalités concernant les ours et comment cette évolution avait modifié la politique de protection des espèces dans le parc durant le siècle dernier.

Rick McIntyre, amoureux des loups, nous a parlé de son engagement auprès des ces animaux depuis 16 ans dans le Yellowstone Wolf Project ainsi que de la vie des meutes de loups qu'il a pu observer récemment.

Nous avons ensuite pu découvrir à pied Norris Geyser Basin, Old Faithful Geyser, the Grand Canyon, Hayden Valley, Mammoth Hot Springs et enfin Grand Prismatic.

Les activités


Le week-end fut l'occasion pour beaucoup de s'initier au rafting sur la Clark Fork River, rivière explorée par Lewis et Clark il y a 200 ans. Les guides nous ont fait traverser les rapides de la Alberton Gorge. Emotions fortes garanties !
Un programme de randonnée dans les environs de Missoula nous permit de nous remettre de nos émotions.

 

Semaine 2 Citoyenneté et esprit critique dans l'éducation

14juin

Les cours

Educating Citizens in American Democracy (Dr Saldin) a abordé la question de la citoyenneté et de ses limites. La citoyenneté implique des droits mais aussi des devoirs envers la communauté, devoirs que beaucoup oublient. S'impliquer au travers du vote en est un, mais de moins en moins d'Américains se déplacent pour aller voter (40% d'abstention aux dernières élections présidentielles). Néanmoins la société américaine se définit également par un attachement aux libertés individuelles. Or la liberté, c'est aussi pouvoir se désengager. Le cours a donc tenté d'analyser la tension qui existe entre défense des libertés individuelles et défense de la démocratie par l'exercice de la citoyenneté. Un rappel des idées d'Aristote, Platon et surtout de Tocqueville a permis de montrer la construction de la démocratie américaine. On le voit, comme beaucoup de démocraties, les Etats-Unis ont des défis à relever mais ils possèdent également les moyens de le faire. Deux atouts majeurs seraient l'existence d'un pouvoir local fort face au pouvoir fédéral. Plus proches des citoyens, les organes de décisions locaux rapprochent la politique du peuple. Ce dernier est donc plus conscient du rôle qu'il peut jouer et de son pouvoir de changer les choses. Autre atout, la force des croyances religieuses pousse les gens à s'impliquer dans la communauté au travers d'associations, délaissant ainsi leur tendance à l'individualisme. La citoyenneté n'est pas innée ; elle s'acquiert par la pratique. Un moyen efficace de commencer est de s'impliquer dans la vie locale.

Discussion of Birthright : Born to Poetry (Dr heather Cahoon) fut une introduction à la littérature indienne.

Reading Strategies that Improve Students' Critical and Creative Thinking (Dr Beverly Ann Chin) complété par Writing Strategies that Improve Students' Competence and Confidence (Dr Beverly Ann Chin) fut l'occasion de découvrir des ressources motivantes en ligne pour les élèves afin de les sensibiliser à la littérature comme objet d'étude mais aussi comme moyen d'expression.

The US Legal System (Professor Anthony Johnstone) et The Role of Local Government (John Engen and Bryan von Lossberg) ont permis de comprendre l'organisation du pouvoir à l'échelle fédérale et à celle des états. L'Etat fédéral délègue beaucoup de responsabilités aux états. L'organisation fédérale en trois organes de pouvoir, exécutif, législatif et judiciaire se retrouve à l'échelle de l'état. Le pouvoir local, à l'échelle de la ville, est plus fort qu'en France et se voit attribué des missions clés telle la gestion du budget de l'éducation par l'intermédiaire du school board, sorte de département de l'éducation à l'échelle de la ville. Il existe donc des disparités importantes entre les villes selon les choix opérés par les acteurs de la politique locale. On imagine aisément les conséquences possibles sur le choix des programmes enseignés.

Les visites

Une nouvelle session d'observation de classes fut organisée dans un autre lycée, Big Sky High School. Après une visite guidée de l'établissement organisée par des élèves, nous avons pu rencontrer la principale qui nous a présenté les modalités de formation et d'évaluation des enseignants. Le principal se rend plusieurs fois par an dans chaque classe pour évaluer chaque enseignant et lui donner des conseils. Il ne semble pas y avoir d'inspecteurs.

Ensuite l'observation d'un cours d'histoire a mis en évidence l'implication obligatoire de l'élève dans son apprentissage. Des chapitres de manuels sont donnés à lire aux élèves en amont et ces derniers sont chargés de restituer en problématisant ce qu'ils ont compris du thème abordé. Le cours se fait en groupe classe de 15-17 élèves maximum pour permettre à chacun de prendre la parole, réagir ou corriger leurs camarades. Le professeur n'intervient que pour relancer le débat ou aborder un problème non soulevé par la classe. Chaque élève reçoit une note à l'issu de chaque séance d'où l'obligation de participer. A charge pour l'élève de prendre des notes ou non. Beaucoup d'élèves n'avaient qu'un manuel fermé sur leur table.

Les activités

Un dîner de bienvenue fut l'occasion d'échanger nos premières impressions avec la directrice du programme, Deena Mansour, qui eu la gentillesse d'inviter l'ensemble du groupe chez elle.

Le vendredi après-midi, tous les participants eurent la chance de partir dans une famille d'accueil afin de découvrir la vie d'une famille américaine le temps d'un week-end.

 

Semaine 1 Intégration et découvertes culturelles et pédagogiques

7juin

Le campus

Après avoir décollé de Charles de Gaulle à 10h30 et avoir voyagé pendant 18h, j'arrivais enfin à l'aéroport de Missoula, à 17h heure locale. J'avais déjà rencontré Raj, représentant de l'Ile Maurice à l'aéroport de Salt Lake City. Je ne savais pas encore qu'il deviendrait notre photographe préféré. Nous étions attendus par Mel, une des membres de l'équipe qui allait rendre cette expérience inoubliable. Elle nous conduisit immédiatement à notre résidence pour nous installer dans notre chambre.

Le campus se trouve à environ 30mn de marche de Missoula, deuxième ville du Montana, avec 80 000 âmes. Il compte environ 15 000 étudiants et offre un cadre superbe, niché au cœur d'une nature étonnante faites de collines verdoyantes, de rivières et d'étendues sauvages. L'Amérique des grands espaces.

Les visites

La première semaine, "Orientation Week", nous a permis de repérer les lieux clé du campus, salle de cours, bibliothèque, restaurants, résidences étudiantes, ainsi que les acteurs du campus, président de l'université, enseignants, bibliothécaires, policiers, et bien sûr notre équipe d'encadrement.

Une des visites les plus marquantes fut celle de la bibliothèque. La Maureen and Mike Mansfield Library s'étend sur quatre étages et offre un équipement des plus modernes, avec de petites salles d'étude privatiques, des salles dédiées aux travaux de groupes, et bien sûr des salles informatiques en nombre. L'accès à une profusion de ressources en ligne permet à tout chercheur de mener à bien son projet de recherche, malgré l'éloignement des grandes villes universitaires.

La visite la plus marquante de la semaine pour moi fut celle de Sentinel High School.

Nous étions nombreux à être enseignants et attendions donc les visites d'établissement scolaires avec impatience. Sentinel High School est un lycée de 1200 élèves. Il accueille des élèves aux profils professionnels et généraux.

Nous avons d'abord pu participer à une visite guidée du lycée et découvrir le CDI, des salles de classe, puis les terrains de sport à l'extérieur. Nous avons tous été frappés par la grandeur des locaux, notamment des couloirs et des salles de classe. L'équipement informatique et numérique de qualité a suscité l'admiration de tous puisque toutes les salles de classe visitées étaient équipées de vidéo-projecteurs.

L'importance de la pratique sportive montre que les équipes masculines et féminines des lycées participent pour beaucoup à la renommée d'un établissement. L'EPS est vu autrement qu'une matière obligatoire dans l'emploi du temps. Elle se pratique également, et surtout, en dehors du temps de classe. L'identité d'un lycée se construit autour de ses équipes et de sa pratique sportive.

Après la visite du lycée nous avons pu participer à des modules de découverte pédagogique. Deux portaient sur l'enseignement de l'histoire et la refonte récente des programmes d'histoire aux Etats-Unis ainsi que sur les débats qu'elle suscite. Les nouveaux programmes prévoient un enseignement thématique et critique de l'histoire et non plus chronologique et factuel. J'ai pour ma part été agréablement surprise de voir que les élèves sont encouragés à porter un regard critique et sans concession sur le rôle joué par les Etats-Unis dans le monde. Beaucoup d'entre nous pensions que les Américains soutenaient sans réserves les guerres menées par les Etats-Unis. Force a été de constater que ce n'est pas le cas. En revanche je reconnais avoir été surprise par la date tardive de cette réforme comparée à l'évolution de l'enseignement de l'histoire en France.

Le troisème module intitulé English/History block m'a fait découvrir l'idée d'enseignement conjoint de deux matières par deux enseignants sur le même temps de cours. Je parle "d'idée" car, à mon grand regret, je n'en ai pas vu la mise en œuvre avec des élèves. Il s'agissait ici d'enseigner l'histoire et l'anglais (équivalent des Lettres en France) en même temps et dans la même salle pour permettre aux élèves de faire plus facilement le lien entre les deux matières. Cet enseignement est offert chaque année à Sentinel High School. Nous avons pu rencontrer les deux enseignants qui le dispensent. Ils nous ont fait part de leur satisfaction d'enseigner de la sorte mais nous ont également fait part de leurs difficultés et de leurs échecs. La clé du succès réside bien entendu dans la parfaite entente entre les deux enseignants. Cette entente est facilitée si les deux partagent des goûts et des idées communes en matière de pédagogie. Plus qu'un "binôme", on pourrait donc parler de "partenariat" tant la complicité est nécessaire. Ils nous ont également confessé avoir échoué avec d'autres enseignants avant de se trouver. Cet enseignement nécessite donc en amont un échange de pratiques permanent et des observations de classes fréquentes entre enseignants pour trouver son partenaire. Ensuite il faut construire les séquences de l'année ensemble pendant les vacances d'été et parfaitement anticiper chaque séance afin d'offrir l'image d'un cours unique aux élèves et non de plusieurs parties de cours mises bout à bout. On le voit, cet enseignement requiert une motivation réelle et une implication totale dans le projet. Il faut se donner les moyens mais aussi le temps de réussir et accepter l'échec. Les élèves semblent satisfaits de l'expérimentation puisqu'ils sont chaque année plus nombreux à vouloir s'inscrire dans ce cours. Ils déclarent mieux voir l'intérêt d'étudier une matière grâce aux éclaircissements qu'apporte la deuxième matière sur la première (et inversement).

Les cours

"The Ideas that Shape America" (Dr Rob Saldin) nous a permis d'aborder les questions qui sont au cœur de l'identité américaine : liberté, égalité, auto-détermination, individualisme et rêve américain.

"American Cultural Values" (Dr Tobin Shearer) nous a présenté les huit marqueurs clés de la culture américaine : appartenance à une communauté, droit de propriété, religion, liberté de choix, violence, lien entre politique et espace, nourriture, répartition des richesses.

"The role of media and public opinion" (Lee Banville) a démontré le rôle des média, 4ème pouvoir, dans la démocratie américaine des origines à nos jours. A l'origine née pour s'opposer à la domination anglaise et donner une voix au peuple américain, la presse fait face aujourd'hui à des problèmes d'indépendance dans le choix et la manière d'informer le peuple. En effet les organes de presses sont bien souvent entre les mains d'entreprises privées, ce qui laisse songeur quant à la frontière entre intérêts économiques et véracité de l'information. Le peuple est en droit de s'interroger sur le caractère impartial de l'information. Le droit de s'informer correctement est en péril et avec lui le concept de "watchdog" (défenseur d'une cause), si cher à la société américaine.

"Cross cultural conceptions and contexts" (Dr Udo Fluck) fut sans conteste le plus drôle des cours du programme. Dr Udo Fluck nous a fait prendre conscience, avec beaucoup d'humour, des différences de comportement entre les sociétés en terme de relations humaines.

Les activités

Dès le deuxième jour, un cours fut dispensé au Mount View Lodge sur le Salmon Lake dans la Seeley-Swan Valley. Le reste de l'après-midi nous permit de flâner sur les rives du lac et d'admirer la beauté du site avant le dîner avec nos familles hôtes.

Le vendredi après-midi fut consacré à l'art du Montana. Chaque premier vendredi du mois, Missoula organise "First Friday", l'occasion pour le public de découvrir les musées et galeries de peinture ouverts gratuitement tard le soir.

Le samedi matin nous fûmes conviés à la cérémonie de remise des diplômes des élèves de dernière année de Big Sky High School. Trois lycées célébraient cet évènement rassemblant ainsi plus de 800 élèves de dernière année. La cérémonie avait lieu sur le campus dans le centre des expositions, ce qui fut l'occasion de découvrir l'immensité du Adams Center, lieu où se tiennent diverses manifestations sportives, culturelles voire politiques, puisque Barack Obama est venu y faire un discours lors de la course à la présidence de 2008.

Après la cérémonie, le groupe se rendit en ville sur le farmers market, petit marché local pour y découvrir les spécialités de la région.

Le dimanche une activité d'escalade fut organisée afin de souder les membres du groupe.