1ères STI2D1

Beckett, En attendant Godot, 1952

Scène d’exposition

 


Route à la campagne, avec arbre.
Soir.
Estragon, assis sur une pierre, essaie d'enlever sa chaussure. Il s'y acharne des deux mains, en ahanant. Il s'arrête, à bout de forces, se repose en haletant, recommence. Même jeu.
Entre Vladimir.

ESTRAGON (renonçant à nouveau) : Rien à faire.
VLADIMIR (s'approchant à petits pas raides, les jambes écartées) : Je commence à le croire. (Il s'immobilise.) J'ai longtemps résisté à cette pensée, en me disant, Vladimir, sois raisonnable. Tu n'as pas encore tout essayé. Et je reprenais le combat. (Il se recueille, songeant au combat. A Estragon.) Alors, te revoilà, toi.
ESTRAGON : Tu crois ?
VLADIMIR : Je suis content de te revoir. Je te croyais parti pour toujours.
ESTRAGON : Moi aussi.
VLADIMIR : Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t'embrasse. (Il tend la main à Estragon.)
ESTRAGON (avec irritation) : Tout à l'heure, tout à l'heure.
Silence.
VLADIMIR (froissé, froidement) : Peut-on savoir où monsieur a passé la nuit ?
ESTRAGON : Dans un fossé.
VLADIMIR (épaté) : Un fossé ! Où ça ?
ESTRAGON (sans geste) : Par là.
VLADIMIR : Et on ne t'a pas battu ?
ESTRAGON : Si... Pas trop.
VLADIMIR : Toujours les mêmes ?
ESTRAGON : Les mêmes ? Je ne sais pas.
Silence.
VLADIMIR : Quand j'y pense... depuis le temps... je me demande... ce que tu serais devenu... sans moi... (Avec décision) Tu ne serais plus qu'un petit tas d'ossements à l'heure qu'il est, pas d'erreur.
ESTRAGON (piqué au vif) : Et après ?
VLADIMIR (accablé) : C'est trop pour un seul homme. (Un temps. Avec vivacité.) D'un autre côté, à quoi bon se décourager à présent, voilà ce que je me dis. Il fallait y penser il y a une éternité, vers 1900.
ESTRAGON : Assez. Aide-moi à enlever cette saloperie.
VLADIMIR : La main dans la main on se serait jeté en bas de la tour Eiffel, parmi les premiers. On portait beau alors. Maintenant il est trop tard. On ne nous laisserait même pas monter. (Estragon s'acharne sur sa chaussure.) Qu'est-ce que tu fais ?
ESTRAGON : Je me déchausse. Ça ne t'est jamais arrivé, à toi ?
VLADIMIR : Depuis le temps que je te dis qu'il faut les enlever tous les jours. Tu ferais mieux de m'écouter.
ESTRAGON (faiblement) : Aide-moi !
VLADIMIR : Tu as mal ?
ESTRAGON : Mal ! Il me demande si j'ai mal !
VLADIMIR (avec emportement) : Il n'y a jamais que toi qui souffres ! Moi je ne compte pas. Je voudrais pourtant te voir à ma place. Tu m'en dirais des nouvelles.
ESTRAGON : Tu as eu mal ?
VLADIMIR : Mal ! Il me demande si j'ai eu mal !
ESTRAGON (pointant l'index) : Ce n'est pas une raison pour ne pas te boutonner.
VLADIMIR (se penchant) : C'est vrai. (Il se boutonne.) Pas de laisser-aller dans les petites choses.
ESTRAGON : Qu'est-ce que tu veux que je te dise, tu attends toujours le dernier moment.
VLADIMIR (rêveusement) : Le dernier moment... (Il médite) C'est long, mais ce sera bon. Qui disait ça ?
ESTRAGON : Tu ne veux pas m'aider ?
VLADIMIR : Des fois je me dis que ça vient quand même. Alors je me sens tout drôle. (Il ôte son chapeau, regarde dedans, y promène sa main, le secoue, le remet.) Comment dire ? Soulagé et en même temps... (il cherche) ...épouvanté. (Avec emphase.) E-POU-VAN-TE. (Il ôte à nouveau son chapeau, regarde dedans.) Ca alors ! (Il tape dessus comme pour en faire tomber quelque chose, regarde à nouveau dedans, le remet.) Enfin... (Estragon, au prix d'un suprême effort, parvient à enlever sa chaussure. Il regarde dedans, y promène sa main, la retourne, la secoue, cherche par terre s'il n'en est pas tombé quelque chose, ne trouve rien, passe sa main à nouveau dans sa chaussure, les yeux vagues.) Alors ?
ESTRAGON : Rien
VLADIMIR : Fais voir.
ESTRAGON : Il n'y a rien à voir.

Par Secondes Louis Jouvet (Lycée Louis Jouvet, Taverny (95)) | le 21 octobre 2017 11:22

Commentaires

1. prof

21 octobre 2017 | 11:24

Comprenez-vous les réactions des personnages?

2. B.Ali

21 octobre 2017 | 11:49

Je ne comprend pas trop les réactions des personnages car ils ont l'air de se connaitre mais leur relation et assez spécial, ils ont l'aire d'avoir vécu beaucoup de chose ensemble et donc réagisse par rapport a leur vécu et c'est parce que je ne connais pas leur l'histoire donc leur réaction me parait étrange.

3. yassine

21 octobre 2017 | 11:51

pourquoi ils s'énervent pour des chaussures ?

4. Mathéo

21 octobre 2017 | 11:51

Effectivement , il semblerait que les réactions des personnages soient confuses car ils ont l'air de se connaitre mais ne montrent aucun signe d'affection l'un envers l'autre.

5. Erwan

21 octobre 2017 | 11:53

je ne comprends pas trop car je trouve que estragon est tres froid avec vladimir pourtant celui-ci l'aide

6. Guilherme

21 octobre 2017 | 11:54

@B.Ali Ils ont l'air énervé car ESTRAGON c'est fait battu donc il n'est pas content.

7. Enzo

21 octobre 2017 | 11:54

On voit dans cette scène d'exposition deux personnages, même deux amis, qui semblent se retrouver depuis un très long moment.

8. jounaid

21 octobre 2017 | 11:55

Non,car ils se connaissent mais ils entretiennent une relation assez "bizzare"

9. florian

21 octobre 2017 | 11:55

@B.Ali Je comprend tout à fait ta réaction monsieur ali, toutefois leur réaction peut être compréhensible puisque il se serrait fait battre "Et on ne t'a pas battu ?" (l.25), "Si... Pas trop." (l.26) Apres un tel évènement le personnage peut être tout simplement bouleversé. Merci de votre attention puis bon journée a tous ! :D

10. Tibo

21 octobre 2017 | 11:55

@Mathéo Je comprend parfaitement ton point de vue j'ai le même point de vue que toi. Bravo

11. Erwan

21 octobre 2017 | 11:56

@B.Ali pas trop compris ton commentaire

12. Chaudron

21 octobre 2017 | 11:57

On dirait qu'entre ces deux personnages il y a une sorte de tension

13. yassine

21 octobre 2017 | 11:57

je comprend l' énervement des deux camarades car ils s'emblent avoir fait la guerre et il doit sûrement se retrouver tout seul

14. yassine

21 octobre 2017 | 11:57

je comprend l' énervement des deux camarades car ils s'emblent avoir fait la guerre et il doit sûrement se retrouver tout seul

15. Enzo

21 octobre 2017 | 11:58

Les deux personnages semblent aussi être des vagabonds comme onj le voit au début du texte quand Estragon dit à Vladimir qu'il a passé la nuit dans un fossé.

16. Erwan

21 octobre 2017 | 11:58

@Mathéo j'ai le même point de vue que toi mon chèr

17. Félix

21 octobre 2017 | 11:59

Je trouve qu'Estragon est très froid avec Vladimir qui lui est plutôt heureux de le retrouver, ils ont l'air d'avoir une relation solide, comme des frères depuis de longues années. Estragon n'a pas vraiment l'air honnête.

18. zakaria

21 octobre 2017 | 11:59

j'ai l impression que les deux personnages se sont connu dans le passer et qu'il viennent de se retrouver

19. fares.c

21 octobre 2017 | 11:59

je suis tout a fait daccord avec toi @florian de nombreuses repliques dans ce textes prouves qu'ils ne sont pas que simple inconnus mais la dispute semble a mon gout ridicule ;)

20. zakaria

21 octobre 2017 | 12:00

estragon est une personne pauvre et Vladimir une personne rivh

21. yassine

21 octobre 2017 | 12:00

merci @florian pour cet précison je n' avais pas pensé a un bouleversement cordialement Yassine. Bonne journée a vous. ;p

22. Tibo

24 octobre 2017 | 22:59

@Zakaria super analyse jai la meme pensez que toi. Vraiment tres bonne analyse.

23. Tibo

24 octobre 2017 | 23:01

@Florian super analyse on voit que ton commentaire donne envie de lire la suite

24. Enzo

30 octobre 2017 | 11:01

@Mathéo et @Erwan je m'ajoute à vous pour le point de vue

25. Enzo

30 octobre 2017 | 11:05

@Chaudron je suis entièrement d'accord avec ton commentaire

26. Bastien

04 novembre 2017 | 12:19

les deux amis cherchent des occupations et ont des distractions assez "bizarres"

27. Bastien

04 novembre 2017 | 12:31

les personnages ont des occupations et des distractions assez "bizarres"

28. Bastien

04 novembre 2017 | 13:02

Au début de la pièce les deux personnages sont froids l'un en vers l'autre ,il y a une sorte de malaise qui se créé. Mais ils retrouvent leurs dialogue grace à une chaussure capricieuse

29. Bastien

04 novembre 2017 | 13:09

On peut clairement voir aussi que Estragon met un vent sale à Vladimir ligne 16-17 Vladimir : Que faire pour fêter cette réunion ? (Il réfléchit.) Lève-toi que je t'embrasse. (Il tend la main à Estragon.)
ESTRAGON (avec irritation) : Tout à l'heure, tout à l'heure.
Silence.

30. Bastien

04 novembre 2017 | 13:11

ils ont l'air d'être content de se voire mais ils ne le montrent pas forcément

31. zakaria

04 novembre 2017 | 18:30

@B.Ali je suis d'accord avec toi on connaît pas le context de cette discutions .

32. zakaria

04 novembre 2017 | 18:37

au debut de la piece de theatre ils parlent d'un "combat" quelqu'un aurait-il compris?

33. zakaria

04 novembre 2017 | 18:41

@félix qu'est ce qui te faire dire qu'il est froid ESTRAGON?

34. Prof

09 novembre 2017 | 16:54

Que nous apprennent les didascalies ? Vous permettent-elles de vous représenter précisément le décor ?

35. Félix

12 novembre 2017 | 17:47

Je n aime pas cet écrivain je trouve qu il perd la raison a cause de ses tord on peut le voir Grace a cette didascalie vraiment incroyable.je pense qu il pleure que de l intérieur pour que ses soucis se noie

36. Erwan

15 novembre 2017 | 15:00

@Bastien je suis tout à fait d’accord avec toi là chaussure est la clé de l’histoire pour moi

37. Erwan

15 novembre 2017 | 15:06

On a l’impression que les didascalies montrent que les personnages ont des petites réflexions,des mimiques ,ou encore des tic comme (il ôte son chapeau ,promène sa main,la secoue la remet) et cette action et refaite plusieurs fois comme l’ensemble précise les didascalies

38. Erwan

15 novembre 2017 | 15:07

@zakaria je pense que c’est un combat spirituel ou un différent qu’ils ont peut être pu avoir avant qui sait

39. Erwan

15 novembre 2017 | 15:09

@felix je ne suis pas de ton avis il amène une richesse dans ce texte grâce aussi didascalies justement il faut qu’il montre sa tristesse voir sa peine

40. Erwan

15 novembre 2017 | 15:10

@prof les didascalies pour ma part je trouve qu’elle représente les faits et gestes des personnages mais pas suffisamment le décor pour en savoir assez

41. Erwan

15 novembre 2017 | 15:11

@bastien oui je suis d’accord le petit vent n’etait Pas de haute courtoisie mais cela montre qu’il se passe quelque chose entre ces deux personnages

42. Erwan

15 novembre 2017 | 15:13

Vladimir a l’air d’etre Mal vis à vis d’estragon comme le disent les didascalies (froisse )il a l’air déçu par quelque chose

43. Enzo

15 novembre 2017 | 18:49

Les didascalies nous en apprennent sur le comportement des personnages sur scène.

44. Enzo

15 novembre 2017 | 18:52

Non les didascalies ne nous permettent pas de nous représentés précisément dans le decor mais nous en apprennent sur le comportement des personnages.

45. Enzo

15 novembre 2017 | 18:55

Pour en apprendre sur le décor il faut lire le texte plutôt que de lire les didascalies.

46. Félix

16 novembre 2017 | 22:04

Moi qui déteste énormément beaucoup cette matière je trouve que cet écrivain ma fait découvrir une nouvelle facette du français si il étais encore vivant j aimerais lui dire merci je trouve. @erwan que tu as changé

47. Prof

17 novembre 2017 | 21:19

D'après vous, d'où vient le malaise entre les deux personnages ?

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