25 juin 2017

Concours de la nouvelle fantastique,organisé par la médiathèque de la ville de Montrouge.

Cette année, les élèves de l'atelier d'écriture ont participé au concours de la nouvelle fantastique et policière,organisé par la médiathèque de Montrouge.Chaque jeudi, nous nous retrouvions pour élaborer et écrire des textes. Trois élèves ont participé régulièrement et ont mené à bien ce travail d'écriture, elles peuvent en être fières. Christelle Ardouin a remporté le deuxième prix avec un récit original et de qualité, dans la catégorie, nouvelle fantastique.Voici sa nouvelle.

Le règne maléfique

 

Vous me croirez peut-être dérangé lorsque vous connaîtrez mon histoire. Moi-même je me suis demandé si je n'avais pas perdu la raison ou si j'avais bu un verre de trop la veille. On s'était moqué de moi, j'avais insisté, mais en vain. J'avais bien vite compris que c'était inutile. J'avais finalement demandé à un clerc de m'apprendre à écrire, afin de consigner mon inexplicable histoire.

Tout a commencé le jour du couronnement du dauphin. En tant que valet je me devais de tout préparer pour que ce jour soit parfait. J'étais entré à son service depuis ses huit ans, c'est-à-dire depuis maintenant vingt-quatre ans. J'étais pour lui ce qui se rapprochait le plus d'un ami, d'un confident. Nous avions seulement six ans de différence d'âge. J'aurais aimé être comme lui. J'aurai aimé pouvoir devenir chevalier et l'affronter lors des entraînements, des tournois et duels amicaux. Mais c'était impossible, un fils de paysan ne pouvait devenir l'égal ou même l'ami d'un noble et encore moins du prince Christophe.


J'ai rencontré le prince Christophe, le premier jour où je suis arrivé dans cette ville. Mon père et moi regardions un tournoi. J'admirais deux cavaliers au galop qui tentaient de désarçonner leur adversaire à l'aide d'une lance. Ébahi par l'agilité de leurs gestes, je ne fis pas attention que tous les gens s'étaient écartés formant ainsi une haie d'honneur pour laisser passer le roi et son jeune fils. C'est alors que le cavalier le plus proche de moi tomba, son cheval s'affola et, moi, par instinct, je reculai de crainte qu'il ne m'attaque. J'eus bien fait de le faire car l'animal sauta par-dessus la barrière et se cabra devant le prince Christophe. À ce moment-là, mon père surgit et s'interposa entre le cheval et le prince. Jamais je n'oublierai ce jour. Mon cher père reçut les pattes avant de l'animal dans le visage. Il s'écroula, son visage était entièrement recouvert de sang écarlate. Je couru m'agenouiller auprès de lui, afin de recueillir son dernier soupir. Il n'y eut pas de miracle et je savais qu'aucun médecin du pays ne serait suffisamment compétent pour sauver mon tendre père. Il essaya de parler, murmura : « Pardon, mon fils », ce furent ses dernières paroles. Ces yeux se révulsèrent. Il n'était plus sur terre.

Je séchais mes larmes mais elles semblaient intarissables. Je sentis alors une main presser mon épaule, c'était le dauphin. Je voulais que l'animal, l'assassin de mon père revienne et me réserve le même sort. Je n'avais plus rien, j'étais à la rue, orphelin, sans nourriture ni argent. Lorsque je pris conscience que le jour avait remplacé la nuit, il n'y avait plus personne hormis le prince, le roi, quelques gardes et moi. À mon grand étonnement, le prince s'inclina devant le cadavre de mon très cher père et baissa la tête. Le roi fronça les sourcils mais finit par l'imiter. Les chevaliers qui protègent la famille royale firent de même. Aucun d'eux ne se releva avant que je ne me sois remis debout. Le roi prit une épée de l'un de ses hommes, posa le plat de la lame sur chacune de mes épaules et déclara solennellement : « En vertu des pouvoirs qui me sont conférés je te nomme, valet personnel de mon fils, le prince Christophe. Ton père a fait preuve d'une grande bravoure en sacrifiant sa vie pour sauver la sienne, il sera enterré dignement pour cela. Tu logeras dans une chambre à coté de celle de mon héritier. ». Christophe entoura mes épaules de son bras et m’entraîna vers le château. Je me retournai une dernière fois sur le corps de mon courageux père, des chevaliers l'enveloppaient soigneusement dans une de leur cape. De nouvelles larmes m'aveuglèrent.

Depuis ce jour, j'avais été un serviteur exemplaire. Puis le roi rendit l'âme et Christophe dût monter sur le trône. La cérémonie se déroula sans incident, l'évêque couronna Christophe. Puis ce dernier se retourna et tous s'écrièrent : « Longue vie à notre roi ! Longue vie à notre roi ! ».

Christophe avait ordonné aux gardes d'ouvrir une porte du château que son géniteur n'avait jamais voulu lui montrer. Dans cette pièce se trouvait un très beau trône, qui était là sans doute depuis des années vu la quantité impressionnante de poussière. Dès que Christophe s'est assis dessus, il n'a plus voulu s'en défaire. Il avait même exigé de manger dessus lors du banquet organisé pour son couronnement.
Pendant toute la soirée, il ne parla à personne ne rit pas même une seule fois devant les numéros des troubadours. J'avais trouvé son attitude très étrange et allait le questionner sur la cause de son absence de joie au moment où je devrais l'aider pour aller se coucher. Lorsque ce moment vint enfin, j'eus l'audace de l'interroger. Je n'avais pas peur de sa réaction, je le connaissais depuis que j'étais petit.
« Votre Majesté?
-Mmh.
-Pour quelle raison n'avez-vous pas souri ne serait-ce qu'une seule fois lors de la fête et pourquoi tenir absolument à manger sur ce trône ?
-Comment ?! Pour qui te prends-tu pour me questionner de la sorte ? Tu n'es qu'un petit serviteur, facilement remplaçable et insignifiant. Allez, finis de faire mon lit et va-t-en.
-Mais, Christophe,...jamais vous ne m'avez parlé ainsi,...
-Et bien c'est maintenant que je commence, allons, du vent ! Et ne m'appelle plus jamais par mon prénom si tu ne veux pas te retrouver dès demain au pilori ! »

Je sortis rapidement sans comprendre sa réaction démesurée. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer chez lui un tel changement ? J'évitais désormais Christophe autant que mon travail me le permettait. Je faisais remarquer son brusque changement d'attitude à tous les domestiques. Tout le monde avait trouvé qu'il était un peu froid et distant mais tous avait mis ça sur le compte de ses nouvelles responsabilités. Plusieurs jours passèrent. Pour me punir de mon attitude très déplacée, Christophe m'avait obligé à nettoyer toutes les écuries du château et à faire les courses moi-même au marché. En choisissant les fruits et légumes, je réfléchissais encore à ce qui avait bien pu se passer. Alors que je me faisais ces réflexions, une très vieille femme infirme me demanda si je voulais bien la raccompagner chez elle. Ayant le cœur sur la main, j'acceptais avec plaisir de lui rendre service.

Une fois devant sa vieille maison, elle me proposa d'entrer pour boire un verre. Fatigué par la punition du roi, je ne me fis pas prier pour partager un peu de vin avec elle. Je levais mon verre à sa santé lorsqu'elle posa sa main toute fripée sur mon gobelet et me dit en me regardant dans les yeux : « Ne crois-tu pas que nous devrions plutôt trinquer à notre roi, jeune serviteur ? ». Je me demandais si elle avait, tout comme moi remarqué l'attitude sévère du roi. Je lui parlais de la mystérieuse attitude du roi. Elle me raconta alors ce qu'elle pensait qu'il lui était arrivé.

Il y a bien longtemps, une reine qui régnait sur ce royaume se fit enlever son fils de deux ans par des bandits. Ceux-ci réclamèrent une rançon que la reine paya mais ils s'abstinrent de tenir leur engagement. On n'entendit plus parler du petit prince. Au fil des années, de nombreuses personnes se sont présentés au château prétendant être le fils perdu de la reine. Mais aucun d'eux n'avait la tache de naissance à l'épaule que portait l'héritier du trône. Vingt-quatre ans passèrent La reine avait perdu tout espoir de le revoir un jour. Elle sut malgré tout surmonter son chagrin en partie grâce aux présents de toute sorte que lui offrait son peuple. Elle reçut même un trône qu'elle avait décidé d'utiliser. Elle ne se doutait alors pas des risques qu'elle prenait. Elle avait toujours régné justement. Les seules personnes pour lesquelles elle n'avait aucune pitié étaient les bandits de toute sorte, elle leur faisait tous couper la tête sans même réfléchir.

Un jour, un groupe de marchands d'esclaves fut arrêté. Tous furent décapités un à un, le dernier était le plus jeune. Ce dernier se mit à discuter avec des gardes pour oublier qu'il mourrait le lendemain. Ces geôliers lui apprirent pour quelle raison la reine était aussi impitoyable avec les bandits. Ils lui parlèrent ensuite des faux princes et de la tache de naissance sur l'épaule du véritable successeur de la reine. Le jeune prisonnier changea brusquement de comportement. Il se cramponnait aux barreaux et réclamait une audience avec la reine. Rien n'y fit. Le lendemain, à l'aube, le jeune homme posait sa tête sur un tronc d'arbre afin qu'elle lui soit retirée. Il fixa la reine d'un regard suppliant jusqu'au moment où la lame du bourreau lui trancha le cou.

Une domestique dût se charger de retirer ses vêtements au cadavre pour les donner à des pauvres. Elle aperçut alors la tache de naissance sur l'épaule du corps sans vie. Bouleversée, elle courut faire part de sa découverte à sa souveraine. Cette dernière ne supporta pas d'être la cause de cet infanticide. Dès ce moment elle refusa de voir quiconque. Elle passait tout son temps sur son trône. Chaque fois que quelqu'un l'approchait elle le rejetait violemment ou se murait dans un silence profond. Lorsqu'elle ouvrait la bouche c'était pour menacer de mort. Elle se mit à régner plus sévèrement et plus elle passait de temps sur son trône plus son cœur s'endurcissait. Elle dormait même dessus certaines nuits. Les rares fois où elle redevenait comme avant, c'était quand elle passait quelques heures à marcher dans les jardins du château. Un cousin éloigné de la reine succéda à celle-ci dès sa mort. Tous les autres souverains eurent eux aussi une attitude très étrange vis-à-vis de ce trône, ils étaient tous plus haineux les uns que les autres. Une rumeur selon laquelle le trône absorberait les pensées négatives commençait à se fonder. Le nouveau roi en avait eu vent et prit la décision de se débarrasser de cet objet possiblement maléfique. Il ne put se résoudre à le détruire et l'enferma donc dans une pièce reculée du château.

J'avais peur. Peur de ce qu'allait devenir le royaume si je ne faisais rien pour lui. Peur d'agir et des récidives qui allaient suivre. Mais il le fallait. Je n'avais pas le choix.

Aussitôt rentré au château, j'allai dans la salle du trône, persuadé d'y trouver le roi. Il était seul en train de regarder à travers la fenêtre comme hypnotisé. Je lui signalai ma présence en toussotant mais il ne prêta aucune attention à moi. Je tentais une approche en lui disant que ce n'était pas bon pour sa santé de rester enfermé ainsi à longueur de journée. Il me rejeta avec méchanceté et me congédia. Je sus que je ne pourrais le faire changer d'avis de son plein gré. Je n'insistai donc pas. J'avais bien une seconde idée mais elle mettait ma vie en péril.

Le soir-même, une fois la nuit tombée, je m'introduis dans le château en me déguisant en bouffon. Justement un banquet était organisé. J'allai dans la salle du trône à nouveau, pris une torche et brûla le trône. Un garde me surprit mais je le neutralisai en lui carbonisant le visage. L'homme hurla de douleur et sauta par la fenêtre pour mettre fin à ses souffrances. Il avait alerté les autres soldats par ses cris. Je m'apprêtai à suivre le même chemin que lui, mais je ne pus m'empêcher de me retourner une dernière fois.

Je vis alors que le trône flambait, sans être détruit. Christophe et plusieurs de ses gardes se trouvaient derrière le rideau de flammes. Les yeux emplis d’exécrations à mon égard de mon ancien ami me firent frémir d'effroi. Je détachai mon regard de son visage haineux et de son expression meurtrière pour sauter dans les eaux nauséabondes des douves.
Je réussis à m'enfuir très loin de cette maudite contrée. Je racontai mon histoire à d'autres rois mais aucun ne voulut réagir, tous me croyaient fou. Je m'en allais vivre en ermite, désespéré de ne rien pouvoir faire pour ce royaume sauf consigner son histoire par écrit.

 

 

 

 

 

 

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03 mai 2017

Centon de Walid et d'Esteban

Les larmes sans répit déferleront sur nous,

Qu'importe à celui-là dont le coeur est fidèle

Laissons glisser les eaux, laissons hurler les loups

Liberté dans la nuit les cloches parlant d' Elle.

 

Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage

Et la mer est l'amer, et l'amour est amer,

On s'abîme en l'amour aussi bien qu'en l'amer

car l'amer et l'amour ne sont point sans orage.

 

Tu te plais à plonger au sein de ton image

Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur

se distrait quelquefois de sa propre rumeur

Au bruit de cette plaine indomptable et sauvage.

Centon de Magda, Christelle, Jeanne et Benjamin.

Ange plein de bonheur, de joie et de lumière

Il vient près de son lit deux grandes soeurs charmantes

Par le morne regret des chimères absentes

Deux anges étaient là sur son heure dernière

 

Du temps que la Nature en sa verve puissante

inventa pour punir les crimes de la Terre

Qui savent exciter les âmes les plus lentes

C'est ainsi qu'il convient au maître de la Terre.

Centon de Marouan, Maël, Emilio et Junior

Le soleil releva sa tête

Derrière ce rideau de flammes on aperçoit de grandes ombres

Ainsi qu'une forêt sombre

C'est là que dorment les comètes

Au bord de l'horizon rouge

C'est le port qui bouge

C'est toujours la querelle des classiques et des romantiques

Qu'elle est douce la route d' Amérique.

 

Centon de Jasmine, Hugo et Ruben

Je ferai mon nid dans la solitude

Mon désir avide se noie.

Le bruit de la mer est monté jusqu'à moi.

J'en ai ma claque de votre négritude.

La nuit arrive tout à coup,

Le crime garde son secret,

La flamme est mon coeur renversé.

 

Centon de Romane, Hugo, Victor et Charlotte 4A

La nuit tombe goute à goutte.

Je me retourne dans mon sommeil.

C'est  la paix, c'est la joie, le vieil empire s'éveille

J'y planterai mon drapeau noir de solitude.

Centon de Diane, Louis, Sterenn et Jean-Sébastien 4A

Ce matin, l'aube est noire, il pleut.

Assise les pieds nus, parmi les joncs penchants

Rose droite sur ses hanches

Laissant errer sa vue étonnée.

Au soir quand s'allumaient les lampes

des maisons fermées

Deux énormes lions, par la soif tourmentés.

29 mars 2017

Centon de Charlotte 4A

Autrefois                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         

j'aurais passé près d'elle inaperçu.

Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent

que j'avais de si près tenus

côte à côte, le long des chemins

 

Suffit-il que tu paraisses

de ce rêve déconcertant

Où tu m'apparais seule

A ces mondes dont je parle souvent.

 

Que nous sommes-nous donc fait l'un à l'autre

pour que jamais ton sourire

et la douleur qui vient d'ailleurs

étale au soleil notre vulgaire trésor

 

Eblouissante douleur du silence