Le silence. Silence. Silence. Silence.

Pas un bruit dehors et à l’intérieur. Lucy arpentait les couloirs du collège « Saint-Louis Notre Dame Du Bel Air » en quête de collégiens. Cela faisait quatre jours qu’elle ne voyait personne dans les couloirs, d’habitude si bruyant. En comptant le week-end où c’était normal qu’il n’y ait personne. Le week-end elle avait l’habitude de chercher dans tout le collège qu’elle connaissait par cœur, des livres, plus particulièrement avec des photos du monde extérieur. Elle cherchait aussi des livres en : Espagnol, Anglais, Allemand ou même de Chinois. Par exemple, ce week-end elle avait trouvé un livre en Espagnol avec beaucoup de photos d’Espagne. Elle rêvait d’y aller.

Lucy n’avait pas quitté le collège depuis trois ans. Pourtant elle avait essayé de nombreuses fois sans y parvenir. La dernière fois qu’elle y est entrée, elle était en 5ème, et n’en est pas ressortie, pour une raison mystérieuse. Lucy est une Wiline, une personne à moitié fantôme à moitié vivante. Bien sûr elle est devenue une Wiline qu’après un événement. Depuis toute petite elle rêve de découvrir d’autres pays, encore plus maintenant qu’elle ne peut plus sortir et qu’elle n’est plus « vivante ». Mais revenons au moment où Lucy arpentait les couloirs.

  • Mais où sont-ils ? pensa t-elle tout haut.

Elle avait vérifié son calendrier de l’année trois fois, mais aujourd’hui n’était pas une journée pédagogique, ni de sortie scolaire, ni de vacances et ni de ponts. Elle se remémora les discussions des collégiens vendredi dernier. Ils parlaient d’un « Coronavirus » ou de « Covid 19 ». Elle n’y comprenait rien. Pourtant elle avait suivi sa petite sœur Juliette qui est en 4ème toute la journée. Et elle n’avait pas parlé de quelque chose où il n’y avait pas école. Mais Lucy se rappela avoir était distraite ce jour-là, même tous les jours de cette semaine…

Elle avait été distraite parce que samedi c’était l’anniversaire de sa mère, et qu’elle aurait tout fait pour aller la voir, la serrer dans ses bras et même voir son père. Ils lui manquaient terriblement. Tout en pensant aux collégiens elle dit tout haut :

  • Mais pourquoi ne sont-ils pas là ? dit Lucy une deuxième fois.

Elle alla voir la cantine : déserte. Les salles de classes : désertes aussi. Elle alla même jusqu’à croire que tout le monde sur terre ait quitté la planète pour aller sur Mars. Mais chassa cette idée de sa tête, car tout le monde parlerait de cet événement. Tout en continuant de chercher ne serait-ce qu’une personne ou même un chat. Elle pensa à aller voir dans la cour. C’est le seul endroit où elle pouvait sortir dehors.

Personne. Pas un bruit. Même pas le bruit des oiseaux. Elle retourna vers sa chambre aménagée par elle. Au début c’était une petite salle de classe où seulement six ou sept personnes pouvaient rentrer. Puis, plus personne ne l’a utilisée. Lucy l’avait aménagée pour en faire sa chambre. Elle stocke plein de livres, de cahiers mais à part ça rien d’autres qu’un vieux lit où elle dort. Bien sûr elle aurait aimé avoir une photo de sa famille. Puis elle repensa aux collégiens :

  • Mais ce n’est pas possible. Où sont-ils ?

Elle refit le tour du collège sans rien trouver d’autre que le silence. Elle alla voir dans le bureau de la directrice, pour chercher des informations, au sujet de la raison du silence, du vide dans le collège. Elle ne trouva rien d’intéressant à part une fiche qui obligeait à porter un masque. Et de se tenir à un mètre de distance, de se laver les mains toutes les quatre heures et de ne pas se faire la bise.

Mais qu’est-ce que toutes ces informations où nous ne nous pouvons pas nous toucher ? Elle farfouilla encore dans le bureau et ne trouva rien. Elle s’apprêta à partir quand soudain elle remarqua une petite fiche coincée entre deux feuilles.

« Tous les collèges en zone rouge devront fermer. En raison du Covid 19 les collèges devront reprendre quand nous aurons plus de renseignement sur la situation. » Tout ce qu’elle a retenu c’est que les collèges fermaient et que tout le monde devait être confiné chez lui. Est-ce donc pour ça qu’il n’y avait personne dans le collège ? Sûrement, oui. Ça veut dire qu’elle devra rester pendant au moins deux semaines dans le collège, toute seule, à ne rien faire ? Elle avait subi déjà trois ans enfermée dans le collège, mais les collégiens étaient là pour la distraire ainsi que les cours. Même si personne ne la voyait… Dans son espèce de « mort » ce qui était le plus triste c’est que personne ne la voyait, avant, elle aurait adoré être invisible mais après trois ans à rester invisible, ça ne l’enchantait plus.

  • Mais pourquoi je reste coincée dans ce collège ? Normalement les morts ou les fantômes doivent aller dans un autre royaume et ne pas rester coincés dans ce collège ?

  • C’est parce que tu n’es pas un fantôme, dit calmement une voix féminine derrière son dos.

Lucy se retourna surprise que quelqu’un l’entende et peut-être même la voit. Son rêve que quelqu’un l’entende et la voit pendant toutes ces années de solitude se réalisait-il enfin ?

Quand elle se retourna, elle vit une dame très bien coiffée et très bien habillée. Elle était brune très claire et avait les yeux verts profonds. Elle était très élégante avec son sac à main violet.

  • Qui êtes-vous ? Me voyez-vous ?

  • Je suis de la même espèce que toi donc une Wiline. Et je te vois en effet. Je m’appelle Jeanne et je suis venue te voir pour t’expliquer quelque chose.

Quelle joie quand elle apprit que quelqu’un pouvait la voir et l’entendre !

  • Je ne suis pas une Wiline. Qu’est-ce qu’une Wiline ? Que voulez-vous m’expliquer ?

  • Si, tu en es une, mais justement je viens pour t’expliquer tout ça. Mais d’abord installons nous confortablement dehors, dans la cour.

Lucy avait mille questions dans sa tête à poser à cette étrange dame, mais en choisit une.

  • Comment êtes-vous venue ici ?

Elles s’installèrent sous un arbre de la cour.

  • Avant de te raconter je veux juste m’assurer de quelque chose. Peux-tu déplacer cette balle de main en main et ensuite te faire de petite passe avec tes pieds, s’il te plait ?

Avant, elle aurait refusé d’écouter une inconnue comme ça sans même la connaitre. Mais cela faisait tellement longtemps qu’une personne ne pouvait pas la voir et l’entendre qu’elle accepta. Pourquoi se faire des passes avec ses mains et ses pieds ? Ces espèces de Wiline, comme elle l’a dit, étaient peut-être des joueurs de football mondiaux ? Ils voulaient la tester si elle pouvait venir les rejoindre ? La pression et le stress lui engourdissaient chaque membre de son corps. Elle était nulle au foot, et qui sait, peut-être que si elle ne réussissait pas ils la jetteront dans un cachot avec toutes sortes de monstres qui la tueraient ? Si elle n’est pas déjà morte il y a longtemps…

  • Ne t’inquiète pas je ne te ferai aucun mal, promet la dame brune.

Pouvait-elle la croire ? Elle n’eut pas le choix de décider que déjà la dame sortit de son sac une petite balle quelconque mais avec un petit emblème dessus qu’elle ne comprit pas. Elle la prit et fit ce que dit la jeune femme. Ce n’est qu’en la prenant dans ses mains qu’elle remarqua la lourdeur de la balle. Elle faisait au moins 20kg. Mais malgré la lourdeur elle continua l’exercice. Après avoir fini Jeanne lui reprit la balle des mains. Elle fronça les sourcils et murmura quelque chose d’inaudible.

  • Que se passe-t-il ? Je n’ai pas réussi, c’est ça ?

Fermant les yeux, s’attendant à entendre dire qu’elle n’a pas réussi, en imaginant toutes sortes de monstres qui allaient la dévorer.

  • Non tu as réussi, dit l’élégante dame.

Un immense soulagement envahit son corps tout entier. Jusqu’à ce qu’elle rajoute :

  • Bon maintenant je vais t’expliquer la raison qui te pousse à rester ici.

  • Attendez, vous voulez dire que c’est moi qui me pousse à rester ici ?

  • Oui et non. Tu es ici car les Wiline sont des….(à suivre...)

    Par Faustine, élève de sixième au collège Notre-Dame du Bel-Air (Montfort l'Amaury)