JOUR 1 On vient d’annoncer le début du confinement. Enfermés à 4 dans la maison. Mon père, ma mère, moi et le chat. Génial !

 

JOUR 2 Réveil à 11h. Faire le lit. Aérer la chambre. Douche. Habillage. Travail sur Oze. Repas. Travail sur Oze. Youtube. Travail sur Oze. Goûter. Travail sur Oze. Youtube. Youtube. Youtube. Balade de moins d’1 km. Sport en intérieur. Dîner. Télé. Télé. Re-télé. Nuit.

 

JOUR 3

Ce n’est que le 3ème jour et j’ai l’impression que ça fait 3 mois. Je pensais plus m’ennuyer, tout de même. Le prof de Maths nous donne des exercices, la prof d’histoire-géo des leçons à écrire. Mon chat escalade le sèche-linge. Ma mère fait des cours en ligne pour ses élèves. Mon père dort la journée et travaille la nuit. Il fallait qu’il soit pompier avec ce satané virus ?

 

JOUR 4 NCIS ne diffuse que des anciens épisodes, ça m’énerve. Maintenant, ma mère parle toute seule devant son ordinateur. Le confinement nous rend tous mabouls. Mon père va faire des courses, les placards débordent déjà. Aux infos, on parle de pâtes et de PQ. On dirait que les gens croient que le Coronavirus donne la diarrhée.

 

JOUR 5 Vers 17h, je me mets à me rouler par terre et à rire. Le chat roucoule comme un pigeon, il se prend pour sa proie, c’est débile. La télé ne marche plus, on n’a plus que les concerts classiques d’Arte, qui tournent en boucle et qui résonne dans tout l’appartement. J’ai carrément envie de hurler.

 

JOUR 6 C’est le week-end, pourtant aucune différence avec la semaine. Tout le monde me manque, sauf mon chat et mes parents. C’est déprimant de se dire qu’on n’aura plus de contact avec qui que ce soit d’autre. J’ai bu la bouteille de lait d’un coup, sauf que j’avais pas tilté qu’il n’y en avait pas d’autre. Maintenant, je suis en manque de lait.

 

JOUR 7 Les maths... J’ai des crampes. Mon chat court dans toute la maison comme un taré. Tous les soirs, ma mère me lit un livre. Heu, non, c’est moi qui lis un livre à ma mère, je me suis trompée. Je lui lis 6 pages du Roman de la Momie. J’ai jamais lu un livre aussi nul.

 

JOUR 8 J’ai appelé ma cousine. Elle mange déjà des boites. Moi, ma mère passe tout son après-midi à faire la cuisine, mais au moins, c’est bon. Ma cousine nous a proposé un défi. Faut faire des pizzas, leur envoyer en photos et comparer. Mon père va faire les courses. Sauf qu’il n’a pas remarqué qu’on avait déjà fait les courses la veille.

 

JOUR 9 La télé est ma meilleure amie. Sauf que cette après-midi, la box a encore lâché. Du coup, ma mère a encore mis des concerts de musique classique. Quand elle quitte la pièce, j’avance le programme pour que ça se finisse plus vite. Sauf qu’après y en a un autre. Vive Arte…

 

JOUR 10 Ça ne fait que 10 jours et j’ai l’impression que nous avons toujours vécu comme ça. La nostalgie de courir a disparu, je la remplace par le fait de manger. Pain, brioche, gâteaux, jus, nutella, et maintenant, il y a même de la crème glacée dans le congèl’. Du coup, on l’a achetée ce matin et j’ai déjà mangé les trois quarts.

 

JOUR 11 Le chat a vu un oiseau à travers la vitre. Du coup, il s’est jeté dessus et il s’est pris la vitre. Je crois que ce chat a bel et bien hérité de l’intelligence de sa maîtresse. Je me suis cognée le coude sur le coin droit du meuble de l’entrée et je me suis cognée l’épaule cinq seconde après sur le coin gauche du même meuble. Maintenant, je me demande qui est le plus intelligent entre mon chat et moi.

 

JOUR 12 Manger. Flemmarder sur le canapé. Jouer. Dormir. Manger. Flemmarder sur le canapé. Jouer. Dormir. Nous sommes des chats.

 

JOUR 13 J’ai imaginé les paroles de mon chat quand il prie « Mon dieu, s’il-te-plaît, dis-moi pourquoi mes humains sont là 24h sur 24h et qu’ils squattent le canapé, je n’en peux plus ! » Pauvre chat. J’ai de plus en plus l’impression d’être en prison. La seule différence, c’est qu’on a un animal avec nous. Quoique, les prisonniers ont des rats de compagnie, des fois. Ce matin j’ai parlé au mur de la cuisine. Bizarrement, il ne m’a pas répondu.

 

JOUR 14 Ma mère m’a raconté que l’un de ses anciens collègues sortait en chaussons dans la rue pour que, si des policiers le rencontrent, il dise qu’il cherche son chien qui a disparu. D’ailleurs, il les a croisés déjà deux fois, et quand les policiers lui ont demandé pourquoi il n’était pas chez lui, il a dit « Bah, je cherche mon chien ! De toute façon, si je me baladais, je ne serais pas en chaussons. D’ailleurs, vous n’auriez pas vu mon chien ? » Le truc débile, c’est qu’il a pas de chien. On finira peut-être comme ça, à force...

 

JOUR 15 Au final, je suis aussi intelligente que mon chat. Mon père a racheté des courses. Ma mère a fait une vidéo-conférence avec ses élèves, sauf que ses écouteurs buggaient donc les élèves ne l’entendaient pas. Du coup, ils discutaient entre eux de jeux vidéo pendant que ma mère s’énervait sur son ordinateur. Mon chat fait tomber les bocaux des placards de la cuisine, apparemment, y en a trop ! Et moi ? Je me rends compte que les murs ne parlent pas. Vivement la liberté…

 

Daïna, élève de 6e au collège Le Rondeau (Rambouillet)

ntérieur. Dîner. Télé. Télé. Re-télé. Nuit.