Confinement et goûter

 

 

Nous sommes en avril 2020, le Président de la République vient d’ordonner une période de confinement total, à tous les français, pour une durée indéterminée.

 

Après deux semaines de devoirs à la maison, mes parents m’ont autorisé à planter une tente dans le jardin pour les vacances. La première nuit se passe sans souci mais dès la deuxième, j’entends un bruit bizarre qui me fait très peur. La nuit suivante, je décide de dormir avec ma lampe de poche à portée de ma main. Au fur et à mesure des nuits, le bruit, comme des petits pas dans l’herbe, se rapproche de ma tente.

 

Un soir, je prends mon courage à deux mains, passe vite ma tête sous l’ouverture de la tente et éclaire en direction de ce fameux bruit et… Que vois-je ? Un drôle de petit bonhomme vert, poilu, avec des oreilles pointues et trois petites cornes sur la tête. Effrayé par la lumière qui l’éblouit, la mystérieuse créature s'enfuit de l’autre côté de la barrière qui sépare mon jardin de la forêt. Le lendemain, je mets une coupelle de chamallows devant ma tente pour essayer de l’attirer. A mon réveil, elle est vide. Je comprends donc que ma petite créature a faim (ou qu’elle est très gourmande). Nuit après nuit, je rapproche la coupelle de bonbons de l’entrée de ma tente et le lendemain matin, elle est toujours vide.

 

Un jour en me levant, j'aperçois devant l’entrée de ma tente mon petit bonhomme vert, assoupi. Je m’approche doucement de lui quand tout à coup, il ouvre un œil. Il me voit venir à lui sans vouloir lui faire de mal et me laisse lui toucher la main. Il a l’air timide mais confiant. Je ne comprends pas son langage mais j’ai l'impression qu’il veut que je partage avec lui mon petit déjeuner. Nous nous apprivoisons. Et je comprends alors qu’il n’est pas agressif mais qu’il a seulement très faim. Par des gestes précis, il m’explique qu’il vit dans la forêt et se nourrit de ce qu’il trouve un peu partout par terre. Et en cette période de confinement, puisque plus personne ne sort dans les rues et ne jette de restes dans les poubelles, il ne trouve plus rien à manger. Il est seul et désespéré.

 

Je sais que je ne peux pas le garder chez moi car sa vie est dans la forêt mais je lui propose de partager chaque soir mon repas en lui laissant une petite assiette au fond de mon jardin (et bien sur des chamallows).

 

Ce petit bonhomme me fait penser à tous ceux qui, malheureusement, vivent dans la rue en cette période de confinement et qui ne trouvent plus de quoi se nourrir et plus personne à qui parler. Je crois que j'ai de la chance de pouvoir manger du Nutella tous les matins, de pouvoir discuter avec mes amis sur Snapchat et surtout d’être entouré de ma famille.

 

Quand cette période difficile sera terminée, je n’oublierai pas ce drôle de petit bonhomme vert qui me fait penser à toutes les inégalités dans le monde. Et ne râlerai plus pour partager mon goûter.

 

Paul, élève de 6ème Collège Notre-Dame du Bel-Air (Montfort l’Amaury)