22fév.2019
METAMORPHOSES D'UNE NUIT D'ETE
Voici le texte et la distribution.
METAMORPHOSES D ‘UNE NUIT D’ÉTÉ-
Extraits du Songe d’une Nuit d’été de William Shakespeare, texte français par Georges Neveux, de A comme aujourd’hui de David Lévithan et Métamorphoses (de la mythologie à aujourd’hui)
SCÈNE 1
A : Pernelle
A : 5994ème jour.
Je me réveille.
Aussitôt, je dois déterminer qui je suis. Et il n’est pas seulement question de mon corps - ouvrir les yeux et découvrir si la peau de mon bras est claire ou foncée, si mes cheveux sont longs ou courts, si je suis gros ou maigre, garçon ou fille, couvert de cicatrices ou lisse comme un bébé. S’adapter au physique, c’est finalement ce qu’il y a de plus facile quand on se réveille chaque matin dans un corps différent. Non le véritable défi, c’est d’appréhender la vie, le contexte de ce corps.
Chaque jour, je suis quelqu’un d’autre. Je suis moi-même. Je sais que je suis moi-même - mais je suis aussi un autre.
Et c’est comme ça depuis toujours.
Chacun une portion de phrase à se répartir : L’information est là. Je me réveille, j’ouvre les yeux, je comprends qu’il s’agit d’un nouveau matin, d’un nouveau lieu. La biographie surgit, cadeau très utile de cette partie de ma tête qui n’est pas moi. Pauline Aujourd’hui je suis Obéron - Je le sais, c’est tout. Et en même temps, je sais que je ne suis pas vraiment Obéron, je ne fais que lui emprunter sa vie le temps d’une journée. Je regarde autour de moi. Et je sais que je me trouve dans son bois. Les autres forment la forêt. Qu’on est chez lui. Dans cinq minutes, Titania va faire irruption.
SCÈNE 2
Puck : Anicée
La Fée 1 : Sarah
La Fée 2 : Alyssa
La Fée 3 : Violette
Un bois, formé par les élèves
Puck entre en scène
PUCK
Ho! Ho!
VOIX DE LA FÉE I
Collines, vallées, clairières, ronces, halliers, buissons, me voici !
PUCK
Hi ! Hi!
VOIX DE LA FÉE II
Un poisson à l’eau, un lézard au feu, une fille au bois, qui est-ce ? C’est moi.
PUCK
Plus vive que les quatre quartiers de lune, je cours, je passe, je ne suis plus là, j’y suis encore, je disparais, je reviens. La reine des fées m’a désignée cette nuit pour la distribution des grains de rosée. Un brin d’herbe, un grain de rosée. Voici, voilà. Pas moyen de se tromper. Je vais commencer, je commence, j’ai fini.
VOIX DE LA FÉE III
Et toi? As-tu fini de faire le bouffon? Je te préviens que la reine Titania et sa suite seront ici dans un instant.
PUCK
Et moi, je t’annonce que le roi Obéron a choisi cet endroit pour y donner sa fête de nuit. Et je ne conseille pas à la reine Titania de se présenter devant lui. Obéron est entré dans une terrible colère depuis qu’elle a son nouveau page, cet enfant volé l’autre soir à un roi indien. De tous les enfants volés que vous gardez dans vos bagages, c’est bien le plus joli. Obéron, dès qu’il l’a vu, a décidé de le changer en jeune cavalier et d’en faire le compagnon de ses randonnées dans la forêt. Mais Titania est tout le temps à s’occuper de l’enfant. Et maintenant entre eux c’est la guerre. Tiens, la nuit dernière encore, ils se sont trouvés brusquement nez à nez sous un chêne. Eh bien ! Leur rencontre a produit un tel vacarme que tous les esprits follets qui voltigeaient aux alentours ont à peine eu le temps de s’abriter dans le feuillage, chacun sur un gland et d’y rester cois.
VOIX DE LA FÉE I, II, II
Plus je vous considère, plus j’ai l’impression que c’est vous cet esprit malicieux et toujours en mouvement qu’on nomme Puck, Puck le voyageur, celui qui verse de l’eau dans les tonneaux du marchand de vin et du sable dans la farine du boulanger, celui qui jette son ombre sur les routes où passent les filles du village.
PUCK
Il faut bien s’amuser la nuit.
VOIX DE LA FÉE I, II, III
Et c’est vous aussi le vieux paysan qui se dresse devant les voyageurs égarés pour leur indiquer une route qui n’est jamais la bonne. Ne le nie pas… Puck, je reconnais ta voix.
PUCK
Sauve-toi, fée, voici Obéron.
VOIX DE LA FÉE I, II, III ensembles
Trop tard ! Voici Titania.
SCÈNE 3
Obéron : Pernelle puis Camille
Titania : Athénais
Puck : Anicée
La Fée 1 : Sarah
La Fée 2 : Alyssa
La Fée 3 : Violette
Paraissent, venant de cotés différents, Obéron, et Titania.
OBÉRON Pernelle
Fâcheuse rencontre au clair de lune, n’est-ce pas, ma fière Titania?
TITANIA
Quoi? Comment ? Qu’est-ce qu’il dit? Je ne resterai pas ici une seconde de plus. Venez.
OBÉRON Pernelle
Que personne ne bouge. Titania, tu oublies que je suis ton seigneur.
TITANIA
Pas possible !
OBÉRON Camille
Et ton mari.
TITANIA
Un mari qui change de visage devant toute femme qu’il rencontre, merci, c’est trop pour moi. Tenez, l’autre nuit encore, je surprends un berger jouant du flutiau dans l’herbe, près d’une petite paysanne. qui était donc ce berger-là? Fâcheuse rencontre au clair de lune, n’est-ce pas, Obéron? Et votre voyage aux Indes? Et votre retour soudain à l’annonce des noces de Thésée avec vos amours d’autrefois, cette amazone qui se prend pour quelque chose parce qu’elle s’habille comme un général en chef? Avouez que vous n’êtes revenu par ici que pour jeter dans leur lit le bonheur, et sans doute la fécondité.
OBÉRON
Comment oses-tu me reprocher Hippolyte, toi qui es amoureuse de Thésée?
TITANIA
Moi?
OBÉRON
Le soir où il s’est laissé enlever par la belle Périgénie, qui donc s’est soudain substitué à sa ravisseuse, qui donc a continué d’entrainer Thésée à travers la nuit étincelante? Et qui lui a fait rompre ses engagements avec Eglé, avec Ariane, avec Antiope? Tu ne réponds plus, maintenant?
TITANIA
Pauvres inventions de jaloux ! En vain depuis le début de l’été, nous changeons toutes les nuits notre lieu de rendez-vous, forêts, fontaines, cailloux d’un ruisseaux, vagues de la mer, sifflets du vent, nulle part je n’ai le temps d’éclater de rire que vous ne soyez déjà devant moi bourdonnants et furieux. Et maintenant notre querelle nous dépasse. Elle déborde de tous côtés dans la nature. Le vent est allé au large chercher le brouillard. Le brouillard est venu chercher une rivière, puis une autre. Et voici que le blé vert, qui sentait poindre sa barbe, se trouve pourri avant l’âge. Plus un mouton dans la prairie. Le corbeau est là. Plus un gamin sur le carré où l’on jouait à la marelle. Rien que de l’eau et de la boue, des carcasses de bêtes, des rhumatismes et des quintes de toux. Les quatre saisons se regardent et ne se reconnaissent plus. En plein été, il neige sur une rose. Un bouquet de pâquerettes s’amuse à fleurir sur le crâne chauve de l’hiver. Le printemps et l’automne se trompent de manteau et tirent de leurs poches des produits surprenant. Et les hommes font cercle autour de ces choses sans comprendre rien de ce qu’ils voient. Et ils n’entendent même pas notre discussion qui est la cause de tout.
OBÉRON
Combien de temps avez-vous l’intention de rester dans ces bois?
TITANIA
Jusqu’au mariage de Thésée. Nous danserons à tous les clairs de lunes, si le cœur vous en dit, oubliez tout et venez. Sinon, je vous fais défense de nous tourmenter par vos apparitions.
Elle sort avec sa suite
SCÈNE 4
Obéron : Camille
Puck : Anicée
OBÉRON
Va, cours, danse, amuse-toi. Tu ne sortiras de ce bois que châtiée comme tu le mérites. Viens ici, Puck. Tu te rappelles cette nuit où nous sommes montés en haut d’un promontoire?
PUCK
Je me rappelle
OBÉRON
Et ce dauphin que nous avons vu nager tout prêt du rivage, et qui portait une sirène?
PUCK
Je me rappelle
On entend la sirène de Pauline puis on la voit cependant que Puck et Obéron évoquent son souvenir
OBÉRON
Une sirène qui chantait une chanson si harmonieuse que toutes les vagues la suivaient sans faire de bruit, de la plus grande à la plus petite, et que plusieurs étoiles soudain réveillées tombèrent du ciel.
PUCK
Je me rappelle.
OBÉRON
Aussitôt la sirène disparue, j’ai assisté à un deuxième spectacle. Mais celui-là, mes yeux seuls pouvaient le voir. Cupidon volait doucement, son arc à la main, entre la terre et la lune. Il aperçut et mit en joue la belle Psyché, abandonnée, seule sur son rocher. Sa première flèche ne l’atteint pas, et moi, je notais le point où la flèche avait coché le sol. Puck, va donc me cueillir cette fleur que les filles nomment pensée d’amour. Si tu en fais jaillir la sève sur les paupières d’une personne endormie, homme ou femme, c’est l’amour que tu verses en elle. Tu la verras tomber amoureuse dès son réveil, et de la première créature vivante qui lui apparaitra. Va, rapporte moi cette fleur, et sois plus rapide qu’un vautour.
Puck sort
Quand à Psyché, touchée par la deuxième flèche, elle sentit le vent s’emparer d’elle, la porter jusque dans un palais merveilleux ou des voix invisibles lui dirent qu’elle était là pour servir son époux… La scène de Métamorphose de Psyché a lieu en direct : l’espace change au service de l’histoire…. les ailes de papillon.
A la fin de l’histoire, on retrouve les arbres changés, chargés de désir.
SCÈNE 5
Démétrios : Bryan
Hélène : Noémie
DEMETRIOS
Je ne t’aime pas. Donc, ne me poursuis plus. Va-t’en ! Et Lysandre? Et Hermia? Où sont-ils? Déjà partis? Ou pas encore arrivés? Toi, je ne veux plus te voir courir près de moi comme un épagneul. Tu m’as tout raconté. C’est fini ! Va-t’en !
HELENE
Je ne peux pas. Mon cœur ne m’obéit plus. Il est comme une aiguille aimantée qui tremble nuit et jour dans la même direction. Perdez la force de m’attirer, je trouverai bien moi, la force de ne plus vous suivre.
DEMETRIOS
Comme si je l’avais entrainée de force ! Ne t’ai-je pas répété mille fois que je ne t’aime pas, que je ne t’aimerai jamais ?
HELENE
Et chaque fois que vous me le dites, moi je vous aime un petit peu plus. C’est vrai, je suis votre épagneul, Démétrios, et plus vous me battrez, plus je vous caresserai. Mais au moins, ne me traitez pas plus mal qu’un épagneul. Repoussez-moi, frappez-moi, mais permettez-moi de vous suivre. Car enfin il pourrait y avoir dans un coin de votre cour un peu de place pour un chien. Eh bien ! Cette place, je la rêve pour moi, et je me fais mendiante pour la gagner.
DEMETRIOS
Ne m’oblige pas à trop te mépriser car je souffre déjà quand je te regarde.
HELENE
Moi aussi je souffre quand je vous regarde.
DEMETRIOS
Si j’étais une jeune fille, il me viendrait tout de même une certaine inquiétude à me sentir à la merci d’un homme qui n’a peut-être aucune raison de me ménager.
HELENE
Je me confie à vous
DEMETRIOS
Un pucelage n’est pas lourd sur les balances d’une nuit d’été.
HELENE
Quand je vous regarde il ne fait plus nuit.
DEMETRIOS
Les endroits solitaires parlent peu, mais ils donnent de mauvais conseils.
HELENE
C’est endroit n’est pas solitaire, quand vous me regardez, le monde entier me regarde
DEMETRIOS
Puisque je n’arrive plus à t’arracher de moi, je vais me cacher dans les fougères, et te laisser aux bêtes féroces.
HELENE
La plus féroce vaut mieux que vous. Et si vous continuez à me fuir, il faudra désormais réciter à l’envers toutes les fables qu’on nous a apprises. Il faudra dire que c’est le pigeon qui se jette sur le vautour, et la biche sur le tigre, et Daphné sur Apollon…Possibilité d’évoquer ce mythe en image.
DEMETRIOS
Lâche-moi ! Et ne t’approche plus, ou je t’apprendrai comment un homme peut punir une vierge.
HELENE
Démétrios, tu insultes toutes les jeunes filles si tu en insultes une seule, car en amour nous sommes toutes semblables : faites pour qu’on nous courtise, et non pour courtiser. Mais moi je veux te suivre, et faire un ciel de mon enfer en mourant de la main que j’aime tant.
Démétrios sort suivi d’Hélène
SCÈNE 6
Obéron : Noah
Puck : Anicé
La Fée I : Sarah
La Fée II : Alyssa
La Fée III : Violette
La voix du Rossignol : Héloise
OBERON
Adieu Nymphe, reprends espoir. Avant qu’il soit ressorti de la forêt, cet homme cherchera ton amour, et c’est toi qui le fuiras.
Entre Puck
Eh bien, Puck?
PUCK
Voilà
OBERON
Partageons. Cette nuit, il y a du travail pour deux. Toi, tu découvriras dans le voisinage une jeune Athénienne amoureuse d’un jeune Athénien. Tu les reconnaitras tous deux à leurs costumes. Mouille les yeux du jeune homme, et arrange-toi pour que la jeune fille soit le premier objet qu’il aperçoive.
PUCK
On s’arrangera, Monseigneur.
OBERON
Quant à moi, je vais pousser jusqu’à ces halliers où il y a du thym sauvage, des petites violettes au cœur battant, et le grand chèvrefeuille accoudé sous les étoiles. Et je trouverai l’endroit où Titania s’allonge entre deux danses et s’endort, tandis que les couleuvres changent de peau et laissent flotter aux branches leurs robes de bal. Et retrouve-moi, Puck, au premier chant du coq.
Titania est endormie. Une fée chante, appelant les animaux autour d’elle, puis une seconde fée, puis une troisième fée.
LA FÉE I
Venez, venez vite, chacun à son tour, la chauvesouris, la puce, la vipère, le lézard et le hérisson ! Venez, venez vite, chacun à son tour. Elle dort !
LA FÉE II
Et vous l’araignée, ne vous cachez pas derrière vos grandes pattes. Venez, venez vite. Elle dort !
Elles s’en vont hors de scène, appelant et conduisant ces bêtes.
LA FÉE III
Monsieur Rossignol, répondez-moi vite. Lulla, lulla, lulla by.
LA VOIX DU ROSSIGNOL
Lulla, Lulla, Lulla by.
LA TROISIÈME FÉE
Voulez-vous rester. Elle dort ! Répondez-Moi vite !
LA VOIX DU ROSSIGNOL
Lulla, lulla, lulla by
LA TROISIÈME FÉE
Merci
Parait Oberon. Il presse la fleur sur les paupières de Titania
OBERON
A ton réveil, le premier être vivant qui passera devant tes yeux, tu le suivras en pleurant et tu deviendras sa créature.
Il sort.
SCÈNE 7
Lysandre : Victor
Hermia : Victoria
Entrent Lysandre et Hermia.
LYSANDRE
Mon cher amour, tu n’en peux plus de fatigue et pour te dire la vérité, je ne reconnais plus le chemin. Hermia, si tu le veux bien, nous nous reposerons ici et nous attendrons le lever du jour.
HERMIA
Comme tu voudras, Lysandre. J’ai déjà trouvé mon lit, regarde. Et maintenant, tu n’as plus qu’à trouver le tien.
LYSANDRE
Le miens, le tiens, pourquoi? Un seul cœur, un seul lit.
HERMIA
Oui et non. si tu m’aimes, prouve-le moi en te couchant un tout petit peu plus loin.
LYSANDRE
O mon amour, n’oublie pas que toutes les paroles entre nous, sont des paroles d’amour, et que les paroles d’amour sont toujours innocentes. Ne me refuse pas la moitié de ton lit, car même lorsque je m’allongerai, ma loyauté restera debout, et se promènera entre nous deux.
HERMIA
N’obligez pas votre loyauté à se dépenser tellement. Et pour commencer, ne serrez point ma taille d’aussi prêt. Croyez-moi Lysandre, il faut vous éloigner de moi. Vous trouverez un lit plus loin j’en suis sure. Bonsoir.
Ecoute, Lysandre, je veux faire une prière avant de m’endormir. Puisses-tu m’aimer jusqu’au dernier jour autant que nous nous aimons cette nuit.
LYSANDRE
Amen. Là … j’ai trouvé de quoi me coucher. Et si un jour je ne t’aime plus, puisse mon âme s’éteindre ce jour-là. Hermia, je te souhaite une bonne nuit.
HERMIA
Lysandre, je te renvoie la moitié de ton souhait.
LYSANDRE
Que le sommeil descende sur toi, Hermia
HERMIA
Et qu’il te ferme les yeux, Lysandre.
Ils s’endorment.
SCÈNE 8
Puck : Anicée
Entre Puck.
PUCK
Pas d’Athénien, pas d’athénienne. Je n’entends que la respiration de la nuit. Une respiration curieuse d’ailleurs. Tantôt la nuit respire comme un homme, tantôt la nuit respire comme une femme….
Le Polyane est mis en place en ligne-bloc opératoire. Heloise raconte l’histoire de sa joueuse de handball, passage derriere le plastique+lumières. Metamorphose. Le plastique s’envole.
Imbécile que je suis, c’est mon Athénien et mon Athénienne. Ainsi Mademoiselle est amoureuse de Monsieur, et Monsieur ne l’aime pas, pauvre petite. Naturellement. Et Mademoiselle cherchait à se glisser près de Monsieur qui n’a pas voulu d’elle, pauvre petite. Rustre, malappris, bourreau, voilà pour toi.
Il égoutte sur les yeux de Lysandre le suc de la fleur.
Quand tu t’éveilleras, que l’amour t’emporte. Bonsoir.
Il sort.
La forêt reprend forme très sombre, menaçante.
SCÈNE 9
Démétrios : Bryan
Hélène : Andréa
Démétrios et Hélène arrivent en courant.
HELENE
Tuez-moi si vous voulez. Oui, tuez-moi, mais ne me laissez pas toute seule.
DEMETRIOS I
Ne me provoque plus. Et lâche-moi.
HELENE
Je vais mourir de peur toute seule dans l’obscurité
DEMETRIOS
Je t’ai dit : Lâche-moi
HELENE
Démétrios
DEMETRIOS
Lâche-Moi ou malheur à toi!
Démétrios lui échappe et sort
HELENE
Crier, courir, courir, crier, me voici hors d’haleine. Plus je supplie, moins on m’écoute, tandis qu’Hermia pour être heureuse, n’a besoin que de respirer. Et c’est naturel avec les yeux qu’elle a. Mais d’où vient qu’elle a de si beaux yeux depuis quelques temps? Evidemment, elle ne pleure jamais. Tandis que moi, je suis toujours dans les larmes. Depuis que Démétrios me chasse de lui, je me sens gauche, lourde et vilaine comme une ourse. Les bêtes sauvages elles-mêmes se sauvent avec effroi en m’apercevant. Pourtant Hermia et moi, il nous arrivait bien autrefois de nous pencher toutes les deux sur la même glace et de comparer ses yeux aux miens. Mais qui est allongé là? Lysandre? Endormi ou mort? Je ne vois pas de sang, pas de blessure… Lysandre, si vous êtes vivant, mon cher seigneur, éveillez-vous !
LYSANDRE s’éveillant
Et s’il le faut, je passerai à travers les flammes pour l’amour de vous, Hélène la lumineuse, Hélène la transparente ! Oui transparente et j’entrevois jusqu’à votre cœur qui bat d’amour dans votre poitrine. Mais où est Démétrios ? Il peut être fier de son nom, car c’est le nom d’un homme que j’égorgerai cette nuit.
HELENE
Taisez-vous, Lysandre, taisez-vous ! Que vous importe à vous si Démétrios est amoureux d’Hermia, oui, que vous importe puisque Hermia n’aime que vous seul, et que vous êtes heureux.
LYSANDRE
Moi, heureux avec Hermia? Mais je regrette chacune des minutes que j’ai perdues à côté d’elle!
Non celle que j’aime, ce n’est plus Hermia, c’est vous Helene. Quel est l’homme, dites-moi, qui n’échangerait pas un corbeau contre un pigeon? Je parle de l’homme qui mérite vraiment d’être appelé un homme, enfin de l’’homme dont la volonté n’obéit qu’à la seule voix de la raison. Et voici que ma raison se lève et prend la parole. Je l’entends qui me dit : c’est Helene, c’est Helene que tu dois aimer. Chaque fruit attend son heure, et ma raison attendait la sienne. Car tout, dans la nature se développe avec logique. Et maintenant que je me sens soudain transporté au sommet de la sagesse humaine, le bon sens devient le général en chef de mes sentiments et nul dirige ses armées vers vos yeux ravissants où je lis déjà la première page de la plus belle des histoires d’amour.
HELENE
A mon malheur il ne manquait plus que cela : un homme qui se réveille tout exprès pour se moquer de moi. Mais qu’est-ce qui vous donne le droit de me traiter si mal?
Vous m’avez peut-être entendue supplier Démétrios? Oui, c’est vrai je l’ai supplié, harcelé, pourchassé. Mais vous ne comprenez donc pas que j’ai suffisamment souffert de ses refus, et que mon chagrin n’a plus besoin de vos insultes jeune homme. Après les cruautés de l’autre, les railleries de celui-ci, quelle misère ! Et moi qui vous croyais un cœur généreux, un cour d’ami ! Non, je ne vous reverrai plus jamais. Adieu.
LYSANDRE
Et toi, pendant ce temps, tu dors. Eh bien ! Tâche de dormir, et le plus longtemps possible, et toute la vie si tu peux, ce n’est pas moi qui te réveillerai. L’homme qui change de religion a horreur des dieux qu’il vient de quitter, l’homme qui a une indigestion a horreur du plat qu’il vient de manger. C’est ainsi que j’ai horreur de toi. Et maintenant que je viens de rompre avec Hermia, je vais chercher Hélène. Puissances de l’amour et de la jeunesse, faites-moi retrouver celle que j’aime !
SCÈNE 10
Rêve d’Hermia : La foret se transforme, apparaissent les créatures de kraft : le mur, Héloise, Pauline…passage du groupe le groupe des loups de Lycaon. Les deux serpents de la métamorphose de Tirésias. Un éclair.
SCÈNE 11
Hermia : Victoria
Tiresias : Elvis & Alyssa
HERMIA, se dressant
Au secours Lysandre, tu ne vois pas ce serpent qui rampe sur ma poitrine… Au secours, Lysandre! Mais non, miséricorde, je suis en train de rêver ! Lysandre, tu vois comme je tremble, comme j’ai peur. Figure-toi que je sors d’un rêve atroce…un serpent me dévorait le cœur, et toi, dans mon rêve, tu étais assis à côté de moi tu regardais, et même tu souriais et c’était affreux ! Lysandre !… Lysandre !… Quoi? Tu n’es plus ici? Lysandre, où es-tu? Mais réponds-moi! Mais tu m’as laissée toute seule! J’ai peur. tu vois bien que j’ai peur. Lysandre !… Alors c’est vrai, tu es parti? Lysandre, reviens, si tu ne veux pas me trouver morte.
Elle sort
Passage des serpents- Tiresias
Hermia revient affolée face aux serpents en train de se transformer
TIRESIAS
Je suis Tirésias, l’Homme et la Femme, le plus paradoxal, le plus complètement humain de tous les êtres humains. Ma nature est double, ma science est immense. Ton avenir ressemble à une pelote de serpents. Je le démêlerai devant toi et je te rendrai avec mes deux voix, l’oracle que tu implores. Ecoute et discerne, celui qui a perforé comme une huitre, l’œil du fils, qu’il devienne un poisson sous le trident du père ! Le sol mugit, la mer se dresse au-dessus de toi, les rochers se couvrent d’herbe écarlate. ah oui du sang ! Il en coulera de toutes manières. Et la cruauté de la rame sous les paumes ! Les frondes qui sifflent sur des plages inconnues, les compagnons pourrissant sous une croute de sable et de prière ! Il faudra fuir encore, balloté à l’épaule des vagues !
SCÈNE 12
Bottom : Heloise
Lecoing : Sarah
Puck : Anicée
Snout : Noah
Pendant la tirade de Tirésias est entrée la troupe de comédiens pour répéter.
BOTTOM
Venez les gars, ici c’est parfait comme endroit, regardez : « Ce n’était que Zéphyr, ne nous alarmons pas » Bottom se transforme en âne sur la fin de sa réplique. Il se met à braire et sort la tête dans ses mains.
LECOING
Oh Terrible ! Oh ! Monstrueux ! Nous sommes ensorcelés ! Une prière, camarades, vite, une prière! Et sauve qui peut ! Au secours !
Ils sortent en fuyant.
PUCK
Et moi, je vous donnerai la chasse, je vous ferai galoper à travers les halliers, les marécages, les buissons et les ronces. Je serai le cheval, le chien, le cochon, l’ours et la flamme.
Bottom revient seul avec une tête d’âne
BOTTOM
Pauvres idiots qui veulent me faire peur !
SNOUT
Oh Bottom, comme te voilà changé ! Qu’est-ce que je vois?
BOTTOM
Ce que tu vois ? Je vais te le dire : Une tête d’âne, la tienne.
Snout se sauve, Lecoing revient.
LECOING
Adieu Bottom et Dieu te protège !
Il se sauve
SCÈNE 13
Bottom : Heloise
Titania : Athénais
Fleur des Pois : Violette
Toile d’Araignée : Sarah
Papillon : Alyssa
Grain de moutarde : Noah
BOTTOM seul
Il ne faudrait tout de même pas me prendre pour un âne. Messieurs, nous savons ce que c’est qu’une farce. Mais vous aurez beau faire, je ne bougerai pas d’ici. Tenez, je me promène de long en large, et je chante comme un homme qui n’a peur jamais peur de rien.
Il chante… Il s’arrête de chanter
Car vraiment, de quoi aurais-je peur? Je vous le demande.
Il recommence à chanter de plus en plus fort pour se donner du courage.
Titania se réveille.
TITANIA
Où est-il l’ange qui me réveille au milieu des fleurs ?
Bottom continue à chanter.
TITANIA
Je t’en supplie, Ô charmant mortel, chante encore. Mes oreilles sont amoureuses de toutes les notes de ta voix, mes yeux sont amoureux de ton visage. Car tu es beau, et ta beauté dégage une force qui me jette à tes pieds et m’oblige, sous ton premier regard, à te crier que je t’aime.
BOTTOM
Madame, vous n’êtes pas raisonnable. D’ailleurs, c’est bien connu, la Raison et l’Amour ne se promènent guère de compagnie, surtout par le temps qui court. Et c’est grand dommage que d’honnêtes voisins n’essaient pas de les réconcilier. Vous voyez qu’on sait badiner avec les dames, à l’occasion.
TITANIA
Tu es aussi intelligent que tu es beau
BOTTOM
N’exagérons rien. si j’arrive à sortir de cette foret d’une manière ou d’une autre, je me trouverai bien assez intelligent pour cette nuit.
TITANIA
Et pourtant, tu devras demeurer dans ce bois, mon amour, que tu t’y prêtes ou que tu résistes. Apprends-le, l’été lui-même là où je m’arrête, reste immobile. Et je t’aime. Et je te donnerai, pour te servir, tous les esprits qui planent autour de moi, du plus pesant au plus léger. Et les perles rouleront jusqu’à tes mains, du fond de l’océan. Et tes chansons tomberont dans tes oreilles par toutes les bouches de la nature. ainsi je te chasserai peu à peu de ton corps, tu prendras la transparence de l’air, et toi-même tu seras devenu mon esprit familier.
Elle appelle
Fleur des pois, Toile d’Araignée, Papillon, Grain de Moutarde.
FLEUR DES POIS
Oui
TOILE D’ARAIGNÉE
Oui
PAPILLON
Oui
GRAIN DE MOUTARDE
Oui
TITANIA
Soyez aimables envers ce gentilhomme. Faites qu’il rie, qu’il s’étonne, qu’il ait plaisir à respirer sur la terre. Nourrissez d’abricots, de groseilles, de figues vertes et de mures. Que l’abeille vous jette sa gouttelette de cire, et le ver luisant son étincelle, et qu’on agite ces milliers de torches autour du souper de mes amours. Et pour commencer, saluez-le. C’est un mortel, mais vous lui devez vos courtoisies.
FLEUR DES POIS
Salut, mortel.
TOILE D’ARAIGNÉE
Salut !
PAPILLON
Salut !
GRAIN DE MOUTARDE
Salut !
BOTTOM
Je rends grâce à Vos Seigneuries. Votre Seigneurie voudrait-elle me dire son nom?
TOILE D’ARAIGNÉE
Toile d’Araignée
BOTTOM
Je vous demande votre amitié, monsieur Toile d’Araignée. Si je me coupe le doigt, je prendrai avec vous certaines libertés. Votre nom, monsieur?
FLEUR DES POIS
Fleur des pois.
BOTTOM
Présentez mes respects je vous prie à madame votre mère la Fève et à monsieur votre père le Pois chiche. Cher Monsieur Fleur des Pois, j’ai l’impression que nous sommes appelés à faire plus ample connaissance. Et vous monsieur votre nom?
GRAIN DE MOUTARDE
Grain de moutarde.
BOTTOM
Cher Monsieur Grain de Moutarde, je connais toute l’histoire de vos malheurs, et comment un géant nommé Roastbeef a dévoré bien des gentilshommes de votre maison. Vous appartenez à une famille qui m’a souvent arraché des larmes, chez Monsieur Grain de Moutarde.
TITANIA
Allez ! Faites-lui escorte. Conduisez-le jusqu’à mon berceau. La Lune, je crois, nous observe, les yeux humides, et quand elle pleure, toutes les fleurs, et les plus petites, pleurent aussi, et se lamentent sur quelque virginité perdue. Enchainez la langue de mon bien aimé et conduisez-le en silence.
SCÈNE 14
Dans le bois enchanté de Titania, le Petit bouddha, l’histoire Galatée la femme statue (Camille/Noah), de Narcisse le garçon fleur (Kerenn-Raphaelle)…
SCÈNE 15
Obéron : Violette
Puck : Anicée
PUCK
Ils ont fui devant moi comme une volée de corneilles sous les détonations d’un mousquet. A la vue de leur frayeur, les plantes elles-mêmes ont reçu la permission de les attaquer. ronces, branches, épines, tout s’accrochait à leurs vêtements et faisait voler tour à tour une manche d’habit, un pan de chemise ou la coiffe d’un chapeau. Quant à Bottom, la tête que je lui ai posée sur les épaules s’est mise à braire à tous les échos. Et voilà notre Titania amoureuse d’un âne.
OBÉRON
Le hasard et toi, vous avez assez bien fait les choses. Mais ce n’est pas tout. Et l’Athénien dont je t’avais parlé, l’as-tu trouvé?
PUCK
Dormant à côté de la demoiselle. Et pour lui, tout est prêt. Qu’il s’éveille, qu’il ouvre les yeux sur elle, et l’amour commence.
OBÉRON
D’ailleurs il est éveillé, il arrive. Le voici.
PUCK
C’est bien la même fille, mais ce n’est pas le même garçon.
Entrent Démétrios et Hermia.
SCÈNE 16
Démétrios : Alexandre
Hermia : Pauline
DÉMÉTRIOS
Pourquoi fuyez-vous? Pourquoi repoussez-vous celui qui vous aime tant?
HERMIA
Prends garde que tout à l’heure je ne te poursuive comme le remord.
DÉMÉTRIOS
Gardez vos reproches pour un autre.
HERMIA
Pour un autre ? Pour quel autre? Pour celui que tu as peut-être tué? Ah Démétrios, si tu as le sang de Lysandre sur les mains, n’hésite plus, couvre-toi de sang tout entier, achève-moi. Lysandre et moi, nous étions l’un à l’autre, plus fidèles que le feu et la lumière. Est-ce lui qui aurait jamais abandonné son Hermia endormie? Autant me raconter que la lune s’apprête à lever son sabre pour couper la terre en deux. Non ! Tout me dit que tu viens de l’assassiner. Mais oui ! Ce regard que tu as, ce visage blafard et stupide, cette démarche de fantôme… tu es un assassin.
DÉMÉTRIOS
Non, Hermia. S’il y a un homme assassiné, ici, c’est moi, car je suis malheureux, Hermia. Et vous qui êtes mon malheur, mon supplice, ma mort, vous êtes là, et vous me regardez avec ces yeux plus étincelants que l’étoile qu’on appelle Vénus.
HERMIA
Quel rapport avec mon Lysandre! Où est Lysandre? Où est-il? O Démétrios, mon bon Démétrios, rends-le moi, veux-tu?
DÉMÉTRIOS
J’aimerais mieux jeter sa carcasse à mes chiens.
HERMIA
Chien toi-même, va-t’en ! C’est donc vrai, tu l’as tué. Non, pour une fois, dis-moi la vérité. Parle. Mais parle-donc, ne serait-ce que par amour pour moi. Tu l’as surpris pendant son sommeil, n’est-ce pas? Autrement, tu n’aurais jamais osé l’attaquer. Pour approcher de son ennemi, Démétrios ne sait prendre que le chemin des reptiles. Démétrios ne se bat pas. Il tue, et il se sauve.
DÉMÉTRIOS
Je vous répète que je ne suis coupable de rien, que je ne sais rien.
HERMIA
Alors, jurez-moi qu’il est vivant.
DÉMÉTRIOS
Et si je vous le jure, que me donnerez-vous en échange?
HERMIA
Une promesse. Celle de ne plus jamais vous revoir. Et là-dessus, adieu.
Elle sort
DÉMÉTRIOS
Que faire? La suivre? Peine perdue. Mieux vaut attendre. Attendre quoi? Le chagrin est un marchand d’insomnie et l’insomnie un marchand de chagrin. Et le sommeil est un banquier qui me doit beaucoup d’argent. Peut-être va-t-il me donner un petit acompte, si j’attends ses offres.
Il se couche.
SCENE 17
Obéron : Elvis
Puck : Anicée
OBÉRON
Et voilà ce que tu as fait. Au lieu d’un couple mal assortit, nous en aurons deux.
PUCK
La race des hommes n’en n’est plus à deux mauvais ménages près.
OBÉRON
Je vais essayer de réparer ta maladresse. Toi, pars, retrouve l’autre jeune fille d’Athènes, et incline doucement sa promenade jusqu’à cet homme endormi.
PUCK
C’est dit. Mon esprit prend la forme d’une flèche, et j’obéis.
Il sort
Obéron verse le suc de la fleur sur Démétrios
OBÉRON
On s’endort en aimant Hermia, on se réveille en ne l’aimant plus, et la première fille qui passe se met à briller soudain comme l’étoile qu’on appelle Vénus.
Puck revient
PUCK
Monseigneur, Helene est à deux pas d’ici. Mais son nouvel amoureux-et c’est bien sa faute s’il est amoureux d’elle-court sur ses talons dans un grand vacarme de serments d’amours. Querelles de fous, charmante musique pour une nuit d’été.
OBÉRON
Tant mieux. Leurs cris vont éveiller Démétrios.
PUCK
Démétrios, Lysandre, deux garçons à la fois, joli début pour une demoiselle. Je m’installe au premier rang.
SCENE 18
Entrent Lysandre et Hélène
Lysandre : Léonard
Hélène : Raphaelle
Démétrios : Alexandre
LYSANDRE
Pourquoi vous obstiner à dire que je me moque de vous? Si je me moquais de vous, pourrais-je pleurer en même temps? Regardez-moi, Hélène, j’ai les yeux pleins de larmes. Qu’importe ce que je vous dis, n’écoutez que mes larmes : elles vous jurent que je vous aime.
HÉLÈNE
Votre comédie n’en est que plus atroce. Les mêmes paroles que je vous ai entendu dire à Herrmia, vous me les jetez à la tête par dérision, et vous reprenez jusqu’aux accents de la vérité pour me bafouer un peu plus. Mais vos serments d’hier soir font contre poids à ceux de cette nuit, et le tout me parait aussi léger que le vent.
LYSANDRE
Ne parlons plus jamais d’Hermia. Le bon sens m’est revenu en vous voyant.
HÉLÈNE
Curieux bon sens qui revient avec tous les grelots de votre folie pour Hermia.
LYSANDRE
Toujours Hermia ! Qu’importe Hermia ! Il lui reste Démétrios qui l’aime et qui ne vous aime pas.
Démétrios se réveille et voit Hélène
DÉMÉTRIOS
Hélène ! Ma déesse, ma nymphe, mon amour ! Je te regarde, et voici l’univers qui se met à scintiller sous mes yeux comme du cristal. Tes lèvres m’appellent comme les premières cerises de l’année, ta main se soulève comme un peu de neige sous le vent d’est. O Hélène, dis à mes lèvres qu’elles peuvent se poser sur cette main, sur la petite princesse des neiges qui est devenue cette main-là, dis-le, mon amour, mon extase, ma béatitude !
HÉLÈNE
C’est à devenir enragée ou folle. Les voilà qui se donnent le mot tous les deux, et quand l’un a fini, c’est l’autre qui commence. Rivaux pour l’amour d’Hermia, les voici également rivaux pour se moquer d’Hélène. Oui, tous les deux, vous me méprisez. Mais puisque je le sais, puisque je l’accepte, n’est-ce pas suffisant? Et faut-il encore que je vous serve de jouet ou de bouffon? Si vous étiez réellement ce que vous paraissez être, des hommes, vous n’auriez pas le cœur de poursuivre mon malheur de vos quolibets. Admirable exploit ! Vraiment, héroïque entreprise que d’arracher des larmes à une fille déjà désespérée !
LYSANDRE
Oui, tu es trop cruel, Demetrios. Celle que tu aimes c’est Hermia, nous le savons tous. Eh bien ! Je vais te parler en plein connaissance de cause, en toute loyauté. Je t’abandonne, et de grand cœur, tous les droits sur Hermia. En échange, je te demande les tiens sur Hélène. Et cela devant Helene qui m’écoute, et que j’aimerais jusqu’à la mort.
HÉLÈNE
Jamais deux compères n’ont poussé le jeu aussi loin.
DÉMÉTRIOS
Ton Hermia, tu peux la garder, moi je n’en veux plus. Si je l’ai aimée, c’est fini. Mon cœur n’a séjourné chez elle que le temps qu’on passe dans une auberge. Le voilà revenu à son foyer, chez Hélène, et il n’en bougera plus.
LYSANDRE
Hélène, ne l’écoute pas : il ment.
DÉMÉTRIOS
Tais-toi ! Tu calomnies ce que tu ne connais pas et tu pourrais bien t’en repentir. Tiens ! La voici, ton Hermia, la voici, ta bien-aimée. Bon voyage, Lysandre.
SCENE 19
Hermia : Keren
Lysandre : Léonard
Hélène : Raphaelle
Démétrios : Alexandre
Entre Hermia
HERMIA
Que la nuit est donc malicieuse ! Elle vous met un bandeau sur les yeux, et vous envoie comme guides tous les bruits de la forêt. En plein jour, je ne t’aurais peut-peut-être pas entendu, et c’est l’obscurité qui m’a permis de courir jusqu’à toi. Méchant, pourquoi m’as-tu laissée courir toute seule?
LYSANDRE
Pourquoi serait-il resté, celui qui a vu passer l’amour?
HERMIA
Mais, je ne bougeais pas !
LYSANDRE
Celui qui a vu passer Hélène, Helene la charmante, Helene qui glisse dans la nuit comme un rayon doré, et toutes les étoiles en clignent des yeux, et les globes du ciel en deviennent pâles. Mais comment oses-tu venir me chercher ici ? Ne comprends-tu pas que, si je t’ai quittée, c’est d’abord parce que je te hais?
HERMIA
Vous ne pensez pas ce que vous dites, c’est impossible.
HÉLÈNE
Horreur ! Elle est du complot, elle aussi ! Elle a tout préparé, décidé, machiné, avec eux, et elle accourt pour m’achever sous leurs yeux. Ainsi, c’est toi Hermia, qui changes de camps et te mets du côté des garçons? C’est toi qui viens prolonger ce jeu qui fait de moi leur souffre-douleur? Hermia, qu’as-tu fait de nos confidences, les tiennes, les miennes, de nos promenades, de nos promesses sous les murs de l’école? Tout cela, toute notre amitié raide et impatiente, tu l’as donc oubliée? Et pourtant, Hermia, que de fois, pareilles à deux déesses brodeuses, nous avons, du bout de nos aiguilles, créé ensemble un arbre, ou une fleur. Rappelle-toi, nous étions assises sur le même coussin, penchées sur le même métier, fredonnant la même chanson, comme si nos mains, nos corps, nos voix, nos âmes eussent été confondues. Une boucle de cerises au bord d’une branche, voilà ce que nous étions. Deux fruits, mais une seule attache ; deux chairs, mais un seul cœur.
Et voilà ce que tu déchires en ce moment, toi, une amie, toi, une fille, toi qui te ligues avec les garçons pour mieux les amuser de ma honte. Mais cette insulte, tu crois peut-être qu’elle ne s’adresse qu’à moi seule? Détrompe-toi. Notre sexe tout entier la ressent et il aurait le droit de te la reprocher un jour.
HERMIA
Je ne comprends pas le premier mot de toute cette colère. Et d’abord, de quelle insulte parles-tu? Si l’une de nous deux se trouve ici insultée par l’autre, il me semble que c’est moi.
HÉLÈNE
Et qui a lancé sur moi Lysandre et ses compliments ridicules? Et ton autre amoureux, Démétrios, lui qui tout à l’heure me repoussait presque du bout de son pied, qui donc lui a soufflé l’idée de m’appeler sa nymphe, sa déesse, son extase, que sais-je encore? Comme si j’avais oublié qu’il me déteste? Et Lysandre, lui qui est tout amour pour toi, comment ose-t-il me crier qu’il ne t’aime plus? Comment l’oserait-il sans ta permission? Oui, bien sur, je ne suis ni fêtée ni heureuse, et j’aime, c’est la pire des misères, un homme qui e m’aime pas. Mais que t’importe à toi ! Tu devrais me plaindre et non me poursuivre et m’accabler.
HERMIA
Je ne comprends plus rien à ce qu’elle dit
HÉLÈNE
Va, continue. Et vous aussi. Prenez tous des petits airs tristes. Et dès que j’aurai le dos tourné, étouffez bien vos rires, que je ne les entende pas. Mais oui, faites-vous des signes entre vous. La plaisanterie est bonne, continuez-là. Et demain, vous pourrez la claironner par toute la ville. Tant pis pour moi, ce qui m’arrive est en partie ma faute. Mais la fuite ou la mort me serviront d’excuses. Adieu !
LYSANDRE
Non, Hélène, ne me quittez pas, je vous demande pardon, mon amour, mon bonheur, mon âme.
HÉLÈNE
Oh ! de mieux en mieux.
HERMIA
Lysandre, je te supplie de ne pas te moquer d’elle.
DEMETRIOS
Si les prières ne suffisent pas, nous pourrons essayer la force.
LYSANDRE
Va, tes menaces n’y changeront rien, pas plus que les prières d’Hermia. Hélène, je vous aime, je vous le jure sur ma mort, et je le prouverai au premier qui osera déclarer que je ne vous aime pas.
DEMETRIOS
Et moi je déclare que le seul qui t’aime, de nous deux, c’est moi.
LYSANDRE
Si tu maintiens ce que tu dis, viens.
DEMETRIOS
Parfaitement. Et tout de suite.
Ils sortent
HERMIA
Toute cette querelle est votre ouvrage. Oh ! N’essayez pas de vous éloigner, madame.
HELENE
Non, madame, je n’ai pas assez confiance en vous pour rester ici, car nous vous connaissons, madame. Quand il s’agit de se battre, vous avez la main plus preste, mais quand il s’agit de courir, c’est moi qui ai les jambes les plus longues.
Elle s’échappe et sort
HERMIA
Je suis trop ahurie pour me taire. Ou pour parler.
Elle sort.
SCÈNE 20
Obéron : Elvis
Puck : Anicée
OBERON
Et voilà le résultat de ton étourderie ou de tes malices. Avec toi, on ne sait jamais.
PUCK
Prince des nuits, je n’ai fait que vous obéir. Je devais reconnaitre un garçon à son costume d’Athènes. Me suis-je trompé de costume?
OBERON
Allons, lève-toi, toi, dépêche-toi, travaille. Je veux autant de nuages que d’étoiles, et une nuit aussi épaisse que le fleuve des morts.
PUCK
Nous avons juste le temps. Il se fait dans le ciel un grand remue-ménage d’animaux. Le premier feu du matin vient de se poser sur l’horizon. Les morts poursuivent avec angoisse le visage noir de ,la nuit et les voici qui filent par troupes, chacun vers son gite.
Par mont et par vaux, il y a des échos et des feux follets et les amoureux n’auront point de repos.
Sur le geste de Puck, Cataclysme général, catastrophe naturelle Transformation ultime et contemporaine (Hulk/TOkyo Goulh…).+ effet lumière.
PUCK
Voici l’heure où le lion rugit, où le loup hurle à la lune, tandis que le paysan ronfle, sa journée faite. Voici l’heure où la chandelle crépite et va s’éteindre, tandis que la chouette jette sa plainte qui secoue le malade sous ses draps, et soudain lui glisse l’idée qu’il est mort. Voici l’heure où les cimetières s’ouvrent et lâchent leurs fantômes.
Et nous, les esprits follets qui dansons sur les quatre chevaux de la lune, comme des rêves sur un homme endormi, voici l’heure de notre bon plaisir. Aucune souris n’ose plus remuer la patte dans le grenier de cette maison. Car me voici, moi, le premier du cortège, avec ce grand balai pour enlever la poussière devant la porte.
Au coup de balai de Puck, chacun s’envole léger comme l’air, la poussière, tout le monde sort.
SCÈNE 21
A : Pernelle
Jeu des gestes qui sont séparés de la voix
A
6034ème jour
Je me réveille à deux heures de route dans le corps d’une certaine Katie. Katie ne le sait pas encore, mais elle part aujourd’hui très loin d’ici. Son quotidien va sans doute en être chamboulé-mais cela ne durera pas. Tout rentrera vite dans l’ordre. Pour l’adolescente, qui a toute la vie devant elle, cette journée ne sera finalement qu’une légère aberration, à peine une anecdote.
Pour moi, en revanche, il s’agit d’un tournant. Le début d’un présent qui s’inscrit enfin dans un passé et un avenir.
Pour la première fois de ma vie, je largue les amarres.
Elle sort en « l’air ».