Un 9 novembre 2034 de rêve

Voici le compte-rendu de nos improvisations du 9 novembre 2017, qui, il faut bien le reconnaître, sont parties dans toutes les directions... Mais peut-être quelques situations à creuser?

 

 

Le 9 novembre 2034, à 9h12,  je me trouve à l’aéroport Jean-Marie Le Pen, prête à partir faire le tour du monde avec mon copain.

Le 9 novembre 2034, je suis au comble du bonheur. Je suis marié depuis quelques années et j’ai deux filles. Demain, c’est mon anniversaire et mes filles vont sûrement m’offrir le dernier « earphone ». C’est une oreillette, équipée d’une sorte de videoprojecteur. Je soupçonne ma femme de vouloir m’offrir la dernière Audi aéro-propulsée, celle qui flotte sans roue à cinquante centimètres du sol.

Le 9 novembre 2034, je suis psychologue pour enfants dans une petite ville et je me réjouis d’avoir beaucoup de clients, car les enfants que m’amènent leurs parents se sentent de plus en plus délaissés.

Le 9 novembre 2034, je vis dans une petite ville en Asie, loin de tous les problèmes et de la civilisation, avec un chien et tous mes amis dans une maison. Nous sommes totalement auto-dépendants, et à l’écart du monde.

Le 9 novembre 2034, je suis en train de regarder le classico PSG-OM.

Le 9 novembre 2034, je suis sur la Lune.

Le 9 novembre 2034, je suis marié, j’ai un bon travail, et un bon gouvernement qui a réussi à supprimer tous les problèmes économiques, environnementaux et sociaux et aussi tous mes problèmes personnels.

Le 9 novembre 2034, je suis une personne libre. Au chômage, parce que les métro n’ont plus besoin de conducteurs. Alors je parcours le monde grâce à l’argent que j’ai épargné et je vis moultes aventures en passant par la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Ouzbékistan.

 

 

Le 9 novembre 2034, elle se trouve dans son jet privé et son stewart personnel est en train de lui apporter une coupe de champagne. Elle adore avoir un mec à son service. Elle s’amuse à lui demander des trucs de ouf pour voir jusqu’où il pourra aller.

 

Le 9 novembre 2034, ils se trouvent à l’aéroport Jean-Marie Le Pen. C’est l’ancien aéroport Charles de Gaulle mais entièrement rénové : un bâtiment transparent, couvert de plantes. On y attend sur des chaises massantes. Il est ravi à l’idée de faire un tour du monde des drogues : ils visiteront d’abord le nouveau monde, l’Asie, puis les anciens continents, les Amériques et l’Europe. Ils ne feront évidemment que survoler l’Afrique. Malheureusement elle découvre qu’elle a perdu son passeport : sa multicarte a été téléportée par erreur quelque part. Ils finissent par la découvrir dans les toilettes.

 

Le 9 novembre 2034, Mlle Blux, psychologue pour enfants addictifs reçoit la visite d’une nouvelle cliente qui lui amène son fils âgé de douze ans. Celui-ci souffre depuis plusieurs années déjà d’une double addiction à l’alcool et à la drogue. La cliente demande à ce qu’on fasse passer son fils à la machine à laver le cerveau : le traitement est douloureux, mais rapide et définitif. Au bout de quelques minutes de machine à laver, l’enfant voit son cerveau entièrement régénéré : la maman a pu choisir que l’addiction à l’alcool de son fils soit remplacée par un goût exclusif pour le Coca Cola et son addiction aux drogues par une passion pour le football. Mais Mlle Blux incite la maman imprudente à la vigilance et à l’amour : il n’est pas possible de laver plus d’une fois le cerveau d’un enfant.

 

Le 9 novembre 2034, il arrive dans une petite maison en Asie. Il a gagné un voyage dans un monde authentique et il arrive dans la communauté qui doit l’héberger. Jusque-là, comme tout le monde, il s’était fait implanter une carte mémoire dans la tête et, depuis son CP, il avait fait ainsi plusieurs fois le tour du monde et même de certaines planètes du système solaire. Mais là, ce n’est pas pareil. Il voyage vraiment. Il rencontre des gens nouveaux.

Son hôtesse, une fille aux cheveux en bataille et habillée d’un drap de moine blanc lui fait goûter de la « beu martienne ». A partir de là, il voit la réalité : des rats qui viennent sans crainte manger la nourriture dans les assiettes, dans un coin un chien sans tête, le ciel pour plafond, la télé entièrement rose.

 

Le 9 novembre 2034, Paris a entièrement envahi l’Ile de France. Partout des bidonvilles remplis d’immigrants. Heureusement il a économisé assez d’argent pour pouvoir partir en Bretagne.

 

Le 9 novembre 2034, un couple vient de gagner à « Questions pour un martien ». Ils ont désormais assez de moyens pour se payer un petit appartement de rêve sur la planète Terre. Malheureusement ils sont obligés d’abandonner Benjamin, leur fils. Ils lui font leurs adieux, l’assurant qu’ils espèrent que son avenir sera meilleur. Il ne peut pas les accompagner car il est attaché à cette maison sur la planète Mars.

 

Le 9 novembre 2034, il regagne son appartement au sommet d’une tour dans un Paris glacial. Il est furieux de découvrir qu’elle a encore pris de la « beu martienne » mais elle est euphorique, en pleine rencontre avec un personnage invisible.

Elle le convainc de vérifier que leur aspirateur à chaleur fonctionne bien, puis de consommer à son tour du produit magique pour oublier tous leurs problèmes. Il se laisse tenter. Il rencontre lui aussi le personnage invisible et, tous les trois, voire tous les quatre, car il est fort possible qu’une femme invisible ait fait sa merveilleuse apparition, ils se baignent dans une piscine délicieusement tiède.

Malheureusement, lorsqu’ils en sortent, l’homme et la femme réels ont superfroid. Ils découvrent que l’aspirateur à chaleur ne fonctionne plus, sans doute parce qu’ils ont oublié de régler la location ou que leur prélèvement a été refusé. Ils vont mourir gelés. Les deux personnages invisibles leur disent qu’il existe un moyen radical d’échapper au froid : grimper encore d’un étage, directement dans le ciel, définitivement tiède. Mais pour cela il faudrait reprendre un peu de « beu martienne ». Leur dernière provision.

Par monsieur boubou | le 15 novembre 2016 23:14