oeil de minerve ISSN 2267-9243 - Mot-clé - socialismeRecensions philosophiques2023-12-27T09:56:23+01:00Académie de Versaillesurn:md5:b5151268a8c1e471830557044d755c66DotclearJohn Stuart Mill, Sur le Socialisme, Belles Lettres 2016, lu par Jean-Baptiste Bertinurn:md5:e2f682d425a8c1e0298110ead3e15b082017-07-19T06:00:00+02:002017-07-19T15:03:24+02:00Florence BenamouPhilosophie politiquecapitalismeinégalitéjustice et moralemisèrePropriétésocialismetravailéconomie<p><strong>John Stuart Mill, <em>Sur le Socialisme</em>, trad. Michel Lemosse, bibliothèque classique de la liberté, Les Belles Lettres, Paris, 2016.</strong></p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="15450.jpg" class="media" height="289" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/.15450_m.jpg" width="185" />
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<p style="text-align: justify;">En début d’année, les éditions Les Belles Lettres ont publié la première traduction française d’<em>On Socialism</em>, bref texte posthume paru en 1879, 6 ans après la mort de John Stuart Mill, qui regroupe les notes rédigées à partir de 1869 par le philosophe anglais en vue d’un ouvrage de fond sur le sujet, qu’il n’aura pas le temps de terminer. Entre notes de lecture et ébauches de chapitres, qu’il aurait sans doute éditées, cet « essai » n’en constitue pas moins une lecture consistante et profitable encore aujourd’hui, grâce à la clarté stylistique et conceptuelle et à la probité intellectuelle de Mill. Il analyse avec lucidité les méfaits de la société capitaliste tout en parvenant à prévoir les risques politiques et économiques associés au socialisme.</p> <p>Libéral – au sens où il défend la liberté individuelle contre les hiérarchies et normes sociales traditionnelles – et progressiste – il vient de publier son grand ouvrage féministe <em>The Subjection of Women</em> et promeut le suffrage universel –, Mill est déjà une figure connue et reconnue de la gauche anglaise – il est député du Parti libéral entre 1865 et 1868 –, lorsqu’il entreprend d’étudier et d’évaluer le socialisme. Dès la révolution de février 1848 il lit les auteurs socialistes comme Owen, Louis Blanc (avec lequel il devient ami lorsque celui-ci est exilé en Angleterre) et Fourier. Il y est surtout incité par le scandale que constitue la misère persistante des classes laborieuses malgré la croissance économique de la société capitaliste anglaise et face à l’opulence de la bourgeoisie. Misère et inégalité qui ont pour conséquence l’absence de liberté de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître en héritant – situation que Mill qualifie de « quasi-esclavage ». Au point que le socialisme peut apparaître comme la suite logique de son engagement pour la liberté, comme en témoignent ces lignes de son <em>Autobiography</em> : « Notre idéal ultime de progrès allait bien au-delà de la démocratie et nous rangeait catégoriquement sous la bannière socialiste ».</p>
<p> </p>
<p>Mais la lecture d’<em>On Socialism </em>amène à nuancer cette affirmation. Le rapport au socialisme de Mill reste problématique. S’il a manifesté une sympathie croissante pour les théories socialistes à partir de 1848 et s’il veut leur donner leur chance sans préjugé ni dogmatisme, ce n’est pas pour tomber dans le dogmatisme opposé. Il prétend soumettre à « un examen impartial » la pertinence des critiques socialistes du mode de production capitaliste tout comme les solutions économiques et politiques concrètes défendues par les auteurs socialistes.</p>
<p> </p>
<p>Le livre se présente sous la forme de 4 chapitres, précédés d’une introduction. Dans celle-ci Mill pose de manière très pertinente la nécessité de s’intéresser au socialisme. La démocratie et l’universalisation du vote, dont il juge inéluctable la progression, font que pour la première fois ceux qui ne possèdent rien d’autre que leur force de travail vont peser de façon légale sur les décisions politiques. Ne possédant aucun bien de production ils n’ont <em>a priori</em> aucun intérêt à défendre le système juridico-économique en place, dont l’un des principes est le droit de propriété privée. Mill soutient que rien ne justifie absolument parlant ce droit ; qui n’est pas un droit naturel, à la différence de ce qu’affirmait Locke. Il est donc tout à fait légitime que les socialistes le remettent en question. Si la propriété privée doit être conservée, ce n’est pas au nom de la tradition, ni d’un dogme, ni au nom de l’intérêt privé des possédants, mais d’une analyse rationnelle prenant pour principe le bien-être social total, dans une perspective utilitariste. Mill pose alors une série de questions : ceux qui n’ont rien ont-ils intérêt à défendre la propriété privée ? Un système socialiste de production serait-il plus en accord avec les intérêts de la classe ouvrière ? La différence entre riches et pauvres est-elle nécessaire ou peut-elle être abolie, comme a été abolie la différence entre nobles et roturiers ? Quels sont les mérites des différents types de socialismes, tant du point de vue du fond (qu’est-ce qui est mis en commun ?) que de la forme (socialisme coopérativiste, expérimental et réformiste contre socialisme révolutionnaire, centralisateur et étatiste) ?</p>
<p> </p>
<p>La première partie est consacrée à l’énumération des reproches que les socialistes adressent au système de production capitaliste. Mill cite abondamment les œuvres de Louis Blanc, du socialiste anglais Robert Owen et du fouriériste Victor Considerant. A leurs yeux, les principes qui régissent la production et la distribution des richesses dans la société capitaliste engendrent plus de maux que de biens. Ils maintiennent les ouvriers dans une pauvreté dont ils ne peuvent sortir : ne recevant que le strict nécessaire pour survivre, ils ne peuvent épargner. Misère qui ne repose sur aucune forme de justice, bien au contraire. Mill aborde également la question de l’immoralité qui est à la fois à la source de la société capitaliste (égoïsme, matérialisme, avidité) et sa conséquence (oisiveté du riche et tentation du pauvre). Il fait également droit aux critiques économiques : le système reposant sur la propriété privée du capital est au fond peu productif, en raison de son manque d’organisation et des nombreux intermédiaires inutiles qui peuvent s’interposer entre le producteur et le consommateur. Par ailleurs, La surpopulation des classes laborieuses entraine nécessairement baisse des salaires, chômage de masse et crise de subsistance pour la majeure partie de la population. Enfin, le capitalisme concurrentiel est accusé de tendre naturellement vers un monopole, au profit de ceux ayant assez de capital au départ pour vendre à perte et éliminer la concurrence. Ce qui produirait un appauvrissement quasi général et une nouvelle forme de féodalité.</p>
<p> </p>
<p>Dans le deuxième chapitre Mill évalue la pertinence de ces critiques. Quelle part du malheur dans la société de son temps vient-elle d’une nécessité naturelle ? Quelle part a-t-elle pour principe l’organisation économique de cette société ? Peut-on corriger certains des défauts de cette dernière sorte tout en restant dans le cadre de la propriété privée ? Mill commence par rétablir certains faits : contrairement à ce qu’écrit Louis Blanc il est empiriquement faux de dire que les salaires baissent ou que la surpopulation engendre chômage et crise de subsistance. Il relève ensuite les mérites de la concurrence, qui parvient à diminuer le coût des produits de consommation. Mill propose alors de mettre en place des lois empêchant que le système concurrentiel ne devienne un monopole tout en restant dans le cadre du système de la propriété privée. Dans la partie peut-être la moins étayée et convaincante du livre, le philosophe utilitariste cherche ensuite à justifier la juste rémunération du capital privé, en ne la distinguant peut-être pas assez, contrairement à ce nous ferions aujourd’hui, de la rémunération du travail de management du capitaliste. Cette rémunération n’est peut-être pas justifiable en soi, mais seulement dans la mesure où le système capitaliste est plus efficient économiquement que le système socialiste ; comparaison que cherche à établir Mill dans le chapitre suivant.</p>
<p> </p>
<p>Le troisième chapitre porte en effet sur les difficultés inhérentes au socialisme. Mill établit une distinction entre deux formes de socialismes. D’un côté le socialisme révolutionnaire, qui veut abattre l’économie capitaliste et sa structure politico-juridique sans définir précisément par quoi la remplacer ni chercher à prouver expérimentalement que le socialisme fonctionnerait mieux. Les tenants de ce socialisme – Mill évoque Saint Just et Robespierre – entendent s’approprier de façon révolutionnaire la totalité des moyens de production d’un pays puis d’imposer le socialisme par le haut, ce qui ne peut que produire de la violence. Le deuxième socialisme est réformiste et coopérativiste : en fondant des unités de production et des communautés socialisantes ses théoriciens espèrent démontrer leur efficacité et peu à peu convaincre les citoyens. C’est évidemment ce second socialisme qui a les faveurs de Mill. Comme le premier devra affronter les difficultés du second en plus de celles qui lui sont propres, il commence par étudier les difficultés communes aux deux formes de socialismes. La propriété collective des moyens de production est-elle aussi efficace que le régime de la propriété privée concernant la motivation des entrepreneurs et des ouvriers ? Deuxième problème : se priver du marché pour établir le prix des biens et du travail c’est devoir l’établir politiquement, avec les risques de violence et d’arbitraire que cela suppose. S’il est possible d’imaginer des modalités démocratiques pour le faire (les Fouriéristes ont imaginé des systèmes complexes pour décider de la juste rémunération des différents types de travaux), elles complexifient nécessairement le processus productif et sont sources de conflits. Il remarque également que les individus ne possédant plus rien en propre et dépendant de la collectivité pour leur subsistance pourront moins s’opposer aux décisions de la collectivité, donc perdront en liberté. Leur seul moyen de faire valoir leur point de vue devient alors la lutte politique pour influencer le choix collectif. Mill s’interroge enfin sur le cercle vertueux qui doit s’instaurer entre éducation et socialisme : le socialisme n’est viable que s’il est animé par des gens plus motivés par l’intérêt général que par l’intérêt individuel, mais seul le socialisme pourrait produire dans la population ce genre d’éducation. C’est pourquoi il préfère un socialisme réformiste, qui pourra peu à peu éduquer moralement les individus avant de se généraliser. Alors que le socialisme révolutionnaire risque de mettre dans les mains de personnes immorales le monopole politique et économique qu’il aura constitué. Nous voyons à travers ces deux derniers arguments à quel point Mill a anticipé les risques politiques du socialisme.</p>
<p> </p>
<p>Dans un dernier chapitre, intitulé « La notion de propriété privée : variable et non immuable », Mill fait appel à la grande variété des régimes de la propriété, dans le temps comme dans l’espace, pour prouver empiriquement que la propriété privée des moyens de production n’est pas une institution nécessaire mais bien contingente, et donc réformable.</p>
<p> </p>
<p>Nous le voyons, le texte de Mill n’a rien perdu de sa pertinence. Bien au contraire, le caractère empiriste et expérimental de sa démarche lui permet de mieux déjouer les pièges du dogmatisme et de l’idéologie que nombre de penseurs et philosophes qui l’ont suivi.</p>
<p> </p>
<p align="right">Jean-Baptiste Bertin</p>John Stuart Mill, Sur le Socialisme, trad. Michel Lemosse, [petite] bibliothèque de la liberté, Les Belles Lettres, 2016, lu par Jean-Baptiste Bertinurn:md5:c8a8cc0c9bf2a03b93022b7150fb00d42016-11-15T06:00:00+01:002016-11-15T06:00:00+01:00Romain CoudercPhilosophie politiquecapitalismeinégalitéjustice et moralemisèrepropriétésocialismetravailéconomie<p><strong>John Stuart Mill, <em>Sur le Socialisme</em>, trad. Michel Lemosse, [petite] bibliothèque de la liberté, Les Belles Lettres, Paris, 2016.</strong></p>
<p><strong><img alt="https://lesbelleslettresblog.files.wordpress.com/2016/04/mill-socialisme.jpg?w=209&h=325" src="https://lesbelleslettresblog.files.wordpress.com/2016/04/mill-socialisme.jpg?w=209&h=325" style="height: 187px; width: 120px; float: left;" /></strong></p>
<p> </p>
<p>En début d’année, les éditions Les Belles Lettres ont publié la première traduction française d’<em>On Socialism</em>, bref texte posthume paru en 1879, 6 ans après la mort de John Stuart Mill, qui regroupe les notes rédigées à partir de 1869 par le philosophe anglais en vue d’un ouvrage de fond sur le sujet, qu’il n’aura pas le temps de terminer. Entre notes de lecture et ébauches de chapitres, qu’il aurait sans doute éditées, cet « essai » n’en constitue pas moins une lecture consistante et profitable encore aujourd’hui, grâce à la clarté stylistique et conceptuelle et à la probité intellectuelle de Mill. Il analyse avec lucidité les méfaits de la société capitaliste tout en parvenant à prévoir les risques politiques et économiques associés au socialisme.</p> <p>Libéral – au sens où il défend la liberté individuelle contre les hiérarchies et normes sociales traditionnelles – et progressiste – il vient de publier son grand ouvrage féministe <em>The Subjection of Women</em> et promeut le suffrage universel –, Mill est déjà une figure connue et reconnue de la gauche anglaise – il est député du Parti libéral entre 1865 et 1868 –, lorsqu’il entreprend d’étudier et d’évaluer le socialisme. Dès la révolution de février 1848 il lit les auteurs socialistes comme Owen, Louis Blanc (avec lequel il devient ami lorsque celui-ci est exilé en Angleterre) et Fourier. Il y est surtout incité par le scandale que constitue la misère persistante des classes laborieuses malgré la croissance économique de la société capitaliste anglaise et face à l’opulence de la bourgeoisie. Misère et inégalité qui ont pour conséquence l’absence de liberté de ceux qui n’ont pas eu la chance de naître en héritant – situation que Mill qualifie de « quasi-esclavage ». Au point que le socialisme peut apparaître comme la suite logique de son engagement pour la liberté, comme en témoignent ces lignes de son <em>Autobiography</em> : « Notre idéal ultime de progrès allait bien au-delà de la démocratie et nous rangeait catégoriquement sous la bannière socialiste ».</p>
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<p>Mais la lecture d’<em>On Socialism </em>amène à nuancer cette affirmation. Le rapport au socialisme de Mill reste problématique. S’il a manifesté une sympathie croissante pour les théories socialistes à partir de 1848 et s’il veut leur donner leur chance sans préjugé ni dogmatisme, ce n’est pas pour tomber dans le dogmatisme opposé. Il prétend soumettre à « un examen impartial » la pertinence des critiques socialistes du mode de production capitaliste tout comme les solutions économiques et politiques concrètes défendues par les auteurs socialistes.</p>
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<p>Le livre se présente sous la forme de 4 chapitres, précédés d’une introduction. Dans celle-ci Mill pose de manière très pertinente la nécessité de s’intéresser au socialisme. La démocratie et l’universalisation du vote, dont il juge inéluctable la progression, font que pour la première fois ceux qui ne possèdent rien d’autre que leur force de travail vont peser de façon légale sur les décisions politiques. Ne possédant aucun bien de production ils n’ont <em>a priori</em> aucun intérêt à défendre le système juridico-économique en place, dont l’un des principes est le droit de propriété privée. Mill soutient que rien ne justifie absolument parlant ce droit ; qui n’est pas un droit naturel, à la différence de ce qu’affirmait Locke. Il est donc tout à fait légitime que les socialistes le remettent en question. Si la propriété privée doit être conservée, ce n’est pas au nom de la tradition, ni d’un dogme, ni au nom de l’intérêt privé des possédants, mais d’une analyse rationnelle prenant pour principe le bien-être social total, dans une perspective utilitariste. Mill pose alors une série de questions : ceux qui n’ont rien ont-ils intérêt à défendre la propriété privée ? Un système socialiste de production serait-il plus en accord avec les intérêts de la classe ouvrière ? La différence entre riches et pauvres est-elle nécessaire ou peut-elle être abolie, comme a été abolie la différence entre nobles et roturiers ? Quels sont les mérites des différents types de socialismes, tant du point de vue du fond (qu’est-ce qui est mis en commun ?) que de la forme (socialisme coopérativiste, expérimental et réformiste contre socialisme révolutionnaire, centralisateur et étatiste) ?</p>
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<p>La première partie est consacrée à l’énumération des reproches que les socialistes adressent au système de production capitaliste. Mill cite abondamment les œuvres de Louis Blanc, du socialiste anglais Robert Owen et du fouriériste Victor Considerant. A leurs yeux, les principes qui régissent la production et la distribution des richesses dans la société capitaliste engendrent plus de maux que de biens. Ils maintiennent les ouvriers dans une pauvreté dont ils ne peuvent sortir : ne recevant que le strict nécessaire pour survivre, ils ne peuvent épargner. Misère qui ne repose sur aucune forme de justice, bien au contraire. Mill aborde également la question de l’immoralité qui est à la fois à la source de la société capitaliste (égoïsme, matérialisme, avidité) et sa conséquence (oisiveté du riche et tentation du pauvre). Il fait également droit aux critiques économiques : le système reposant sur la propriété privée du capital est au fond peu productif, en raison de son manque d’organisation et des nombreux intermédiaires inutiles qui peuvent s’interposer entre le producteur et le consommateur. Par ailleurs, La surpopulation des classes laborieuses entraine nécessairement baisse des salaires, chômage de masse et crise de subsistance pour la majeure partie de la population. Enfin, le capitalisme concurrentiel est accusé de tendre naturellement vers un monopole, au profit de ceux ayant assez de capital au départ pour vendre à perte et éliminer la concurrence. Ce qui produirait un appauvrissement quasi général et une nouvelle forme de féodalité.</p>
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<p>Dans le deuxième chapitre Mill évalue la pertinence de ces critiques. Quelle part du malheur dans la société de son temps vient-elle d’une nécessité naturelle ? Quelle part a-t-elle pour principe l’organisation économique de cette société ? Peut-on corriger certains des défauts de cette dernière sorte tout en restant dans le cadre de la propriété privée ? Mill commence par rétablir certains faits : contrairement à ce qu’écrit Louis Blanc il est empiriquement faux de dire que les salaires baissent ou que la surpopulation engendre chômage et crise de subsistance. Il relève ensuite les mérites de la concurrence, qui parvient à diminuer le coût des produits de consommation. Mill propose alors de mettre en place des lois empêchant que le système concurrentiel ne devienne un monopole tout en restant dans le cadre du système de la propriété privée. Dans la partie peut-être la moins étayée et convaincante du livre, le philosophe utilitariste cherche ensuite à justifier la juste rémunération du capital privé, en ne la distinguant peut-être pas assez, contrairement à ce nous ferions aujourd’hui, de la rémunération du travail de management du capitaliste. Cette rémunération n’est peut-être pas justifiable en soi, mais seulement dans la mesure où le système capitaliste est plus efficient économiquement que le système socialiste ; comparaison que cherche à établir Mill dans le chapitre suivant.</p>
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<p>Le troisième chapitre porte en effet sur les difficultés inhérentes au socialisme. Mill établit une distinction entre deux formes de socialismes. D’un côté le socialisme révolutionnaire, qui veut abattre l’économie capitaliste et sa structure politico-juridique sans définir précisément par quoi la remplacer ni chercher à prouver expérimentalement que le socialisme fonctionnerait mieux. Les tenants de ce socialisme – Mill évoque Saint Just et Robespierre – entendent s’approprier de façon révolutionnaire la totalité des moyens de production d’un pays puis d’imposer le socialisme par le haut, ce qui ne peut que produire de la violence. Le deuxième socialisme est réformiste et coopérativiste : en fondant des unités de production et des communautés socialisantes ses théoriciens espèrent démontrer leur efficacité et peu à peu convaincre les citoyens. C’est évidemment ce second socialisme qui a les faveurs de Mill. Comme le premier devra affronter les difficultés du second en plus de celles qui lui sont propres, il commence par étudier les difficultés communes aux deux formes de socialismes. La propriété collective des moyens de production est-elle aussi efficace que le régime de la propriété privée concernant la motivation des entrepreneurs et des ouvriers ? Deuxième problème : se priver du marché pour établir le prix des biens et du travail c’est devoir l’établir politiquement, avec les risques de violence et d’arbitraire que cela suppose. S’il est possible d’imaginer des modalités démocratiques pour le faire (les Fouriéristes ont imaginé des systèmes complexes pour décider de la juste rémunération des différents types de travaux), elles complexifient nécessairement le processus productif et sont sources de conflits. Il remarque également que les individus ne possédant plus rien en propre et dépendant de la collectivité pour leur subsistance pourront moins s’opposer aux décisions de la collectivité, donc perdront en liberté. Leur seul moyen de faire valoir leur point de vue devient alors la lutte politique pour influencer le choix collectif. Mill s’interroge enfin sur le cercle vertueux qui doit s’instaurer entre éducation et socialisme : le socialisme n’est viable que s’il est animé par des gens plus motivés par l’intérêt général que par l’intérêt individuel, mais seul le socialisme pourrait produire dans la population ce genre d’éducation. C’est pourquoi il préfère un socialisme réformiste, qui pourra peu à peu éduquer moralement les individus avant de se généraliser. Alors que le socialisme révolutionnaire risque de mettre dans les mains de personnes immorales le monopole politique et économique qu’il aura constitué. Nous voyons à travers ces deux derniers arguments à quel point Mill a anticipé les risques politiques du socialisme.</p>
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<p>Dans un dernier chapitre, intitulé « La notion de propriété privée : variable et non immuable », Mill fait appel à la grande variété des régimes de la propriété, dans le temps comme dans l’espace, pour prouver empiriquement que la propriété privée des moyens de production n’est pas une institution nécessaire mais bien contingente, et donc réformable.</p>
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<p>Nous le voyons, le texte de Mill n’a rien perdu de sa pertinence. Bien au contraire, le caractère empiriste et expérimental de sa démarche lui permet de mieux déjouer les pièges du dogmatisme et de l’idéologie que nombre de penseurs et philosophes qui l’ont suivi.</p>
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<p align="right">Jean-Baptiste Bertin</p>Cornelius Castoriadis, Quelle démocratie, tome 1, écrits politiques 1945-1997, III, éditions du Sandre, 2013, lu par Baptiste Calmejaneurn:md5:369ffe1adb8f4f0d1d1bc6b1f699d1a32014-11-28T06:00:00+01:002014-11-28T06:00:00+01:00Michel CardinPhilosophie politiqueautogestiondémocratieimaginairelibertémarxismesocialisme<p>L’ouvrage <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Quelle démocratie ? </em>regroupe un ensemble de textes du philosophe français Cornelius Castoriadis écrits entre 1962 et 1997. L<em style="mso-bidi-font-style: normal;">’Avertissement</em> rappelle qu’il fait suite aux deux tomes de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La Question du mouvement ouvrier</em>, ouvrage qui reprenait pour l’essentiel des textes écrits par Castoriadis entre 1947 et 1961.</p> <span style="font-family: "Times New Roman";"><p> L’ouvrage commence par une introduction d’Enrique Escobar intitulé <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Castoriadis, écrivain politique</em>,dans laquelle il restitue et analyse les hypothèses les plus importantes de la réflexion politique de Castoriadis. Plusieurs des thèmes fondamentaux de cet ensemble de textes sont repris. Le premier de ces thèmes consiste dans l’idée castoriadienne selon laquelle aucune classe économique et sociale particulière n’est nécessaire et privilégiée pour diriger la société et qu’au contraire c’est la totalité des membres d’une société qui peut et doit prendre en charge la direction des affaires humaines. Le second thème abordé est celui des limites du système politique représentatif et de la nature du mouvement et des institutions démocratiques réelles : c’est la question de la participation effective du peuple à l’action politique. Le troisième thème traité est celui du « “cercle logique” de la soumission », du fait que la soumission à l’ordre capitaliste et bureaucratique actuelle s’auto-engendre et se trouve perpétuée et renforcée en chaque point de l’espace social par une série de mécanismes. Ces derniers, cependant, ne peuvent pas parvenir à abolir entièrement les possibilités de révoltes et de révolutions contenues dans la vie sociale et politique du monde contemporain. Le quatrième thème développé articule trois dimensions : l’assomption par l’homme de sa mortalité, la définition de la démocratie comme régime de l’autolimitation, la nécessaire acceptation d’un mode de vie frugal afin de sauver la planète et l’espèce humaine. Enfin, Enrique Escobar s’intéresse brièvement au rapport entre passé et avenir, tradition et révolution chez Castoriadis. A la suite de l’analyse de ces cinq thèmes, Enrique Escobar s’intéresse à l’actualité du marxisme en lien avec la critique castoriadienne de Marx et des marxistes, avant de proposer un certain nombre de remarques sur l’actualité de Castoriadis, sur le lien entre ses positions et l’évolution de la situation quinze ans après sa mort (en particulier sur l’organisation bureaucratique du travail, de l’économie, de la société toute entière et sur la situation économique et politique internationale). </p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
</span><p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";">L’ouvrage se compose de deux chapitres. Le premier
chapitre regroupe quinze textes et s’intitule « <strong>Une nouvelle
orientation</strong> ». À l’exception des deux derniers textes, l’un sur Mai
68, l’autre sur le sociologue Benno Sternberg, tous ont été écrits pendant la
dernière phase d’existence du groupe <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme
ou Barbarie</em> et correspondent à sa nouvelle orientation qui s’étend de
la scission de juillet 1963 à la fin de ceux-ci.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Pour une
nouvelle orientation </strong>» définit l’objectif général de la revue <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou Barbarie</em> en se fondant sur
le texte « Le mouvement révolutionnaire sous le capitalisme moderne »
(de Castoriadis lui-même, publié dans la revue entre 1960 et 1961) : la
constitution d’un projet révolutionnaire de dépassement du capitalisme en lien
avec d’autres groupes révolutionnaires dans plusieurs pays industrialisés. Il
définit aussi les trois formes que doit prendre cette nouvelle
orientation : orientation idéologique et politique, orientation de la
propagande, orientation de l’activité. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le second texte, « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">L’orientation de la propagande </strong>» porte sur le deuxième aspect.
Le terme de propagande signifie dans ce cadre la diffusion d’une idéologie
révolutionnaire élaborée de façon continue. Elaboration et diffusion de
l’idéologie révolutionnaire constituent « une tâche fondamentale de
l’organisation » de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou
Barbarie</em> selon Castoriadis. C’est à la tâche de dégager synthétiquement la
fonction et les grands axes de ce travail d’élaboration et de propagande qu’il
s’attelle. Puis, dans un second temps, il en expose et en détaille les grands
thèmes : le travail et ses nouvelles formes, la situation de la femme et
le problème de la famille, les enfants, l’éducation et la jeunesse, le logement
et l’urbanisme, la consommation, les loisirs et la culture, les pays non
industrialisés, etc. Enfin, dans un troisième temps, il s’agit de proposer des
moyens efficaces d’expression de l’idéologie révolutionnaire.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le troisième texte, « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Sur l’orientation des activités </strong>», porte sur le troisième
aspect de la « nouvelle orientation ». Il s’efforce de définir ce que
peuvent et doivent être les activités extérieures du groupe <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou Barbarie</em>. Castoriadis
rappelle que le rôle principal d’une organisation révolutionnaire, sauf cas
exceptionnel de crise historique, n’est pas d’agir directement - ce qui ne peut
être que le fait des masses elles-mêmes - mais de diffuser des idées. La
question qui se pose alors est celle de savoir à quelles conditions diffuser des
idées sur ce qui est à faire et à ne pas faire à un moment donné de la lutte
révolutionnaire. Bon nombre d’aspects de l’activité d’une organisation
révolutionnaire sont abordés. Deux enjeux directeurs peuvent être retenus.
Premièrement, les idées concernant les actions ne doivent plus apparaître comme
des consignes venant d’en haut mais doivent soutenir de façon immanente les
actions entreprises par les masses travailleuses elles-mêmes. Deuxièmement il
faut circonscrire l’horizon de la lutte : il s’agit d’abandonner la
revendication économique d’augmentation des salaires comme motif principal de
lutte. Elle est en effet incapable de produire une quelconque rupture avec
l’ordre socio-politique capitaliste et s’insère au contraire dans cet ordre,
participe à long terme à sa conservation. L’activité de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou Barbarie</em> doit viser une transformation démocratique
et égalitaire de la société dans<em style="mso-bidi-font-style: normal;"> toutes </em>ses
dimensions et en aucun cas se cantonner à la recherche obsessionnelle de
l’augmentation des salaires, qui reproduit l’aliénation capitaliste sans la
dépasser.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le quatrième texte, « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Recommencer la révolution </strong>», porte sur le premier aspect de la
« nouvelle orientation », à savoir celui de l’orientation idéologique
et politique du groupe révolutionnaire <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme
ou Barbarie</em>. Dans une première partie, « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La fin du marxisme classique</em> », Castoriadis argumente
longuement l’une de ses thèses politiques les plus importantes : le marxisme en
tant que système de pensée et d’action concret est achevé. Cette fin résulte de
la transformation des structures du capitalisme au XXème siècle, de la
disparition du mouvement ouvrier en tant que mouvement de contestation radicale
de l’ordre capitaliste, de l’absence de « révolution permanente »
dans les anciens pays colonisés. La théorie et la pratique révolutionnaires
doivent donc créer une nouvelle intelligence du monde et une nouvelle praxis
socialiste pour espérer mettre en œuvre une transformation émancipatrice de la
société. Castoriadis, en insistant sur la nature hiérarchique-bureaucratique du
capitalisme moderne, détaille longuement les raisons théoriques et historiques
pour lesquelles, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">en tant que théorie et
praxis révolutionnaire</em>, le marxisme doit être critiqué et dépassé.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Dans une deuxième partie, « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le capitalisme bureaucratique moderne</em> », Castoriadis analyse
le capitalisme moderne et ses deux tendances fondamentales : la
constitution d’une organisation du travail (plus généralement d’une société)
bureaucratisée à structure hiérarchique pyramidale et la mécanisation-automatisation
technique. Il diagnostique les irrationalités du capitalisme mais refuse
l’idée, d’origine marxiste, qu’il y aurait une contradiction vouant <em style="mso-bidi-font-style: normal;">inéluctablement</em> le capitalisme à
l’autodestruction. Il rappelle sa thèse sur la contradiction du capitalisme
moderne : ce dernier s’efforce de réaliser simultanément l’exclusion des
travailleurs (réduits à une activité d’exécution) et sa participation avisée
(sans laquelle la production ne pourrait fonctionner), ce qui oblige les
travailleurs à faire fonctionner un système en grande partie contre ses propres
règles de fonctionnement bureaucratiques. La transformation révolutionnaire de
cette société n’est pas une nécessité objective, mais une possibilité
historique qui dépend de la conscience, de l’autonomie et de la lutte des
travailleurs et des hommes. La révolution n’a rien d’impossible ni
d’inéluctable.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Dans un troisième temps, « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La fin du mouvement ouvrier et son bilan</em> », Castoriadis
soutient la thèse selon laquelle le mouvement ouvrier <em style="mso-bidi-font-style: normal;">sous sa forme</em> <em style="mso-bidi-font-style: normal;">traditionnelle</em>
est définitivement mort, que cette mort signe la fin d’une période historique,
enfin qu’aucune perspective authentiquement révolutionnaire ne peut être
attendue des syndicats et des partis dits “ouvriers”. Ces derniers, en effet,
ne sont plus des organisations révolutionnaires mais des structures
hiérarchiques et bureaucratiques, qui constituent des rouages du fonctionnement
de l’organisation sociale capitaliste. A cet égard, même les
« revendications maximums », à savoir la nationalisation et la
planification étatique, sont de nature bureaucratique et hiérarchique.
Concernant les actions, deux tendances doivent être dégagées : d’une part
l’essoufflement des formes d’actions traditionnelles, contrôlées par les
syndicats et les partis, d’autre part, une multiplicité de formes d’action qui
indiquent l’orientation du processus révolutionnaire authentique (par exemple
le Conseil des Travailleurs de Hongrie). La problématique de l’époque consiste
précisément dans l’opposition entre, d’une part, la disparition du mouvement
ouvrier traditionnel et, d’autre part, les possibilités révolutionnaires en
germe ; entre, d’un côté, la dépolitisation/privatisation des masses et,
de l’autre côté, l’aspiration à l’autonomie individuelle et collective.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Enfin, la quatrième partie, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Éléments d’une nouvelle orientation</em>, expose les deux aspects
capitaux de la perspective révolutionnaire. Premièrement, aucune révolution
socialiste authentique n’est possible à partir des anciennes organisations
politiques dégénérées (syndicats et partis). Deuxièmement, la révolution
consiste d’abord et avant tout dans la gestion démocratique et autonome de tous
les aspects de la vie sociale, en premier lieu au travail, mais pas seulement,
par les travailleurs-citoyens eux-mêmes. Cette aspiration pour l’autonomie<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>existe de façon <em style="mso-bidi-font-style: normal;">effective</em> à coté de ou plutôt <em style="mso-bidi-font-style: normal;">contre</em>
la tendance à l’aliénation de l’individu et des masses par le capitalisme
productiviste et, plus encore, consumériste. Un autre point capital est
réaffirmé par Castoriadis au sujet de l’orientation révolutionnaire :
celle-ci ne vise pas la double augmentation de la production et des salaires
(course à la consommation), mais la gestion rationnelle et collective du
travail par les travailleurs eux-mêmes.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Postface à
“Recommencer la révolution”</strong> » est un court texte qui revient sur le
débat au sein de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou Barbarie</em>
suscité par les thèses défendues par Castoriadis </span><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;">dans « Le mouvement révolutionnaire sous la
capitalisme moderne ». Il constitue une réponse polémique aux critiques
formulées par tous ceux qui à l’intérieur de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou Barbarie</em> se sont opposés à ce texte, retardant sa
publication pendant quatre années, et donnant finalement lieu à une scission.
Le texte reproduit la lettre adressée aux lecteurs et sympathisants de<em style="mso-bidi-font-style: normal;"> S. ou B. </em>annonçant la scission, en date
du 28 octobre 1963. Son contenu reprend les principales conclusions du texte à
l’origine de la scission (« Le mouvement révolutionnaire sous le
capitalisme moderne »), affirmant le caractère marginal de la dimension
économique dans l’aliénation du capitalisme moderne et la centralité, au
contraire, de l’hétéronomie découlant du consumérisme, de la bureaucratisation
et de la privatisation. Ces faits sociaux majeurs exigent la naissance d’une
entreprise révolutionnaire globale fondée sur l’idée d’une conquête de
l’autonomie dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">tous </em>les domaines de
la vie humaine (et non seulement dans le travail, la sphère économique).</span><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Un très court extrait, «<strong> La
grève des mineurs »</strong>, revendique le soutien aux mineurs grévistes de
1963 tout en rappelant la signification exacte de ces grèves : dirigées
par les bureaucraties syndicales et visant des compromis sur les seuls
salaires, elles ne peuvent aucunement inaugurer une authentique remise en cause
de la structure capitaliste du travail moderne, de la hiérarchie, de la
bureaucratie et de l’exploitation des travailleurs.</span><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte « <strong>La jeunesse
étudiante </strong>» paru en mars 1963 dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S.
ou B. </em>a été écrit par Castoriadis en collaboration avec le sociologue
Claude Chabrol, lui-même ancien membre du groupe. </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Il analyse la fonction double et
contradictoire de l’enseignement supérieur en France : conditionnement des
étudiants à l’insertion dans l’organisation capitaliste et étatiste du travail
et de la société mais aussi instrument de la préservation de la culture et des
valeurs spirituelles de la tradition intellectuelle et scientifique européenne.
Cette contradiction est le corollaire de la contradiction fondamentale de la
production capitaliste entre l’hétéronomie du travailleur et le besoin
d’initiative permanente des producteurs requis par le simple fonctionnement du
système capitaliste lui-même. Castoriadis et Chabrol analysent les raisons pour
lesquelles la seule réaction collective contre la guerre d’Algérie a eu lieu
dans la catégorie sociale des étudiants.</span><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-font-family: "MS Mincho"; mso-fareast-language: FR;"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte suivant s’intitule « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Fissures dans le bloc occidental </strong>».
Il porte sur le marché commun et sur le refus gaullien de la proposition
américaine d’une force nucléaire commune. </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le rôle de l’idéologie bolchevique dans la naissance de la bureaucratie</strong> »
(janvier 1964) introduisait dans le numéro 35 de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B. </em>le texte important d’Alexandra Kollontaï sur le processus
de bureaucratisation de la révolution russe. Castoriadis questionne trois
aspects de ce phénomène. Premièrement : comment la Révolution russe
a-t-elle pu produire un régime bureaucratique ? Deuxièmement : la
classe prolétarienne a-t-elle joué un rôle historique propre dans la
révolution, ou bien n’a-t-elle été que l’instrument d’un Parti dirigeant ?
L’une des thèses essentielles de Castoriadis dans cet extrait, qui résume assez
bien la position antitotalitaire de gauche de la ligne de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em> est la suivante : bien qu’ayant participé au début de
la révolution russe à des actions politiques autonomes, les masses ont été
rapidement réduites à l’inaction et à l’obéissance par le Parti, car « la
formation d’une bureaucratie comme couche gestionnaire de la production a été,
pratiquement dès le début, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">la politique
consciente, honnête et sincère du parti bolchévique, Lénine et Trotsky en tête</em> ».
Troisièmement : dans quelle mesure une opposition ouvrière a-t-elle essayé
de se constituer pendant un temps pour s’opposer à la politique de domination
bureaucratique du Parti sur les masses ? Castoriadis développe la thèse
selon laquelle loin de rompre avec l’organisation capitaliste du travail, le
Parti communiste, Lénine en tête, s’efforce de mettre en place un capitalisme
d’État qui prolonge les fondements du capitalisme privé : développement
des forces productives et gestion hiérarchique et autoritaire de la production
et du travail. Finalement, « l’idéologie bolchévique (et, derrière elle,
l’idéologie marxiste) a été un facteur décisif dans la naissance de la
bureaucratie russe ». </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Quelques remarques sur <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Riches et
pauvres en Amérique</em> </strong>» (octobre 1964) est une courte note critique
faisant suite à un compte rendu de Serge Bricianier du livre de Gabriel Koloko,
<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Wealth and Power in America</em> qui
reste, selon Castoriadis, enfermé dans le schéma marxiste traditionnel de la
paupérisation du prolétariat dans toute forme de capitalisme, y compris moderne
et consumériste. </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La praxis et les racines du projet révolutionnaire </strong>» est d’une
importance capitale, non seulement dans le développement de la pensée
strictement politique de Castoriadis, mais aussi et surtout dans sa réflexion
philosophique <em style="mso-bidi-font-style: normal;">stricto sensus</em>. En
effet, ce texte constitue aussi un extrait du chef d’œuvre philosophique de
Castoriadis, disponible en « Points-Essais », <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’institution imaginaire de la société</em>. Ce texte a été d’abord
publié dans le numéro 38 de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em>
(1964) avant d’être inséré par Castoriadis dans son livre <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’institution imaginaire de la société</em>. D’une manière générale, il
s’agit pour lui d’établir l’impossibilité et l’illégitimité d’une suspension,
voire d’une soumission de la praxis révolutionnaire à la constitution d’une
théorie finie et exhaustive de l’histoire, d’un savoir absolu de son
développement. Toute pratique révolutionnaire et même, en dernière instance,
toute activité historique est un faire, activité consciente créatrice et
transformatrice qui ne peut garantir de façon certaine et rationnelle ni ses
fondements ni ses résultats. A cet égard la théorie elle-même, loin d’être le
fondement du faire, est elle-même un faire, « tentative toujours
incertaine de réaliser le projet d’une élucidation du monde », toujours
inachevée aussi. La praxis révolutionnaire, dès lors, doit être comprise comme
un processus effectif qui, sans être aveugle, ne peut prétendre reposer sur une
transparence totale mais seulement sur un savoir fragmentaire et provisoire.
Elle doit être définie comme « ce faire dans lequel l’autre ou les autres
sont visés comme êtres autonomes et considérés comme l’agent essentiel du
développement de leur propre autonomie ». Le « projet
révolutionnaire », « élément de la praxis », quant à lui, est
défini ainsi : « praxis déterminée, considérée dans ses liens avec le
réel, dans la définition concrétisée de ses objectifs, dans la spécification de
ses médiations ». <em style="mso-bidi-font-style: normal;">In fine</em>, le
projet révolutionnaire est « projet de transformation de la société
présente en une société organisée et orientée en vue de l’autonomie de tous,
cette transformation étant effectuée par l’action autonome des hommes tels
qu’ils sont produits par la société présente ». Castoriadis analyse
ensuite le rapport entre projet révolutionnaire d’accomplissement de
l’autonomie collective et individuelle et réalité effective sur deux exemples.
Le premier exemple est celui du travail, des rapports de production, dominés
dans le capitalisme par le conflit entre, d’un côté, la gestion hiérarchique
et, de l’autre côté, l’initiative indispensable du travailleur dans son
activité, conflit qui comporte à titre de germe la possibilité de sa solution
dans et par le faire autonome des travailleurs eux-mêmes : élimination de
la bureaucratie et conquête/réalisation de la gestion du travail par les
travailleurs eux-mêmes (autonomie dans le domaine du travail). Le deuxième
exemple est celui de l’économie : il en analyse les contradictions et les
germes de solution à ces contradictions. Il conçoit enfin la visée de
l’autogestion ouvrière comme un projet dépassant le cadre de la simple
production, impliquant la totalité de la société, objet de toute praxis
révolutionnaire bien comprise. Cette totalité, la praxis doit la rencontrer
« comme une unité ouverte se faisant elle-même ».</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte suivant, « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La crise de la société moderne </strong>»
est une conférence prononcée à Tunbridge Wells (Kent) en 1965 et parue en
France pour la première fois en 1979. Le texte aborde le problème de la crise
de la société moderne sous cinq aspects. Le premier aspect est celui des
valeurs, la thèse de Castoriadis à cet égard étant radicale : il n’existe plus
de système de valeurs fondamentales dans les sociétés occidentales, la seule
valeur qui survit étant une non-valeur : la consommation. Le deuxième
aspect est celui du travail : le capitalisme sous sa forme originelle
comme sous sa forme moderne bureaucratique met en œuvre la destruction du sens
du travail pour les travailleurs. Le troisième aspect porte sur l’activité
politique : la société moderne se caractérise par la bureaucratisation des
syndicats et des partis, l’apathie et la défiance politique des masses, la
réduction de la politique à un sous-produit de la publicité. Le quatrième
aspect abordé est celui des relations familiales, caractérisées selon
Castoriadis par le fait que la désintégration de la famille patriarcale
(aliénante) n’a donné lieu à aucun modèle alternatif d’intégration et de
régulation des individus composant la famille. Enfin, le cinquième aspect
évoqué est celui de l’éducation, domaine dans lequel on peut reconnaître non
seulement une crise de la relation du pédagogue à l’élève mais aussi une crise
des fins mêmes de l’éducation moderne. L’une des thèses importantes de
Castoriadis dans ce texte est que la crise est un sous-produit de la lutte des
hommes contre l’organisation sociale existante, laissant apercevoir une volonté
d’autonomie dirigée contre les anciennes formes d’hétéronomie (comme le montre
de façon exemplaire le cas de l’émancipation des femmes), porteuse en ce sens
d’une hypothétique émancipation sociale globale, d’une reconstruction de la
société - ce qui n’est rien d’autre que l’objet même d’une authentique
politique révolutionnaire à visée libératrice.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La suspension de la publication de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme
ou Barbarie</em> </strong>» (juin 1967) est une circulaire adressée aux abonnés
et lecteurs de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B. </em>indiquant la
suspension de la revue et de l’organisation révolutionnaire ainsi que les
raisons de cette suspension, à savoir l’absence des conditions sociales et
politiques nécessaires à l’accomplissement des ambitions révolutionnaires de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em>, en particulier l’absence de
développement des luttes prolétariennes dans la production pour la conquête de
l’autogestion.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le quatorzième texte, « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La révolution anticipée </strong>» a été
écrit entre le 20 mai et le 25 mai 1975. Il porte sur la crise de Mai 1968.
Celle-ci est perçue par Castoriadis comme l’ouverture d’une nouvelle période de
l’histoire universelle. Elle se signale par son refus des hiérarchies et la
revendication d’une gestion démocratique et autonome des collectivités. Il
proclame la nécessité objective d’un mouvement révolutionnaire de type nouveau
et élabore un certain nombre de propositions inaugurales pour la constitution
immédiate de celui-ci : élimination de la division dirigeants-exécutants
en tant que couches sociales, mise en place de l’autogestion dans tous les
domaines de vie sociale. Dans un deuxième temps, il élabore des propositions portant
sur les structures démocratiques et leur fonctionnement interne. Toutes ces
propositions reposent, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">in fine</em>, sur
la visée d’une transformation de la société sur les bases d’une autogestion
démocratique directe des citoyens. Il dégage et analyse les quatre étapes
constitutives de la crise. Retenons ici cette idée que les différents moments
de la crise montre un paradoxe : le projet révolutionnaire d’autonomie n’a
pas été du tout porté par les ouvriers, restés sur le terrain d’une lutte
purement économique, dans les cadres imposés par le système de production et de
consommation hétéronome du capitalisme moderne, avec ses partis “de gauche” et
ses syndicats bureaucratisés mais par les seuls étudiants. Il critique ensuite
différentes interprétations erronées de Mai 68 et argumente longuement l’une de
ses intuitions principales, à savoir que chacun des résultats du mouvement
ouvrier depuis cent cinquante ans a systématiquement été récupéré par et
intégré à la civilisation capitaliste, de sorte que révolutionnaire sur un plan
négatif, la classe ouvrière n’est pas parvenue à l’être sur un plan positif,
soit : à créer de façon radicale une nouvelle culture, une nouvelle
civilisation. Si bien que la possibilité d’une révolution à venir ne sera pas,
contrairement à ce qu’affirme la mythologie ouvriériste, le seul fait de la
classe prolétarienne industrielle mais de différentes classes de la société.
C’est précisément ce que la visée révolutionnaire des étudiants en Mai 68
montre à titre de germe ou, plutôt, de « révolution anticipée ».</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Benno Sternberg-Sarel </strong>», publié dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Temps modernes</em> (juin-juillet 1971) est un court texte écrit par
Castoriadis à l’occasion du décès de Sternberg-Sarel, ancien camarade de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em> Le texte rappelle l’importance
de l’ouvrage de Sternberg-Sarel : <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La
Classe ouvrière de l’Allemagne orientale</em>. </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>À partir de la page 325 commence le
second chapitre de l’ouvrage, intitulé « <strong>Qu’est-ce qu’une société
autonome ?</strong> ». Il est composé de quinze textes, rassemblant la
plupart des écrits politiques des années 70 inclus par Castoriadis dans sa
réédition en 10/18 (aujourd’hui épuisée). </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le premier texte reprend « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">L’introduction générale à la réédition en
“10/18”</strong> », élaborée et rédigée par Castoriadis à l’occasion de la
réédition des textes politiques les plus importants de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em> dans la collection 10/18 en 1972 (ouvrage aujourd’hui
épuisé, ainsi que sa réédition chez Bourgois en 1990 dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La société bureaucratique</em>). Castoriadis y porte un regard
rétrospectif sur les textes qu’il a rédigés pendant trente ans dans la revue <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B. </em>Il est organisé en sept
parties. La première (1944-1948) comporte une critique de la conception
trotskiste de la révolution jugée superficielle ainsi qu’une analyse de la
bureaucratisation du régime soviétique. Il revient aussi sur le choix
terminologique et conceptuelle de « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">capitalisme
bureaucratique</em> » pour caractériser l’émergence d’une nouvelle forme
historique d’exploitation et de domination des masses, commune aux régimes
“communistes totalitaires” et “démocratiques-libéraux“, et définie par la
division entre une couche dirigeante et une couche exécutante dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">tous</em> les secteurs de la vie sociale,
cette bureaucratisation constituant « le procès central de la société
contemporaine ». De sorte qu’une révolution socialiste ne peut que viser
l’abolition, non seulement de la propriété privée, mais aussi et surtout de
cette division bureaucratique, ce qui signifie positivement viser l’institution
de la gestion ouvrière de la production et de la société. La deuxième partie
(1950-1954) reprend les éléments principaux de la critique castoriadienne de
l’économie marxiste, incapable, en raison d’un ensemble d’hypothèses fausses
concernant l’évolution et la nature du capitalisme, de rendre compte de la
forme moderne du capitalisme, en particulier en tant que capitalisme de
consommation, compatible avec une relative augmentation du niveau de vie des
classes exploitées (mais qui restent exploitées et aliénées malgré, voire même
à cause, de cette augmentation du niveau de vie). La troisième partie analyse
la période allant de 1955 à 1958 pendant laquelle Castoriadis s’efforce de
penser les conditions de possibilité d’un dépassement radical de l’univers
capitaliste, de ses significations imaginaires sociales et d’élaborer un
contenu concret à l’idée de société socialiste. La visée essentielle du
socialisme est la création d’une société dans laquelle les hommes deviennent
maîtres de leur propre activité, en premier lieu dans le travail (gestion de la
production), mais aussi dans tous les autres domaines de la vie humaine
(politique, culture, etc.). Cette création suppose la destruction du fondement
du capitalisme moderne, à savoir la division, dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">tous</em> les domaines de l’existence humaine, entre une classe
dirigeante et une classe exécutante. Cette création trouve racine dans le
fondement même du capitalisme en tant que celui-ci exige contradictoirement la
passivité, la soumission des hommes et leur participation active, leur
initiative pour que la société fonctionne. C’est donc la lutte intestine contre
la bureaucratie capitaliste et l’exigence de conquérir l’autonomie par les
travailleurs eux-mêmes qui constituent les deux pôles indissociables de la
transformation socialiste du monde. La quatrième partie est consacrée à une
reprise des analyses que Castoriadis a proposéesdu capitalisme moderne dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S.
ou B.</em> en 1959 et 1960 et notamment à la bureaucratisation totale qu’il
impose à la société, si bien que selon lui ce n’est pas seulement la classe
ouvrière, mais toutes les autres catégories de la population qui sont porteuses
de la possibilité d’un projet révolutionnaire émancipateur. La cinquième
partie, couvrant la période allant de 1960 à 1964, explore la rupture avec la
philosophie de Marx, en particulier sa philosophie de l’histoire, caractérisée
par une antinomie entre la conception d’une histoire créatrice de nouveauté par
l’action des hommes eux-mêmes et la conception (plus tardive) d’une histoire de
la succession des modes de production économique fondée sur des lois objectives
et déterminées menant de façon inéluctable au communisme. Dans un sixième
temps, Castoriadis revient sur son élaboration entre 1964 et 1965 des concepts
philosophiques de société instituante et d’imaginaire social : il y
reprend les éléments principaux développés dans « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La praxis et les racines du projet révolutionnaire </strong>» (voir
plus haut, le onzième texte de la première partie). Enfin, dans la dernière
partie, Castoriadis expose ce qui constitue au terme de ce parcours, « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La question présente</em> ». Il revient
sur les raisons théoriques et politiques de la dissolution de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em> et expose la nécessité pour lui
de penser le problème de l’institution du social, singulièrement de cette
« étrange déchirure qui <em style="mso-bidi-font-style: normal;">s’institue </em>dans
une société, depuis la Grèce, et la rend capable de mettre en question son
propre imaginaire », plus que jamais en péril dans la situation
contemporaine. Ce texte est suivi d’un « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Avertissement pour la réédition en 10/18 </strong>»</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le troisième texte, de 1974,
s’intitule « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">La question du
mouvement ouvrier </strong>». Il constituait à l’origine l’introduction aux deux
volumes de « 10/18 », <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’expérience
du mouvement ouvrier</em>. Castoriadis y critique d’abord la séparation de la
théorie politique révolutionnaire et de l’action révolutionnaire des masses.
Plus encore, il conteste le primat de la première sur la seconde, qui revient à
faire des masses les agents passifs d’une transformation historique inéluctable
et mécanique et à les déposséder de leur rôle réel. C’est « l’axiome, qui
sous-tend toute l’histoire gréco-occidentale, de la souveraineté du
théorique-spéculatif » que Castoriadis met en question. La possibilité
d’une créativité historique et d’une autonomie des travailleurs suppose la
rupture avec ce primat de la théorie. Le théoricien pense en effet la théorie
comme un savoir <em style="mso-bidi-font-style: normal;">a priori</em> qui contient
sous forme idéelle l’activité à venir des travailleurs eux-mêmes. Castoriadis
en vient à s’intéresser au sens historique du mouvement ouvrier. Il commence
par définir ce qui constitue à ses yeux l’unité d’une réalité historique (« Rome »,
« Le <em style="mso-bidi-font-style: normal;">demos</em> athénien,
etc.) : « le complexe, ou, mieux, le <em style="mso-bidi-font-style: normal;">magma</em> de significations imaginaires sociales, dans et par
lesquelles elle s’organise et organise son monde » (irréductible au réel
et au rationnel). Ce magma temporel est historique au sens où il est en
auto-altération permanente. Que la pensée héritée ne puisse pas penser l’être
propre du social-historique tient à ce qu’elle ne dispose que de trois types
primitifs d’être : la chose, le sujet et le concept (ou idées). En
étudiant longuement la continuité des schèmes logico-ontologiques à l’œuvre
dans les philosophies d’Aristote, de Hegel et de Marx, Castoriadis s’efforce de
montrer en quoi le social-historique ne peut absolument pas être saisi comme
chose, sujet ou concept et pas plus comme réunion de choses, de sujets et de
concepts, contrairement à ce que la pensée héritée - d’Aristote à Marx
- a essayé de faire pendant vingt-quatre siècles. Il montre aussi
l’antinomie chez Marx du thème de l’histoire comme histoire de la lutte des
classes (qui inaugure une nouvelle conception de l’histoire dans laquelle la
créativité et l’activité humaines trouvent un rôle décisif) et celui du
matérialisme historique (qui réactive la vue théorique objectiviste et
quasi-déterministe des classes et de la succession de leur rôle dans
l’histoire). Il montre que Marx finit par donner au second thème un primat
définitif et prend l’exemple de son interprétation du rôle historique et des
déterminations propres de la classe bourgeoise. À celle-ci Castoriadis oppose sa
conception, qui fait de la classe bourgeoise, non une classe dominante parmi
toutes les autres classes dominantes de l’histoire, mais une classe créatrice
d’une nouvelle rationalité et même d’une nouvelle réalité, enracinée dans un
nouvel imaginaire et un faire instituant irréductible à la causalité
économique. L’univers de cette classe n’est pas le résultat de l’évolution des
rapports de production mais de l’institution d’un monde irréductiblement inédit
dans lequel les rapports de productions sont effectivement modifiés en
profondeur. Le nouveau radical tient en ce que « le faire de la
bourgeoisie est création imaginaire visible comme institution du
capitalisme », à comprendre comme extension illimitée de la production et
pseudo-maîtrise pseudo-rationnelle de la nature. Dans ce cadre, qu’est-ce que
la classe ouvrière et le mouvement ouvrier, ainsi que son histoire ?
Castoriadis discute la conception marxiste de la classe ouvrière, incapable
d’offrir une pensée du mouvement et de l’histoire du mouvement ouvrier. Le sens
de ce dernier se trouve dans son faire historique, dans la création de
significations imaginaires sociales qu’il met en œuvre, faire créateur qui ne
peut être « éliminé par réduction à des fins assignables ou à des causes
établies ». Pour Castoriadis, le point névralgique de la question ouvrière
se trouve dans la lutte, activité collective autonome, anonyme, permanente,
multiforme et souvent informelle des ouvriers contre l’organisation capitaliste
du travail, lutte à laquelle « le marxisme, dans toutes ses variantes, est
resté jusqu’à la fin aveugle ». Selon lui, il ne perçoit pas que ce sont
les prolétaires qui en grande partie déterminent, par leur activité, le contenu
concret des rapports de production bien plus qu’ils ne sont déterminés par eux,
et ceci pour deux raisons : d’une part, parce que le système capitaliste
implique une contradiction structurelle en exigeant l’initiative des
travailleurs tout en l’excluant ; d’autre part, parce que la société bourgeoise
tend à dissoudre toutes les valeurs et significations traditionnelles (pouvoir,
famille, hiérarchie sociale, etc.). Enfin, l’un des aspects essentiels de la
question ouvrière est que le mouvement ouvrier a fait naître un projet
social-historique révolutionnaire, projet de transformation complète et
radicale de la société. Castoriadis considère ensuite « la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">disparition </em>du mouvement ouvrier en tant
que force social-historique <em style="mso-bidi-font-style: normal;">originaire</em>
et <em style="mso-bidi-font-style: normal;">autonome</em> ». Selon lui, seule
une majorité écrasante d’hommes, provenant de plusieurs catégories sociales,
pourraient maintenant mettre en œuvre une volonté révolutionnaire. Castoriadis
achève son propos en expliquant toutes les raisons pour lesquelles il est
fallacieux de confondre marxisme et mouvement ouvrier. Ce texte est suivi de la
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« quatrième de couverture de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’expérience du mouvement ouvrier</em> 1 et
2 » </strong>(1973-1974).</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le cinquième texte est un ensemble de « <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">Notes sur la question de l’organisation</strong> »
daté de janvier 1974. Comme son titre l’indique ce texte s’intéresse à la
question des organisations révolutionnaires, en particulier au problème de leur
recrutement. Castoriadis aborde ce fait historique que des individus peuvent
avoir une activité révolutionnaire sans nécessairement adhérer à une
organisation. Castoriadis y critique la conception abstraite de l’organisation
révolutionnaire traditionnelle. Il analyse les trois aspects les plus aliénants
des organisations traditionnelles : « <em style="mso-bidi-font-style: normal;">la forme organisationnelle fixée une fois pour toutes</em> »,
« <em style="mso-bidi-font-style: normal;">l’idéologie dogmatique</em> »,
« la <em style="mso-bidi-font-style: normal;">personnification</em> représentative
de ce qu’est l’organisation sous la forme d’un leader ». Il s’intéresse à
cet égard à la dimension psychanalytique que toute organisation politique
comporte, en particulier aux conditions de possibilité d’un investissement
psychique visant la contestation des normes sociales dans et par lesquelles la
psyché singulière du militant révolutionnaire a pourtant été construite.</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le sixième texte, intitulé <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« La hiérarchie des salaires et des revenus »</strong>, a été
originellement publié dans le numéro 5 de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">CFDT
aujourd’hui</em>, en janvier-février 1974. Castoriadis y analyse l’intérêt
nouveau porté à l’idée d’autogestion (soutenu par l’auteur et <em style="mso-bidi-font-style: normal;">S. ou B.</em> depuis la fin des années 40).
Il montre que le concept d’autogestion implique nécessairement la contestation
radicale de la hiérarchie de commandement et de salaires dans l’entreprise.
Castoriadis propose une argumentation critique des cinq critères invoqués pour
justifier idéologiquement la hiérarchie des salaires et du commandement :
le « savoir », la « qualification », les
« capacités », les « responsabilités », la
« pénurie ». Castoriadis conteste ensuite les théories économiques
classiques et marxistes du salaire. Le point central de la discussion se trouve
selon Castoriadis dans l’analyse des facteurs sociologiques et psychologiques
qui déterminent les individus face à la structure hiérarchique, en particulier
l’intériorisation et la valorisation massive par les membres de la société
contemporaine bureaucratisée du modèle hiérarchique. La thèse de Castoriadis
est qu’il est impossible à l’homme contemporain de se représenter lui-même sans
se représenter en fonction de la place qu’il occupe ou pourrait occuper dans
une structure hiérarchique.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le septième texte reproduit une <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Discussion avec des militants du PSU » </strong>(publiée à
l’origine dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Critique socialiste</em>,
numéro 5 en janvier 1974). Différents thèmes font l’objet d’une
discussion : le modèle hiérarchique, les modèles alternatifs à
l’institution hiérarchique de la société, l’égalité radicale des salaires et de
l’autorité, la place de l’instance économique dans la vie sociale, les
conditions de la réalisation d’une société socialiste autogestionnaire
démocratique.</span><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></strong></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« Autogestion et
hiérarchie </span></strong><span style="font-family: "Times New Roman";">» a été
publié dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">CFDT aujourd’hui</em> numéro 8
en juillet-août 1976 et écrit en collaboration avec Daniel Mothé. La première
partie s’intitule « Autogestion et hiérarchie de commandement ».
L’autogestion y est d’abord définie comme pouvoir de décider <em style="mso-bidi-font-style: normal;">soi-même</em> de ses affaires (critique de la
« représentation ») en connaissance de cause. La hiérarchie, dans le
système actuel, a pour seule fonction d’organiser la contrainte contre des
travailleurs aliénés, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">donc</em>
récalcitrants. Les critères invoqués du « savoir » et de la
« compétence » pour justifier la hiérarchie sont l’objet d’une critique
approfondie. Les compétences et savoirs spécifiques, dans le modèle
autogestionnaire, doivent être immanents à l’activité productive, la servir et
non la diriger de façon séparée. La deuxième partie, « Autogestion et
hiérarchie des salaires et des revenus », s’efforce de démontrer qu’il
n’existe aucun critère objectif permettant de fonder et de justifier une
quelconque hiérarchie des salaires dans l’entreprise et dans la société. Il est
affirmé qu’au contraire, dans une société autogérée, l’égalité absolue des
salaires est un principe de base. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« L’exigence
révolutionnaire » </strong>est un entretien avec Olivier Mongin, Paul Thibaud
et Pierre Rosanvallon enregistré le 6 juillet 1976 et publié dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Esprit</em>. Les thèmes abordés sont les
suivants : la critique de l’économie marxiste, les liens entre politique
et philosophie, le primat (illégitime) posé par la philosophie classique de la
théorie sur la<em style="mso-bidi-font-style: normal;"> praxis </em>(Marx y
compris), le rapport entre histoire et politique, le sens de la pratique
révolutionnaire comme faire visant une totalité ouverte (analogie avec
l’écriture d’un livre, la pédagogie, la cure psychanalytique), le rapport entre
éthique et politique, la crise du capitalisme moderne, l’autonomie comme unité
de signification des différentes formes contemporaines de contestation sociale,
la lutte comme création “sauvage” immanente, la différence entre révolte et
révolution, l’histoire comme création (et non comme être-déterminé), les
rapports entre conscient et inconscient analogues aux rapports entre la société
et ses institutions (analogie entre la psychanalyse et la politique
révolutionnaire en tant qu’elles visent la transformation de ces rapports
respectifs), les relations entre société et État, enfin l’égalité <em style="mso-bidi-font-style: normal;">quant au pouvoir</em> à titre d’objectif révolutionnaire
central.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le dixième texte, <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« La
source hongroise »</strong> (automne 1976), est consacré à la révolution
hongroise de 1956. Le silence sur la révolution hongroise tient selon
Castoriadis au fait qu’elle constitue la première et la seule (à ce jour)
tentative révolutionnaire contre le capitalisme bureaucratique totale (celui
des pays de l’Est dans la conception et la terminologie castoriadiennes).
Castoriadis revient longuement sur le sens de la création historique radicale
ouverte par la révolution hongroise et refermée aussitôt par la répression
militaire, en particulier l’établissement par les Conseils de la démocratie
directe, de l’égalité politique véritable, leur enracinement dans des
collectivités concrètes, leur revendication d’autogestion dans le travail. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Ce texte est suivi de <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Deux lettres sur l’activité révolutionnaire et la situation en
Espagne »</strong> du 19 juillet 1975 et du 7 novembre 1976. La première porte
sur la nature authentique de l’activité et de la théorie révolutionnaires,
comme pensée et faire critiques, refusant radicalement toute adhésion à un
dogme (marxiste ou autre). Dans la seconde, Castoriadis prodigue quelques
conseils à un camarade espagnol sur la manière dont il pourrait s’y prendre
pour concrétiser son engagement politique révolutionnaire. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le texte suivant, intitulé <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« Les divertisseurs » </strong>(titre dérivé du terme militaire
« diversion ») a été publié dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le
nouvel observateur </em>en juin 1977 : il s’agit d’une dénonciation
virulente de l’incapacité des théories dominantes de la scène intellectuelle
parisienne, entre 1945 et 1977, à penser le présent, autrement dit d’une
critique de l’existentialisme sartrien, du structuralisme ainsi que de ses
avatars, enfin du mouvement dit des “nouveaux philosophes”.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Écrit en juillet 1977, <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« La gauche et la France en 1978 »</strong> traite, dans une
perspective critique, du sens et des effets d’une victoire législative de la
gauche unie autour d’un programme commun aux élections de 1978. Une telle
victoire, inscrite dans le cadre de la représentation politique et de la
société capitaliste, ne peut pas produire de changements politiques
substantiels, encore moins introduire les germes d’une transformation
révolutionnaire.</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>« L’évolution du PCF »</span></strong><span style="font-family: "Times New Roman";">, publié dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Esprit</em> en décembre 1977, reprend en les développant des éléments
que Castoriadis avait intégrés à l’origine au texte « La gauche et la
France en 1978 ». Castoriadis y montre que le PCF est un appareil
politique de type bureaucratique mais aussi totalitaire. Dépourvu de toute
conception politique déterminée, d’un authentique modèle communiste de société,
le PCF en arrive à remplacer l’idéologie de l’organisation par l’idéologie <em style="mso-bidi-font-style: normal;">comme </em>organisation. Castoriadis analyse
ensuite les raisons de la conservation du PCF dans le système politique
français et les moyens stratégiques et tactiques (générateurs de
contradictions) qu’il développe pour maintenir la croyance chez ses électeurs
de la possibilité de son accession au pouvoir. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le dernier texte, <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">« De
la langue de bois à la langue de caoutchouc », </strong>est une critique
d’Althusser et, plus généralement, une analyse des manœuvres idéologiques de
diversion de la plupart des théoriciens eurocommunistes, diversion qui consiste
à tout mettre en œuvre pour éviter à la pensée de se confronter à la réalité
sociale et historique contemporaine. </span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span><span style="mso-bidi-font-style: italic;">Intitulé Quelle
démocratie, tome 1, écrits politiques 1945-1997, III, ce livre de près de 700
pages a d’abord pour intérêt de rééditer certains textes politiques de
Castoriadis épuisés. Parmi eux, certains sont d’une importance capitale pour la
compréhension des positions socialistes antitotalitaires et antibureaucratiques
de Castoriadis et, plus généralement, de la revue Socialisme ou Barbarie.
Plusieurs textes présentent l’intérêt d’introduire le lecteur à la conception politique
révolutionnaire de Castoriadis et à son projet démocratique et
autogestionnaire. Certains textes de circonstances portent sur la vie politique
de l’époque et présentent un intérêt théorique moindre en 2014. D’autres
extraits intéresseront tout particulièrement la philosophie au sens strict dans
la mesure où la perspective politique (révolutionnaire) et la perspective
théorique y sont l’objet d’une articulation explicite. Le livre peut être lu in
extenso et permet le cas échéant d’avoir une vue d’ensemble de la pensée
politique de Castoriadis. Mais on peut aussi lire les extraits de façon
indépendante, l’ouvrage constituant un précieux outil de travail pour tous ceux
qui sont intéressés par la politique, son histoire mais aussi par la
philosophie politique du XXème siècle.</span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><br /></span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: italic;"> Baptiste Calmejane</span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><br /></span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-bidi-font-style: italic;"><br /></span></span></p>
<p align="center" style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE</span></strong></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></strong></p>
<p align="center" style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">TABLE</span></strong></p>
<p align="center" style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></strong></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold;">Avertissement -<strong> 7</strong></span><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></strong></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold;">Liste des sigles des volumes et articles de Castoriadis le plus fréquemment cités </span><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">-</span></strong><span style="font-family: "Times New Roman";"> 9</span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-weight: bold;">Castoriadis, écrivain politique (II), par Enrique Escobar</span><span style="font-family: "Times New Roman";">- 13<strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p align="center" style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">I – UNE NOUVELLE ORIENTATION </span></strong><span style="font-family: "Times New Roman";">–<strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"> 70</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Pour une nouvelle orientation : Introduction - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">83 </strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Sur l’orientation de la propagande - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">87<span style="mso-spacerun: yes;"> </span></strong><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Sur l’orientation des activités - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">101</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Recommencer la révolution - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">113</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Postface à “recommencer la révolution“ - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">155</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La grève des mineurs - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">163</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La jeunesse étudiante - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">167</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Fissures dans le bloc occidental - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">183</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Le rôle de l’idéologie bolchévique dans la naissance de la bureaucratie - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">191</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Quelques remarques sur <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Riches et pauvres en Amérique</em> - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">213</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La praxis et les racines du projet révolutionnaire - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">217</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La crise de la société moderne - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">249</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La suspension de la publication de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Socialisme ou barbarie</em> - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">269</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La révolution anticipée - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">275</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span></span><span lang="DE" style="font-family: "Times New Roman"; mso-ansi-language: DE;">Benno Sternberg-Sarel - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">321</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span lang="DE" style="font-family: "Times New Roman"; mso-ansi-language: DE;"> </span></p>
<p align="center" style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: center;"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal;"><span style="font-family: "Times New Roman";">II – QU’EST-CE QU’UNE SOCIÉTÉ AUTONOME ? - 325</span></strong></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Introduction générale à la réédition en « 10/18 » - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">329</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Avertissement pour la réédition en « 10/18 » - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">379</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La question de l’histoire du mouvement ouvrier - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">383</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Quatrièmes de couverture de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">L’expérience du mouvement ouvrier, 1 et 2</em> - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">457 </strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Notes sur la question de l’organisation - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">459</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La hiérarchie des salaires et des revenus - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">479</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Discussion avec des militants du PSU - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">493</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Autogestion et hiérarchie - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">523</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L’exigence révolutionnaire - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">541</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La source hongroise - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">575</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Deux lettres sur l’activité révolutionnaire et la situation en Espagne - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">611</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>Les divertisseurs - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">617</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>La Gauche et la France en 1978 - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">629</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>L’évolution du PCF - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">647</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-tab-count: 1;"> </span>De la langue de bois à la langue de caoutchouc - <strong style="mso-bidi-font-weight: normal;">675</strong></span></p>
<p style="margin: 0cm 0cm 0; text-align: justify;"><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span></p>Bertrand RUSSELL, Le pacifisme et la révolution. Écrits politiques (1914-1918), Agone, 2014. Lu par Laurence Harangurn:md5:19e0827e55379419a3ae130faa505f822014-09-10T06:00:00+02:002014-09-10T06:00:00+02:00Karim OukaciPhilosophie politiqueguerreindividupacifismeprogrèsRussellrévolutionsocialisme<p><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/septembre_2014/.c-est-dans-l-air_M155180_t.jpg" alt="" title="c-est-dans-l-air_M155180.jpg, sept. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Bertrand Russell ne s’est pas contenté
d’être un philosophe des mathématiques et de la logique ; son engagement
politique le conduit à refuser catégoriquement la Première Guerre mondiale.</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none">
<span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"> </span>
</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">Bertrand Russell ne s’est pas contenté
d’être un philosophe des mathématiques et de la logique ; son engagement
politique le conduit à refuser catégoriquement la Première Guerre mondiale.
Aussi le 4 août 1914, lorsque la Grande-Bretagne déclare la guerre, notre
militant pacifiste écrit un article dans le journal « the Nation »,
article refusé tant la critique est violente :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>La première nécessité pour la
démocratie, pour la civilisation et pour tout progrès facilitant la lente
transformation de la bête sauvage en homme, c’est la paix : non pas la
« paix » que Sir Edward Grey et les ministres des Affaires étrangères
des autres pays ont concoctée, celle où les armées se font face munies de
fusils chargés, et où l’ordre de donner le feu ne retentit que lorsque les
nerfs d’un soldat craquent àcause
d’une tension trop longue. </em>(p. 34).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/septembre_2014/c-est-dans-l-air_M155180.jpg" alt="" title="c-est-dans-l-air_M155180.jpg, sept. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Pacifiste, libéral dissident, Russell
philosophe et logicien dénonce dans son engagement de militant les excès de la
Première guerre mondiale.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">Les éditions Agone ont regroupé les
écrits de Russell – articles, tracts, conférences – en six chapitres :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">I. Un libéral dissident (août
1914-décembre 1915)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">II. Avec les objecteurs de conscience
(janvier-août 1916)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">III. « Le monde que l’on peut
faire » (septembre-décembre1916)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">IV. Pacifisme et révolution (décembre
1916- juillet 1917)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">V. Le reflux et la prison (juillet
1917-novembre 1918)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">VI. Le sens d’un combat (1919-1920)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun:
yes"> </span>Le pacifisme du philosophe britannique est révélateur
d’une conception démocratique de la société : il est absurde de faire de
la guerre le moteur du progrès des civilisations ; car la violence détruit
les idéaux de l’humanité. Il faut donc militer pour une société pacifique et
généreuse. Mais il faut penser une forme de gouvernement - le socialisme - qui
ne nie pas la liberté de l’individu. Le parcours de ce démocrate libéral et
aristocratique<span style="mso-spacerun: yes"> </span>- par ses origines
et son parcours universitaire -<span style="mso-spacerun: yes">
</span>est exemplaire tant par son soutien aux objecteurs de conscience,<span style="mso-spacerun: yes"> </span>que par son adhésion à l’association
contre la conscription (NCF)<span style="mso-spacerun: yes"> </span>qui
le conduira en prison en 1918.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">Bertrand Russell dénonce vigoureusement
la croyance absurde selon laquelle « <em>une guerre peut mettre fin à la
guerre » </em>selon la formule de H. G. Wells. Aucune guerre n’est juste si
elle n’est pas justifiée par une invasion ; et tout enthousiasme pour la
guerre est le signe d’une cruauté sans limite. Car, en bon logicien, Russell se
demande avec raison si la propagande des gouvernements est validée par les
faits. Or, rien ne dit que l’ennemi est « cruel » :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>On croit toujours que les
guerres sont justes et que l’on combat pour les intérêts de la paix, mais
aucune guerre jusqu’ici n’a mis fin à la guerre. Si celle-ci doit se terminer
autrement, alors elle doit engendrer un esprit nouveau, et surtout elle doit
nous débarrasser de cette conviction ardente et faussement humaine que l’ennemi
est cruel. » </em>(p. 46).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun: yes">
</span>Il ne faut pas s’y méprendre : la guerre ne repose ni sur
l’exigence de la justice ou des intérêts bien compris ; mais sur
« les instincts liés au combat ». C’est pourquoi le souci de toute
nation est de faire naître l’amour de la patrie, loin des idéaux de vérité.<span style="mso-spacerun: yes"> </span>Ainsi, les croyances prennent le pas
sur les faits et conditionnent des comportements belliqueux. Avec ironie,
Russell imagine deux chiens de deux pays différents revendiquant leurs
« idéaux », alors qu’ils sont guidés uniquement par leurs instincts.
C’est ainsi que les nations se comportent :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>Si on leur avait enseigné que
le Chien est un animal rationnel, nous pouvons être sûrs qu’une superstructure
de croyances se développerait chez eux pendant le combat. En réalité, ils se
battent parce que quelque chose dans l’odeur de l’autre les met en colère. Mais
si leur bagarre s’accompagnait d’une activité intellectuelle, l’un prétendrait
se battre pour promouvoir la bonne sorte d’odeur (Kultur), et l’autre pour
défendre la liberté canine imprescriptible de courir sur le trottoir
(démocratie). » </em>(p. 94-95).<em><span style="mso-spacerun: yes">
</span></em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun:
yes"> </span>Pour changer les mentalités, pour combattre les instincts, il
faudrait sans doute éduquer l’humanité à seule fin de développer des sentiments
moraux comme la générosité ; Russell ne cesse d’y faire allusion dans son
parcours de militant : sans élévation de l’humanité, aucun progrès n’est
possible :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>La connaissance accompagnée
d’une élévation de l’esprit est l’instrument principal du progrès humain ;
la connaissance sans élévation de l’esprit devient facilement démoniaque, et
elle aggrave les blessures que l’homme inflige à l’homme. » </em>(p. 98).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun:
yes"> </span>La lutte politique s’accompagne donc d’une
contestation des habitudes admises et des croyances partagées. C’est ainsi que
Russell s’engage dès 1916 auprès des objecteurs de conscience : il faut se
battre pour défendre leurs droits. Mais surtout il faut combattre l’idée selon
laquelle les opposants à la guerre sont des lâches. En effet, ce sont les
résistants à la guerre qui sont capables de défendre non « la loi de la
haine » mais « la loi de l’amour ». C’est pourquoi, il est
nécessaire de penser un monde de l’après-guerre sans violence ; « <em>ce
sont les objecteurs de conscience qui forment le noyau de la civilisation
future. »</em> (P 127). Il est donc injustifié de briser la liberté et le
pouvoir de décision des individus ; Russell défend ainsi ses profondes
convictions politiques : être libéral en ce sens signifie s’opposer à
toute forme d’oppression de l’État. Mais il faut aller plus loin pour garantir
la survie des idéaux d’humanité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun: yes">
</span>Dès septembre 1916, Russell donne une série de cinq conférences à
Manchester, à Birmingham devant des auditoires ouvriers. Il ne s’agit pas
seulement de défendre des idéaux politiques, mais de repenser des idéaux de
vie :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« Les idéaux politiques doivent
reposer sur des idéaux pour la vie individuelle. La politique devrait avoir
pour but de rendre la vie des individus aussi bonne que possible. » </span></em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">(p. 135).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">C’est pourquoi ce sont les forces
créatrices de l’individu qui doivent se développer, et non l’instinct de
possession. Il suffit de comparer le développement naturel d’une plante au
comportement moral d’un être humain pour s’en convaincre. En revanche, la
« possessivité » est pour le philosophe britannique cause de tous les
maux car elle engendre le désir de dominer. La difficulté politique est de
parvenir à concilier précisément cette liberté créatrice de l’individu avec
l’exigence d’égalité et de justice : seul le socialisme peut y parvenir,
mais un socialisme qui ne nie pas les droits fondamentaux de l’individu. Mais
en même temps Russell, au cours de son parcours, défend le socialisme parce
qu’il est le seul à s’opposer au capitalisme. Il faut donc parvenir à un
équilibre entre l’instauration d’un État qui puisse garantir la justice sociale
et les idéaux de liberté. Dès la Révolution russe de 1917, Russell tente
d’associer « pacifisme » et « révolution », projet dont on
peut deviner la complexité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Le socialisme apparaît
nécessaire puisqu’il constitue un rempart contre le capitalisme, contre le
contrôle des individus. Peut-être pouvons-nous supposer, selon l’auteur, que le
socialisme comme le capitalisme n’est qu’une étape dans l’histoire. Bien sûr,
il s’agit de mesurer la force d’un<span style="mso-spacerun: yes">
</span>socialisme international – ni trop « long », ni trop
« impitoyable. » Mais c’est une vérité que de constater que le
capitalisme n’a pu apporter aux peuples le bonheur :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>Le capitalisme n’est parvenu
à garantir ni la liberté, ni une véritable démocratie, ni une paix durable, ni
l’accroissement de la production dont le monde a besoin ; et il n’y a
aucune raison de penser que son échec dans ces domaines soit en quelque façon
temporaire. » </em>(p. 288-289).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">C’est au nom d’une exigence de justice
que Russell entend construire un monde d’après-guerre, un monde meilleur. Le
philosophe britannique entend mettre sa rigueur logique au service de la
justice. Citons les propos du dernier chapitre, </span><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« </span><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-bidi-font-style:
normal">Le sens d’un combat</span></span><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-bidi-font-style:
normal"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"> »</span> </span>:</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">« <em>Les idéaux de liberté, de
justice économique, de coopération internationale dont le monde a besoin, et
que seul le socialisme peut réaliser. »</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><em><br /></em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"><span style="mso-spacerun:
yes"> </span><span style="mso-spacerun: yes"> </span></span></em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">Il faut lire et réfléchir à la portée
morale de ce livre : aucun peuple ne mérite la cruauté des hommes !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"" lang="FR">Laurence Harang, docteur et professeur
de philosophie à Toulon.</span></p>