oeil de minerve ISSN 2267-9243 - Mot-clé - réflexionRecensions philosophiques2023-12-27T09:56:23+01:00Académie de Versaillesurn:md5:b5151268a8c1e471830557044d755c66DotclearPenser au cinéma, textes réunis et présentés par Marc Goldschmit et Eric Marty, Paris, Hermann, 2015 Lu par Julien Meresseurn:md5:eeb2c147be727caac83e7778d83b78df2016-02-28T06:00:00+01:002016-02-28T06:00:00+01:00Florence BenamouPhilosophie généralecinémaimagesréflexion<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong>Chers lecteurs, chères lectrices, </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong> </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong>Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/category/Esthétique" style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 17px; color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions d'esthétique </a></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/category/Philosophie-politique" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none; font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt;">Recensions de philosophie politique</a></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/22/01/2016/recensions-janvier" style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt; color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions de philosophie antique</a></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-size: 13pt; font-family: 'Lucida Grande';"><span style="color: rgb(74, 0, 3);"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/31/01/2016/S%C3%A9lection-de-recensions-de-philosophie-morale" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions de philosophie morale</a></span></span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/10/02/2016/Index-des-recensions-portant-sur-des-ouvrages-d-%C3%89pist%C3%A9mologie" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none; font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt;">Recensions d'épistémologie</a></p>
<p><strong style="mso-bidi-;
mso-fareast-mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:
FR;mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">Penser au cinéma<span style="Lucida Grande";mso-fareast-mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">,
textes réunis et présentés par Marc Goldschmit et Eric Marty, Paris, Hermann,
2015 Lu par Julien Meresse</span></strong>
</p>
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></strong><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-fareast-font-family:Arial;mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:
FR;mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">L’ouvrage <em style="mso-bidi-font-style:normal">Penser
au cinéma</em> vise à placer le cinéma au cœur de la réflexion philosophique. Le
cinéma est prédominant dans notre rapport au réel. Nos vies, nos désirs et nos
pensées sont hantés par des images cinématographiques. Le cinéma en sait plus
sur nous et sur notre époque que nous-mêmes. Il est un puissant révélateur.
Marc Goldschmit et Eric Marty réunissent dans l’ouvrage des interventions qui
explorent le mouvement de la pensée dans le cinéma. Cette approche réflexive ou
réfléchissante devient alors un moteur pour la pensée </span>
</p>
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></strong></p>
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></strong></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></p>
<br /><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></strong>
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> </span></strong></p>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-" lang="EN-US"><strong style="mso-bidi-" lang="EN-US"> </strong></em></p>
<em style="mso-bidi-" lang="EN-US">
<em style="mso-bidi-" lang="EN-US">
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-" lang="EN-US"> </strong></p>
</em></em> <p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">La première partie de
l’ouvrage traite de la justice au cinéma. Cette partie se compose d’abord d’une
intervention de Michel Deguy consacrée au cinéaste Sydney Lumet et en
particulier au film <em style="mso-bidi-font-style:normal">Find me guilty</em>
(2006). Ce film exhibe l’impossibilité de rendre la justice. L’analyse de la
scène d’acquittement du criminel par le peuple ouvre à une réflexion sur la
solitude du juge et sur la défaite du rendu de la justice. Le cinéma filme
l’injustice au cœur de la vie et peut engendrer une « image
infectée » pour reprendre le titre de l’intervention de Laura Odello.
Celle-ci utilise des scènes de films d’horreur dont le cadre est le milieu
hospitalier. À partir d’une relecture de la clinique foucaldienne, Laura Odello
analyse la série de Lars Von Trier intitulée <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Riget</em>. Quand le cinéma filme l’infection (ou bien la mort vue comme
la possibilité de l’analyse de la maladie), l’œil du spectateur est
lui-même infecté. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">La deuxième partie de
l’ouvrage reprend, par revers, le thème du regard. Le cinéma nous regarde
puisqu’il peut être pensé comme une réécriture du monde. L’intervention de
Peter Szendy va dans ce sens <em style="mso-bidi-font-style:normal">via</em> un
rapprochement entre Nietzsche et Kubrick. L’analyse du monolithe noir de <em style="mso-bidi-font-style:normal">2001, Odyssée de l’espace</em> est au cœur
d’une vision du cinéma comme cosmographe. Au cinéma, comme dans le monde,
« ça tourne ». Or, puisque la justice n’est pas de ce monde (en écho
à l’intervention de Michel Deguy, ce qui va dans le sens d’une continuité
intéressante de l’ouvrage), Jean Maurel démontre, dans son intervention que
l’œil du cinéma est un œil exorbité. À partir des versions anglo-saxonnes de <em style="mso-bidi-font-style:normal">Notre-Dame de Paris</em>, Jean Maurel, en
convoquant les concepts de Roland Barthes, parvient à démontrer que le cinéma
est l’ouverture vers la vie et vers la survie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">La troisième partie de
l’ouvrage se confronte à l’événement sans réponse qu’est la Shoah. Trois
interventions sous trois angles bien différents affrontent cet événement qui
déborde le cadre de la pensée. L’article d’Eric Marty réfléchit sur l’absence
d’images de la Shoah dans le film de Lanzmann. L’absence d’images de
l’événement touche au statut même de l’événement à savoir l’extermination des
juifs. L’événement Shoah dure encore aujourd’hui. Eric Marty, par une analyse
de l’ « événement » (différent par nature du « fait »)
montre l’essence persistante de l’événement. <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Shoah</em> est un film de mémoire, en ce sens précis. La hantise de
l’événement prend également la forme d’archives de procès. Ainsi Léa Veinstein
produit-elle une étude du procès Eichmann. L’auteur nous confronte à
l’impossibilité de penser cette figure. Ce point-limite se cristallise dans un
dialogue avec Hannah Arendt. Léa Veinstein explore l’idée selon laquelle le
fonctionnaire nazi Eichmann veut paraître banal. Cela force à concevoir la
position d’Eichmann sous la forme stratégique. L’évocation d’une question posée
en allemand (sur Kant) au criminel est alors l’occasion d’une réflexion sur la
monstruosité. Celle-ci réside dans le fait de superposer plusieurs
« Je », d’alterner dans un même discours différents cadres et
différents sujets en feignant de croire que cela ne pose aucun problème logique
ou ontologique. La réflexion sur l’identité est poursuivie par Marc Goldschmit
à partir d’une œuvre de fiction : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Monsieur
Klein</em>. Ce film de Losey est alors vu comme une méditation sur le nom et sur
l’être du nom juif. Dans l’indifférence inhumaine, Monsieur Klein partage le
destin de la destruction industrielle des juifs. Les juifs de la Shoah,
dépossédés de tout, n’ont plus que leur nom. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style:
normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">Penser
au cinéma</span></em><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">
s’achève par une réflexion sur la propre pensée cinématographique. Le cinéma se
réfléchit, dans tous les sens de l’expression. La dernière partie s’intitule,
dans cette optique, « Le cinéma en miroir ». Mireille Calle-Gruber
analyse le cinéma de Marguerite Duras. Ce dernier est un cinéma réfléchissant
sur le cinéma. Le dédoublement filmique, <em style="mso-bidi-font-style:normal">via</em>
un lien cinématographico-conceptuel entre <em style="mso-bidi-font-style:normal">India
Song</em> et <em style="mso-bidi-font-style:normal">Son nom de Venise dans
Calcutta désert</em> permet une approche de la pensée cinématographique de
Duras. Jean-Luc Nancy, dans la même veine de mise en abîme, analyse la règle du
jeu dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">La règle du jeu</em> de Renoir.
L’auteur parvient à donner une interprétation originale à ce film pourtant très
commenté : ce film dit la vérité sur la vérité. En articulant l’amour, la
mort et la vie, Jean-Luc Nancy montre que le film de Renoir est un film qui
donne à penser l’essentiel. Par exemple, par une brillante interprétation de la
scène du limonaire, on retiendra que la vérité est à elle-même sa propre
manifestation. Par une analyse de l’apparaître et de l’apparence, Jean-Luc
Nancy dénoue les rapports de l’être et de l’illusion, de l’essence et du
phénomène. La continuité de l’ouvrage est remarquable, une fois encore, puisque
l’intervention <em style="mso-bidi-font-style:normal">de</em> Jean-Luc Nancy est
suivie d’une intervention <em style="mso-bidi-font-style:normal">sur</em>
Jean-Luc Nancy. Le cinéma est alors décrit comme « le désir de penser avec
les images ». Cela excède la matérialité filmique et conduit à penser le
cinéma comme un art cosmique, un foyer d’interprétations et de significations.
Ce foyer trouve une expression dans le cinéma de Jean-Luc Godard. C’est
pourquoi Suzanne Liandrat-Guigues interroge le statut de la citation dans <em style="mso-bidi-font-style:normal">Histoire(s) du cinéma</em>, de Godard. La
citation godardienne n’est pas instrumentale. Elle est un foyer de pensées. À
travers plusieurs exemples, la citation est analysée comme un
« matériau » qui vise à être absorbé, à être pensé, repensé, et, <em style="mso-bidi-font-style:normal">in fine</em>, replacé dans d’autres réalités
et dans d’autres conceptualités.<span style="mso-spacerun:yes"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US">L’intérêt de <em style="mso-bidi-font-style:normal">Penser au cinéma </em>est multiple et se
saisit dans la richesse inhérente de son titre. En un sens, nous faisons bien
de penser au cinéma, c’est-à-dire de nous en souvenir comme d’un lieu propice à
la pensée et à la réflexion. En un autre sens, le cinéma est un lieu de pensée.
Dans cette optique, les interventions qui attirent l’attention sur l’aspect
réfléchissant du septième art sont particulièrement intéressantes. De plus, l’ouvrage
a le mérite de retourner l’acception courante de notre rapport au cinéma. Nous
regardons, certes, le cinéma. Mais l’inversion de ce rapport est
conceptuellement pertinent : le cinéma nous regarde puisqu’il est une
écriture de notre monde. Les textes réunis dans l’ouvrage montrent bien, dans
leur diversité, que le cinéma est un œil qui nous regarde. Les interventions
consacrées à la Shoah ouvrent des perspectives sur cet événement qui dépasse la
conceptualité, mais qui nous interroge encore et toujours. Enfin, l’ouvrage
donne envie de voir ou de revoir des chefs d’œuvre, pris dans une diversité
vertigineuse : Lumet, Kubrick, Losey, Duras… Penser au cinéma revient
alors à considérer que les images cinématographiques donnent à penser, sont des
pensées et pensent en elles-mêmes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Lucida Grande"" lang="EN-US"> Lu par Julien Meresse<br /></span></p>