oeil de minerve ISSN 2267-9243 - Mot-clé - artsRecensions philosophiques2023-12-27T09:56:23+01:00Académie de Versaillesurn:md5:b5151268a8c1e471830557044d755c66DotclearMarc Jimenez, Art et technosciences. Bioart et neuroesthétique, Klincksieck 2016, lu par Olivier Koettlitzurn:md5:f850350675d5f51f21a786760333dc322017-11-03T12:00:00+01:002017-11-03T12:00:00+01:00Florence BenamouEsthétiqueartsesthétiquesciencestechnosciences<p style="text-align: justify;"><strong>Marc Jimenez, <em>Art et technosciences. Bioart et neuroesthétique</em>, Klincksieck, 2016, collection «50 questions». Lu par Olivier Koettlitz.</strong></p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="jim.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/avril/.jim_s.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Qu’il devait être doux le temps où régnait une séparation bien étanche entre les formes d’activité des hommes. Chacun devait avoir son territoire, avec sa cartographie propre, et tous devaient en bonne intelligence communiquer les résultats de leurs recherches aux autres, faire profiter autrui des progrès ou des bienfaits laborieusement acquis, non certes sans quelque suffisance ou auto-satisfaction bien légitime.</p> <p style="text-align: justify;">L’homme de science cherchait la vérité, l’homme de la technique oeuvrait à la domestication de la nature, l’homme de pouvoir s’arrangeait pour que perdure l’ordre social, l’homme de l’art s’évertuait à divertir ses semblables parce qu’il faut bien que les sens exultent, et le philosophe, quelque peu décalé mais tellement inoffensif, tentait de donner du sens à toute cette nécessaire agitation sans laquelle la vie humaine eût été tout simplement impossible. Quelques concepts empruntés à l’antique philosophie grecque peuvent rendre intelligible cette distribution des valeurs et des tâches. Trois y suffisent : la poièsis visait à la production, la création, l’action de fabriquer visant des résultats, des produits extérieurs à l’agent, aux gestes et aux savoir-faire de celui qui faisait venir à la présence de tels artéfacts ; la praxis renvoyait à l’action d’un sujet sur un autre, à ce type d’action ayant sa fin en elle-même, une sorte de création sans oeuvre extérieure aux agents ; enfin, la théôria désignait l’activité propre à l’intelligence qui s’élève au niveau des idées pures, accède à la mathesis, et comprend ainsi la vraie nature des choses.</p>
<p style="text-align: justify;">Cette Arcadie anthropologique reste tout à fait mythique voire fantasmatique. Sans doute les choses ne se sont-elles jamais vraiment passées de façon aussi ordonnée, lisse et pacifiée. Les frontières ont probablement toujours été peu ou prou poreuses et les relations entre les acteurs de cette scène sont autrement plus complexes si ce n’est, parfois, houleuses voire franchement belliqueuses. Que le principe de réalité penche plutôt de ce côté-ci de la balance est une très bonne chose qui assure, pour notre espèce, sa vitalité et donc sa capacité à engendrer du nouveau. Ce brouillage des frontières, cet empiétement réciproque des domaines de compétence est au coeur du très éclairant livre de Marc Jimenez Art et technosciences. Bioart et neuroesthétique, paru récemment aux Éditions Klincksieck dans la bien pratique collection «50 questions».</p>
<p style="text-align: justify;">Toute personne — et a fortiori tout enseignant — ayant un peu réfléchi sérieusement aux rapports entre art et science, plus exactement entre art, science et technique, ne peut sans malhonnêteté s’installer dans une sorte de confort théorique, confort que les dernières percées dans ces différents domaines depuis quelque dizaines d’années rendent de plus en plus improbable. Déjà à la Renaissance, Léonard de Vinci lui-même, pour convaincre du statut noble, donc libre, de la peinture, devait faire valoir l’usage que le peintre fait des mathématiques pour concevoir l’espace de la toile. Entre temps, soit un temps assez court au regard de l’échelle historique, les choses ont encore gagné un degré supplémentaire de complexité. Il ne s’agit plus en effet d’opposer ou de concilier les arts et les sciences, le goût pour l’imaginaire et la sensibilité avec les intérêts de la raison, mais de penser les multiples liens unissant et séparant les pratiques artistiques et ce qu’on appelle désormais les technosciences, soit un ensemble ouvert convoquant chercheurs, institutions et ingénieurs dans le but de mettre en application les acquis et les découvertes des sciences et des techniques. Autant reconnaître que la franche distinction aristotélicienne entre la technê qui aide à produire des choses efficaces et la théôria qui assure l’accès désintéressé à la vérité devient aujourd’hui caduque pour s’y retrouver dans l’écheveau de questions, de problèmes et de controverses dont fait état avec clarté le livre qui nous occupe. Même si une vue pseudo romantique des arts pouvait donner à penser le contraire, on savait certes bien que la science pense et même imagine (Descartes, lui, en était parfaitement conscient) et que l’artiste, de son côté, raisonne souvent et formalise à l’occasion. Mais, désormais, on ne peut plus se raconter d'histoires : les deux pentes du psychisme qu’aimait à évoquer Bachelard, la pente de la rêverie et celle de la compréhension, le penchant onirique et l’activité mettant en branle notre intellection se rencontrent, se croisent, collaborent aussi, parfois paraissent presque indiscernables. On le constate à l’évidence avec l’existence des «sculptures d’animaux monstrueux de Patricia Piccinini, tel son étrange et peu attrayant ornithorynque baptisé S02 » ou encore avec un «lapin vert, un steak de grenouille, des papillons artificiellement colorés, des ailes en peau de porc, des peaux humaines cultivées sur du derme de cochon, des souches humaines implantées dans des cerveaux de rats, des chèvres contenant des gènes d'araignée, des mouches mutantes du vinaigres pourvues de pattes à la place d’antennes, etc.» A suivre cette rhapsodie d’exemples, qui semble être un écho postmoderne au célèbre dictionnaire chinois de Borges, on en perd vite son latin, on ne sait plus ce qui relève des technosciences ou des arts. Tout se passe comme si il y avait entre science et art un chiasme qui rendait la question du partage des genres et des tâche bien embarrassante: faut-il attribuer la paternité d’un lapin à un artiste farfelu ou reverser cette production déconcertante au compte d’un savant poussant les limites de sa pratique à quelque extrémité? A moins qu’il ne faille revoir nos définitions et même en produire de nouvelles, travailler avec des catégories adéquates au monde en pleine mutation dont nous sommes les contemporains, ce que précisément s’attache aussi à faire Marc Jimenez en donnant à point nommé des éclaircissements sur ce qu’il faut entendre par «Bioart», «fyborg et cyborg», «biofact», «énaction» ou encore sur ce qu’est la «neuroesthétique». Il reste toujours possible, mais fort déconseillé, d’enseigner la philosophie de l’art et l’esthétique en s’échinant exclusivement sur les sempiternels exemples empruntés à Picasso ou Van Gogh ; non pas que les oeuvres de ces artistes soient dépassées mais leur apport doit être complété par le recours à des cas (dans tous les sens du mot) autrement plus problématiques. L’enjeu n’est pas d’être à la mode mais de s’efforcer de s’orienter dans un monde qui voit tous les anciens repères, quels que soient les domaines, s’effilocher. Ces problèmes sont multiples et de diverses natures. Ils concernent d’abord le rapport et la place qu’il convient d’accorder à toutes ces plus ou moins nouvelles pratiques artistiques eu égard à l’histoire de l’art, à l’émergence et à l’évolution de l’esthétique, ce dont s'occupe une bonne partie de l’Introduction. Le souci décisif pour les définitions, donc un certain sens de la distinction, si possible fine, est récurrent ; aussi toute la seconde partie s'attache plus précisément à définir ce qu’il faut comprendre par «art génétique». Le statut du corps et de sa valeur est évidemment au coeur de cette présentation. De même que sont abordés frontalement, des questions 32 à 49, les rapports entre «esthétique et neurosciences».</p>
<p style="text-align: justify;">Bergson aimait à faire remarquer que ce qui avait le plus manqué à la philosophie c’était la précision, autrement-dit la production de ce qu’on appelle un concept, objet rare et singulier comme une oeuvre d’art. Cette synthèse réflexive et ouverte des liens existant entre art et technosciences n’en manque pas. Son souci pédagogique ne cède jamais sur l’exigence de rigueur sans laquelle le monde s’obscurcit encore un peu plus. Son autre mérite est d’attirer notre attention sur les inquiétants problèmes posés par ces noces de l’art et des technosciences, qu’en d’autres temps ou sous d’autres cieux on aurait qualifié de «lucifériennes» ou, plus prosaïquement, de «monstrueuses». On sait que les artistes ont souvent dérangé, «choqué le bourgeois», qu’ils ont parfois porté ombrage aux pouvoirs (politique, religieux), qu’il ont même inquiété, dès ses débuts, la philosophie (la fameuse méfiance de Platon à l’égard de «ce genre de sophiste» qu’est l’artiste). L’art n’a rien d’une activité innocente et partage avec la science le même désir de créer. Art ou science, il ne faut pas d’abord choisir mais prioritairement travailler aux frontières, explorer l’ente-deux où se noue de curieuses alliances entre créateurs et chercheurs. Il n’est plus possible maintenant de négliger cette propension des scientifiques à ne pas être que d’humbles découvreurs des lois de la nature au service de l‘Humanité lorsqu’on constate les sidérantes prouesses prométhéennes dont sont capables les laboratoires de création génétique. D’un côté, avec le bioart les «artistes s'approprient sans vergogne les avancées technoscientifiques les plus pointues. Les neuroscientifiques, quant à eux, peuvent trouver parfaitement légitime de mettre à profit la connaissance qu’ils ont désormais du fonctionnement du cerveau pour mieux comprendre les processus émotionnels et cognitifs.» Sauf que parfois la tentation est grande de ne pas se contenter uniquement de «comprendre» mais aussi d’entreprendre des travaux qui tendanciellement emporte l’humanité vers une post- ou trans- humanité. «Sur le plan philosophique, cela signifie la fin de l’ère cartésienne, celle de l’homme «maître et possesseur» de la nature devenu l’objet et le jouet impuissant d’androïdes aux capacités sensorielles, motrices et cognitives supérieures à celles de son propre cerveau.»</p>
<p style="text-align: justify;"> Tous ces bouleversements posent alors d’épineux problèmes qui convoquent le droit, la morale, le politique et non seulement la philosophie dont le rôle est «de s’interroger sur les pouvoirs d’une technoscience qui, répondant malencontreusement au voeu des post- ou transhumanistes, aboutirait à la réification de l’homme.» Par un tour d’ironie comme l'histoire nous en donne souvent l’exemple, les modernes ou, selon d’autres, les postmodernes voire encore les hypermodernes, retrouveraient avec de tout autre moyens et motivés par de tout autres intentions ce que, à l’aube de l’humanité, nos lointains ancêtres du Paléolithique semblaient chercher : une sympathie avec le vivant, ce que Georges Bataille a appelé «l’intimité perdue». </p>
<p style="text-align: justify;"> Depuis que les dieux sont morts ou en fuite, il nous faut, nous les êtres humains, pour tenter de nous définir nous reporter à ce qui nous reste de relative altérité, à savoir les animaux et les machines, la nature et les artéfacts. D’où une cascade de questions qui découlent du problème des limites, autrement-dit d’un problème littéralement critique, un problème pour le jugement, la capacité à faire le tri, à passer au tamis l’ensemble des ces pratiques : «Les questions morales, sociétales, et politiques n’ont rien de commun avec celles qui préoccupaient les artistes d’hier, précise Marc Jimenez. Quelques exemples : les contraintes éthiques imposées aux scientifiques dans leurs recherches sur le vivant sont-elles applicables aux artistes qui manipulent l’ADN? Les manipulations biotechnologiques à des fin «artistiques» n’ouvrent-elles pas la porte à des surenchères dangereuses pour l’individu et pour l’espèce humaine, animale ou végétale? L'assujettissement de l’art aux nouvelles technologies, la fascination des artistes devant les pouvoirs de la technoscience ne signifie-t-elle pas la perte de leur autonomie? Les pratiques artistico-scientifiques ne deviennent-elles pas dépendantes des desiderata d’un système économique et industriel qu’on accuse d’être responsable de désenchantement et de déshumanisation?» Or, comme on en convient à la lecture de ces brûlantes interrogations, s’intéresser au bioart et à la neuroesthétique constitue une assez bonne entrée, parmi d’autres possibles, pour au moins penser les grandes questions de notre temps. </p>
<p style="text-align: right;"> Olivier Koettlitz (06/07/2017).</p>Christian Destain, Jean-Jacques Rousseau, Le cavalier bleu, coll. « Idées reçues », lu par Olivier Chelzenurn:md5:17f875ea2b9f2731d4f8ece8b8f268012014-05-19T06:00:00+02:002014-05-19T06:00:00+02:00Cyril MoranaHistoire de la philosophieartsidées reçuesnaturepolitiqueRousseausciences<p><strong><img title="Rousseau, mar. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/.41rWJll-emL_t.jpg" />Christian Destain, <em>Jean-Jacques Rousseau</em>, Le cavalier bleu, coll. « Idées reçues », 2007</strong></p>
<p><span lang="FR">Il suffit de lire <em>l’Emile</em>
pour comprendre à quel point Rousseau jugeait nécessaire une éducation
susceptible d’empêcher les idées reçues de prendre racine dans les jeunes
têtes. Il est cependant ironique de constater que cet auteur suscite, encore
aujourd’hui, quantité de lieux communs, nombre d’idées toutes faites que l’on
peut même d’ailleurs souvent anticiper lorsque la conversation roule sur sa philosophie, ou sur la vie qu’il a menée. </span></p> <p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Ce petit ouvrage avait
donc sa place légitime<span style="mso-spacerun:yes"> </span>au sein de la
collection « Idées reçues ». Dans son <em>Jean-Jacques Rousseau</em>,
Christian Destain passe en revue un certain nombre de thèses certainement
partagées par le plus grand nombre, au sujet du philosophe genevois. Les thèses
choisies ne sont d’ailleurs pas toutes fausses, et nous constaterons mê</span><span style="mso-ansi-language:PT" lang="PT">me que tr</span><span lang="FR">ès souvent
elles sont vraies. La méthode de Christian Destain ne consiste donc pas à
partir de l’erreur, du contresens, pour le corriger. Il expose au contraire des
idées qui, justes en elles-mêmes pour la plupart, demandent néanmoins à être
explicitées et contextualisées. C’est ce à </span><span style="mso-ansi-language:IT" lang="IT">quoi s</span><span lang="FR">’emploie l’auteur,
profitant de cet exercice pour nous proposer un portrait somme toute assez
complet du philosophe et de sa pensée. </span>
</p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span lang="FR">Une présentation de Rousseau et de sa philosophie</span></strong><span lang="FR">.</span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Le texte comporte quatre
chapitres correspondant chacun à un grand thème: la vie (de Jean-Jacques
Rousseau), la nature, la pensée politique et enfin la religion. Dans le premier,
C. Destain s’attaque tout d’abord à l’affirmation selon laquelle
« Rousseau a abandonné ses enfants »<a style="mso-footnote-id:ftn1" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[1]</span></span></span></span></a>. Que le lecteur ne
s’attende cependant pas à un scoop. Pour l’auteur, les thèses selon lesquelles
cette faute serait inventée de toutes pièces par Rousseau sont peu crédibles.
Il est très probable que sa progéniture ait effectivement été déposée aux Enfants-Trouvés
comme nous pouvons le lire dans les <em style="mso-bidi-font-style:normal">Confessions<a style="mso-footnote-id:ftn2" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:11.0pt;font-family:"Times New Roman";mso-fareast-font-family:
Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";color:black;mso-ansi-language:
FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:AR-SA" lang="FR">[2]</span></strong></span></span></span></a></em>.<span style="mso-spacerun:yes"> </span>Il convient cependant de rappeler qu’au
XVIIIème siècle, un enfant sur trois est abandonné dès sa naissance. Ce n’est
pas une excuse, certes, mais cela permet tout de même de comprendre que pour un
homme de cette époque, un tel acte devait sûrement apparaître plus banal que
pour nous. En outre, <span style="mso-spacerun:yes"> </span>c’est surtout
contre le discrédit jeté sur l<em style="mso-bidi-font-style:normal">’Emile</em>,
un traité d’éducation, que C. Destain s’élève. Quoi qu’ait fait Rousseau, cela
ne retire rien à cette œuvre géniale qui doit être lue et méditée.</span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Nous retiendrons surtout
de ce premier chapitre le passage consacré à la relation entretenue par
Rousseau avec les Lumières<a style="mso-footnote-id:ftn3" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[3]</span></span></span></span></a>. En effet, s’il est vrai
que les penseurs de ce courant ont cru que le progrès de la connaissance
entrainerait nécessairement un progrès de l’homme vers le bonheur, alors
Rousseau peut apparaitre comme un opposant aux Lumières. C’est notamment le cas
avec le <em style="mso-bidi-font-style:normal">Premier Discours</em>, dont la
lecture un peu hâtive peut laisser croire à une condamnation pure et simple des
sciences et des arts. C’est cependant mal comprendre la thèse défendue :
Rousseau ne condamne pas les sciences et les arts en eux-mêmes, mais seulement
le fait que les hommes s’y livrent de façon aveugle, sans en distinguer les
dangers et les bienfaits. C’est là une nuance importante. D’autre part,
certains aspects de sa pensée font de lui un homme des Lumières au plein sens
du terme. C’est notamment le cas de sa réflexion critique sur les religions
statutaires, les Eglises constituées. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Du second chapitre
consacré à la nature, arrêtons-nous sur deux points, et en premier lieu sur la
réfutation d’un prétendu « retour à la nature » que prônerait
Rousseau dans ses ouvrages<a style="mso-footnote-id:ftn4" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[4]</span></span></span></span></a>. En effet, il n’est pas
question d’envier le « bon sauvage » de l’état de nature qui, faisant
la sieste sous son arbre, n’a pas pleinement réalisé son humanité, c’est le
moins que l’on puisse dire. En ce sens, l’interprétation de Voltaire, bien
qu’elle ait eu un certain succès, est entièrement fausse<a style="mso-footnote-id:
ftn5" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[5]</span></span></span></span></a>. Rousseau ne peut vouloir
un retour à la nature pour deux raisons essentielles. D’abord, l’état de nature
est purement hypothétique, il « n’a peut-être point existé, (…)
probablement n’existera jamais »<a style="mso-footnote-id:ftn6" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[6]</span></span></span></span></a>. La fonction de cette
hypothèse est donc méthodologique ; il s’agit d’ôter à l’homme tout ce
qui, en lui, tient de l’Histoire, afin de retrouver ce qu’il est
essentiellement. Ensuite, Rousseau sait très bien qu’aucun retour en arrière
n’est possible, car l’Histoire ne rétrograde pas. Bien au contraire, l’homme ne
peut devenir un être politique, un citoyen, qu’au prix d’une dénaturation
complète : individu solitaire et indépendant à l’état de nature, il doit
devenir membre d’un tout plus grand que lui, le corps politique. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">En second lieu, le
commentaire de la formule rousseauiste selon laquelle « l’homme est
naturellement bon, c’est la société qui le corrompt », est à la fois
étrange et intéressant. Intéressant parce que C. Destain montre en quoi cette
formule est liée à la critique d’une nature prétendument pécheresse de l’homme,
totalement étrangère à la pensée de Rousseau. Pour ce dernier, l’idée que le
mal puisse être inhérent à la nature humaine, ou la croyance selon laquelle le
péché originel aurait corrompu non seulement le fautif mais encore tous ceux
qui sont nés après lui, sont totalement inacceptables. Mais le commentaire de C.
Destain est également étrange, car il n’hésite pas à considérer cette formule
comme une idée reçue<a style="mso-footnote-id:ftn7" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[7]</span></span></span></span></a>. Il la juge ambiguë dans
la mesure où la bonté dont il est question ici n’est pas une bonté morale. En
effet, selon lui, pour avoir une dimension morale, la bonté doit procéder d’un
choix conscient, chez un être autonome qui a toujours la possibilité d’opter
pour le mal. Or, ce n’est évidemment pas le cas de l’homme naturel qui n’a aucunement
accès à la conscience morale, et qui agit sans réflexion en étant guidé par la
nature, à la manière d’un animal. C. Destain préfère donc le qualificatif d’
« innocent », pour qualifier l’homme naturel, voulant dire par là
qu’il est « en-deçà » du bien et du mal. Certes, l’homme naturel est
innocent, c’est parfaitement exact. Mais la formule de Rousseau, qu’il emploie
à de multiples reprises dans son œuvre, est-elle pour autant ambiguë ?
L’homme naturel est bon comme la nature à laquelle il est parfaitement intégré
est bonne, c’est-à-dire ordonnée, harmonieuse. Il est bon à la manière dont
« tout est bien sortant des mains de l’auteur de toutes choses »<a style="mso-footnote-id:ftn8" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[8]</span></span></span></span></a>. Il est vrai que les mots
prennent un sens différent en fonction du contexte où ils sont employés.</span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Du troisième chapitre
consacré à la réflexion politique, nous mettrons l’accent sur le passage
consacré à la question de savoir dans quelle mesure la Révolution française est
héritière de Rousseau. Tout d’abord, C. Destain rappelle que le <em style="mso-bidi-font-style:normal">Contrat social</em>, a été nettement moins lu
en son temps que <em style="mso-bidi-font-style:normal">l’Emile</em>, et surtout <em style="mso-bidi-font-style:normal">La nouvelle Héloïse</em>. Nous avons donc
peut-être tendance à surévaluer l’importance de cette œuvre pour les révolutionnaires.
D’autant que les Jacobins mettent l’Assemblée représentative au cœur de leur
système politique. On sait combien Rousseau s’est prononcé de façon extrêmement
virulente contre le système représentatif : « (…) à l’instant qu’un
peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus »<a style="mso-footnote-id:ftn9" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[9]</span></span></span></span></a>. Pour que vive la
République, il est absolument nécessaire que le peuple soit souverain, et s’il
est absent de la vie publique, la volonté générale ne peut évidemment prendre
corps. Les Cités antiques constituent bien un modèle pour Rousseau : la
République était vivante à Sparte, à Rome. Seulement voilà ; les citoyens
romains avaient tout loisir de s’adonner à la vie politique, car ils
disposaient d’esclaves pour remplir les tâches subalternes. Et il n’est
évidemment pas question de revenir à une telle situation<a style="mso-footnote-id:
ftn10" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[10]</span></span></span></span></a>.</span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">On ne peut donc lire le <em style="mso-bidi-font-style:normal">Contrat social</em> comme « une bible
prémonitoire de la Révolution »<a style="mso-footnote-id:ftn11" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[11]</span></span></span></span></a>. Mais cela ne signifie
pas que Rousseau n’ait pas inspiré les révolutionnaires, en particulier par son
républicanisme patriotique, ainsi que par sa critique des Eglises. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Cette critique est
analysée dans le dernier chapitre, consacré à la religion. Les Eglises de
toutes sortes sont accusées d’être des entreprises trop humaines qui font des
hommes les ennemis les uns des autres. Elles prônent des religions soi-disant
révélées, mais qui présentent nombre de contradictions inacceptables. C.
Destain résume alors un passage de la <em style="mso-bidi-font-style:normal">Profession
de foi du vicaire savoyard</em>, pour présenter rapidement les principaux aspects
de la religion naturelle<a style="mso-footnote-id:ftn12" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[12]</span></span></span></span></a>. <img title="Rousseau, mar. 2014" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/41rWJll-emL.jpg" /></span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span lang="FR">Un ouvrage engagé</span></strong><span lang="FR">.</span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Ce livre très bien écrit
par un auteur dont on sent tout l’amour qu’il porte à Rousseau pourra être mis
entre les mains du débutant. Il aura ainsi une vue d’ensemble des thèmes
abordés par cet auteur et surtout, il aura probablement le désir de le lire.
D’ailleurs, c’est ce qu’espère C. Destain lui-même : « notre ambition
(…) est d’inviter ceux qui auront cet ouvrage entre les mains à retourner aux
textes, à lire Rousseau (…) »<a style="mso-footnote-id:ftn13" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[13]</span></span></span></span></a>. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">La présentation de C.
Destain n’est cependant pas neutre : elle fait de Rousseau un philosophe
humaniste voyant dans la politique et dans la citoyenneté l’accomplissement
ultime de l’homme. Mais elle en fait peut-être surtout un croyant, presque un
mystique, prônant l’immortalité de l’âme et la justice divine. C’est sur ce
dernier aspect que nous voudrions rapidement revenir pour finir. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Sur ce point, la lecture
de C. Destain est résumée par ce passage : Rousseau nous dit que « la
nature, comme tout ordonné et harmonieux est le signe de l’existence de Dieu et
de sa bonté, le signe d’une Providence qui guide le monde. Cette harmonie est
aussi la preuve définitive de l’immortalité de l’âme. En effet, « le
triomphe du méchant et l’oppression du juste en ce monde » (…)
représenteraient une « choquante dissonance dans l’harmonie
universelle » comme l’affirme la <em style="mso-bidi-font-style:normal">Profession
de foi du vicaire savoyard</em> »<a style="mso-footnote-id:ftn14" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[14]</span></span></span></span></a>. Il faut donc, pour rétablir
l’harmonie, que l’âme soit immortelle, afin que le juste puisse être récompensé
et le méchant puni (ou, du moins, définitivement annihilé). </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">On nous permettra ici
d’exprimer un désaccord avec C. Destain. Il n’apparait pas évident que Rousseau
ait jamais prétendu apporter la « preuve définitive » de
l’immortalité de l’âme. Ne s’étant jamais aventuré si loin, il affirme au
contraire que nos idées sur l’âme sont floues, et que nous ne pouvons même pas
savoir avec certitude si elle existe<a style="mso-footnote-id:ftn15" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[15]</span></span></span></span></a>. Il ne voit pas non plus
dans la nature « le signe d’une Providence qui guide le monde ». Dans
la <em style="mso-bidi-font-style:normal">Lettre à Voltaire </em>du 18 Août 1756,
Rousseau prend effectivement la défense de Leibniz et de Pope, mais c’est pour
montrer que, dans la mesure où la raison nous laisse dans l’obscurité touchant
ces questions métaphysiques, la doctrine providentialiste est plus <em style="mso-bidi-font-style:normal">consolante</em> que celle de Voltaire :
« mille sujets de préférence m’attirent du côté le plus consolant et
joignent le poids de l’espérance à l’équilibre de la raison »<a style="mso-footnote-id:ftn16" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[16]</span></span></span></span></a>. </span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Finalement, la question
que pose Rousseau n’est pas celle de savoir si l’âme est immortelle ou si la
Providence guide le monde. Son problème est plutôt de déterminer s’il est
préférable de vivre en croyant ou en athée. Entre l’un et l’autre, qui a le plus
de chances d’être heureux, de mener une vie bonne ? Il serait intéressant,
dans cette optique, de resituer la <em style="mso-bidi-font-style:normal">Profession
de foi du vicaire savoyard</em> au sein de l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Emile</em>.
Tout d’abord, C. Destain évoque ce texte en identifiant purement et simplement
le vicaire et Rousseau. Or, ce n’est pas la première fois dans son œuvre que
Rousseau utilise un personnage prenant la parole depuis une position historique
et sociale déterminée. Fabricius est-il Rousseau ? Le vicaire savoyard
est-il Rousseau ? Probablement pour une part. Mais Fabricius parle <em style="mso-bidi-font-style:normal">aussi</em> en citoyen romain, et le vicaire
parle <em style="mso-bidi-font-style:normal">aussi</em> en prêtre exclu de
l’Eglise. Il serait donc intéressant de prendre au sérieux la position de
l’énonciateur, et même tout simplement de tenir compte du fait qu’il y a un
énonciateur. Ensuite, il ne faut pas oublier que ce passage occupe une place
particulière au sein de <em style="mso-bidi-font-style:normal">l’Emile</em>. L’adolescent
est désormais à l’orée de l’âge adulte : dans les domaines où la raison
démonstrative nous laisse en suspens, il faut donc créer les conditions
permettant à Emile de s’approprier les croyances les plus raisonnables et les
plus utiles pour vivre en homme pleinement homme. Cette dimension utilitaire, C.
Destain la relève lorsqu’il évoque la religion civile : c’est l’utilité
publique qui sert de critère en matière de religion<a style="mso-footnote-id:
ftn17" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn17" name="_ftnref17" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[17]</span></span></span></span></a>, et il faut qu’elle
participe à transformer les individus en citoyens et en patriotes. C’est
pourquoi la religion civile est traitée à la fin du <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Contrat social</em>. Or, n’oublions pas qu’il s’agit, dans l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Emile</em>, de former un homme, plutôt qu’un
citoyen<a style="mso-footnote-id:ftn18" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftn18" name="_ftnref18" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:11.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:Calibri;mso-bidi-font-family:"Times New Roman";
color:black;mso-ansi-language:FR;mso-fareast-language:FR;mso-bidi-language:
AR-SA" lang="FR">[18]</span></span></span></span></a>. C’est donc la religion
naturelle, la religion universelle, qu’il faudra présenter à notre jeune homme.
En matière religieuse, on est donc loin chez Rousseau de toute forme
d’enthousiasme. Il s’agit plutôt de se demander comment faire un homme bon, et
heureux. <br /></span></p>
<p class="Body" style="text-align:justify"><span lang="FR">Olivier Chelzen<br /></span></p>
<div style="mso-element:footnote-list"><br clear="all">
<hr align="left" size="1" width="33%">
<div style="mso-element:footnote" id="ftn1">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn1" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[1]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> Christian Destain, <em style="mso-bidi-font-style:normal">Jean-Jacques Rousseau</em>, Le cavalier bleu,
coll. « Idées reçues » p.15.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn2">
<p class="MsoFootnoteText" style="tab-stops:45.8pt 91.6pt 137.4pt 183.2pt 229.0pt 274.8pt 320.6pt 366.4pt 412.2pt 458.0pt 503.8pt 549.6pt 595.4pt 641.2pt 687.0pt 732.8pt"><a style="mso-footnote-id:ftn2" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[2]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> Rousseau, <em style="mso-bidi-font-style:normal">Œuvres complètes</em>, publiées sous la
direction de B. Gagnebin et M. Raymond, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la
Pléiade, 1959-1995, vol.I, p.344.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn3">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn3" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[3]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Jean-Jacques Rousseau</span></em><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, p.23.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn4">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn4" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[4]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> Idem, p.41.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn5">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn5" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[5]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> « J’ai reçu,
Monsieur, votre nouveau livre contre le genre humain (…). On n’a jamais tant
employé d’esprit à vouloir nous rendre bêtes. Il prend envie de marcher à
quatre pattes quand on lit votre ouvrage. » Voltaire, Lettre du 30 Août
1755, <em style="mso-bidi-font-style:normal">CC</em>, vol. III, p. 109-223.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn6">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn6" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[6]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">O.C. III, p. 123.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn7">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn7" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[7]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> “Rousseau apporte
lui-même de l’eau au moulin de cette idée reçue”, <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Jean-Jacques Rousseau</em>, p. 47.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn8">
<p class="MsoFootnoteText" style="tab-stops:center 226.65pt"><a style="mso-footnote-id:
ftn8" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[8]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"> <em style="mso-bidi-font-style:normal">Emile</em>,
O.C. IV, p. 245.<span style="mso-tab-count:1"> </span></span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn9">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn9" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[9]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Contrat social</span></em><span style="font-size:
9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, O.C. III p. 431.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn10">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn10" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[10]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Contrat social</span></em><span style="font-size:
9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, O.C. III, ch 15, Des députés ou représentants,
p.428.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn11">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn11" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[11]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Jean-Jacques Rousseau</span></em><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, p.87.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn12">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn12" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[12]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">Cf <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Emile</em>, O.C. IV, p.568.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn13">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn13" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[13]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> Christian Destain, <em style="mso-bidi-font-style:normal">Jean-Jacques Rousseau</em>, p. 11.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn14">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn14" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[14]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> Idem, p.58.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn15">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn15" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[15]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Lettres morales</span></em><span style="font-size:
9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, O.C. IV p. 1097 : « Avec si peu de
moyens d’observer la matière et les êtres sensibles comment espérons-nous
pouvoir juger de l’âme et des êtres spirituels ? Supposons qu’il en existe
réellement de tels, si nous ignorons ce que c’est qu’un corps comment
saurons-nous ce que c’est qu’un esprit ? Nous nous voyons entourés de
corps sans âmes, mais qui de nous aperçut jamais une âme sans corps et peut
avoir la moindre idée d’une substance purement spirituelle ? »</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn16">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn16" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[16]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">Rousseau, <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Lettres philosophiques</em>, Paris, Vrin, 1974, p.43.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn17">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn17" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref17" name="_ftn17" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[17]</span></span></span></span></span></a><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:9.0pt;
mso-ansi-language:FR" lang="FR">Jean-Jacques Rousseau</span></em><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR">, p. 105.</span></p>
</div>
<div style="mso-element:footnote" id="ftn18">
<p class="MsoFootnoteText"><a style="mso-footnote-id:ftn18" href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/19/05/2014/Christian-Destain%2C-Jean-Jacques-Rousseau%2C-Le-cavalier-bleu%2C-coll.-%C2%AB-Id%C3%A9es-re%C3%A7ues-%C2%BB%2C-lu-par-Olivier-Chelzen#_ftnref18" name="_ftn18" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt" lang="EN-US"><span style="mso-special-character:footnote"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="font-size:9.0pt;font-family:
"Times New Roman";mso-fareast-font-family:"Times New Roman";mso-bidi-font-family:
"Times New Roman";mso-ansi-language:EN-US;mso-fareast-language:EN-US;
mso-bidi-language:AR-SA" lang="EN-US">[18]</span></span></span></span></span></a><span style="font-size:9.0pt;mso-ansi-language:FR" lang="FR"> « L’institution
publique n’existe plus, et ne peut plus exister ; parce qu’où<span style="mso-spacerun:yes"> </span>il n’y a plus de patrie il ne peut plus y
avoir de citoyens. Ces deux mots, patrie et citoyen, doivent être effacés des
langues modernes. J’en sais bien la raison, mais je ne veux pas la dire ;
elle ne fait rien à mon sujet », <em style="mso-bidi-font-style:normal">Emile</em>,
O.C. IV p.250.</span></p>
</div>
</div>