oeil de minerve ISSN 2267-9243 - Mot-clé - GauchetRecensions philosophiques2023-12-27T09:56:23+01:00Académie de Versaillesurn:md5:b5151268a8c1e471830557044d755c66DotclearMarcel Gauchet, La révolution moderne, « L’avènement de la démocratie I », Folio Essais, Gallimard, Paris, 2007. Lu par Christelle Nélatonurn:md5:f17343ca009e4d1740b528803faf630a2014-06-25T06:00:00+02:002015-08-30T10:11:26+02:00Karim OukaciPhilosophie politiqueGauchethistoireindividulibéralismeprogrèsreligionsociétéÉtat<p><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande""><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/juin-juillet14/.81AK35RoBOL._SL1500_1-181x300_t.jpg" alt="" title="81AK35RoBOL._SL1500_1-181x300.jpg, mai 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />La révolution moderne </span></em><span style="font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande"">se
présente comme la première partie d’un projet de grande envergure autour de
« l’avènement de la démocratie ». En quatre volumes, Marcel Gauchet s’attache
aux développements les plus récents de la <em style="mso-bidi-font-style:normal">sortie
du religieux</em> propre aux sociétés occidentales sous un aspect toutefois
particulier, celui de « la consécration du pouvoir des hommes de se
gouverner eux-mêmes ».</span></p> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes"> </span><span style="mso-spacerun:
yes"> </span>La révolution moderne </span></em><span style="font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande"">se
présente comme la première partie d’un projet de grande envergure autour de
« l’avènement de la démocratie ». En quatre volumes, Marcel Gauchet s’attache
aux développements les plus récents de la <em style="mso-bidi-font-style:normal">sortie
du religieux</em> propre aux sociétés occidentales sous un aspect toutefois
particulier, celui de « la consécration du pouvoir des hommes de se
gouverner eux-mêmes ». L’enjeu est ainsi de « parvenir à percer la
formule du monde désenchanté, derrière la fausse transparence qui nous la
cache, et de pénétrer le secret de son cours déroutant » (p. 10).
Véritable « suite du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Désenchantement
du monde</em> » (p. 9), le projet s’attache à dégager le modèle général des
relations entre religion et politique, et les transformations de celles-ci qui
viennent éclairer les analyses historiques du phénomène démocratique au 20<sup>e</sup>
s. Fidèle à ce projet, le premier volume se concentre sur la révolution de
l’autonomie menée de 1500 à 1900.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;
mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande""><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><ins><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Sommaire</span></ins><span style="font-size:
10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande""> :
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Introduction générale. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre premier : « Gouverner
l’histoire ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre II : « La grammaire de
l’autonomie ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre III : « Le surgissement de
l’État et l’éloignement du divin ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre IV : « La fondation en
droit et l’invention de l’individu ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre V : « La Révolution
française ou le choc du politique et du droit ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre VI : « L’avènement de
l’histoire ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre VII : « Le renversement
libéral et la découverte de la société ». </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande"">Chapitre VIII : « Les idoles
libérales : le progrès, le peuple, la science ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes"> </span><span style="mso-spacerun: yes"> <img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/juin-juillet14/81AK35RoBOL._SL1500_1-181x300.jpg" alt="" title="81AK35RoBOL._SL1500_1-181x300.jpg, mai 2014" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Dans son introduction
générale, Marcel Gauchet s’attache à replacer le projet de l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Avènement de la démocratie</em> dans la
continuité du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Désenchantement du monde</em>.
Si la démarche est bien différente en ce qu’elle se veut une analyse plus
historique des vicissitudes de la démocratie au cours de ce siècle, il reste
qu’il s’agit bien de tester l’aptitude du modèle générale du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Désenchantement</em> à rendre compte de
l’histoire. La perspective reste bien la même : c’est en opposant l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">autonomie</em> à l’<em style="mso-bidi-font-style:
normal">hétéronomie</em>, en cherchant la manière dont la religion a encore pu
agir de façon souterraine (structurelle et inconsciente) sur le mécanisme
collectif que la démocratie peut être comprise. Chaque volume retrace ainsi les
nœuds principaux de l’odyssée démocratique. Le premier volume constitue un
prologue se focalisant sur la révolution de l’autonomie qui voit apparaître les
trois dimensions du « mélange » toujours problématique qu’est la
démocratie : la politique, le juridique (de droit) et l’histoire. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>La démocratie est présentée
à la fois comme l’horizon indépassable de notre époque et un modèle affaibli
toujours menacé (<em style="mso-bidi-font-style:normal">Introduction</em>, « le
sacré et la déréliction »). Régime mixte, la démocratie connaît une crise
de croissance, car ce qu’il appelle « l’approfondissement » de
l’Etat-nation, des droits de l’Homme et de l’Histoire ne cesse de mettre en
danger la réalité démocratique devant les tenir ensemble (<em style="mso-bidi-font-style:
normal">Introduction</em>, « D’une crise de croissance à l’autre »).
C’est à un nouvel équilibre de ces trois composantes qu’il faut prétendre,
après les « conjonctions » et « disjonctions » qu’elles ont
subies. En se plaçant dans le cadre des démocraties libérales de l’Europe de
l’ouest (comparées parfois à la démocratie américaine), Gauchet entend retracer
la formation du régime mixte, et sa dislocation depuis les années 1970 (<em style="mso-bidi-font-style:normal">Introduction</em>, « Les deux
cycles ») afin de donner une vue d’ensemble qui permettra de reconstruire
la difficile synthèse démocratique. Cela s’imposerait comme une exigence pour
le sort de la démocratie libérale du 20<sup>e</sup> s.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Dans le chapitre inaugural,
Marcel Gauchet nous invite à « assumer notre condition historique »
(p. 63), à gouverner l’histoire comme le titre du chapitre l’indique
explicitement. Nous savons depuis deux siècles que l’homme est acteur de
l’histoire et choisit son devenir ; il lui reste à prendre conscience de
ce que cela implique et à le prendre en charge pour sortir la démocratie de sa
crise actuelle. Entre 1880 et 1914, la démocratie libérale apparaît comme la
solution au problème politique de l’histoire. Pour lui redonner sa force et son
équilibre interne aujourd’hui, l’homme doit assumer consciemment sa capacité
créatrice de l’avenir. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>La société démocratique se
caractérise en effet par l’autonomie. La chapitre II précise ainsi qu’elle a du
se construire comme un processus se matérialisant dans l’histoire. Etre
autonome ce n’est pas seulement se donner ses propres lois, mais c’est aussi <em style="mso-bidi-font-style:normal">se faire soi-même</em> dans le temps. Il a
fallu ainsi attendre 1800 pour que l’homme comprenne qu’il était acteur de son
devenir et qu’il passe vraiment à l’histoire. A partir de cette idée forte,
Marcel Gauchet replace dans ce chapitre ce passage à l’histoire à l’intérieur
du processus de sortie de la religion. Il montre que la redéfinition du
collectif par le « Moyen Âge » se cache encore derrière les
apparences traditionnelles de la société de religion. A l’inverse, la
« révolution moderne » est à comprendre comme une « transition
moderne » qui n’a cessé de composer avec la persistance du religieux ;
elle s’efforce pourtant de la faire oublier et de la rendre invisible.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>En liant l’histoire de la
pensée politique à l’histoire proprement dite, le chapitre III met en évidence
la naissance progressive de l’Etat souverain de droit divin au 16<sup>e</sup> siècle
qui, contrairement aux apparences, est bien une rupture avec le religieux. Le
pouvoir souverain s’autonomise et devient humain, le corps politique naît.
Machiavel se voit alors octroyer un rôle de premier plan dans cette révolution
religieuse du politique. Quand la France et l’Angleterre présentent deux voies
de la modernité, c’est bien une même nouvelle politique qui apparaît. Bien
qu’elle soit encore travaillée en secret par le religieux, elle tend
irrépressiblement à s’autonomiser.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>L’individu entre dans le
monde par le droit, et n’en sortira plus. Il devient alors le seul foyer de
l’universel, du fait de la division des souverainetés (chapitre IV). Le droit
naturel permet de dénoncer l’archaïsme de l’Etat souverain de droit divin.
Replacé dans son contexte historique, Hobbes sera celui qui posera l’individu
comme source de légitimité, tout en défendant l’autorité royale. Son ambiguïté sera
levée par ses successeurs : Locke, l’incarnation de l’inclination libérale,
et Rousseau, celui de l’aspiration démocratique. Quand il s’attache à
distinguer et à repérer les points communs et différences entre Locke et
Rousseau, Gauchet insiste surtout en réalité sur le rôle crucial du second,
véritable charnière entre deux âges. Il voit en lui le dernier penseur de la
politique selon le <em style="mso-bidi-font-style:normal">contrat</em> et le
premier théoricien de la politique selon l’histoire. Naît alors, avec l’histoire,
le « dessein thérapeutique » de Rousseau. Il consistera à proclamer
le décès de la royauté et la dissociation entre les gouvernants et la
souveraineté. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Relue dans cet esprit, la
révolution française est la première crise de formation de ce régime mixte
qu’est la démocratie (chapitre V). La démarche contractualiste est ainsi mise à
l’épreuve par les constituants et fait apparaître un hiatus que Rousseau
n’avait pas aperçu entre la maximisation des libertés individuelles et celle de
la souveraineté du corps. La révolution et l’instabilité qui va suivre
anéantissent les prétentions contractualistes. Bonaparte n’y fera rien tant il
oublie que, si la forme de la nation est monarchique, sa substance est et ne
peut plus être que démocratique. Délestés du poids de la <em style="mso-bidi-font-style:
normal">matrice politique</em> de la souveraineté absolue, les Américains
réussiront mieux leur révolution des droits de l’homme. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Après la révolution et le
passage à l’histoire, le chapitre 6 développe les quatre étapes de la
conscience historique de 1800 à nos jours. L’histoire est ainsi la clé de
lecture privilégiée des affaires collectives. Elle joue un rôle spectaculaire à
l’égard du droit et de la politique, les entraînant, les déplaçant et les contraignant
même à se redéfinir sans les faire disparaître pour autant. Le découvreur de
l’historicité serait alors Hegel, c’est-à-dire celui qui par sa lecture
théologico-politique trouva un accord entre l’<em style="mso-bidi-font-style:
normal">esprit historique</em> et la <em style="mso-bidi-font-style:normal">forme
religieuse</em>, en pensant notamment la fin de l’histoire. Après un moment
conservateur, puis libéral bourgeois, l’héritage traditionnel a connu une crise
avec la révolution française. Depuis le milieu des années 70, la conscience
historique a subi une nouvelle métamorphose ; à nous d’affronter cet
inédit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>La déconstruction de
l’ordre traditionnel prend le nom de renversement libéral : c’est l’époque
de la découverte de la société comme nouveau creuset de l’historicité. Il
s’agit d’un fait central et d’un phénomène pivot entre les anciens et les
modernes, mais aussi d’un « faisceau d’ambiguïtés et de tensions »
(chapitre VII). Nous ne parlerons plus alors de corps politique, mais bien de <em style="mso-bidi-font-style:normal">société</em>, et il ne faudra pas la
confondre avec l’</span><em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:
11.0pt;line-height:115%;font-family:"Lucida Grande";background:white;
mso-bidi-font-weight:bold;font-style:normal">É</span></em><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:115%;font-family:
"Lucida Grande"">tat (car la source du mouvement n’est pas le foyer de
l’ordre). Elle se caractérise par une dissociation claire de l’économie en son
sein. L’économie du 19<sup>e</sup> siècle est en effet le résultat de la mise
en relation de trois éléments jusqu’alors indépendants : l’individu,
l’industrie et le marché. Avec la naissance de la société, c’est aussi la
politique qui naît. Vient au monde avec elle un nouveau discours proprement
social : l’idéologie. Si l’individu renaît, ce n’est plus sous la figure
de l’individu du <em style="mso-bidi-font-style:normal">contrat</em>, mais bien avec
les traits de l’acteur historique. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Le chapitre VIII qui clôt
l’ouvrage tente de comprendre le mouvement de l’historicité en s’appuyant sur
les moments précis et cruciaux allant de la première moitié du 19<sup>e</sup> s
à nos jours. Le progrès, le peuple et la science sont ainsi présentés comme les
trois schèmes qui ont permis la transition du religieux au libéral en une
cinquantaine d’années, afin de faire triompher la liberté. En les étudiant
successivement, Marcel Gauchet montre que ces nouvelles idoles sont pourtant
frappées de « décroyances » à leur tour avec la terrible expérience
du 20<sup>e</sup> siècle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun: yes">
</span><span style="mso-spacerun: yes"> </span>Quiconque a trouvé un grand
intérêt au célèbre livre de Marcel Gauchet <em style="mso-bidi-font-style:normal">le
Désenchantement du monde</em>, ne pourra que s’exalter à la lecture de cette
suite. Le premier tome de l’ensemble se présente pour l’auteur comme pour le
lecteur comme une sorte d’expérimentation. A partir d’analyses historiques, l’auteur
met à l’épreuve ses thèses sur la dépendance parfois « inconsciente »
et « secrète » du politique au religieux. En s’intéressant à
l’avènement de la démocratie, il donne à comprendre le modèle indépassable dans
lequel nous vivons. Solidement établi, il ne cesse pourtant d’être menacé. A sa
lecture, le philosophe s’intéressera particulièrement à la contextualisation des
grandes thèses de philosophie politique de l’époque étudiée. Mais c’est surtout
la vue d’ensemble du processus démocratique proposée qui constitue une approche
instructive, car elle est inédite. Les pensées classiques du politique
(Machiavel, Hobbes, Locke, Rousseau, Hegel…), bien connues des philosophes qui
s’intéressent à ce champ du réel, sont ici présentées comme les témoins d’un temps
et d’un processus qui les dépasse et certaines analyses de détail sont alors tout
à fait novatrices. Nous ne citerons à ce sujet qu’un exemple : l’explication
de la naissance de l’individu proposée par Marcel Gauchet reste bien différente
des thèses classiques de Louis Dumont, quand tous les deux s’attachent pourtant
à la relation étroite du politique et du religieux. <span style="mso-spacerun:
yes"> </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify"><span style="font-size:10.0pt;mso-bidi-font-size:12.0pt;line-height:
115%;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-spacerun:
yes"><br /></span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:
justify">Christelle Nélaton</p>