oeil de minerve ISSN 2267-9243 - Mot-clé - DescartesRecensions philosophiques2023-12-27T09:56:23+01:00Académie de Versaillesurn:md5:b5151268a8c1e471830557044d755c66DotclearOlivier Dubouclez, Descartes et la voie de l’analyse, PUF 2013, lu par François Colleturn:md5:19b268dfaed9fb8dcfe745be11ab88c12018-07-25T06:00:00+02:002018-07-27T00:13:18+02:00Jeanne SzpirglasHistoire de la philosophieanalyseDescartes<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="516ig42gtEL.jpg" class="media" height="281" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/.516ig42gtEL_m.jpg" width="191" />
<figcaption> </figcaption>
</figure>
<p style="text-align: justify;"><strong>Olivier Dubouclez, <em>Descartes et la voie de l’analyse</em>, P.U.F., collection Epiméthée, janvier 2013 (395 pages). </strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; ">Cet ouvrage est un travail d’Olivier Dubouclez (issu de la thèse qu’il a soutenue en 2008), où la rigueur de la démarche historique le dispute au merveilleux du voyage qu’il nous propose. Disons-le d’entrée : il n’est nullement question de philosophie analytique dans cet ouvrage, ni d’une interprétation analytique (disons logico-linguistique) de l’œuvre de Descartes.</p> <ol>
<li>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Présentation :</strong></p>
</li>
</ol>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 1.25cm; margin-bottom: 0cm">L’auteur parcourt toute la tradition, d’Aristote à Descartes (mais aussi à Leibniz et Kant) pour montrer l’émergence progressive de l’analyse comme voie de l’inventivité intellectuelle, prenant son essor là où s’arrête la déduction logique. La définition ordinaire de l’analyse comme décomposition du complexe n’est pas invalidée, mais elle n’est que nominale. Malgré la diversité des acceptions possibles de cette notion, on parvient dans l’ouvrage à une définition réelle des opérations de l’analyse comme pouvoir de créativité intellectuelle, aussi bien en géométrie qu’en métaphysique.</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 1.25cm; margin-bottom: 0cm"><strong>2. Sommaire :</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">L’ouvrage est composé de quatre parties, suivant un ordre chronologique.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><ins>Première partie</ins> : examen de la preuve analytique dans la philosophie antique.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><ins>Deuxième partie</ins> : constitution d’un physique rigoureuse par l’analyse des effets (Moyen Age et Renaissance)</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><ins>Troisième partie</ins> : Renouveau de l’analyse algébrique et sa reconfiguration cartésienne.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><ins>Quatrième partie</ins> : l’analyse de soi ou la voie de la philosophie première.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-left: 0.64cm; margin-bottom: 0cm"><strong>3. Lecture partie par partie :</strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>I – Dans un premier temps</strong>, l’auteur situe l’analyse dans la pensée antique, comme mode de preuve s’appuyant sur des figures logiques et la réduction des problèmes à ces figures (celles du syllogisme, chez Aristote), ou bien sur la construction analytique de la délibération, procédant de la fin visée et régressant vers les moyens nécessaires à son accomplissement, aussi bien dans le domaine théorique que dans le domaine pratique (Galien). Il y a continuité entre la construction des problèmes en géométrie et l’élaboration de la délibération éthique, développée comme paradigme de l’art médical par Galien.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Mais il y a aussi continuité entre cette pensée au fond pragmatique de l’analyse et les développements néoplatoniciens jusqu’à Proclus. La faiblesse de l’analyse, remontant vers les principes mais inférieure sur le plan épistémique à <em>l’apodeixis</em> aristotélicienne, devient sa force. Le néoplatonisme fait l’apologie d’une pensée de la médiation, par la critique de l’accès immédiat aux principes. L’analyse investit alors la théologie car elle propose, avec les figures de l’élévation et de la régression, un chemin qui ne ressortit ni à la raison purement intuitive, ni à l’induction, qui lui ressemble, mais va du sensible au sensible. Proclus en établira aussi bien la dignité en mathématiques, là où elle se distingue et de la synthèse (en participant par la figuration à la saisie des objets mathématiques) et de la démonstration (en produisant un discours déductif). L’analyse endosse une fonction de renvoi (de l’étant à son origine anhypothétique/de l’objet mathématique à l’Idée dont il est la projection).</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>II – La deuxième partie</strong> examine la physique, depuis Aristote jusqu’à la Renaissance, en passant par Avicenne et Averroès. La science de la nature a aussi développé une démarche régressive et inductive, celle de la démonstration par les effets qui revient à faire l’analyse des effets physiques comme renvoyant à une cause invisible comme telle mais concevable. Toutefois, il aura fallu pour valider cette démarche introduire la notion même d’effet. Chez Aristote, il n’y a pas, à proprement parler d’effet : ce qui suit la cause est observable, c’est un effet « pour nous », mais non pas l’indice d’une cause objective. Pour qu’il y ait un effet, il faudrait que celui-ci soit séparé de sa cause, tandis que chez Aristote, l’effet est comme inhérent à la cause. Il faut donc introduire l’analyse des causes à partir des effets comme une pratique personnelle, à valeur heuristique seulement. On le voit chez les commentateurs d’Aristote, aussi bien les grecs du VIème siècle (Simplicius et Philopon) que ceux du monde Arabe et persan du Moyen-âge (Avicenne et Averroès). Se développe alors progressivement une véritable « science des effets », thématisée comme telle, qui ouvre une recherche de la signification du sensible. Ce parcours se termine avec les aristotéliciens italiens de la fin du Moyen-âge, à Padoue, là où est parachevée l’identification de l’analyse à la démonstration a posteriori. On ne limite pas cette démarche à sa valeur heuristique, mais on la considère aussi comme pourvoyeuse d’un savoir exact, permettant de chercher les principes de la connaissance. Renversement d’Aristote : les principes ne sont plus alors la cause de la connaissance, mais sa condition et sa raison d’être. « L’ordre analytique de la réflexion est substitué à l’ordre génétique de <em>l’apodeixis</em>. (…) Penser, c’est vraiment commencer par la fin. » (p.158). C’est le sujet connaissant qui établit l’ordre de la connaissance du réel – la nature n’étant pas connaissable selon l’ordre qui lui est inhérent.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>III – La troisième partie</strong> est consacrée à la fortune de la notion d’analyse dans les mathématiques de la Renaissance, et singulièrement en géométrie.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">On revient donc au sens mathématique de l’analyse, qui consiste en une <em>resolutio </em>ou<em> inversa solutio </em>: on se donne une solution et on procède à l’analyse de cette solution de manière à trouver ce qui la relie aux données du problème qu’il s’agit de résoudre, ou à l’énoncé du théorème qu’il s’agit de démontrer. On suppose l’inconnu connu et on rejoint les données du problème par analyse de la solution supposée.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Première référence ici : Ramus (Pierre de la Ramée, milieu XVIème siècle) qui confère un rôle positif à l’analyse, en tant qu’activité du jugement par laquelle on décompose un raisonnement ou même une œuvre. En ce sens, c’est l’opération par laquelle on découvre non pas seulement un résultat, mais les voies de la découverte elle-même, que l’on parcourt par soi-même.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">A ce stade, l’analyse reste cependant un procédé régressif, qui ne peut prétendre à la certitude, ne pouvant suivre l’ordre même de la nature. L’interdit aristotélicien joue encore pleinement. Ramus ouvre cependant une voie, en limitant toutefois l’usage de l’analyse à un type d’objet mathématique, le quadrilatère (calcul de l’aire des carrés et des cubes). Il ouvre une voie au sens où la démonstration mathématique n’est alors plus seulement un procédé logique de déduction à partir de propositions (relatives à des carrés et à des rectangles), mais une manière de développer une proposition initiale (qui concentre de façon synthétique les rapports entre ces carrés et rectangles) selon un système d’équivalence.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Viète est celui qui, à la fin du XVIème siècle, développe l’analyse en algèbre, lui conférant une généralité qu’elle n’avait pas chez Ramus : il est le père de l’analyse mathématique « moderne », au sens d’une théorie des équations reposant sur la théorie des nombres-rapports. L’intuition va se trouver soulagée par le remplacement des nombres par des lettres, et l’analyse est conçue comme une véritable méthode inventive de résolution des problèmes. Analyser, c’est reformuler un problème de telle sorte que la difficulté (l’inconnu) soit intégrée dans un ensemble où elle prend sens relativement aux données déjà connues. Exprimer l’inconnu sous forme de symbole (<em>a, b,x, y,</em> …) en algèbre rend possible la même construction intellectuelle que la figuration de ce que l’on recherche en géométrie, en intégrant un maximum d’éléments signifiants.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Descartes va reconfigurer l’analyse algébrique pour en faire un art de la résolution des problèmes. L’auteur se réfère d’abord aux <em>Regulae</em>, puis au <em>Discours de la méthode</em>.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">La <em>mathesis universalis</em> évoquée dans la <em>Règle IV</em> implique l’analyse, inséparable d’une mise en ordre relevant de l’autonomie du sujet connaissant. Le bon sens (la <em>mens</em> comme faculté universelle de penser) doit ici être porté par la force de l’esprit, <em>l’ingenium</em> qui comprend tout en inventant la voie de la compréhension. L’esprit comme vitalité porte et emporte l’esprit comme faculté logique – insuffisante pour la découverte- et O. Dubouclez remarque la récurrence des métaphores vitalistes ou naturalistes chez Descartes.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">La réduction du complexe au simple est complétée par un procédé de déduction indirecte, car elle permet aussi de déterminer ce qui est en rapport avec les éléments simples sans être immédiatement compris. Si son rapport peut être établi avec le simple, tout élément inconnu et obscur peut être progressivement élucidé. Il faut alors traduire ces rapports en termes de grandeurs et de figures (réduction à des proportions, puis réduction à des figures). En égalisant le connu et l’inconnu, on produit méthodiquement une expression caractéristique du problème considéré. L’analyse est donc un instrument opératoire, d’une part, mais aussi un geste herméneutique propre à débarrasser l’énoncé du problème de son équivocité, grâce à une production de l’imagination (la construction des figures). Descartes introduit donc une dimension géométrique au cœur de la démarche analytique : l’esprit (<em>ingenium</em>) associe intellection et vision des figures représentant des rapports exacts.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Avec le <em>Discours de la méthode</em> et l’essai de géométrie, Descartes semble conserver l’idée de la division des difficultés (<em>Règle II</em>), mais pas le projet d’une analyse universelle issu des <em>Regulae</em>. Restent alors les « longues chaines de raison, toutes simples et faciles (…) ». Le modèle sériel s’accompagne d’une théorie des rapports et des proportions qui nécessite un aller-retour permanent entre particulier et général. Là vont être en partie réhabilitées « l’analyse des anciens et l’algèbre des modernes». L’algèbre soulage l’esprit en exploitant la fonction représentative de l’analyse. La figure géométrique reçoit et concentre des relations algébriques. Bref, analyse et algèbre collaborent et se corrigent. On pose un problème en construisant la figure correspondante et en suspendant la différence connu/inconnu, puis il s’agit d’énumérer les lignes en vue de comprendre leurs rapports. La spéculation se développe pleinement sous le signe de ce paradoxe : l’intelligence mathématique œuvre dans la continuité avec les productions de l’imagination.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>IV – La quatrième partie </strong>aborde la philosophie première afin de montrer comment l’analyse de soi y est la traduction métaphysique de la démarche analytique précédemment conçue par Descartes.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">O. Dubouclez explique que la figure ne disparaît alors pas totalement, mais qu’elle va être intellectualisée : ainsi l’analyse repose sur le paradoxe d’une pensée qui a essentiellement rapport au sensible. Ce paradoxe est porté à son comble en métaphysique. En effet, Descartes va mettre en œuvre une démarche analytique là où, justement, il n’y a aucune figure possible, et où il s’agit d’ <em>« abducere mentem a sensibus »</em> pour mettre au jour les principes de la connaissance humaine. L’auteur va montrer que Descartes privilégie la construction analytique en métaphysique par rapport à une approche synthétique, <em>more geometrico</em>, et qu’il marque un nouvel âge de l’analyse en l’inscrivant dans la dimension reflexive du rapport à soi – ceci expliquant cela.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Si la métaphysique s’oppose aux mathématiques par l’<em>abductio</em> mentionnée plus haut, Descartes conserve explicitement et toujours l’ordre des raisons comme fil directeur de sa pensée, prenant modèle sur la géométrie. Ainsi que l’annonce <em>l’Abrégé géométrique</em> qui précède les <em>Méditations(…) </em>L’immortalité de l’âme ne sera pas établie dans une partie dédiée, comme le voudrait <em>l’ordre des matières</em>, mais au fil de <em>l’ordre des raisons</em>, qui consiste à rassembler progressivement toutes les prémisses dont l’immortalité de l’âme est la conclusion (Descartes fait une analogie entre l’ordre des géomètres et le syllogisme, qui, lui, se contente de poser deux prémisses). La spécificité de la métaphysique tient au fait que la vérité ne peut apparaître qu’à la fin du raisonnement. Tandis qu’une démonstration mathématique, même inachevée, contient des vérités (principielles ou bien prouvées). Mais cette particularité de la démarche métaphysique est analogue à celle de l’analyse géométrique (puisque la vérité ne vient qu’à la fin, comme vérification d’une supposition initiale), et requiert la même procédure inventive.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Dans les <em>Secondes Objections</em>, Mersenne se montre soucieux de la force démonstrative des preuves de l’existence de Dieu et de l’immortalité de l’âme. La voie synthétique serait alors pertinente en ce qu’elle soulage la mémoire en autorisant des retours en arrière, et permettrait au lecteur d’embrasser tout le raisonnement. Mais cette vertu synoptique est justement ce qui disqualifie cette voie dans le domaine de la métaphysique, où il n’y a pas de fondement notionnel immédiat (axiomes, postulats. On ne déduit pas les notions premières (synthèse), on s’efforce d’y accéder (analyse). « Dans la métaphysique, on ira donc toujours du discours aux éléments <em>à faire comprendre</em> et jamais des éléments<em> déjà compris</em> au discours. » (p.262). Donc, en l’absence de support spatial, l’analyse, qui est d’abord un outil figuratif, semble disqualifiée, mais elle est réhabilitée comme outil heuristique indispensable. En outre la synthèse ne montre pas au lecteur <em>comment</em> on est parvenu à un résultat. Seule l’analyse permet au lecteur de suivre librement un chemin où la chose à trouver est effectivement révélée, ce qui confère selon Descartes à l’analyse la dignité épistémique de l’<em>a priori</em>.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">O. Dubouclez va ensuite étudier le contenu de l’analyse, en suivant les étapes de l’argumentation métaphysique dans les <em>Méditations</em>. Il s’agit d’articuler l’analyse et l’acte de douter : là où, en géométrie, on présuppose des éléments à connaître comme connus, en métaphysique, on va recourir à la supposition, mais il n’y a pas d’éléments connus, ce que présuppose l’exercice du doute hyperbolique. Dans cette recherche du fondement la première étape n’est pas analytique. Descartes s’appuie d’abord sur un syllogisme pratique (donc une approche synthétique) pour poser l’usage incertain des sens. Mais cela ne suffit pas, car la forme logique de l’argument laisse intacte l’habitude de juger selon les impressions sensibles. Le sujet n’y « croit » pas : le syllogisme ne nous fait pas sortir de la certitude immédiate. La référence à la folie va alors garantir le caractère hyperbolique du doute. Toutefois, comme on sait, cet argument est abandonné car il n’y a pas d’expérience de la folie en première personne (le fou se considère comme sain d’esprit – et c’est là sa folie) – alors que le rêve fournit une ressource plus puissante : j’ai l’expérience de mes rêves et le souvenir des rêves anciens comme étant, précisément, des songes. Nous voici tout étonnés : si nous n’accomplissons pas encore le doute méthodique, au moins sommes-nous surpris par l’évidence sensible – déjà philosophes. Plus loin, il faudra la <em>suppositio</em> du Malin génie pour maintenir le doute à son maximum d’intensité. La supposition comme acte de penser va conduire au <em>cogito</em> comme à sa condition de possibilité. La lecture de la seconde <em>Méditation</em> met donc au jour une invention analytique du cogito.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Descartes recourt ensuite à l’énumération (des idées de <em>l’ego</em>), procédé analytique attesté dans les <em>Regulae</em>, et utile ici, où il n’y pas de fil déductif possible, ni de fil narratif d’ailleurs, comme dans le <em>Discours de la méthode</em>. Ce procédé culmine dans la troisième <em>Méditation</em>, avec la preuve de l’existence de Dieu, d’abord à partir de l’idée de Dieu, puis à partir de moi qui ait cette idée. Enumération des idées, puis comparaison par quantification de façon à établir des rapports d’égalité et d’inégalité (selon les trois valeurs possible dans le vocabulaire scolastique : accident ou mode ; substance finie ; substance infinie). Le sujet méditant arrive à la comparaison entre ce que l’ego comme substance peut produire et ce qui est excède ses capacités, et l’on conclut, non à une inégalité, mais à une incommensurabilité entre le fini et l’infini.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">L’énumération est une voie essentielle, mais elle ne doit pas être confondue avec ce qu’on nomme « l’analyse des notions ». Il ne s’agit pas de développer un concept, mais d’énumérer ce que l’on trouve en soi, de procéder à une analyse de soi (de l’ego, du morceau de cire, de l’idée de Dieu…). Nulle logique du concept qui imposerait son ordre, mais une initiative de la subjectivité selon une stratégie mobilisant constamment l’attention.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">L’analyse est donc la seule voie permettant à la fois de douter radicalement, et de découvrir radicalement la vérité. Elle requiert l’attention, concept majeur ici, à ne pas confondre avec l’effort d’abduction. Cette dernière consiste à contracter volontairement l’habitude de ne pas confondre les choses intellectuelles et les choses corporelles. Le procédé « fonctionne », mais ne libère pas le sujet de la nécessité de l’attention (qui est d’ailleurs requise dans tous les domaines de la vie intellectuelle, comme Descartes le rappelle dans sa correspondance à Elisabeth). L’attention est en effet soumise à une dégradation tendancielle fatale, une sorte d’entropie psychologique. La pensée n’est jamais un <em>otium</em>, chez Descartes, qui lie sans cesse attention et fatigue, mais un travail. l’attention est un problème, car on ne peut pas l’éterniser, même lorsqu’elle considère une idée claire et distincte. Mais elle est aussi une solution, tant en métaphysique qu’en morale lorsqu’il s’agit de bien user de son libre-arbitre. Dans les <em>Méditations</em>, ce sont plus de vingt occurrences du concept que relève O. Dubouclez, qui établit un relevé des degrés de l’attention :</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Degré 0</strong> : certaines vérités élémentaires ne supposent aucune attention particulière (l’effort correspond au développement de l’idée)</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Degré 1</strong> : l’attention est ce qui permet de poursuivre effectivement le raisonnement – ce qui est facilité en mathématiques par le recours à des vérités élémentaires.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">0 et 1 correspondent à la <em>synthèse mathématique</em>.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Degré 2</strong> : l’attention redoublée, nécessaire quand le raisonnement repose sur une hypothèse ou une supposition. Il faut alors un effort de mémoire, et une tension maximale de l’esprit, car la progression du raisonnement est comme donnée d’un coup. Cela suppose un effort synoptique qui ne figure pas au degré 1. Cela correspond à <em>l’analyse mathématique.</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Degré 3</strong> : l’attention intensive constitue proprement <em>l’analyse métaphysique.</em> Elle est requise comme condition de l’enchainement des raisons (sans axiomes, ni recours à une figuration sensible) – une tension de l’esprit est nécessaire comme dans le degré 2. Mais elle est aussi requise comme condition de la pensée elle-même, quand la cogitation considère une idée ou une relation en rupture avec les sens et les habitudes en général. L’intensification de l’attention correspond à sa fonction critique : elle est illustrée successivement par la différence entre veille et rêve (<em>Méditation I</em>), par la question de la source de l’erreur (<em>Méditation IV</em>), et par les preuves de l’existence de Dieu de la <em>Méditation III</em>. Dans toutes ces occurrences, on vérifie que si la fatigue de l’esprit est inhérente à notre condition, elle n’est pas une fatalité. Toutefois, et bien que la <em>mens</em> soit universelle, cette attention intensive requiert une culture de <em>l’ingenium</em>, dont on peut former l’acuité (cf <em>Règle VI).</em></p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Dans un monde sans vie, dont les ressorts mécaniques sont mis au jour par la science, « seule la pensée a la possibilité d’accroître sa force par l’exercice de sa puissance attentionnelle. » (p.353). Etre attentif, c’est se concentrer sur une idée ou un souvenir, mais c’est aussi s’arrêter sur cette idée en s’opposant au mouvement spontané de la pensée, comme dans le doute et le suspens, dans la lenteur qui légitime la forme de la <em>meditatio</em>.</p>
<ol start="4">
<li>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"><strong>Commentaire :</strong></p>
</li>
</ol>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Cet ouvrage est d’une richesse remarquable, par la solidité de son érudition, et par le brio de sa démarche.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">La thèse d’O. Dubouclez consiste à montrer que l’analyse, loin d’être seulement une démarche logique de décomposition et d’exposition, mais procède d’un effort de production autonome de la vérité par l’esprit qui puise dans sa capacité d’invention le pouvoir d’ouvrir la voie de la recherche.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Cette dynamique de l’invention est celle de <em>l’ingenium</em>. <em>L’esprit de finesse</em> pascalien a beaucoup à voir avec cet <em>ingenium</em> baroque qu’on oppose traditionnellement à l’esprit de géométrie cartésien. Pourtant, O. Dubouclez nous fait saisir l’analyse chez Descartes comme cet esprit de finesse utilisé non face à tout autre à des fins de persuasion, mais sur soi-même, à des fins d’exploration. La vertu heuristique de l’analyse n’est plus un auxiliaire, mais devient le viatique et la boussole du sujet connaissant.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">Il s’agit alors d’être à la hauteur de ce pouvoir de penser (qui n’est pas le développement automatique de notre capacité à calculer), par l’intensification de l’attention, la spéculation étant avant tout, selon notre auteur, une <em>praxis</em> de la pensée. Il s’agit toujours d’appliquer bien son esprit.</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">O. Dubouclez aurait pu poursuivre sur le terrain éthique, dans une direction que son brillant travail nous suggère : la voie de l’analyse, c’est aussi la voie de la sagesse, une version théorique de la vertu pratique de générosité (<em>Passions de l’âme,</em> §153). Lorsque Descartes lit les stoïciens, il souligne l’importance de l’efficacité spirituelle de la méditation : il ne suffit pas de savoir que certaines choses ne dépendent pas de nous, encore faut-il trouver la force de ne plus les regarder comme des biens, et le courage de ne jamais les craindre ni les désirer. Il faut se concentrer sur ce qui est nôtre, à savoir l’usage de notre libre-arbitre. On expérimente alors la joie, dans l’effort même. L’analyse est ici plus exemplaire que la synthèse car elle permet d’être généreux avec soi devant une difficulté quelconque. Appliquer la générosité à la connaissance fondamentale, voilà qui indique peut-être une circulation à double sens dans « l’arbre de la philosophie ».</p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm"> </p>
<p align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm">François Collet (25/06/2013).</p>Élodie Cassan, Descartes et Bacon, Genèses de la modernité philosophique, ENS éditions, Paris 2014, lu par Max Hardturn:md5:382cb31d90c8b9d30aeeb80c4a5fdfd52017-06-20T06:00:00+02:002017-06-23T11:27:42+02:00Romain CoudercHistoire de la philosophieBaconDescartesMathématiquesModernitéSciences<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Élodie Cassan (dir.), <em>Descartes et Bacon,Genèses de la modernité philosophique</em>, Paris, ENS éditions, 2014</strong></p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="http://a.decitre.di-static.com/img/200x303/elodie-cassan-bacon-et-descartes/9782847885897FS.gif" src="http://a.decitre.di-static.com/img/200x303/elodie-cassan-bacon-et-descartes/9782847885897FS.gif" style="float: left; width: 193px; height: 303px; border-width: 1px; border-style: solid; margin: 5px;" /></p>
<p style="text-align: justify;">Cet ouvrage explore les différentes facettes des deux figures-clefs de la modernité philosophique que sont Francis Bacon et René Descartes. L’idée directrice est de proposer une analyse critique des points de convergence et de divergence de leurs pensées, dont, d’après l’article d’introduction rédigé par Élodie Cassan, la réception a eu tendance à simplifier ou homogénéiser le contenu.</p>
<p style="text-align: justify;">En effet, le rayonnement exceptionnel de ces deux philosophes, leur geste de rupture radicale avec la tradition, et le projet de constitution d’un savoir autonome qui semble se trouver au fondement de leurs pensées respectives, ont incité la postérité à les percevoir comme les deux facettes d’un même mouvement, d’une même posture philosophique, fût-ce au détriment d’une juste approche de leurs spécificités irréductibles. Comme l’explique Élodie Cassan, il existe une « mythologie » de la modernité philosophique, et Bacon comme Descartes y font conjointement figures d’incarnation d’une science nouvelle, promouvant la maîtrise de la nature par le recours à une technique philosophiquement réévaluée.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">En effet, le rayonnement exceptionnel de ces deux philosophes, leur geste de rupture radicale avec la tradition, et le projet de constitution d’un savoir autonome qui semble se trouver au fondement de leurs pensées respectives, ont incité la postérité à les percevoir comme les deux facettes d’un même mouvement, d’une même posture philosophique, fût-ce au détriment d’une juste approche de leurs spécificités irréductibles. Comme l’explique Élodie Cassan, il existe une « mythologie » de la modernité philosophique, et Bacon comme Descartes y font conjointement figures d’incarnation d’une science nouvelle, promouvant la maîtrise de la nature par le recours à une technique philosophiquement réévaluée.</p>
<p style="text-align: justify;"> Ainsi se justifie l’entreprise d’étudier Bacon <em>avec</em> Descartes, et Descartes <em>avec </em>Bacon, afin de « contribuer à défaire la mise en fiction de l’histoire de la philosophie moderne ». Certes, il ne s’agit pas de tomber dans l’excès inverse et d’opposer diamétralement ces deux auteurs. Il existe bien évidemment un terreau philosophique commun expliquant, par exemple, que Descartes se soit souvent référé à Bacon en le présentant comme un exemple d’esprit scientifique autrement plus rigoureux que ne le furent les logiciens de l’École (ce fut particulièrement le cas dans sa correspondance avec Mersenne, abondamment citée tout au long du volume). <em>Descartes et Bacon, Genèses de la modernité philosophique</em> s’attribue d’emblée une position de juste milieu : « il s’agira […] à la fois de reconstituer le tissu intellectuel qui lie ces deux penseurs et d’examiner en quoi se conviennent, se différencient ou s’opposent leurs conceptualités respectives ». Les éléments apportés visent à armer celui qui voudra se livrer à une lecture authentiquement critique, qui fasse droit à la parenté évidente de ces deux philosophies sans pour autant les rabattre l’une sur l’autre.</p>
<p style="text-align: justify;"> À l’horizon de cette démarche, c’est l’enjeu du lien historique unissant l’empirisme et le rationalisme qui se trouve soulevé et examiné. Toute la dimension problématique du rapport entre Bacon et Descartes s’y trouve en effet résumée, dans la mesure où ceux-ci ont été tantôt opposés, tantôt réunis au non de cette même dichotomie. La structure de l’ouvrage, divisé en articles indépendants, favorise donc un traitement dialectique de ce problème, dans la mesure où chaque angle d’approche souligne l’aspect dynamique de ces deux philosophies en construction et en constante discussion avec leur héritage propre.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> L’organisation des articles du recueil en deux parties, et à l’intérieur de chacune d’entre elles, témoigne du souci d’observer une progression allant de l’individu Francis Bacon, de ses conditions concrètes de vie et d’écriture, à la réception de celui-ci par les auteurs cartésiens, en passant par l’analyse de points théoriques spécifiques au baconisme et directement confrontés à leurs pendants cartésiens.</p>
<p style="text-align: justify;"> Le premier chapitre, intitulé « Francis Bacon et la culture française », et rédigé par Marta Fattori, s’intéresse de près à la formation de Bacon, qui inclut un séjour prolongé en France, dont il fréquentera les salons parisiens, terreaux d’une pensée résolument novatrice se développant à l’extérieur des institutions universitaires. Les lectures réalisées à cette occasion auront un impact déterminant sur le développement ultérieur de sa pensée, notamment celles de Du Bartas, Rabelais et Montaigne. L’article propose ainsi une analyse détaillée de la mention et de la citation de ces auteurs dans les écrits de Bacon, et des éventuelles proximités qui peuvent être identifiées entre le propos de ces textes classiques et la démarche philosophique baconienne. Les œuvres littéraires ont pu fournir à Bacon l’esquisse d’un <em>ethos</em> central dans ses travaux sur la science et la lutte contre les préjugés.</p>
<p style="text-align: justify;"> Le chapitre deux, « Les <em>Géorgiques </em>de l’esprit : pouvoir de la rhétorique et faiblesse de la volonté selon Bacon », rédigé par Jean-Pascal Anfray, prend appui sur le traitement du problème de l’<em>akrasia</em> chez Bacon pour étudier les principaux ressorts de l’action rhétorique sur l’âme humaine. Car s’il est clair que la recherche du vrai et la pratique des sciences sont la garantie d’une vie humaine tournée vers le bien, il n’en reste pas moins vrai que la raison ne peut, à elle seule, mouvoir la volonté et éveiller des passions suffisamment vivaces pour que la science soit l’unique condition de la vie bonne. Les atouts de la rhétorique, et notamment la partie de celle-ci consacrée au <em>movere</em>, s’avèrent ainsi être de puissants alliés pour l’entendement, qui doit s’appliquer, <em>via</em> son propre discours et le pouvoir moteur de l’imagination, à conduire le lecteur sur la voie d’un amour authentique de la vérité. Ce n’est qu’au prix d’une maîtrise rhétorique du discours vrai que la science pourra accomplir son véritable office, et servir de fondement aux « <em>Géorgiques</em> de l’esprit » qui caractérisent une culture de l’âme pleinement orientée vers la sagesse.</p>
<p style="text-align: justify;"> Les troisième et quatrième chapitres quittent, quant à eux, le champ biographique et doxographique du seul Francis Bacon pour se consacrer à la comparaison des thèses que celui-ci partage, du moins en apparence, avec René Descartes. Ce sont en particulier les mathématiques, leur statut et leur traitement par les philosophies baconienne et cartésienne, qui sont ici analysés. Le chapitre trois s’intitule « Conception mathématique de la nature et qualités sensibles chez Bacon et Descartes », et l’auteur en est Philippe Boulier, qui se demande plus particulièrement si l’approche baconienne de la matière extérieure à nos sens préfigure ou annonce la théorie cartésienne de l’étendue. En effet, Bacon distingue bel et bien qualités premières et secondes d’un objet, et attribue aux premières des propriétés géométriques. Plus exactement, celui-ci analyse plusieurs phénomènes physiques, à l’instar de la couleur, comme le résultat de mouvements corpusculaires figurables au moyen de configurations géométriques ; ce qui évoque immanquablement la douzième <em>Règle pour la direction de l’esprit</em>.</p>
<p style="text-align: justify;"> Pour autant, ce rapprochement évident ne doit pas nous abuser et nous conduire à supposer que Bacon avait déjà opéré le recentrement sur l’intuition et les notions claires et distinctes qui ont permis à Descartes de poser les fondements d’une mathématisation de la physique. Certes, ce que Bacon nomme « métaphysique » porte sur des « formes » dénuées de toute qualité sensible, simples structures dont les mouvements « abstraits » produisent les phénomènes observables et leur variété qualitative. Pour autant, s’il y a bien uniformisation et abstraction de la matière chez Bacon, celle-ci se prête à un traitement mathématique sans être <em>en droit</em> mathématisable, mathématique par essence, contrairement à la <em>res extensa </em>cartésienne. La matière, sa « texture » ou « fabrique » reste fondamentalement qualitative chez Bacon, et ouvre incidemment la porte à une approche mathématique sans l’appeler de soi.</p>
<p style="text-align: justify;"> C’est le même type de nuance qui ressort de l’analyse contenue dans le chapitre quatre, « De l’histoire naturelle à la <em>mathesis universalis </em>: « le grand appendice de la philosophie naturelle » chez Bacon », sous la plume de Chantal Jaquet. Ce chapitre porte plus précisément sur la place occupée par les mathématiques dans l’économie baconienne des savoirs. L’auteur souligne qu’à cet égard la pensée baconienne n’est pas uniforme, et présente de nettes évolutions : <em>Du progrès et de la promotion des savoirs</em> voit les mathématiques comme une subdivision particulière de la métaphysique des formes, occupant par là même une place subalterne vis-à-vis de la métaphysique et de la physique, quant à elles érigées au rang de « parties principales » de la philosophie naturelle. En revanche, <em>De la dignité et de l’accroissement des sciences </em>ne présente plus les mathématiques comme une branche de la métaphysique, mais comme un « grand appendice de toute la philosophie naturelle », ce qui correspond à une reconnaissance des vertus théoriques et pratiques de cette science. C’est en effet à travers les mathématiques que l’on observe l’ordre spécifique de marche de l’esprit ; ce sont elles également qui permettent de pousser jusqu’à sa perfection l’opération de mesure, dont l’application pratique est déterminante pour toute la philosophie naturelle. L’article raccroche cette évolution doxographique au progrès historique de la mathématisation du savoir, et souligne néanmoins que les mathématiques ne s’affranchissent jamais réellement, chez Bacon, de leur subordination aux autres sciences, contrairement à ce que traduit la notion de <em>mathesis universalis </em>chez Descartes.</p>
<p style="text-align: justify;"> Le chapitre cinq, « The Place of the Imagination in Bacon’s and Descartes’ Philosophical Systems », rédigé par Guido Giglioni, poursuit ce travail d’analyse comparée, mais se concentre cette fois sur le champ psychologique : quelle perception et quel usage de la faculté d’imagination Bacon et Descartes donnent-ils à penser ? L’opposition d’un empiriste qui ne considère l’imagination que comme un miroir déformé du réel, et d’un rationaliste qui en fait l’outil d’une compréhension claire et distincte de la matière comme de l’ordre du monde, remet en cause les lieux communs attachés à chacune de ces deux postures philosophiques. Cela permet aussi de voir jusqu’à quel point l’économie des facultés n’engage pas simplement un contenu spéculatif, mais aussi toute une méthode d’approche et d’analyse de la réalité et des passerelles permettant d’accéder à ses fondements.</p>
<p style="text-align: justify;"> Le chapitre six, « Mersenne et la philosophie baconienne en France à l’époque de Descartes », rédigé par Claudio Buccolini, achève ce parcours chronologique allant de l’individu Bacon à la réception de ses travaux, en passant par l’étude de thématiques majeures de sa pensée : il s’agit alors d’analyser l’évolution du regard porté sur la philosophie baconienne par Marin Mersenne, grand interlocuteur de Descartes, qui en 1624-1625 a cessé d’identifier Bacon à un sceptique athée, pour souligner davantage les vertus de son empirisme et de la démarche d’expérimentation et de collection des faits observables que représente l’histoire naturelle. Cette attitude nuancée, qui reconnaît les mérites des principes épistémologiques de Bacon sans pour autant valider toutes ses conclusions, se retrouve dans les propos tenus par Descartes lui-même. Celui-ci affirme s’être appuyé, à plusieurs reprises, sur les analyses du philosophe de Verulam, et néanmoins il déplore une trop grande minutie dans son analyse des phénomènes particuliers, au détriment des vérités générales et des grandes catégories qu’il serait d’emblée nécessaire de distinguer. Cela synthétise, selon l’auteur du chapitre, l’opposition entre « empirisme baconien » et « apriorisme cartésien », Descartes recommandant de connaître la vérité des choses avant de se livrer à l’expérimentation.</p>
<p style="text-align: justify;"> La seconde partie de l’ouvrage prend pour objet exclusif la diffusion de l’œuvre de Bacon dans la France post-cartésienne. On y observe avec acuité la façon dont une multitude de disciplines, de la philologie à l’épistémologie en passant par l’histoire éditoriale, contribuent à dresser un portrait plus fin des différentes modalités d’existence d’une pensée au sein d’un contexte de réception spécifiquement déterminé. Le chapitre sept, « The French reception of Francis Bacon’s natural history in mid seventeenth century », par Dana Jalobeanu, commence en effet par reconstituer les conditions historiques concrètes de la diffusion des textes de Bacon afin de déterminer quels ont été les vecteurs principaux par lesquels sa pensée a été connue et commentée. Il évalue notamment le degré de fidélité de la première traduction française de l’<em>Histoire naturelle</em>, rédigée par un dénommé Pierre Amboise et parue à Paris en 1631. L’auteur du chapitre recense toutes les « infidélités » commises par le traducteur, les interpolations, les développements biographiques, et surtout les inflexions de ton ou de méthode qu’a subies, sous sa plume, le texte original. Il y remarque notamment que la traduction préfère évacuer les protocoles expérimentaux, les conjectures et les projets d’expérimentations futures, pour s’en tenir aux seules conclusions formulées par Bacon, présentées isolément comme des affirmations vraies et définitives. Le choix des sujets tend, quant à lui, à « tirer » l’histoire naturelle baconienne vers l’alchimie et la théorie de la matière, et à lui faire suivre l’ordre classique des traités de cosmogonie ou de cosmographie. Cette traduction n’est pas unique en son genre, et l’auteur cite également le travail de Baudoin sur l’<em>Histoire des vents</em>.</p>
<p style="text-align: justify;"> Le chapitre huit, « La première traduction du <em>Novum organum </em>», rédigé par Carlo Carabba, consiste en une minutieuse enquête permettant de dater le manuscrit de la première traduction française du <em>Novum organum.</em> On y observe par exemple que l’auteur anonyme devait posséder une certaine culture baconienne et cartésienne, lisible dans les rajouts et les développements interpolés au sein du texte original (on y trouve par exemple le syntagme « clairement et distinctement »). Cette traduction oriente parfois le texte pour lui faire suivre des sentiers plus marqués que le chancelier ne souhaitait le faire : la polémique avec les Anciens ou encore la question du sensualisme baconien y est traitée de façon plus insistante, voire plus radicale que dans le texte latin.</p>
<p style="text-align: justify;"> Enfin, dans le chapitre neuf, Ronan de Calan pose la question « Comment un cartésien peut-il devenir baconien ? », et se place bien plus en aval de la réception des pensées baconienne et cartésienne, puisqu’il s’interroge sur la fonction de ces figures quasi mythologiques au XVIII<sup>ème</sup> siècle, et plus particulièrement chez les encyclopédistes. Il apparaît que Bacon y est loué pour sa défiance vis-à-vis de la tradition de l’École, mais qu’en réalité ces louanges visent, de façon détournée, la prépondérance d’une philosophie cartésienne vis-à-vis de laquelle les Lumières françaises tendent à prendre leurs distances. Ce n’est ainsi pas le véritable Francis Bacon que l’Encyclopédie porte au pinacle de la modernité, mais bien plutôt une figure simplifiée de la philosophie expérimentale, annonçant Newton comme contrepoint d’un Descartes trop tourné vers les idées innées. Bacon est ainsi utilisé pour « ser[vir] une philosophie qui n’est pas la sienne », et qui se rapproche autant de la philosophie naturelle de Newton que de la théorie des idées de Locke ou « empirisme de la genèse », pour reprendre la catégorie forgée et exposée par André Charrak. En définitive, le seul auteur des Lumières qui semble avoir lu Bacon pour lui-même et avoir cerné la spécificité de son apport philosophique est Diderot, qui adresse ses louanges à une pensée scientifique faisant la part belle aux arts manuels et aux disciplines artisanales.</p>
<p style="text-align: justify;"> <em>Bacon et Descartes, Genèses de la modernité philosophique</em>, permet ainsi à son lecteur de suivre un parcours dense et varié, toujours attentif à la dimension dialectique et concrètement historique des grandes philosophies. Le rayonnement de Bacon au sein de cette modernité n’en sort pas amoindri, mais nuancé et précisé ; il n’en est que plus éclairant. On regrettera peut-être simplement la relative discrétion des analyses consacrées à Descartes, pour un ouvrage dont le titre semble mettre ces deux auteurs sur un pied d’égalité. Mais il n’en demeure pas moins que cet ensemble d’article fournit à son lecteur tous les outils requis, d’une part, pour relire Bacon à l’abri de la mythologie de la modernité, et, d’autre part, pour relire Descartes à la lumière d’un héritage baconien dont il était jusqu’alors délicat de cerner toute la portée.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;">Max Hardt</p>Denis Kambouchner, Le style de Descartes, 2013, Éditions Manucius, collection « Le Philosophe », lu par Cécile Nailurn:md5:0183f19bf5f7c4f503735d8aadd2c88c2016-03-08T06:00:00+01:002016-03-08T06:00:00+01:00Michel CardinHistoire de la philosophieDescartesPensée et expression formellePersuader et convaincrePhilosophie et style<p><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone>
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<w:DoNotOptimizeForBrowser />
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--></p>
<p><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="267">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
</p>
<p class="MsoNormal" style="margin-top: 0;"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong>Chers lecteurs, chères lectrices, </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong> </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-family: 'Lucida Grande';"><em><strong>Les recensions paraissent et disparaissent très vite ; il est ainsi fort possible que certaines vous aient échappé en dépit de l'intérêt qu'elles présentaient pour vous. Nous avons donc décidé de leur donner, à elles comme à vous, une seconde chance. Nous avons réparti en cinq champs philosophiques, les recensions : philosophie antique, philosophie morale, philosophie esthétique, philosophie des sciences et philosophique politiques. Pendant cinq semaines correspondant à ces champs, nous publierons l'index thématique des recensions publiées cette année et proposerons chaque jour une recension à la relecture. Au terme de ce temps de reprise, nous reprendrons à notre rythme habituel la publication de nouvelles recensions. </strong></em></span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/category/Histoire-de-la-philosophie" style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 17px; color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions d'ouvrages portant sur l'histoire de la philosophie </a></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/category/Esthétique" style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 17px; color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions d'esthétique </a></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-top: 0;"><a href="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/category/Philosophie-politique" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none; font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt;">Recensions de philosophie politique</a></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/22/01/2016/recensions-janvier" style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt; color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions de philosophie antique</a></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-size: 13pt; font-family: 'Lucida Grande';"><span style="color: rgb(74, 0, 3);"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/31/01/2016/S%C3%A9lection-de-recensions-de-philosophie-morale" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none;">Recensions de philosophie morale</a></span></span></p>
<p class="MsoNormal"><a href="http://blog.crdp-versailles.fr/oeildeminerve/index.php/post/10/02/2016/Index-des-recensions-portant-sur-des-ouvrages-d-%C3%89pist%C3%A9mologie" style="color: rgb(177, 21, 8); text-decoration: none; font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 13pt;">Recensions d'épistémologie</a></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><strong><br /></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><strong><br /></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><strong><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/septembre_2015/.arton508_t.jpg" alt="" title="arton508.jpg, sept. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Denis Kambouchner, <em>Le style de Descartes</em>. </strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Ce serait se méprendre, et sur l’objet
de ce livre, et sur la question du style en philosophie, que d’aborder cet
ouvrage concis mais substantiel de Denis Kambouchner, l’un des meilleurs
commentateurs de Descartes, comme le travail d’un spécialiste qui, ayant dit à
peu près tout ce qu’il aurait eu à dire sur le fond de la doctrine cartésienne
(hypothèse démentie d’ailleurs par ses travaux ultérieurs…), se rabattrait sur
la question de la forme. </span></p> <p><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone>
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<w:DoNotOptimizeForBrowser />
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--></p>
<p><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="267">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Le style serait-il tellement l’apanage
de la seule littérature qu’on ne saurait s’interroger utilement sur ce qui fait
la spécificité, sinon l’exemplarité, de la phrase cartésienne qu’à la condition
de l’envisager abstraction faite de sa doctrine ? Dans le propos qui sert
d’amorce à la pénétrante étude de D. Kambouchner, Jean Cocteau dit tout à la
fois son peu d’intérêt pour les idées de Descartes qu’il juge caduques et son
admiration pour la phrase cartésienne, reconnaissable entre toutes selon lui du
fait de son architecture proprement idiosyncratique : « Le groupement
des mots est à tel point efficace que les philosophes, dont le système du monde
est chassé par un autre (et ainsi de suite), ne s’implantent pas dans les
mémoires par ce qu’ils ont dit, mais par leur manière de dire. […] Nous savons
maintenant que Descartes se trompe et nous le lisons tout de même. C’est donc
le verbe qui dure, par une présence qu’il renferme, par une chair qu’il perpétue.
Qu’on m’entende bien. Je ne parle pas du verbe dont s’orne une pensée. Je parle
d’une architecture de mots si singulière, si robuste, si parfaitement conforme
à l’architecte, qu’elle conserve son efficace à travers une traduction » (<em style="mso-bidi-font-style:normal">La Difficulté d’être, </em>cité par D.
Kambouchner pp. 11-12).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Intrigué par l’intéressant paradoxe
contenu dans cette déclaration de J. Cocteau, d’après laquelle l’obsolescence
supposée de la philosophie cartésienne n’a pas pour autant momifié la phrase
cartésienne qui devrait alors, assez étonnamment, se voir imputer tout l’intérêt
que l’œuvre de Descartes présente pour nous aujourd’hui encore, D. Kambouchner
se donne pour tâche d’évaluer ce jugement qui semble renverser les dichotomies
ordinaires : là où l’opinion tend à scinder la forme du fond en
philosophie en faisant de ce dernier le domaine réservé de celle-ci, par
opposition à la littérature, J. Cocteau suggère au contraire que c’est à sa
forme ou à son style qu’une philosophie comme celle de Descartes au tout
premier chef, doit, non seulement sa singularité, mais encore sa puissance de
persuasion et partant sa pérenne actualité. Prenons soin toutefois de nous
prémunir d’emblée de tout contresens ici, tant J. Cocteau et plus encore D.
Kambouchner sont à mille lieues d’adopter une perspective génétique sur le
style, comme si l’étude rigoureuse des procédés d’écriture d’un auteur
permettait de rendre compte de l’agencement et surtout de certains principes de
sa doctrine. Cette approche a certes été féconde ici ou là, mais elle est aux
antipodes de celle de D. Kambouchner dans son ouvrage. On se rappelle par
exemple que François Roustang, dans le premier chapitre de son ouvrage <em style="mso-bidi-font-style:normal">… Elle ne le lâche plus</em>, Paris, Editions
de Minuit, 1980, p. 33, conclut de son analyse fine et serrée du style de Freud
menée tout au long du chapitre VII de la <em style="mso-bidi-font-style:normal">Traumdeutung,
</em>qu’il a d’ailleurs retraduit de manière aussi littérale que possible, que
« le style ici est créateur de l’objet, c’est-à-dire, que contenant et
contenu ne sont plus séparables, sont même interchangeables » (<em style="mso-bidi-font-style:normal">…Elle ne le lâche plus</em>, Chapitre 1, « Du
style de Freud »). D’après F. Roustang, Freud érigerait en procédé d’écriture
mais aussi de justification la parataxe (un cas particulier de l’asyndète) et
surtout ce que F. Roustang appelle la diataxe, une figure de style de l’interprétation
en usage dans la pratique analytique mais dont Freud se sert aussi abusivement
lorsqu’il s’agit d’élaborer la théorie analytique. Si, à l’origine, c’est-à-dire
dans la pratique analytique, la diataxe est une intervention purement
conjoncturelle de l’analyste ayant seulement<span style="mso-spacerun:yes">
</span>« pour fonction de permettre au discours de l’analysant de se
poursuivre et de se construire ou de se défaire » (op. cit<em style="mso-bidi-font-style:normal">.</em>,p. 43), elle devient sous la plume de Freud l’instrument d’une sorte de
passage en force théorique : « Ce style diataxique de l’intervention-hypothèse,
indispensable à la parataxe associative, rejoint, jusqu’à s’y confondre, le
style écrit de Freud qui avance par l’insertion d’un élément qui surprend d’abord,
comme la rencontre d’un madrier sur la mer, et qui, dans un second temps, est
fondu dans la masse liquide qui progresse » (ibid.). Voilà comment l’étude
du style de Freud permet à F. Roustang de mettre en évidence « une
démarche qui fait choir la syntaxe en parataxe et s’ouvre par la diataxe »
(op. cit., p. 46) - démarche qui, évidemment, expose la doctrine à un fort
soupçon de dogmatisme -.<img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/septembre_2015/arton5010-8738e.jpg" alt="" title="arton5010-8738e.jpg, sept. 2015" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Si l’étude du style freudien par F.
Roustang justifie une approche très critique de la théorie analytique qui, pour
le dire vite, prendrait racine dans quelques tours de passe-passe stylistique,
l’intérêt pour la question du style de Descartes en revanche ne procède en rien
de la volonté d’expliquer de manière analogue quelques-unes des thèses axiales
de sa doctrine - ce qui est patent dans la remarque de J. Cocteau et plus
encore dans l’analyse de D. Kambouchner -. Ni chez l’un ni chez l’autre n’affleure
évidemment l’idée que le style cartésien servirait de substitut aux
articulations logiques nécessaires à l’élaboration d’une pensée robuste -
articulations d’ailleurs si nombreuses et si méticuleuses chez Descartes tout
particulièrement qu’on peut<span style="mso-spacerun:yes"> </span>dire qu’elles
rendent sa « phrase française très identifiable : longue, complexe et
puissamment structurée, à laquelle le jeu des propositions causales,
concessives et consécutives disposées autour de la principale (par ce qui est
assurément une transposition des ressources latines), les cascades de
relatives, les constructions parallèles et redoublements confèrent une physionomie
qu’on dira d’abord arborescente », note ainsi D. Kambouchner en citant à
la page 19 quelques phrases extraites du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Discours
de la méthode</em> -.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Cela étant posé, D. Kambouchner s’interroge
sur la légitimité qu’il y aurait, en premier lieu, à isoler le style de la
doctrine à la manière d’abord de l’opinion précédemment évoquée, à la manière
ensuite de J. Cocteau comme on l’a vu, ou bien encore, comme le rappelle le
passionnant premier chapitre doxographique (« Gloire à l’écrivain ? »),
à la façon de ceux qui ont constitué le style cartésien en objet de débat au
milieu du XIXème siècle - certains se faisant les thuriféraires<span style="mso-spacerun:yes"> </span>de la phrase de Descartes, « ce grand
géomètre devenu grand écrivain » selon le mot de l’académicien Désiré
Nisard (p. 13) pour qui l’auteur du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Discours
de la méthode </em>notamment a « porté la langue française à son point de
perfection » (p.14), d’autres au contraire, comme Gustave Lanson, s’inquiétant
de ce que l’éloge hyperbolique de l’écrivain Descartes fasse oublier son œuvre
de mathématicien, de savant et de philosophe au point de prendre le parti
opposé, tout aussi excessif sans doute, pour déplorer une phrase « longue,
enchevêtrée d’incidentes et de subordonnées, alourdie de relatifs et de
conjonctions, qui sent enfin le latin et le collège » (p. 16) -. Cette
première interrogation revient à revendiquer le droit pour le philosophe, qui
ne serait pas plus démuni en ce domaine que l’historien de la langue, à aborder
la question du style de Descartes. Plus précisément, et sans verser bien sûr
dans les excès qui accorderaient trop au style en l’investissant d’une
puissance indûment créatrice, D. Kambouchner examine la question de savoir si
ce n’est pas aller trop vite en besogne que de négliger la question du style en
philosophie, pour cette raison que, si, comme le disait Boileau, « ce qui
se conçoit clairement se dit aisément », il reste encore à prouver que la
question de l’expression est une pure formalité ou que « les mots pour le
dire viennent aisément ». En d’autres termes, l’hypothèse mise à l’épreuve
tout au long de l’ouvrage est que la manière dont Descartes écrit nous dit
quelque chose, plus encore que sur son époque, sur les incontestables bénéfices
de sa formation pour autant qu’elle a été judicieusement métabolisée, sur la
réflexion qu’il a très précocement menée quant à la communauté des règles que
« la lumière naturelle de l’esprit » (<em style="mso-bidi-font-style:
normal">Règle</em> I) doit appliquer méthodiquement dans l’invention aussi bien
que dans la disposition, sur son projet philosophique enfin ou plus précisément
peut-être sur sa conception du rôle du philosophe. Il est grand temps de
liquider une fois pour toutes l’exaspérant poncif selon lequel le style de
Descartes « sent le latin et le collège » pour, comme J. Cocteau
l’avait fait intuitivement, mais d’une manière autrement plus méthodique comme
le fait D. Kambouchner, se donner enfin les moyens de reconnaître à Descartes
un style véritablement original.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Pour ce faire, l’auteur procède en
plusieurs étapes qui, en même temps qu’elles scandent sa progression dans l’analyse
du style de Descartes, lui fournissent l’occasion d’écarter, comme autant d’obstacles
à sa recherche, quelques idées reçues solidement implantées en dépit des faits
(historiques ou textuels). Ainsi D. Kambouchner s’emploie-t-il dans le second
chapitre (« Une phrase dans son siècle ») à défaire une première
objection, venue de G. Lanson notamment, selon laquelle Descartes n’aurait pas
de style à proprement parler tant il se contenterait d’écrire comme les autres
auteurs de son siècle (Richelieu, Jean-Louis Guez de Balzac, Gabriel Naudé…) en
adoptant ce que G. Lanson appelle la phrase « Louis XIII », soit une
phrase « lentement déroulée, solidement étayée, d’une pensée qui travaille
à tout mettre en ordre et qui prétend avant tout manifester son enchaînement »
(cité p. 20). Ce serait par manque de familiarité avec le style de ses
contemporains qu’on imputerait à Descartes un style qui devrait tout à l’époque
et n’aurait donc rien de proprement cartésien. Mais, objecte D. Kambouchner,
outre le fait que la phrase « Louis XIII » identifiée par G. Lanson
relève d’une catégorisation peut-être historiquement discutable (apparue autour
de 1620, elle était encore en usage aux alentours de 1680), le fait principal
reste que tout le monde n’écrivait pas de la même manière à l’époque et que des
phrases au « rythme vif » et beaucoup moins arborescentes
concurrencèrent une phrase « Louis XIII » bien moins usitée que ne l’affirme
G. Lanson. Sans nier aveuglément l’importance du contexte historique ni non
plus les affinités littéraires de Descartes avec certains auteurs de son temps,
force est tout de même de constater que, s’il n’est certes pas « le
créateur de cette phrase complexe et architectonique » (p. 25), Descartes
ne se l’en ait pas moins appropriée en ceci qu’il « la rend plus pleine et
sans doute aussi plus lisible, plus habitée et plus équilibrée qu’aucun autre
auteur de son temps » (ibid.). </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Les trois chapitres suivants, qu’on
peut considérer comme analytiquement solidaires, donnent de substantiels
arguments pour comprendre, dans un second temps, comment précisément la phrase
« Louis XIII » a pu en quelque sorte se « cartésianiser ».
Les circonstances historiques de ce que Marc Fumaroli a appelé « l’âge de
l’éloquence », qui a vu les élites françaises d’alors « forger une
langue adulte, unifiée, policée et différenciée, avec une volonté d’épuration
et de codification qui rompait avec l’effervescence linguistique du siècle
précédent » (p. 26), ne suffisent pas à comprendre ce qui a rendu la
question du style aussi intéressante aux yeux du jeune Descartes, au point qu’il
lui a consacré une réflexion approfondie. Cette division tripartite de l’ouvrage
montre qu’elle a été rendue possible par trois conditions qui font évidemment
système. En premier lieu, pourvu bien sûr qu’on ne caricature pas les
considérations de Descartes au début du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Discours
de la Méthode </em>concernant l’éducation qu’il reçut chez les Jésuites et les
irrémissibles désillusions qu’elles auraient suscitées chez lui, force est de
considérer « l’éducation littéraire » qui donne son titre au
troisième chapitre comme une condition nécessaire mais non suffisante à l’élaboration
d’un style proprement cartésien. « Nourri aux lettres dès [son]
enfance » tout au long d’un cursus faisant se succéder, entre autres, l’étude
de la grammaire d’abord puis celle de la rhétorique et des humanités, Descartes
a peut-être contracté alors certaines dispositions pour développer le goût de
la poésie, du bien-dire et de la prose rythmée. Est-ce pour autant l’étude des
lettres seule qui a permis à Descartes de nouer des affinités électives avec un
auteur comme Guez de Balzac dont le style soigné, passé au crible de l’analyse,
l’a aidé à mieux comprendre comment cultiver lui aussi<span style="mso-spacerun:yes"> </span>la « <em style="mso-bidi-font-style:normal">concordia
rerum cum sermone</em> » qu’il loue chez son ami dans son <em style="mso-bidi-font-style:normal">Jugement sur quelques lettres de M. de
Balzac</em>, en 1628 ? Certainement pas, puisque, comme il le confie lui-même
vers la fin de la « Première Partie » du <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Discours sur la Méthode</em>, il lui a fallu « sortir de la
sujétion de [ses] maîtres » et « quitter entièrement l’étude des
lettres » pour « voyager, voir des cours et des armées, fréquenter
des gens de diverses humeurs et conditions, [s]’éprouver [lui]-même dans les
rencontres que la fortune [lui] proposait » (cité pp. 33-34). Avoir des
lettres ne pouvant suffire pour bien écrire, il fallait encore « frotter
et limer sa cervelle contre celle d’autrui », comme le voulait Montaigne,
pour s’ouvrir à de nouveaux horizons et de nouvelles manières de penser.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">S’il s’en était tenu là toutefois,
Descartes n’eût certainement rien fait d’autre que se constituer un catalogue
des manières de penser et de dire, sans que cela l’aide pour autant à découvrir
l’art de restituer verbalement les pensées même les plus complexes. Le
quatrième chapitre (« La rhétorique inutile ? ») met
opportunément en étroite relation la méthode, énoncée dans les <em style="mso-bidi-font-style:normal">Regulae, </em>dansle double but d’exposer d’abord les règles que Descartes s’est
assignées en matière d’écriture, en toute cohérence bien sûr avec les grands
principes de sa méthode, avec l’idée de nuancer ensuite l’interprétation
commune qu’on fait de l’apparent rejet de la rhétorique apprise chez les
Jésuites au début du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Discours de la
Méthode</em>. Si, comme Descartes l’écrit dans la <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Règle</em> I, « toutes les sciences ne sont rien d’autre que la
sagesse humaine, qui demeure une et la même, si différents que soient les
sujets auxquels on l’applique » (cité p. 37), on comprend aisément que
« le même esprit sain et persévérant qui, en usant bien de lui-même, doit
pouvoir découvrir toutes les vérités qui lui sont utiles, doit aussi, dans le
discours, régner non seulement sur l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">invention</em>
(du sujet, des arguments), mais sur la <em style="mso-bidi-font-style:normal">disposition</em>
et sur l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">élocution</em> ». L’erreur
des Jésuites en somme est d’avoir enseigné la rhétorique comme une discipline
autonome, sans voir qu’elle devait faire système avec les autres disciplines
pour ne pas tourner mécaniquement à vide. Sans doute est-ce un effort quotidien
pour la raison que de mettre de la convenance entre le discours et les choses,
mais, observe D. Kambouchner, celle-ci « n’est ni immédiate ni impossible,
ni particulièrement aisée, ni particulièrement difficile » (p. 42).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Sans doute alors, et c’est la troisième
condition indispensable pour exprimer au plus juste ses pensées qu’envisage le
cinquième chapitre (« La culture nécessaire »), « la lumière
naturelle de la raison » trouve-t-elle à s’aiguiser et à articuler plus
solidement ses idées en se nourrissant de la lecture des bons livres plutôt que
de ses seules forces naturelles (les fameuses « premières semences de
vérités »). De fait, « ce qu’il y a d’essentiel et de remarquable
dans les écrits des meilleurs esprits n’est pas contenu dans telle ou telle
formule qu’on pourrait en extraire : cela surgit du corps entier du
discours, <em style="mso-bidi-font-style:normal">ex integro corpore orationis</em> ;
et ce n’est pas immédiatement, à la première lecture, mais peu à peu, par une
lecture fréquente et souvent réitérée que nous l’assimilons sans nous en rendre
compte et le convertissons en notre propre sève (<em style="mso-bidi-font-style:
normal">in proprium succum</em>), en même temps que quelque chose de leur style
passe dans nos propres écrits » (p. 50). Où l’on comprend comment un
brillant spécialiste de Descartes peut avoir de profitables idées à défendre en
matière d’éducation, étant entendu que ce sont là les deux grands thèmes sur
lesquels D. Kambouchner travaille et publie le plus régulièrement. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">A ce stade de l’analyse déjà, le titre
du livre est justifié : Descartes a cultivé un style qui lui est propre en
se fixant des règles qui trouvent leur matrice dans les grands principes de la
méthode qu’il a conçue pour guider la raison dans la recherche du vrai, quel
que soit l’objet considéré. Du latin et du collège, le style de Descartes n’a
quasiment rien gardé, sinon sous une forme métabolisée par ce que ses
expériences et sa fréquentation des bons auteurs lui ont permis de découvrir
réflexivement. Toutefois, a-t-on tout dit du style de Descartes une fois qu’on
a déterminé les modalités de sa genèse et ses principales exigences ? Qu’il
faille mettre de la convenance entre ses pensées et ses discours, c’est là après
tout en effet un précepte qui peut valoir pour tout un chacun, mais qui, pour
le moment, ne justifie pas encore le choix cartésien de la phrase arborescente
et complexe, à l’architecture si subtile, qu’on évoquait en commençant. C’est
cette question que les sixième et septième chapitres du livre examinent. Le
premier mérite de D. Kambouchner dans cette séquence est d’éviter l’écueil de
la surinterprétation métaphysique de la phrase cartésienne qui a donné lieu à
divers excès sans doute de la part de quelques commentateurs - chaque phrase de
Descartes incarnerait par exemple une certaine « vision du monde »
(cité p. 56) et ferait « œuvre d’ordonnancement du monde », l’emportant
toujours un peu plus sur son chaos et son « obscurité menaçante » -.
A cette conception cosmique de la phrase cartésienne et de ses articulations,
D. Kambouchner objecte que « ce que la phrase cartésienne compose et
ordonne en elle-même (« digère »), ce sont des <em style="mso-bidi-font-style:
normal">pensées</em> [plutôt que des « fragments du réel »] », de
sorte que, et les propositions concessives fréquentes chez Descartes en sont
probablement l’indice, « il ne s’agit pas ici de vaincre la résistance du
réel, mais d’intégrer à l’examen de la question dont on s’occupe toutes les
considérations pertinentes » (p. 61). L’autre mérite qu’on peut trouver à
l’auteur dans ces deux chapitres est de faire sentir, dans le style de
Descartes, la « présence » devinée par J. Cocteau d’un homme posé,
policé et très soucieux en vérité des devoirs d’un philosophe envers ses
lecteurs. Voilà pourquoi, comme l’expose brillamment le septième chapitre
(« La grande phrase et ses paradigmes »), Descartes recourt à
plusieurs « modèles » ou « paradigmes » de phrase (p. 62 <em style="mso-bidi-font-style:normal">et sq.</em>) qui, quel que soit leur domaine
d’application (physique, mathématique, métaphysique, etc…) et quelle que soit
leur fonction (analytique, « cinématique » ou
« plastique »…), ont pour dénominateur commun de diriger avec probité
l’attention du lecteur sans la contraindre. Pour saisir les implications de
cette démarche dans laquelle l’écriture donne toute la mesure de l’éthique à
laquelle doit s’astreindre, selon Descartes, celui qui a dû embrasser « le
métier de faire des livres » de philosophie, rien n’est plus éclairant
sans doute que de citer ces lignes de D. Kambouchner : « la
saturation des phrases et des textes cartésiens en termes de liaison et en
indicateurs de relations logiques ne signifie pas une perte de liberté. Il d’agit
d’étais, d’une sorte de quadrillage à partir de quoi la substance significative
de chaque phrase peut être mieux appréhendée, autrement dit d’indicateurs pour
une réflexion qui seule peut opérer la synthèse requise. <em style="mso-bidi-font-style:
normal">La synthèse elle-même n’est jamais préformée</em> - elle reste ouverte.
Et le refus notoire de Descartes d’adopter en métaphysique le <em style="mso-bidi-font-style:normal">style synthétique </em>(procédant
méticuleusement par définitions, axiomes, postulats, propositions et
démonstrations graduées) pour lui préférer l’<em style="mso-bidi-font-style:
normal">analyse</em> qui <em style="mso-bidi-font-style:normal">« montre la
vraie voie par laquelle la chose a été méthodiquement inventée </em>» s’inscrit
dans le respect plus général de la liberté du lecteur, qui <em style="mso-bidi-font-style:
normal">devrait</em> se rendre attentif à tout ce que la phrase contient, mais
de qui l’on n’obtiendra rien si on l’entraîne sur des chemins trop
balisés » (p. 71). A cette condition alors, la phrase cartésienne peut
donner lieu pour le lecteur, comme cela a probablement été le cas pour le
philosophe pendant la phase de l’invention, à d’authentiques « événements
de pensée toujours surprenants » (p. 74).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">A ce compte, Descartes incarne vraiment
la figure d’un homme à qui rien d’humain n’est étranger, d’abord parce que tout
l’intéresse dans les productions de la pensée humaine, ensuite parce qu’il lui
importe de mettre efficacement en commun ce qu’il a cru pouvoir y ajouter. Si
cette formule qui ramasse en quelques mots l’idéal de l’humanisme est empruntée
à Térence, c’est plus du côté de Cicéron qu’il faut chercher des affinités, non
pas en matière de doctrine philosophique mais bien plutôt de culture oratoire -
moyennant évidemment une transposition de l’art de dire à l’art d’écrire -.
Telle est la thèse originale mais séduisante que défend D. Kambouchner dans les
deux derniers chapitres (« <em style="mso-bidi-font-style:normal">Et ego
sum Cicero</em> » d’abord, « Affleurements » ensuite). Tout, dans
ce magistral petit livre de 93 pages, donne à penser que Descartes n’aurait
aucunement renié la leçon de Cicéron en matière d’éloquence, après en avoir
fait une affaire de style pour les besoins plus contemporains de l’écriture qu’imposait
l’époque : comme le théoricien de la culture oratoire, Descartes eût
certainement repris à son compte l’idée que « les dispositions naturelles
font beaucoup, mais aussi le savoir technique (l’art), et l’exercice ou l’application
(<em style="mso-bidi-font-style:normal">exercitatio</em>) », ou bien encore
que « c’est une grande erreur d’attendre le succès de l’observation
mécanique ou religieuse de règles particulières » (p. 82), ou bien enfin
« que tout est affaire de jugement, d’attention et de
connaissances », c’est-à-dire « que pour être sûr de persuader, il
faut posséder à fond son sujet » et « que tout ce qui appartient à la
vie humaine est sa matière » (p. 83). </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="mso-ascii-font-family:"Times New Roman";mso-hansi-font-family:"Times New Roman";
mso-bidi-font-family:"Times New Roman"">Parce que la question de l’éducation
semble bien souvent constituer un horizon possible de cette passionnante étude
du style de Descartes (sauf erreur d’appréciation de notre part, toujours
possible pour des raisons quasi-sacerdotales aisées à cerner), on peut d’autant
plus regretter, comme l’auteur deux chapitres auparavant, que, étant donné ce
qu’on a vu du rôle de la culture selon Descartes d’une part (cinquième
chapitre), et, d’autre part, dans la mesure où « lire Descartes, c’est
apprendre à suivre ses phrases, entrer dans leurs plis, mesurer toutes leurs
modulations » (septième chapitre), « le sacrifice [par la mise à
disposition pour les élèves de trop brefs extraits en lieu et place d’œuvres
complètes, même brèves], courant en milieu scolaire ou académique, transforme
en une petite suite de dogmes ingrats la pensée la plus déliée, réfléchie et
délicate » (p. 75). Il est vrai qu’en classe, le gâchis ici déploré est
moins souvent l’effet d’un choix que d’une nécessité imposée par des lacunes
accumulées en grammaire notamment, enseignement qui précédait celui de la
rhétorique et des humanités chez les Jésuites... </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"> Cécile Nail</p>Jean-Marc Mandosio, Le Discours de la méthode de Denis Diderot, Editions de l’Eclat, Paris, 2013, lu par Alain Champseixurn:md5:22e68381423e9466b0bcdd5581e516d32014-09-01T06:00:00+02:002014-09-01T06:00:00+02:00Romain CoudercHistoire de la philosophieDescartesDiderotEncyclopédieMéthodepoésiesystème<p>
<!--[if gte mso 9]><xml>
<o:OfficeDocumentSettings>
<o:AllowPNG />
</o:OfficeDocumentSettings>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone>
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="276">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
<!--StartFragment--><strong><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/juin-juillet14/.Capture_d_ecran_2014-05-12_a_08.38.08_t.jpg" alt="" title="Capture_d_ecran_2014-05-12_a_08.38.08.png, mai 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Jean-Marc Mandosio, <em>Le Discours de la méthode de Denis Diderot</em>, Editions de l’Eclat, Paris, 2013, lu par Alain Champseix</strong></p>
<p><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;">L’auteur part de la critique que Diderot effectua en
1758 du traité d’Helvétius </span><em style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;">De l’esprit</em><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;">.
Le rédacteur de l’</span><em style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;">Encyclopédie</em><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;"> lui
reproche son caractère méthodique comme contraire tant à la nature de la
science qu’à celui de la philosophie</span></p> <p><strong>Jean-Marc Mandosio, Le Discours de la méthode de Denis Diderot, Editions de l’Eclat, Paris, 2013, 143 pages.</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">L’auteur part de la
critique que Diderot effectua en 1758 du traité d’Helvétius <em style="mso-bidi-font-style:normal">De l’esprit</em>. Le rédacteur de l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Encyclopédie</em> lui reproche son caractère
méthodique comme contraire tant à la nature de la science qu’à celui de la
philosophie. Jean-Marc Mandosio rappellera, cependant, que le philosophe ne
fait pas pour autant l’éloge d’une spontanéité débridée. Bien au contraire, il
insistera, comme on le voit p. 18 et suiv., sur le caractère apparent, étudié
et finalement artificiel de ce qui se fait passer pour spontanéité. Nous
ajouterions volontiers que la médiation du langage exclut inévitablement toute
conception naïve du spontané. Il nous invite plutôt à réfléchir : que peut
bien être une méthode paradoxale qui vise à libérer l’esprit humain de la
notion même de méthode ? Dans un premier temps, il envisage comme une
anti-méthode. Ensuite, il oppose le caractère organique de la connaissance à
l’idée même de méthode avant de voir en celle-ci une valeur principalement
négative. Enfin, le concept de création (<em style="mso-bidi-font-style:normal">poiesis</em>)
permettra de dépasser toute prétention à la méthodologie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">I/ De l’esprit de méthode
et de la nécessité d’une anti-méthode</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph;
text-indent:35.4pt"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Toute
méthode a pour objectif d’éviter la dispersion de l’intelligence et vise donc,
par là-même, la construction d’un système. Or Diderot considère qu’une telle
perspective conduit à tourner le dos à la vérité, que l’on parte à sa
découverte ou que l’on se fixe pour tâche de l’enseigner. En effet, on ne peut
se mettre en marche sans se libérer des préjugés et faire comme si la raison
était directement opérationnelle. La <em style="mso-bidi-font-style:normal">maïeutique</em>
convient mieux car elle permet de préparer l’esprit et le conduit à chercher
par lui-même. Diderot ne cache pas son affiliation à Socrate. Le chemin est à
faire, il n’est pas tracé à l’avance sur un plan quelconque.<img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/juin-juillet14/.9782841623341FS_m.jpg" alt="" title="9782841623341FS.gif, mai 2014" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">II/ Des principes de
l’enchaînement des connaissances, et de cet enchaînement, qui est
l’encyclopédie</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>L’auteur montre, cependant, qu’un tel rejet de la méthode
est inséparable de ce que l’on pourrait appeler le rationalisme de Diderot. En
aucun cas son « antiméthodisme » ne peut être confondu avec un
quelconque irrationalisme. Bien au contraire, comme l’explique avec précision
Jean-Marc Mandosio, le rejet de la métaphysique traditionnelle, ce système du
réel auquel toute méthode ramène, s’effectue au nom même de la raison et, par
conséquent, de la métaphysique. Diderot revendique ce dernier terme : dans
l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Encyclopédie</em>, celle-ci, définie comme
« la science de la raison des choses », désigne, par exemple, ce qui
rend compte des opérations d’ « un peintre, (d’)un poète, (d’)un
musicien, (d’)un géomètre ». Si l’on veut rendre raison ou parvenir à la
métaphysique de telle ou telle classe de phénomènes, il convient de renoncer à
la généralité de la notion d’être et à l’idée d’un système de la nature. À
cette condition et à cette condition seulement, il est possible de ne pas se
payer de mots. Dans la foulée, peut-on dire, on comprend que le scepticisme ou,
à l’inverse, le théisme et le déisme deviennent inutiles. Il ne reste plus que
l’athéisme et la matière. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>Dans cette perspective, on admettra assez facilement que,
les phénomènes étant liés les uns aux autres, la connaissance de l’un supposant
la connaissance de l’autre, la nature est une alors même que l’on ne peut s’en
faire une idée générale. Il n’y pas lieu, aussi, dans de telles conditions, de
poser d’emblée une séparation entre l’animé et l’inanimé : le vivant n’est
pas nécessairement mécanique et une machine (du moins dans le processus de sa
conception et de son invention) autre chose qu’un organisme. On passe ainsi de
l’unité de la nature à sa continuité. Alors qu’il y a une parenté entre méthode
et mécanisme – n’y aurait-il pas comme un point de départ commun à Diderot et
Bergson ? – il y a une parenté entre connaissance encyclopédique et
organisme, non que l’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Encyclopédie,</em> à
l’instar de ce qu’elle sera chez Hegel, soit également le système de la nature,
car celle-ci dépasse toujours ce que le tour des connaissances humaines à un
moment donné peut en dire mais, plus simplement, parce que les renvois
permettent de corriger la linéarité et l’arbitraire de l’ordre alphabétique
d’une part et, d’autre part, empêchent qu’il n’y ait qu’une seule lecture et
qu’une seule pensée. L’<em style="mso-bidi-font-style:normal">Encyclopédie</em>
n’est pas un système et n’a pas d’ancrage métaphysique au sens classique du
terme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">III/ De l’insuffisance de
la méthode pour chercher la vérité dans les sciences</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>Encore faut-il s’entendre sur la notion de rationalisme.
L’auteur donne trois précisions décisives dans ce chapitre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1"><!--[if !supportLists]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-fareast-font-family:
"Lucida Grande""><span style="mso-list:Ignore">1)<span style="font:7.0pt "Times New Roman"">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Dans
les <em style="mso-bidi-font-style:normal">Pensées sur l’interprétation de la
nature</em>, Diderot insiste : le spéculatif et l’expérimental ne doivent
pas être séparés au moins pour éviter cette division du travail, difficilement
évitable cependant, qui fait que « les uns ont, ce me semble, beaucoup
d’instruments et peu d’idées ; les autres ont beaucoup d’idées et n’ont
point d’instruments. » Seulement, c’est l’expérimental qui doit primer car
c’est ce qui se passe dans la nature et non ce qui se passe dans la tête qui
importe.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1"><!--[if !supportLists]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-fareast-font-family:
"Lucida Grande""><span style="mso-list:Ignore">2)<span style="font:7.0pt "Times New Roman"">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Une
méthode expérimentale peut et doit donc être envisagée. Il convient d’observer
bien sûr mais, aussi, de dépasser l’observation par la réflexion qui, grâce à
des hypothèses et des analogies, compose avant de se retourner vers
l’expérience pour vérifier ou se corriger.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1"><!--[if !supportLists]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-fareast-font-family:
"Lucida Grande""><span style="mso-list:Ignore">3)<span style="font:7.0pt "Times New Roman"">
</span></span></span><!--[endif]--><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Malgré
tout, Diderot n’est pas Claude Bernard non parce qu’il appartiendrait à un
autre univers de connaissances mais parce qu’il s’agit, pour lui, d’ouvrir
l’esprit à la philosophie expérimentale non de figer celle-ci en des règles
définitives. Or cette même philosophie n’a de sens que si l’on tient compte du
rôle du pressentiment, du plaisir ou du génie, autant de qualités qui
n’existent pas chez tous mais qui ont la nature pour fondement : ils
résultent de certaines configurations de la matière, de certaines fibres qui,
certes, peuvent être cultivées. Autrement dit, alors que la méthode exclut
l’inconscient, la science le suppose. Le génie ne suffit pas – il faudra, tout
de même, dans le dernier chapitre distinguer le philosophe du poète – mais rien
ne remplace l’enthousiasme. Le travail n’est pas premier mais second.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">IV/ Du sujet de la
connaissance, et des rapports entre philosophie, poésie et mystification</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";color:green"><span style="mso-tab-count:1"> </span></span><span style="font-size:10.0pt;
font-family:"Lucida Grande"">Jean-Marc Mandosio signale cependant une
conséquence quasi inévitable d’une telle ligne de pensée : « la
philosophie programme sa propre disparition » et sa supplantation par les
sciences et techniques particulières. Diderot en est parfaitement conscient
mais il réfléchit à sa situation, celle de celui qui sait des choses mais
aucune à fond. Il n’est le spécialiste de rien. Selon lui, tel est le
philosophe : moins sérieux, plus fou que le scientifique en un sens mais
tout autant nécessaire car son désir est d’avoir des vues d’ensemble quitte à
se tromper. Ainsi passera-t-il d’un dogmatisme à l’autre selon une dialectique
qui serait plus marxiste qu’hégélienne car l’esprit n’intègre pas ses phases
antérieures pour progresser et s’affirmer, s’affirmer en progressant : une
théorie, vraie jusqu’à un certain point, s’avère dépassée le moment venu.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>Faut-il en conclure que le philosophe est condamné à la
marginalité, notamment par rapport aux sciences ? Ne sera-t-il que la
mouche du coche ? Mais il n’est jamais qu’un produit de la nature laquelle
est toujours changeante, la matière ne cessant de former des combinaisons
nouvelles, des êtres singuliers qui supposent tous les autres. Il n’est donc
pas un modèle mais l’exemple vivant donné aux hommes de la liberté joyeuse,
innocente et poiétique de la nature. Il ne la décrit pas et ne peut <span style="mso-spacerun:yes"> </span>prétendre la connaître, il l’imite. Ses
mystifications mêmes (l’auteur du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Discours
de la méthode de Denis Diderot</em> s’est référé à <em style="mso-bidi-font-style:
normal">La Religieuse</em> ainsi qu’au <em style="mso-bidi-font-style:normal">Neveu
de Rameau</em> au cours de son ouvrage) peuvent ramener à la raison ceux qui
croient qu’une science peut méthodiquement toucher au fond des choses. L’homme
doit se libérer d’un certain esprit de sérieux – à distinguer du sérieux - pour
connaître le bonheur de la vérité – et c’est être dans le vérité qu’être
certain de n’en avoir jamais fini avec elle. C’est la méthode et non l’erreur
qui éloigne d’elle au plus haut point.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Conclusion</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>Il faudrait, pour être plus complet et honnête, évoquer
la grande diversité des sujets abordés par l’auteur que nous n’avons pas
approchés ou que nous avons à peine signalés. Citons-en quelques uns : le
paradoxe, l’heuristique, les rapports entre physique et mathématiques, entre
matière, vie et pensée, l’importance et le sens des différents plaisirs, la
manière d’écrire de Diderot, la question des jeux et du hasard, le combat pour
les Lumières, la fabrication artisanale, la fiction, la rêverie, la
conversation avec soi-même et, même, une recette de cuisine et la pataphysique
d’Alfred Jarry. Il ne s’agit pas seulement d’un travail sur Diderot mais d’un
ouvrage diderotien à bien des égards. Nous sommes bien au-delà d’un simple
mémoire de maîtrise bien qu’il fût initialement cela, universitairement
parlant. Nous avons seulement voulu considérer les tenants et aboutissants
ainsi que la mise en perspective de la question de la méthode.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><span style="mso-tab-count:
1"> </span>Nous avouerons, cependant, une légère déception. En
raison du titre, on aurait pu s’attendre à une confrontation avec Descartes
plutôt qu’avec Helvétius. Celui-là montre, en effet, que, sans méthode, c’est-à-dire
l’ordre que suppose l’entendement de par sa nature, la pensée ne produit aucune
intelligibilité, le « partage » par tous du « bon sens »
s’avère inutile et il est impossible « de marcher avec assurance en cette
vie ». On ne saurait reprocher à Descartes « une méthode
d’appareil ». Si, par ailleurs, on souhaite défendre et illustrer le
matérialisme – ce que Jean-Marc Mandosio fait de façon excellente, nous
semble-t-il - comment ne pas tenir compte des conséquences de <em style="mso-bidi-font-style:normal">la</em> méthode d’après Descartes : la
mise en lumière de l’essence de l’esprit d’une part et de celle de l’étendue de
l’autre ? Il est vrai que l’initiateur de l’<em style="mso-bidi-font-style:
normal">Encyclopédie</em> raille la théorie des tourbillons (p. 14 de cet
ouvrage) mais, philosophiquement, il conviendrait de cerner à quoi elle
correspond. On peut se reporter, à ce propos, au <em style="mso-bidi-font-style:
normal">Lire Descartes</em> de Pierre Guenancia (cf. pp. 64-68, Folio-Essais) :
l’auteur du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Monde</em> ou du <em style="mso-bidi-font-style:normal">Traité de l’Homme</em> est certes loin du
scepticisme mais, tout autant, du dogmatisme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande""><o:p> </o:p></span></p>
<p>
<!--[if gte mso 9]><xml>
<o:OfficeDocumentSettings>
<o:AllowPNG />
</o:OfficeDocumentSettings>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:HyphenationZone>21</w:HyphenationZone>
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="276">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
<!--StartFragment-->
<!--EndFragment--></p>
<p class="MsoNormal" align="right" style="text-align:right"><span style="font-size:
10.0pt;font-family:"Lucida Grande"">Alain Champseix</span></p>Pierre Guenancia, Liberté cartésienne et découverte de soi. Encre Marine, 2013. Lu par Baptiste Klockenbringurn:md5:3714841a57752b3acee23afef58ad5d32014-02-10T06:00:00+01:002014-02-12T09:48:11+01:00Karim OukaciMétaphysiqueDescarteslibertéRicœur<p class="MsoNormal" style="margin-bottom: 12pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';" lang="EN-US"><strong><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/fevrier14/.arton496-13170_t.jpg" alt="" title="arton496-13170.jpg, janv. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Pierre Guenancia, <em>Liberté cartésienne et découverte de soi</em>, Encre Marine, 2013. Lu par Baptiste Klockenbring.</strong></span></p>
<div><span style="font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';" lang="EN-US"><span style="text-align: justify;">Au départ, le propos s’annonce d’un grand classicisme : un retour sur l’un des aspects les plus rebattus de la querelle entre Descartes et Hobbes, la question du libre-arbitre. Sur la forme, il se présente comme une conférence prononcée lors des Rencontres philosophiques de Langres en 2010, là encore d’un classicisme achevé, presque scolaire : une introduction, trois parties, une conclusion, le tout sans laisser prévoir de révolution dans les études cartésiennes. </span></span></div> <p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;">Plus personnelle,
mais aussi plus programmatique, est l’étude qui lui fait suite, et qui, sur un
mode presque intimiste, fait le compte rendu étonné d’une lecture, comme au fil
des pages, du premier tome de La philosophie de la volonté. Le volontaire et
l’involontaire, sorte de chronique de la découverte d’un Ricœur lecteur
inattendu d’un Descartes méconnu mais cher à Guenancia et familier à ses
lecteurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt;"><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/fevrier14/liberte-cartesienne-et-decouverte-de-soi-de-pierre-guenancia-964146595_ML.jpg" alt="" title="liberte-cartesienne-et-decouverte-de-soi-de-pierre-guenancia-964146595_ML.jpg, janv. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />C’est ainsi l’entrecroisement de ces problématiques
qui fait le cœur et la fécondité de cet ouvrage : l’idée qui émerge de ces
deux méditations est que se joue dans la liberté un rapport du sujet à
lui-même, que seul l’acte volontaire est de nature à rendre possible, suggérant
en quelque sorte que le cogito est au fond originairement un volo ou plutôt un
posso ou mieux encore un non posso, qui constitue le premier mode par lequel le
sujet libre et agissant se saisit en son être le plus propre. Il s’agit dès
lors de penser une liberté corps et âme, pouvoir proprement métaphysique de
l’homme, qui révèle le sujet à lui-même, jusque, et peut-être d’abord, sur le
mode de la défection et de l’échec, redonnant ainsi une nouvelle vigueur à
l’idée réputée désuète et démodée du libre arbitre, et resituant résolument la
liberté sur le terrain de la métaphysique.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">De fait, les enjeux de cette réflexion sur la liberté,
tout comme ceux de la réflexion autour de Ricœur, convergent vers cette idée
que la liberté est au cœur de l’expérience que le sujet fait de lui-même. La
liberté, en ce sens, telle est la thèse de l’auteur, n’est rien d’autre que la
découverte de soi du sujet. Elle est au fond ce par quoi le sujet s’appréhende
au-delà de tous les paradoxes de la réflexivité dans une expérience de soi,
l’expérience du libre-arbitre (ou du volontaire) comme d’un pur pouvoir être,
affectant profondément le rapport du sujet à lui-même, le dévoilant dans son
être le plus propre, pour le dire dans un langage qui n’est pas celui de
Guenancia, mais dont on retrouvera ici ou là quelques accents.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">L’introduction de la première conférence pose ainsi
les enjeux de la réflexion sur un mode résolument métaphysique : il s’agit
pour Guenancia de resituer la problématique de la liberté en son principe même,
sur le terrain déserté depuis Kant mais qui l’a vu pourtant naître, scil. celui
du libre arbitre. Contre l’air du temps qui se détourne de la liberté en
général et plus encore du libre arbitre, renonce à celle-ci comme à celui-là
pour promouvoir la réflexion sur les libertés, censément post-métaphysiques et
plus concrètes, Guenancia, sans s’appesantir sur la polémique, engage une
réflexion qui conduira à montrer au contraire que rien n’est plus concret que
l’expérience que le sujet fait de son libre-arbitre, suggérant que les libertés
déterminées et parcellaires présupposent tout aussi bien la liberté
métaphysique conçue comme libre-arbitre, que les branches de l’arbre de la
philosophie en dépendent des racines.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">I<sup>ère</sup> partie : Libre arbitre ou
liberté ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">La première partie, intitulée Libre arbitre ou
liberté ?, revient ainsi sur la querelle entre Descartes et Hobbes autour
du libre arbitre. D’emblée, Hobbes oppose à Descartes que dans les
Méditations,la liberté du franc-arbitre est supposée sans être déduite de
l’ordre des raisons, et constitue ainsi une sorte de pétition de
principe ; à quoi Descartes répond en renvoyant la liberté à l’évidence
avec laquelle elle se manifeste en chacun de nous par la seule lumière
naturelle – en quoi l’on voit que les débats sont dès l’abord mal engagés, les termes
en lesquels ils se posent pour l’un étant d’emblée récusés par l’autre, et
réciproquement. Là où Hobbes fait porter la question sur la liberté en tant que
telle, Descartes se concentre sur son mode d’appréhension. Pour Hobbes en
effet, en bon nominaliste n’admettant d’être que de ce que l’observation
impose, la liberté n’est guère que la propriété phénoménale de certaines
actions, à savoir celle de n’être pas empêchées extérieurement, avec comme
enjeu la question de l’imputation des actions. La liberté doit ainsi être
discutable sur une base purement factuelle, et non reposer sur une pure
virtualité qui ne peut jamais être saisie comme telle dans l’effectivité ainsi
que l’implique la notion de libre arbitre. Comme le note très justement Pierre
Guenancia, Hobbes évoque ainsi les actions que l’on nomme libres, la liberté
étant toujours appréhendée dans l’extériorité du monde effectif, faisant ainsi
de la liberté une question de qualité que l’on peut ou non attribuer à une
action déterminée, et non une problématique qui se joue dans le sentiment que
l’agent a de lui-même. L’argument de Hobbes est du reste aussi bien nominaliste
que théologique, puisque un véritable libre arbitre ne pourrait que contrevenir
à la toute puissance divine. La volition est ainsi intégrée au déterminisme
universel de la nature, et la conscience de cette volonté relève du constat et
non du pouvoir : dès lors, je perçois mes volitions comme quelque chose
d’extérieur à moi, sans m’y reconnaître en quoi que ce soit, et sans faire aucunement
de ma volonté leur origine. Au contraire, mes volitions sont le résultat quasi
computationnel de multitudes de causes antécédentes, concourant toutes
mécaniquement à la volition finale, qui, note Hobbes, appartenant au mécanisme
universel de la nature, pourrait tout aussi bien s’appeler décret de Dieu (p.
20). Il faut ainsi se représenter la liberté sur le modèle du cours d’eau qui
n’est pas empêché, pouvant ainsi être attribué aux êtres animés et aux choses
matérielles de façon parfaitement univoque. La question de la causalité étant
réglée par la toute puissance divine, l’acte libre se ramène au volontaire et à
la question de l’imputation, ce qui permet de limiter la question de la liberté
à celle juridique de la responsabilité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Si la transition de la délibération à l’acte est ainsi
continue et mécanique chez Hobbes – sur le modèles des machines désirantes de
Deleuze, avec lesquelles Guenancia fait, plus loin, une comparaison
intéressante – elle est au contraire impensable chez Descartes ; non qu’il
n’y ait des raisons d’agir, chez lui, il y en aurait plutôt en surnombre, note
Guenancia, ce qui explique le paradoxe selon lequel le choix est plus aisé
lorsqu’on a moins le choix : il est alors plus facile de se décider. Mais
si la décision est chez Hobbes la résolution de la délibération, résultant
infailliblement de celle-ci, elle est précisément ce qui chez Descartes, met en
jeu le libre arbitre : la décision, le choix est ce qui n’est déterminé
par rien si ce n’est l’agent lui-même, l’impliquant dans toute son ipséité. Le
choix apparaît alors comme irréductible aux raisons qui l’ont pourtant
précédé ; il est l’action du seul agent. Si dans la plupart des cas, la
transition des raisons à l’agir est aisée et quasi naturelle (ce qui rend
d’ordinaire la chose imperceptible et partant si disputée : Guenancia n’y
insiste pas, mais on pourrait voir ici une faille dans la thèse de Descartes,
qui fait reposer sa thèse sur le sentiment immédiat, c’est-à-dire sur le
caractère manifeste de l’expérience intime, alors même que dans la plupart des
cas, il passe justement inaperçu), il faut pourtant concevoir qu’il y a entre
eux un saut qui rend l’un toujours indéductible de l’autre, aussi
infranchissable que le passage de l’idée à l’affirmation. Le modèle est ici
celui, incompréhensible, de la création ex nihilo : le choix instaure un
ordre d’une radicale nouveauté. Là où les déterminants sociaux et les
causalités matérielles sont complexes et enchevêtrés, la décision volontaire
est simple, une, ponctuelle et hors du temps, sans prédécesseur ni ancêtre,
causée par rien si ce n’est elle-même, bref, proprement originaire ; c’est
du reste là, note l’auteur, l’une des significations de l’infinité de la
liberté : étant infinie et sans degré, elle ne saurait être causée de
l’extérieur. Or, Guenancia montre que c’est dans cet acte originaire de la
volonté que le sujet s’appréhende dans son ipséité, sans équivoque possible
comme celui qui, comme cause unique de la décision ; si l’idée que j’ai de
moi-même ressemble à toutes les autres idées qui réfèrent à ce qu’elles
désignent (par exemple, le je du je pense, pour autant qu’on envisagerait la
question de la réalité à quoi ce mot réfère), le sujet tel qu’il se donne à
lui-même dans l’acte de volonté ne saurait être contrefait, et se distingue de
toute autre réalité au monde (par où Descartes rejoindrait peut-être l’Aristote
de Eth. Nic. IX, 4, 1166 a 4). La liberté de la volonté ouvre ainsi sur un
rapport du sujet à lui-même que l’entendement ne donne pas : c’est à
l’occasion du vouloir que le sujet « se découvre comme sujet » en
première personne, comme singulier absolu.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">II<sup>ème</sup> partie : La liberté, notion
première</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Cela conduit Guenancia à distinguer d’une part l’idée
que j’ai de moi-même (comme res cogitans, c’est-à-dire comme chose participant
à un universel, la cogitatio) et l’expérience du libre arbitre ; or,
l’expérience que je fais de moi-même dans l’acte de la volonté est inséparable
de la conscience que j’ai de moi-même : le cogito, en tant qu’il
relève tout aussi bien de l’idée (chose pensante) que de l’acte (ne serait-ce
que celui de proférer), est tout aussi bien liberté, tout de même que le libre
arbitre, est aussi un cogito : position d’existence, la liberté n’est pas
une propriété du cogito, elle en est inséparable. Cette épreuve de moi-même
comme libre dans l’acte d’affirmer ou de nier, (et donc aussi de douter, du
reste, aimerait-on ajouter), contrairement au cogito, n’est pas découverte,
elle est toujours déjà là (et donc dès le doute de la première meditatio,
notera-t-on aussi au passage). Elle est ce par quoi, note Guenancia en une
analyse intéressante quoique rapide, j’ajoute quelque chose au monde, en actes
ou en paroles ; pour le meilleur ou pour le pire, du reste, car c’est par
elle aussi que j’erre et je me trompe.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">En ramenant la liberté à une expérience, Descartes la
soustrait à toute contestation et à toute discussion : s’il est vrai
qu’elle nécessite l’abandon de l’univocité de la rationalité que Hobbes
maintient au contraire contre l’évidence de l’expérience, la liberté, du fait
de sa simplicité (qui du reste est l’occasion d’une analyse rapide mais assez
suggestive de la temporalité de l’acte chez Descartes), est indubitable ;
c’est que la liberté est un acte et non un fait, ce qui renvoie à la différence
entre passion et action ; or, un acte est inanalysable, donné d’un seul
coup. Et Guenancia d’avancer ce qui nous paraît être le cœur de son
propos : l’expérience du libre arbitre comporte une dimension de
réflexivité plus constamment présente à nous que dans la cogitatio, suggérant
qu’on atteindrait ici une strate de l’ipséité plus inamissible encore que le
cogito.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">III<sup>ème</sup> partie : l’obstacle comme
manifestation de la liberté</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">D’où le fait qu’en expérimentant sa liberté, le sujet
éprouve davantage que dans le cogito son unité et son indivisibilité.
Contrairement à la cogitatio qui se décline de façon extensive selon différents
modes, la conscience de soi que donne l’agir libre « est circonscrite au
pouvoir de choisir par lui-même » ; de là l’hypothèse
intéressante de Guenancia : la singularité de l’âme comme substance
(dont il est question dans l’Abrégé) ne tiendrait-elle pas davantage à la
découverte de soi comme liberté plutôt que comme res cogitans – bref, pour le
dire en une formule d’Alquié que P. Guenancia, récuse non comme excessive, mais
précisément comme tautologique, le cogito est en somme un véritable volo ?
De fait, si la vis cognoscens de la XII<sup>ème</sup> des Regulae est
particularisée par les objets auxquels elle s’applique, il n’en va pas de même
de la volonté, dont ni la nature ni l’apparence ne varie avec ses objets. Ainsi
Guenancia finit-il par conclure que sans la liberté, il n’y aurait pas de soi.
La volonté est donc bien ce par quoi, dans la Meditatio IV, comme dans les Principes
je ressemble à Dieu. La volonté relève d’une perfection absolue qui s’éprouve
toujours de la même façon, par où je m’éprouve aussi moi-même comme toujours le
même, sans mode et sans variation, forme pure de la subjectivité. Cet ipse est
ainsi toujours originaire, expérience de soi à chaque fois nouvelle et
identique. De là vient que la liberté n’est pas une idée innée : elle ne
préexiste pas à l’expérience que j’en fais. Elle est notion première.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Reste que de ce fait, on ne saurait accéder à la liberté
sans faire ipso facto l’expérience de ce qui lui fait obstacle – le volo se
fait alors posso, comme l’auteur l’avancera dans la conclusion. Guenancia se
réfère alors à Maine de Biran pour montrer que le vouloir ne passe au pouvoir
que dès lors qu’il se voit opposer un obstacle : ce n’est que dans l’épreuve de
ce qui lui résiste que la volonté ouvre sur la prise de conscience de soi comme
liberté ; l’épreuve serait alors à comprendre au sens propre, comme
épreuve de l’effort et de l’obstacle, Guenancia parlant même de relation
transcendantale de la liberté à ce qui la nie. Maine de Biran se montre ici,
selon Pierre Guenancia, bien plus cartésien qu’il ne l’eût cru, en ce que,
comme Descartes, il situe la liberté sur le plan du faire effectif, de l’effort,
c’est-à-dire de l’épreuve immédiate et non seulement du dire. Ainsi, c’est en
se croyant anticartésien et cherchant à renverser le dualisme, que Maine de
Biran finit par aboutir à un dualisme plus radical encore, car situé en-deçà de
la distinction du corps et de l’esprit : le caractère simultanée du
mouvement volontaire et de la résistance du « corps propre » fait
ressortir la nature différente et inséparable, et qui pourtant ne se
connaissent que l’une par l’autre. C’est ainsi sur le fond de la passivité (on
pense ici au récent ouvrage de Jean-Luc Marion, Sur la pensée passive de
Descartes, qui effectue ce même retour en-deçà de la distinction âme/corps),
sur le fond de l’inertie du corps organique, c’est-à-dire de ce corps donné
avant toute réflexion que se détache l’activité du moi : celui-ci n’existe
ainsi qu’en se découvrant comme pouvoir. Et Guenancia de comparer l’emploi par
Descartes du terme de force pour décrire le moyen de l’âme de mouvoir le corps,
et l’emploi par Maine de Biran de celui de « force hyperorganique »
dont le moi a conscience et qui révèle son existence à lui-même comme un moi en
se heurtant aux forces organique du corps : ce n’est pas, relève l’auteur,
parce que deux notions ne se peuvent comprendre que l’une par l’autre qu’elles se
comprennent l’une comme l’autre, et qu’elles doivent être de même nature. De là
l’idée que c’est le plus souvent sur un mode défectif, par son échec que le
pouvoir constitutif du moi prend conscience de lui-même dans sa singularité
absolue. Il n’est par conséquent pas besoin de schème de la liberté : la
liberté se connaissant par elle-même, comme la même à chaque fois, et en
particulier dans ses expériences limites : ainsi sera-ce chez Descartes
dans l’épreuve de la contrainte de l’évidence des raisons qui m’inclinent sans
me déterminer, ou encore dans l’épreuve des passions qui me rend conscient de
mon pouvoir le plus propre, lorsque je me révèle capable d’y résister, ou au
contraire de la faiblesse de ce pouvoir lorsque j’y consens, que la volonté s’atteste
comme pouvoir métaphysique.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">C’est en ce sens que le soi peut être décrit à la fois
comme relation (de l’effort du moi à cet autre, de manière radicalement
immanente à la conscience) et en même temps substance, selon Guenancia, qui se
réfère alors au Michel Henry d’Incarnation, à l’appui de son
rapprochement : « la liberté a une signification phénoménologique,
elle est le sentiment d’un pouvoir en exercice s’éprouvant soi-même en celui-ci
et à ce titre irréfutable ». Du reste, telle est la considération qui clôt
la conférence : si le libre arbitre joue finalement le rôle d’un principe
d’individuation, me constituant en sujet radicalement singulier, il est aussi
ce qui constitue le principal lieu de la société des hommes, en ce qu’il est le
principe de reconnaissance et de liaison entre les individus ; ici prend
place l’analyse de la générosité qui transporte l’analyse du libre arbitre dans
l’ordre des passions : le généreux n’est-il pas précisément celui qui
élargit à l’humanité ce qu’il éprouve en et par lui-même, sans se demander s’il
est légitime de le faire, créant par là même, c’est-à-dire par la mise en œuvre
de ce libre arbitre même, une communauté des hommes libres ? C’est-à-dire
que la générosité ne consiste en rien d’autre qu’en l’universalisation de la
forme du soi, lors même qu’il n’y aurait rien qui le permettrait : le
généreux inclut ainsi l’humanité dans l’estime de soi, sans égard pour les
particularités sociales et culturelles, car « il n’y a rien en cela qui
dépende d’autrui » selon la formule des Passions de l’âme, art. 154. Comme
le note Guenancia, « c’est sur cette indépendance de chacun vis-à-vis de
tous les autres qu’est fondée l’égalité entre tous les hommes » ;
autrement dit, la générosité, qui est la manifestation du libre arbitre dans
l’ordre des passions, institue une communauté des hommes libres et égaux qui
communient par la générosité, par où leurs expériences, pourtant à chaque fois
singulières, convergent vers une universalité de la liberté.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">C’est donc à un Descartes inattendu, au cœur même de
textes lus et relus, que Pierre Guenancia donne à voir dans cette conférence,
ouvrant à partir de lui des perspectives vers la philosophie biranienne, mais
aussi, sans y insister explicitement, mais de façon tout à fait frappante, vers
la phénoménologie ; on se prend même parfois à penser à la Tathandlung
fichtéenne, ou encore à certaines pages de Lequier,tant Guenancia nous dépeint
un Descartes en penseur radical de la liberté. Bref, c’est à un Descartes dans
toute la fécondité qu’à révélé, et que continue à révéler sa postérité, que
nous avons affaire. Ce Descartes avec lequel Hegel disait que la philosophie
criait Terre ! montre ici encore qu’on n’a jamais fini d’explorer et de
sonder les chemins que sa philosophie a empruntés, si classiques soient-ils
devenus.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">« La liberté du regard », Ricœur lecteur du
Traité des Passions de Descartes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">C’est au reste également le propos de la seconde
conférence intitulée : « La liberté du regard », Ricœur lecteur
du Traité des Passions de Descartes. Partant de la surprise qu’il a eue en
découvrant dans le premier volume de la Philosophie de la volonté un Descartes
omniprésent, Guenancia tâche d’y suivre le double mouvement qu’il y décèle
d’une vive critique du dualisme, parallèlement à une lecture attentive et
ouverte du Traité des Passions, qui inspire à Ricœur un grand nombre de
considérations sur le volontaire et l’involontaire. Il montre ainsi comment
d’un point de départ opposé (le cogito pour Descartes, la « subjectivité
corps et âme ensemble », c’est-à-dire, en termes cartésiens, l’Union, pour
Ricœur), et suivant une méthode très différente, les deux philosophes, l’un en
phénoménologue, l’autre en physicien, et l’un lisant l’autre, apportent une
solution souvent parente à un problème identique. Ainsi Guenancia creuse-t-il
d’abord l’opposition entre un Ricœur dont l’approche des passions est guidée
par l’exigence de compréhension et d’interprétation (que disent, que signifient
les passions ? si l’on veut), là où Descartes les considère en physicien
(que font les passions ? en somme). Mais dans l’analyse de l’attention,
Guenancia voit au contraire la plus grande proximité entre les deux
philosophes : figure de la liberté chez Descartes, elle est le lieu
géométrique de convergences sur lequel Ricœur semble faire « sans
réserve » siennes certaines des conceptions cartésiennes : l’épreuve
sans preuve de la liberté, le cogito comme absolu et le choix de
l’attention : comme « synthèse originale d’activité et de passivité
(comme la 3<sup>ème</sup> notion primitive), l’attention est la manière d’être
libre et responsable d’un sujet capable de se regarder lui-même comme il
regarde les choses autour de lui ». Et Guenancia de conclure en montrant
que Descartes correspond à un moment essentiel de la réflexion de Ricœur à la
recherche d’une eidétique de la volonté, celle qui est traitée dans le premier
volume de la Philosophie de la volonté ; s’il s’agit d’en tirer une
philosophie de la liberté, Descartes sert de fil conducteur et d’inspirateur.
Dès lors que dans le second volume il s’agira de penser l’homme faillible et la
possibilité du mal, alors comme le conclut Guenancia « la recherche
inquiète du sens succède[ra] à la découverte de soi par l’expérience pure de la
liberté ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">On ne peut que saluer le courage de Pierre Guenancia,
de faire ainsi retour résolument sur l’une des plus anciennes institutions de
la métaphysique classique, et de relever le défi de rendre au concept de libre
arbitre la dignité philosophique dont toutes les générations de
postmétaphysiciens autoproclamés avaient fini par le dépouiller, et le reléguer
parmi les concepts usés et vidés par des siècles de ratiocinations abstraites.
Ce n’est pas le moindre des mérites de ces textes, que de redécouvrir dans la
chair vive l’un des points essentiels qui probablement fait encore que le
cartésianisme a encore des choses à nous dire. On souhaite ainsi que ces deux
courts textes, dont l’oralité est manifeste, constituent le prélude d’une
suite, dans laquelle les pistes ici esquissées, mais souvent laissées en suspens,
soient l’objet de développements plus circonstanciés. Le seul regret qu’on
avancera, pour finir, c’est que le prix élevé d’un ouvrage, (il est vrai, de
belle facture, comme de coutume chez Encre Marine) soit, la chose est à
craindre, de nature à en réduire l’audience.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:0cm">
<!--[if gte mso 9]><xml>
<o:OfficeDocumentSettings>
<o:AllowPNG />
</o:OfficeDocumentSettings>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="276">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
<!--StartFragment-->
<!--EndFragment--></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:right" align="right"><span style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Baptiste
Klockenbring.</span></p>Thibaut Gress, Descartes, Admiration et sensibilité, PUF, 2013, lu par Karine Peifferturn:md5:446ce8d52bb325da8c3abe9f197a00412013-11-08T06:12:00+01:002013-11-11T09:49:02+01:00Cyril MoranaHistoire de la philosophiecartésianismeDescartesesthétiquejugement esthétiqueLe BrunPoussinsensibilitésubjectivité<p>
<strong><img title="Descartes, nov. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/.8433-004-8E2D30AB_t.jpg" />Thibaut Gress, Descartes, Admiration et sensibilité, PUF, 2013</strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify">
<!--[if gte mso 9]><xml>
<o:OfficeDocumentSettings>
<o:AllowPNG />
</o:OfficeDocumentSettings>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves />
<w:TrackFormatting />
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="276">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
<!--StartFragment-->
<!--EndFragment--></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-justify:inter-ideograph"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:
EN-US">Thibaut Gress a pour projet de montrer qu’une esthétique existe, avant
Baumgarten et Kant, chez Descartes. Pour cela, il étudie de ce dernier les
textes qui présentent de rares mais réelles traces d’une pensée sur
l’esthétique. Il rencontre dès lors deux types d’esthétique, l’un orienté vers
le plaisir sensible du sujet, l’autre vers la saisie subjective d’une beauté de
l’immatériel.</span></p> <div style="mso-element:footnote-list"><div style="mso-element:footnote" id="ftn1">
<!--[if !mso]>
<![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<o:OfficeDocumentSettings>
<o:AllowPNG />
</o:OfficeDocumentSettings>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 9]><xml>
<w:WordDocument>
<w:View>Normal</w:View>
<w:Zoom>0</w:Zoom>
<w:TrackMoves>false</w:TrackMoves>
<w:TrackFormatting />
<w:PunctuationKerning />
<w:ValidateAgainstSchemas />
<w:SaveIfXMLInvalid>false</w:SaveIfXMLInvalid>
<w:IgnoreMixedContent>false</w:IgnoreMixedContent>
<w:AlwaysShowPlaceholderText>false</w:AlwaysShowPlaceholderText>
<w:DoNotPromoteQF />
<w:LidThemeOther>FR</w:LidThemeOther>
<w:LidThemeAsian>JA</w:LidThemeAsian>
<w:LidThemeComplexScript>X-NONE</w:LidThemeComplexScript>
<w:Compatibility>
<w:BreakWrappedTables />
<w:SnapToGridInCell />
<w:WrapTextWithPunct />
<w:UseAsianBreakRules />
<w:DontGrowAutofit />
<w:SplitPgBreakAndParaMark />
<w:EnableOpenTypeKerning />
<w:DontFlipMirrorIndents />
<w:OverrideTableStyleHps />
<w:UseFELayout />
</w:Compatibility>
<m:mathPr>
<m:mathFont m:val="Cambria Math" />
<m:brkBin m:val="before" />
<m:brkBinSub m:val="--" />
<m:smallFrac m:val="off" />
<m:dispDef />
<m:lMargin m:val="0" />
<m:rMargin m:val="0" />
<m:defJc m:val="centerGroup" />
<m:wrapIndent m:val="1440" />
<m:intLim m:val="subSup" />
<m:naryLim m:val="undOvr" />
</m:mathPr></w:WordDocument>
</xml><![endif]--><!--[if gte mso 9]><xml>
<w:LatentStyles DefLockedState="false" DefUnhideWhenUsed="true"
DefSemiHidden="true" DefQFormat="false" DefPriority="99"
LatentStyleCount="276">
<w:LsdException Locked="false" Priority="0" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Normal" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="heading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="9" QFormat="true" Name="heading 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 7" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 8" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" Name="toc 9" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="35" QFormat="true" Name="caption" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="10" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" Name="Default Paragraph Font" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="11" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtitle" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="22" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Strong" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="20" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="59" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Table Grid" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Placeholder Text" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="1" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="No Spacing" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" UnhideWhenUsed="false" Name="Revision" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="34" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="List Paragraph" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="29" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="30" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Quote" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 1" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 2" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 3" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 4" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 5" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="60" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="61" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="62" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Light Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="63" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="64" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Shading 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="65" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="66" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium List 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="67" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 1 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="68" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 2 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="69" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Medium Grid 3 Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="70" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Dark List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="71" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Shading Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="72" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful List Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="73" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" Name="Colorful Grid Accent 6" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="19" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="21" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Emphasis" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="31" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Subtle Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="32" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Intense Reference" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="33" SemiHidden="false"
UnhideWhenUsed="false" QFormat="true" Name="Book Title" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="37" Name="Bibliography" />
<w:LsdException Locked="false" Priority="39" QFormat="true" Name="TOC Heading" />
</w:LatentStyles>
</xml><![endif]-->
<!--[if gte mso 10]>
<![endif]-->
<!--StartFragment-->
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="text-align: justify; text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';">Introduction : Pour une esthétique cartésienne</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">L’auteur s’étonne qu’une esthétique ne soit pas
thématisée dans l’œuvre de Descartes alors même qu’est riche le contexte
artistique de son époque et que son affirmation de l’union de l’âme et du corps
permet de penser un « rapport esthétique au monde ». Rares sont les
commentateurs de Descartes à traiter la question de l’esthétique tant son œuvre
contient peu de références à la beauté et tant est tenace la doxa selon
laquelle l’esthétique naît avec Baumgarten qui, pensant une autonomie de la
sensibilité par rapport à la raison, ouvre la voie à la critique kantienne.
T. Gress entend s’opposer à cette thèse, non en rejetant l’idée que
l’esthétique s’enracine dans la subjectivité, mais en la faisant sienne pour la
confronter à un problème dont il est étonnant qu’il n’ait pas été soulevé par
ses défenseurs : si l’émergence de l’esthétique tient à celle du sujet,
comment se fait-il que l’esthétique soit apparemment absente, voire impossible,
chez celui qui a pourtant inauguré la pensée du sujet ? Elle ne peut
l’être s’il n’y a pas d’esthétique sans subjectivité. Baumgarten fait de
l’esthétique une saisie du beau par la sensibilité, donc un sentiment confus,
inférieur au savoir rationnel. Or cette définition se concilie peu avec
l’esthétique qu’on pourrait déduire, selon le projet de Cassirer, des principes
du savoir dont Descartes soutient fermement l’unité. T. Gress distingue
alors « objet de l’esthétique » et « jugement esthétique »
pour concevoir un jugement sur l’objet sensible qui ne relève pas de la seule
sensibilité. Ainsi, il se propose de penser, non un « cartésianisme
esthétisé », mais une esthétique cartésienne, interne à l’œuvre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';">Premier chapitre : un rapport sensible de l’esprit
à l’objet</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">La condition première d’une esthétique est que soit
possible un rapport sensible de l’esprit à l’objet. Suivant Cassirer, l’auteur
l’établit, au premier chapitre, à partir de l’unité du savoir chez Descartes.
Cette unité vient de celle de la méthode à l’œuvre dans chaque science, unité
méthodologique qui trouve elle-même sa source dans l’unité de l’esprit. Or
l’esprit, défini comme « chose qui pense », n’est pas purement
intellectuel car le sentir, de l’aveu de Descartes dans la secondeMéditation,
est une modalité de la pensée. La présence de la sensibilité au cœur de
l’esprit ne signifie pas pour autant « l’autonomie du sensible »,
pensée par Kant. Celle-ci tient à la scission de l’esprit en facultés
distinctes, chacune dévolue à une fonction particulière : la sensibilité,
par laquelle l’esprit reçoit le monde sensible qui ne peut être saisi
conceptuellement, et l’entendement producteur de concepts, sous lesquels
peuvent être subsumées les données sensibles grâce seulement à un troisième terme,
le schème transcendantal. L’autonomie du sensible permet la formation d’une
science spécifique du sensible. Mais cette autonomie est niée chez Descartes
qui ne divise pas l’esprit en facultés, d’où le paradoxe suivant : l’unité
de l’esprit, dont est déduit un rapport de l’esprit au sensible et ouverte la
possibilité d’une esthétique, est en même temps ce qui semble en interdire la
constitution.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt; text-indent: -24pt;"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt; text-indent: -24pt;">Deuxième chapitre : Objet esthétique et jugement
esthétique</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Face à ce problème, T. Gress juge plus judicieux,
au deuxième chapitre, d’établir l’existence d’une esthétique cartésienne en
distinguant l’« objet esthétique » du « jugement
esthétique ». La représentation de l’objet sensible peut-elle
s’accompagner d’un jugement sur sa beauté excédant la sensibilité ? Dans
l’Abrégé de musique, surtout dédié à l’analyse objective du son, apparaît une
« esthétique de la delectatio »,en ce que la beauté de la quinte est
in fine rapportée au plaisir de l’oreille. L’originalité de Descartes tient à
ce qu’il est le premier à faire du plaisir la finalité de l’œuvre, initiant une
« désobjectivation » du beau, que reprend le Traité sur la peinture
deDupuy du Grez. Sans délaisser la réflexion mathématique sur l’harmonie, ce
dernier s’avoue incapable d’expliquer pourquoi elle plaît à la sensibilité
humaine. En naît un mystérieux surcroît de « charme ». L’esthétique
du plaisir n’engage cependant pas la seule sensibilité. L’Abrégé de musique
précise que l’appréciation esthétique vient des attentes, désirs et intérêts de
l’esprit vis-à-vis de l’objet : nul jugement esthétique qui ne soit
médiatisé par eux. En raison de leur particularité, le beau n’est ni universel
ni rationnel. Comme l’agréable, c’est un plaisir issu des projections de l’âme
jugeant que le rapport avec l’objet sera jouissif. Il ne s’en distingue qu’en
ce qu’une majorité d’hommes s’attend à prendre plaisir à l’objet, ce en quoi
Descartes est à l’opposé de Kant. De là, un « nominalisme » du
beau : le beau n’est que le nom donné à ce qui plaît à la plupart des
hommes. Ainsi, le plaisir ne vient pas tant de l’objet sensible que de ce que
son appréhension déclenche de souvenirs et d’analyse en l’âme. Voilà qui ajoute
à l’objet le charme éprouvé. Le plaisir est donc une « auto-affectation de
l’âme », à l’occasion de l’objet sensible, ce que confirment Les Passions
de l’âme.</span></p>
<p class="MsoNormal"><img src="http://blog.ac-versailles.fr/oeildeminerve/public/.319mAMUIfyL._SY445__m.jpg" alt="" title="Gress Descartes, nov. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" /></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:
none;text-autospace:none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:
"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:
none;text-autospace:none"><span style="font-family: 'Lucida Grande'; font-size: 10pt; text-align: justify; text-indent: -24pt;">Troisième chapitre : L’esthétique
semi-cartésienne de Poussin</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">S’il n’y a aucune règle normative de la beauté chez
Descartes, que signifie qu’un artiste est cartésien ? La réflexion porte
sur Poussin au troisième chapitre. Ce n’est pas parce que le peintre, dans sa
correspondance, dit « aimer les choses bien ordonnées », la clarté et
la distinction, qu’il est cartésien. Est peu convaincante la démarche usuelle
qui rend cartésienne l’esthétique poussinienne en la ramenant aux préceptes du
Discours de la méthode, décelables chez d’autres artistes rigoureux. L’amour de
l’ordre et de la rationalité mathématique est si répandu au XVIIe siècle
que Descartes seul ne suffit à caractériser l’art de Poussin de ce point de
vue. En ce sens, l’auteur s’écarte du « cartésianisme esthétisé »
voulant déduire de la méthode ce que serait l’esthétique cartésienne. En
revanche est typiquement cartésien chez Poussin qu’il soumette l’évaluation de
l’œuvre à l’agrément du spectateur. La fin de la peinture est de plaire,
déclare-t-il. Deuxièmement, il refuse, comme Descartes, de réduire le jugement
esthétique à une pure évaluation sensible. La raison survient dans ce jugement.
Or cela même est ambigu. Poussin est proche du philosophe car tous deux
relèvent le souci de proportionner l’objet aux sens pour plaire. Mais il s’en
éloigne car la mesure rationnelle de l’objet est pour lui à coup sûr
productrice du plaisir alors qu’elle ne l’est qu’en droit et de façon
contingente pour Descartes, l’âme éprouvant du plaisir à l’objet harmonieux,
non directement, mais via ses attentes et souvenirs singuliers. Tout en
convenant de la subjectivité de la délectation, Poussin maintient l’objectivité
du beau, absente chez Descartes. C’est pourquoi il est
« semi-cartésien ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';">Quatrième chapitre : Le Brun, le dessin et la
couleur</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">L’œuvre de Le Brun, aisément reconnu comme
l’instigateur du cartésianisme à l’Académie, n’offre-t-elle pas alors un accord
plus plein avec celle de Descartes ? Au quatrième chapitre, T. Gress
montre qu’il n’en est rien, contre Hourticq et Souchon. Ces derniers relèvent
la préséance que Le Brun accorde au dessin sur la couleur. Le dessin,
témoignant d’une idée claire de l’esprit et seul à même d’« imite[r] les
choses réelles », fait la substance de la peinture, dont la couleur,
obscure, n’est qu’un accident dépendant du dessin. Ils croient y repérer le
sillon des principes cartésiens mais leur « cartésianisme esthétisé »
est contestable : dans les Principes de la philosophie, la couleur est
désignée comme une idée claire, bien que confuse ; le dessin dont parle Le
Brun, ou « disegno esterno », dépend autant de la main que de
l’esprit, si bien que la primauté du dessin sur la couleur n’est pas celle de
l’âme sur le corps, d’autant plus que la couleur appelle l’imagination, mode de
la pensée ; la dépendance de la couleur au dessin n’est pas réductible à
la relation du moins parfait au plus parfait qu’étudie Descartes pour prouver
l’existence de Dieu. Ce cartésianisme reconstruit contredit même l’esthétique
présente dans la Lettre à Régius de juin 1642 et la première Méditation,
où la substance de la peinture réside dans la couleur, qui en assure la
fonction mimétique. Mais Le Brun n’est-il pas cartésien en s’intéressant, dans
L’Expression des passions, aux pensées de Descartes sur celles-ci ?
T. Gress répond qu’il interprète une théorie scientifique dont il fait un
usage pictural. Seul le peintre opère le geste esthétique, indétectable comme
tel dans les textes philosophiques.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="text-indent: -24pt; font-size: 10pt; font-family: 'Lucida Grande';">Cinquième chapitre : L’admiration, une beauté
sans plaisir</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">L’ultime chapitre aborde un cas singulier au sein du
dispositif conceptuel jusque-là mis au jour pour penser l’esthétique
cartésienne : celui de l’admiration, qui autorise la pensée, à la fois,
d’une autonomie du sensible, que semblait exclure l’unité de l’esprit, et d’une
autonomie du beau par rapport au sensible. Les Passions de l’âme énoncent que
l’admiration advient quand l’objet sensible se donne à l’âme sans qu’il
n’éveille en elle aucun souvenir, aucune attente ni aucune pensée par quoi elle
pourrait s’auto-affecter, en conséquence de quoi elle est étonnée. L’objet
sensible « en tant que sensible » affecte directement l’âme, sa réception
n’étant médiatisée par aucun autre mode de la conscience. En cela, une
autonomie du sensible, proche de ce que thématise Kant, se fait jour. Mais
précisément parce que le plaisir ne naît que de l’auto-affectation de l’âme, il
ne saurait accompagner l’admiration. Dès lors, celle-ci n’appartient pas à
l’esthétique du plaisir. Cela dit, à la fin de la troisièmeMéditation,
l’admiration est associée à la beauté : Descartes est saisi d’admiration
devant la beauté de Dieu dont il vient de démontrer l’existence et dont
l’infinité surprend l’esprit fini qui ne peut en anticiper l’appréhension.
Cette beauté, loin d’être nominaliste, est universelle car tout sujet examinant
rationnellement ses idées peut y accéder. L’admiration n’a ici plus de rapport
avec le sensible, elle n’est que surprise de l’esprit découvrant un objet
immatériel inattendu, qui peut être autre que Dieu. Parcette beauté sans
plaisir, Descartes forme une autre ‘‘esthétique’’, une « science du
beau », que T. Gress appelle « callistique de
l’immatériel » pour éviter le renvoi au sensible inhérent au mot
« esthétique ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">
Esthétique de la delectatio et callistique s’enracinent donc pleinement dans la
subjectivité, la première parce que le plaisir n’a pas sa cause dans l’objet
sensible mais dans l’impression particulière du sujet sur lui-même quand il
rencontre cet objet grâce à la structure de l’esprit ; la seconde car
l’admiration surgit moins de l’objet immatériel que de l’incapacité de l’âme à
le prévoir. Dans chaque cas, Descartes approche Kant pour aussitôt s’en
éloigner : la beauté fondée dans le plaisir subjectif n’est pas
universelle ; la beauté universelle rompt avec le plaisir et la
sensibilité. La science cartésienne elle-même, parce qu’intelligible par tout
sujet, ne peut-elle pas être perçue comme belle et « admirable »,
ainsi que la qualifie Descartes qui en découvre les fondements ? De là,
T. Gress invite à lire les textes cartésiens « sous l’angle de la
surprise (…) sans cesse entretenue par l’imprévisible beauté des idées
présentées ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;text-indent:-24.0pt;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:
none;text-autospace:none"><strong><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;
font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US">4.</span></strong><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Times New Roman";mso-ansi-language:
EN-US"> </span><strong><span lang="EN-US" style="font-size:
10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US">Apports du
livre :</span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Avec beaucoup de pédagogie et de clarté, l’auteur
déploie une réflexion intéressante par l’originalité de son objet comme de sa
méthode. Il est peu commun de penser une esthétique cartésienne et Thibaut
Gress le fait à partir des textes mêmes portant trace d’une réflexion sur le
beau, dont la lecture minutieuse évite les interprétations forcées. On peut
regretter que la référence introductive à l’union de l’âme et du corps ne soit
pas davantage reprise même si elle est bien sûr impliquée par la référence aux
Passions de l’âme. Certes, inscrire la sensibilité au cœur de la structure d’un
esprit non partitionné, comme le fait l’auteur en se référant à la
secondeMéditation, est essentiel pour penser une esthétique mais qu’est cette
sensibilité au moment où l’existence du monde sensible est suspendue ?
Est-ce à dire qu’il y a en l’âme un mode qui la rend capable d’être affectée,
même médiatement, par le monde sensible dans son union avec le corps car
n’est-ce pas cette union seule qui actualise la possibilité du rapport au
sensible ? La réfutation que propose T. Gress de l’interprétation
intellectualiste de « la chose qui pense » aurait pu répondre à ces
questions.</span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Times New Roman";
color:#0000E9;mso-ansi-language:EN-US">[1]</span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US">
Il n’en reste pas moins que T. Gress, en nous offrant de lire ou de relire
Descartes dans une perspective étonnante, nous livre un bel ouvrage, au sens
cartésien du terme, car écrit sous l’égide du principe d’une lecture
callistique des textes à laquelle il nous convie, ce qui est à la fois fort
cohérent et nourrissant pour l’esprit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" align="right" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:right;
mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:
EN-US">Karine Peiffert</span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Plan:</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Introduction. Retour sur un topos herméneutique
(p. 5-21)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Y a-t-il un rapport sensible à l’objet ?
(p. 23-51)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:
none;text-autospace:none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:
"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US">Spécificité de l’esthétique
cartésienne (p. 53-91)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Le semi-cartésianisme de Poussin (p. 93-114)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">L’introuvable cartésianisme de Le Brun
(p. 115-137)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Les deux régimes « esthétiques » cartésiens
(p. 139-153)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:12.0pt;text-align:justify;text-justify:
inter-ideograph;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:none;text-autospace:
none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US">Conclusion. De la beauté des idées cartésiennes
(p. 155-162)</span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";
mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-bottom:6.0pt;mso-pagination:none;mso-layout-grid-align:
none;text-autospace:none"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:
"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US"> </span></p>
<p class="MsoNormal"><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Times New Roman";
color:#0000E9;mso-ansi-language:EN-US">[1]</span><span lang="EN-US" style="font-size:10.0pt;font-family:"Lucida Grande";mso-ansi-language:EN-US">
Le livre de Pierre Guenancia, L’Intelligence du sensible, auquel l’auteur fait
référence dans une note, donne un éclairage sur cette dissociation cartésienne
entre « la phénoménalité du sensible » et la question de l’existence
des corps.</span></p>
<!--EndFragment-->
</div>
</div>