Confrontés au pouvoir politique, les écrivains se réfugient souvent derrière la fiction et contestent les éventuelles ressemblances avec des personnages réels qui se sentent visés. Ainsi, les procès intentés aux écrivains pour outrage aux bonnes moeurs  se soldent généralement par un non -lieu car l' auteur , pour sa défense, utilise les arguments suivants : Il se désolidarise de son héros et explique qu'il prétend ainsi enseigner au public comment ne pas se comporter. Ainsi, Flaubert explique qu'il a choisi de faire mourir son héroïne , Emma Bovary, afin de montrer qu'elle est punie de ses péchés de la plus cruelle manière. Abandonnée par ses amants, elle sombre peu à peu dans la folie et son destin tragique devrait dissuader toutes les lectrices de devenir des femmes adultères. A l'époque de Louis XIV, Molière avait été, lui aussi, condamné pour avoir écrit Don Juan, une comédie dans laquelle le héros est un libertin, et un méchant homme. Sa pièce fut censurée et ensuite interdite de représentations à Versailles ; Molière s'était défendu en affirmant qu'il condamnait son personnage à mourir foudroyé, de la pire des manières .

Il est donc difficile de prouver qu'un écrivain est responsable des crimes de ses personnages car fiction et réalité doivent être dissociés. Il peut parfois être préférable pour un écrivain d'utiliser la fiction et de ne pas choisir de modèles trop facilement identifiables . L'écrivain peut cependant se servir de sa plume comme d'une épée pour combattre ses ennemis et défendre ses idées;L'auteur russe Alexandre Soljenitsyne pense d'ailleurs que l'homme de lettres n'est pas un juge indifférent mais plutôt le complice de tout le mal commis dans un pays. Selon, lui,la littérature doit être capable d'aider l'humanité à se voir telle qu'elle est ; elle doit être porteuse d'une expérience et permettre aux citoyens de différents pays de faire coïncider leurs échelles de valeur. Les idées de Soljenitsyne sont partagées par les écrivains qui font partie du courant réaliste comme Hugo, Balzac, Flaubert et Zola.