mot à mot - Mot-clé - question de l hommeCours de français et activités d' écriture .2020-08-30T10:51:33+02:00Durupt Laurenceurn:md5:8a5517644cc234d5c0562d84ad8ddfefDotclearLa Controverse de Valladolid : la question de l'altérité; Un débat fondateur.urn:md5:c38bcf9eca65bb5b732b04e4e66b73202020-04-14T08:20:00+02:002020-04-14T08:20:00+02:00philaminte17Enseignement de Spécialité : Humanitésaltéritéargumentationquestion de l homme<p style="text-align: justify;"> <img alt="" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/vallad4jpg.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Pour découvrir la notion<strong> d'altérité</strong>, je vous suggère de commencer à réfléchir à partir d'un <strong>récit historique</strong> qui éclaire bon nombre d'aspects méconnus de la colonisation : un prêtre espagnol qui a partagé la vie des Indiens tente de prouver en 1550 qu'ils ont une âme pour leur éviter d'être maltraités. Il affronte dans la ville de Valladolid , au sein du collège San Gregorio, durant plusieurs mois , le représentant du Pape et un théologien réputé qui se nomme Sepulveda; Ce dernier justifie notamment la colonisation et l'évangélisation par la force .</p> <p>Jean- Claude Carrière écrit en 1992 une pièce de théâtre qui met en scène une célèbre <strong>dispute</strong> ( au sens philosophique de débat ) qui eut lieu dans la ville de Valladolid à propos de la question de la justification de la colonisation des Indiens du Nouveau-Monde par l'Eglise catholique espagnole.<img alt="" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/vallad.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal">L'humanité des Indiens, l'existence de leur âme ne constitue pas au départ pas l'objet du débat </span><span style="letter-spacing: normal">:il s'agit, avant tout de démontrer que la <strong>colonisation par la force est nécessaire</strong> et que l'Evangélisation est une mission de l'Eglise.</span></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">Le débat oppose deux hommes ; deux religieux, Las casas et Sepulveda qui s'affrontent au moyen de différents arguments : leurs thèses sont opposées.</span></span></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">Pour certains hommes d'Eglise, </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">ceux qui vont aux Amériques n'ont pas </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">droit à </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> un titre de propriété mais </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">ils accomplissent </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> un devoir de mission ; personne n'a le droit d'occupation de ces territoires mais chacun doit jouir de « la liberté de passer par les mers ».</span></span></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/homme40.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="homme40.jpg, sept. 2015" /></span></span></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">La thèse de Sepúlveda s'appuie sur des </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"><strong>arguments de raison et de droit naturel</strong></span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> ainsi que sur des </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"><strong>arguments théologiques.</strong></span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">Il</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> considère les </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">sacrifices humains </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> massifs et réguliers, l'anthropophagie, l'inceste royal </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">comme de graves fautes qui</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> justifient la conquête </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">et l'évangélisation </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">: </span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">voilà son raisonnement.</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">l'intérêt des indiens exige qu'ils soient mis sous tutelle par les Espagnols puisque lorsqu'ils se gouvernent eux-mêmes, ils violent les règles de la morale naturelle (thèse aristotélicienne de la <strong>servitude naturelle</strong>: les hommes ne naissent pas égaux car Dieu veut que certains dominent les autres et leur accorde plus de qualités) ;</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">la nécessité d'empêcher, même par la force, le cannibalisme et d'autres conduites anti-naturelles que les Indiens pratiquent.</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">l'obligation de sauver les futures victimes des sacrifices humains ;</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">l'ordre d'évangéliser que le Christ a donné aux apôtres et le Pape aux Rois Catholiques (Pape qui jouit de l'autorité universelle).</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">Las Casas, qui a vécu au contact des Indiens et qui a appris à mieux les connaître réplique en démontrant :</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">la rationalité des indigènes à travers des témoignages de leurs civilisations (l'architecture des Aztèques) ;</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">qu'il ne trouve pas dans les coutumes des Indiens de plus grande cruauté que celle</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">s</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> qui pouvai</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal">ent</span></span><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> se trouver dans les civilisations du Vieux Monde (la civilisation romaine avait organisé des combats de gladiateurs) ou dans le passé de l'Espagne ;</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"><span style="letter-spacing: normal"><span style="font-style: normal"> que l'évangélisation et le fait de sauver les victimes des sacrifices humains n'est pas tant un devoir des Espagnols qu'un droit des Indiens.</span></span></p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%">Des Indiens sont amenés dans la salle d'audience et ils vont être observés, interrogés et soumis à des expérimentations plus ou moins cruelles afin de déterminer quelle est leur véritable nature ; Las Casas s'indigne de telles pratiques notamment lorsqu' on sépare une mère et son enfant afin de démontrer qu'ils ne sont pas dotés des mêmes sentiments que les espagnols. A l'issue de la confrontation, il est bien difficile de savoir quels sont les arguments qui l'ont emporté pour les autorités religieuses; le lecteur lui a pris fait te cause pour les arguments de Bartolomé Las Casas.</p>
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<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%">Le légat du pape rend sa décision finale : il proclame que les Indiens ont une âme et sont des créatures de Dieu ; Les tortures et l'esclavage ne sont donc plus autorisées par l'Eglise mais le pape , pour préserver les intérêts économiques de la couronne espagnole au Nouveau-Monde , décrète que désormais il est possible d'importer des Africains afin qu'ils travaillent ; comme esclaves,dans les plantations du Nouveau-Monde, à la place des Indiens; Cette décision marque le début du commerce triangulaire et des marchands d'esclaves.<img alt="" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/vallad3.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%">La dernière image de l'adaptation cinématographique de ce récit montre un homme noir qui vient balayer la salle d'audience à l'issue des débats; cette image est symbolique et renvoie à la naissance de la traite des noirs provoquée par cette décision. En effet, les noirs en sont pas considérés comme des créatures de Dieu et peuvent donc,pour les hommes de cette époque, être traités comme des marchandises.</p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 100%"> </p>
<p><iframe allow="accelerometer; autoplay; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture" allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/LlzHQISjeOs" width="560"></iframe></p>Sauvages en images : l'évolution de la notion de Sauvage.urn:md5:3032974199c7b315fb8d199e739143dc2020-04-13T11:56:00+02:002020-04-14T11:14:25+02:00philaminte17Enseignement de Spécialité : Humanitésquestion de l hommeVoltaire<p style="text-align: justify;">Pour comprendre les peurs et les réactions des hommes de la Renaissance face aux étrangers, aux peuples inconnus , il faut comprendre ce que signifi<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.sauvage_m.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="sauvage.jpg, nov. 2015" />ait pour eux "<strong>homme sauvage".</strong> Ce billet reprend les principales évolutions du concept d'homme sauvage avant que les philosophes des Lumières , et notamment Rousseau et Voltaire, créent le mythe de l'homme sauvage , cet homme non corrompu par la civilisation , et qui vit en osmose avec la Nature.</p> <p style="text-align: justify;"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/220px-ADurerWoodwoses1499.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="220px-ADurerWoodwoses1499.jpg, nov. 2015" />Les hommes du Moyen-Age assimilent souvent les hommes sauvages à des créatures diaboliques et monstrueuses associées à l'animalité et au monde nocturne comme les loups-garous, les ogres cannibales , dévoreurs d'enfants et autres créatures infernales, mi- homme mi- animal, à la force surhumaine menaçante. Les représentations de l'Homme sauvage varient suivant les époques , mais de manière constante il pose le problème de la société qui <strong>pense s'être éloignée d'une nature </strong>qui lui est devenue étrangère, et qui tente de rétablir un lien avec les puissances naturelles .<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.homme_sauvage_waldshut_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="homme_sauvage_waldshut.jpg, nov. 2015" />Toutefois, cette figure de l'homme sauvage n'aurait pas survécu si elle n'avait pas été chargée d'un <strong>sens politique et religieux</strong> . En Europe ,on retrouve des peurs universelles sous certaines représentations : l'homme craint l'épaisseur et le mystère des forêts qu'il peuple de figures sauvages comme les sauvageons , les hommes-arbres ou hommes souterrains (nains), les hommes -animaux comme les garous ou les centaures.<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.32_16_d_m.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="32_16_d.jpg, nov. 2015" /></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%">Dans l'iconographie française, du Moyen-Age on représente l'homme sauvage sous la forme d'un <strong>homme habillé de peaux de bêtes</strong>, voire lui-même velu. On s'entend généralement sur l'idée que cette figure est négative : elle représente politiquement et sociologiquement l<strong>e regard méprisant, de l'aristocratie</strong> sur le paysan, proche de la nature, mi-homme, mi-bête, et quasiment encore païen.L'assimilation mythologique de l'Homme sauvage au Chasseur sauvage est possible dans certaines régions d'Europe du Nord où on y voit une survivance de la métamorphose du dieu germano-scandinave <strong>Wotan.</strong></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%">Le chasseur sauvage serait un homme qui a bravé un interdit ou un tabou, par exemple la chasse ou la consommation d'un animal tabou. Il reviendrait en esprit, traversant les airs comme Wotan, à la tête d'une armée de morts métamorphosés en bêtes sauvages. (voir illustration en tête du billet). D'autres interprétations religieuses sont en concurrence : dans l'Occident chrétien , lors du Carnaval, l'Homme Sauvage est parfois vêtu d'un pagne de peaux de bêtes, de feuilles, et porte un petit arbre, le " mai ".</p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%;">A partir du début du XVIe siècle, l'Homme sauvage devient en Allemagne, notamment, la représentation symbolique et valorisante de l'Antiquité , faite d'une société aux moeurs simples et justes et pour laquelle le courage est une valeur essentielle : les tribus au fond de leurs forêts primitives, ont résisté à mains nues avec succès aux Romains bien armés mais de mœurs dissolues. On célèbre donc avec cette figure le <strong>culte des Ancêtres courageux et rustiques</strong>. La représentation de l'Homme Sauvage, vêtu d'un bout de peau de bête et armé d'une massue, reprend l'image d'<strong>Hercule</strong> et établit le mythe d'une Antiquité vraie, fondée sur la pureté des modes de vie ; Cette idéologie servira aux philosophes des Lumières pour opposer <strong>la sagesse naturelle des hommes sauvages</strong> et la dépravation, la corruption des sociétés occidentales qu'ils jugent décadentes et perverties . <strong>C'est ainsi que naît le mythe du bon sauvage.</strong></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/220px-Wild_Man__design_for_a_Stained_Glass_Window_by_Hans_Holbein_the_Younger.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="220px-Wild_Man__design_for_a_Stained_Glass_Window_by_Hans_Holbein_the_Younger.jpg, nov. 2015" />La propagande des <strong>humanistes de la Renaissance</strong> explique la popularité (ou plus exactement la non-censure) du thème, dans les cortèges paysans, et le nom du " Sauvage " donné à des enseignes de tavernes, à des statues de fontaines, à des rues. Les hommes de la Renaissance , confrontés aux peuplades indigènes, durent renoncer à ces fantasmagories mais elles étaient très présentes dans leur imaginaire. <strong>L'homme sauvage peut donc incarner soit une menace car il est fort et réfrène difficilement ses instincts, soit l'idée d'un passé légendaire qui nous renvoie à nos origines.</strong></p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%">Aujourd'hui on assiste à un renouvellement des sens du terme Sauvage et l'univers de la publicité, par exemple, exploite les <strong>connotations positives </strong>du mot avec l'image de Johnny Depp qui vante les mérites d'une eau de toilette, dans un désert, entouré de fauves, tatoué comme un chasseur d'une tribu primitive.</p>
<p align="justify" style="margin-bottom: 0cm; line-height: 150%">Dans l' Ingénu, un de ses contes philosophiques Voltaire a construit son personnage principal en reprenant certaines caractéristiques de l'homme sauvage : <strong>la force physique, la virilité et le goût du combat </strong>. Mais ce personnage de guerrier intrépide <strong>apprend à dompter sa nature sauvage pour devenir un homme </strong>accompli et raisonnable, un vrai philosophe qui a su contrôler ses instincts et devenir civilisé, en ne gardant que le meilleur des moeurs curieuses qu'il observe chez les français ; Ce sauvage a été élevé par les Indiens Hurons mais il est en réalité le fils naturel de français dont le bateau a fait naufrage; Il se nomme Hercule ce qui fait directement référence à sa force exceptionnelle. Pour le romancier et le philosophe Voltaire, ce personnage représente le Bon Sauvage: celui dont le regard est droit et qui n'a pas de préjugés. Il peut ainsi exercer son jugement sans avoir l'esprit déformé par les conventions, les superstitions et la religion . A la fin de l'histoire, il perd sa fiancée mais il devient un militaire courageux et un sage.</p>Diderot et le Vieux Tahitien : éléments d'explication et contexte de parution du Supplément ..urn:md5:9907897ee89a7633f4c336bcacaa7fca2018-10-06T20:28:00+02:002018-10-07T07:37:55+02:00philaminte17PremièreargumentationdiscoursLumièresquestion de l homme<p style="text-align: justify;"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/diderot4.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="diderot4.jpg, sept. 2015" /> A l'époque des Lumières, les explorations maritimes agrandissent les empires coloniaux des principaux pays d'Europe comme l' Espagne, l'Angleterre et la France . Diderot qui entend dénoncer la colonisation a alors recours à un moyen ingénieux pour sensibiliser ses contemporains. Il invente un <strong>ouvrage fictif</strong> qu'il présente comme un supplément au récit d'exploration de Monsieur Bougainville paru en 1771. Ce récit de voyage écrit par Bougainville s'intitulait <u><strong>Voyage autour du monde</strong></u> et il raconte les découvertes de l'explorateur et de son équipage partis durant plus de deux ans . Ils ont fait escale assez brièvement à Tahiti (une semaine environ ) mais le récit de cette étape polynésienne occupe de nombreuses pages au sein de l'ouvrage car les marins ont été frappés par la qualité de l'accueil des indigènes . Qui est Bougainville ? Louis Antoine de Bougainville commandant français des troupes envoyées au Canada part de Brest sur <i>La Licorne</i> le 3 avril 1756 pour maintenir française la colonie du canada. L'armée française se repliera vers Montréal où Bougainville, bilingue, négocie, dès le 7 septembre la capitulation française face aux anglais. Bougainville laissera des <i>Mémoires</i> détaillés sur sa campagne de Nouvelle-France.Ses <i>Mémoires</i> portent sur la conduite des opérations militaires, l'administration coloniale dont il critique l'inefficacité et <u>les relations avec les peuples autochtones alliés des Français</u>. Il découvre ensuite les Malouines et au Brésil, une fleur nouvelle va porter son nom : la Bougainvillée. A Tahiti, il embarque à bord de son navire un jeune Tahitien Autouru qui va lui enseigner la langue et les coutumes polynésiennes et qui mourra durant son voyage de retour vers son archipel. En 1771 sa <i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Voyage_autour_du_monde" title="Voyage autour du monde"><span style="color:#000000;"><strong>Description d'un voyage autour du monde</strong></span></a></i><strong><span style="color:#000000;">,</span></strong> où il évoque le mythe, au parfum alors sulfureux, du « paradis polynésien ». remporte un grand succès en Europe. Bougainville y note les découvertes scientifiques faites à bord avec les savants qui l'ont accompagné.</p>
<p style="text-align: justify;"> </p> <p style="text-align: justify;">Après avoir lu ce récit, Denis Diderot, va donc avoir l'idée de rédiger un essai qu'il intitulera <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Suppl%C3%A9ment_au_voyage_de_Bougainville" title="Supplément au voyage de Bougainville">Supplément au voyage de Bougainville</a>, en 1772. Il prend comme prétexte cette escale à Tahiti pour s'interroger sur la morale de la colonisation et en démontrer les dangers. Son objectif est de dénoncer les dommages de la colonisation qui brise l'équilibre des peuples colonisés en introduisant de nouvelles coutumes. </p>
<p style="text-align: justify;">Qui est cet écrivain des Lumières ? Denis Diderot a consacré une grande partie de sa vie à lancer le projet encyclopédique ; Ce qui ne l'a pas empêché d'écrire de nombreux ouvrages philosophiques qui posent la question de la place de l'homme dans le monde et des rapports entre les hommes. Pour rendre plus concrète sa réflexion, Diderot , en 1796, a eu l'idée d'une forme de fiction originale : celle d'inventer une suite au récit d'un célèbre explorateur : Monsieur Bougainville. Ce dernier , de retour d'une expédition à Tahiti avait publié sa relation de voyage sous le titre :<u> Voyage autour du monde. </u></p>
<p style="text-align: justify;"> Diderot imagine alors <strong>une situation inédite</strong> : Un vieux Tahitien s'adresse directement à Bougainville et dresse un<strong> réquisitoire des méfaits </strong>engendrés par l'arrivée des Européens dans son île.</p>
<p style="text-align: justify;">Comment la colonisation et ses dangers est-elle dénoncée dans ce passage par l'auteur ? Diderot commence par étonner son lecteur en évoquant un <strong>contraste:</strong> alors qu'ils semblent tristes de voir partir les Européens : " <em>pleuraient l 2 " </em>, le Vieil homme leur affirme qu'ils devraient plutôt se réjouir; Il semble connaître l'avenir et ses paroles prennent alors un tour prophétique , comme une sorte de <strong>vision prémonitoire</strong> ; Son "air sévère" l 3 annonce le sérieux de ses propos et leur gravité ; Il prédit de terribles malheurs : " <em>viendront vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir </em>" l 7 . Cette énumération devrait grandement <strong>effrayer </strong>ses compatriotes; Elle a également une valeur de mise en garde : les Tahitiens doivent se méfier des colons dont le vieillard dresse un<strong> portrait critique</strong> : " <em>extravagances, vices, corrompus, vils "</em> l 8 à 10 sont des mots aux <strong>connotations péjoratives </strong>qui dégradent l'image des Européens . Le sage insiste sur les malheurs à venir en employant notamment le mot<em> calamité</em> l 9 qui désigne un malheur très important qui s'abat sur l'homme et bien souvent lui ôte la vie comme l'indique l' adjectif <em>funeste</em> , associé ici à l'avenir des Tahitiens. </p>
<p style="text-align: justify;">Le texte est en réalité <strong>un dialogue</strong> comme l'indiquent les marques et la présence de l'interlocuteur et dans le second paragraphe, le Sage interpelle Bougainville : « <em>et toi » , « ton vaisseau » ou « tu nous a prêchés </em>« mais nous n'entendons pas les réponses de l'explorateur auquel cette <strong>diatribe</strong> s'adresse. Diderot ne donne pas la parole à l'accusé pour le moment. Il se contente de l'interpeler en créant ce<strong> discours </strong>qui s'adresse à lui. Le vieillard se fait le porte-parole de l'ensemble de son peuple et Bougainville devient le <strong>symbole</strong> du colonisateur .</p>
<figure style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;"><img alt="did1.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/did1.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Cette anecdote prend appui sur un <strong>contexte historique véridique </strong>et la <strong>présence d'un personnage réel </strong>au sein de la fiction , contribue à accroître son authenticité aux yeux des lecteurs. En effet, Bougainville a vraiment existé et dans sa relation de voyage l'explorateur mentionne l'existence de ce vieux tahitien mécontent.C'est après avoir lu le récit de M Bougainville que Diderot a eu l'idée de l'utiliser .</p>
<p style="text-align: justify;">Ce personnage du vieuxTahitien sage et qui semble avoir une vision prémonitoire des futurs malheurs de son peuple est très<strong> convaincant. </strong> Le « <em>nous </em>» est employé à plusieurs reprises « <em>nous sommes innocents </em>« ou «<em> notre terre </em>». Ce nous, donc, illustre la <strong>parole d'un collectif </strong>; c'est la voix d'un peuple tout entier qui s'exprime par la bouche d'un seul homme. Ce procédé implique le lecteur au sein de l'argumentation. </p>
<p style="text-align: justify;">On peut toutefois se demander si ce personnage n'est pas plutôt , en réalité, le porte-paroles des idées de l'auteur : en utilisant un <strong>dispositif fictionnel</strong>, Diderot se dissimule derrière un être de papier ; ce qui lui confère une sorte d'immunité. </p>
<p style="text-align: justify;">Ce vieux Sage ne mâche pas ses mots et il commence par insulter Bougainville en le traitant de « <em> chef des brigands </em>» l 13 ; L'expression rabaisse l'explorateur ; on appelle ce type d'argument un <strong>argument ad hominem</strong> car le locuteur s'attaque à la personne même de son opposant et le colon passe pour un voleur . <strong>Cette technique consiste à diminuer aux yeux du lecteur la valeur de la personne dont on souhaite combattre les idées </strong>. On quitte ici le terrain intellectuel pour s'en prendre aux qualités d'un individu. Cette interpellation <em>"chef des brigands</em> " montre également la responsabilité collective des colons ; ils agissent sous l'autorité de leur chef mais on voit ici que pour le vieux Tahitien, tous les marins se comportent de la même manière . Ils sont assimilés à de mauvaises personnes, des voleurs, des bandits. Un <em>brigand</em> est à l'origine un homme qui s'adonne au vol et au pillage mais le mot désigne ensuite au sens plus large, une mauvaise personne, malhonnête. </p>
<p style="text-align: justify;">Chaque aspect de la colonisation est passé en revue à l'intérieur du <strong>réquisitoire</strong>.</p>
<p style="text-align: justify;">En effet le discours du Tahitien a des allures de bilan : il semble récapituler tout ce qui a eu lieu depuis l'arrivée des colons : il constitue un<strong> rappel des faits</strong> . Ainsi les paroles du Tahitien font ressortir nettement l'opposition entre l'<strong>éloge des mœurs tahitiennes </strong>et le <strong>blâme des moeurs européennes</strong>.</p>
<p style="text-align: justify;">Il est tout d'abord question de la situation des Tahitiens au moment où les colons débarquent : on nous indique, en utilisant le présent de l'indicatif, qu'ils sont « heureux » et on évoque leur « <em>bonheur. </em>» (15 ) . Ils vivent, en effet, une vie simple et conforme à l'enseignement de la <strong>Nature </strong>; On retrouve ici l'idée d'un Sauvage qui vivrait en harmonie avec les lois de la Nature : une sorte d'innocence naturelle, originelle qui contraste fortement avec la corruption des Européens qui ne cessent de violer les lois naturelles en introduisant au sein de cette société de nouvelles règles de vie.</p>
<p style="text-align: justify;">Ainsi, les tahitiens ne connaissaient pas la propriété individuelle, pas plus pour la possession des terres que pour les rapports entre les individus comme on le voit dans le texte « <em>nos filles et nos femmes nous sont communes </em>» l 17 : cette manière de vivre est présentée comme un <em>privilège</em> qu'ils ont fait découvrir aux européens mais ses derniers ont transformé l'état de la société tahitienne en introduisant la jalousie et la propriété et en exigeant que les Tahitiens se conforment à la morale occidentale (une seule femme avec un seul homme sans échange et sans partage) ; Le Vieillard montre à quel point ces changements importés ont eu des conséquences désastreuses non seulement parce qu'ils ont introduit de la violence "<strong><em> fureurs inconnues, 18, féroce 19, sang, 20 égorgés ";</em></strong> mais par encore parce que ces importations ont dénaturé le mode de vie Tahitien. Les Européens , selon le Sage, ont tenté « <em>d'effacer de nos âmes son caractère </em>»15 ; On retrouve ici clairement le reproche <strong>d'ethnocentrisme</strong> ; les Européens ont donc considéré qu'en matière de morale et de moeurs, c'était leur modèle qui devait s'imposer et ils ont tenté de modifier la façon de vivre des Tahitiens. </p>
<p style="text-align: justify;">Les conséquences de cette nouvelle façon de vivre qui met un terme notamment à la liberté sexuelle des Tahitiens, sont dramatiques . Elles sont d'ailleurs rappelées par le <strong>champ lexical de la violence et du meurtre </strong> : «<em><strong> allumer des fureurs »</strong></em> , et « <em><strong>vous vous êtes égorgés pour elle</strong></em>s » . Cette innocence perdue est confondue avec de l'ignorance par les Européens ; La chute de notre extrait met face à face « <strong><em>les inutiles Lumières</em></strong> » , c'est à dire la croyance des Européens d'être plus avancés , plus civilisés que les Tahitiens et « ce que tu appelles notre ignorance » . L'auteur démontre ainsi de manière saisissante que les Européens se croient supérieurs aux Tahitiens mais ils commettent des erreurs de jugement car ils ignorent les coutumes étrangères. </p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="did5.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/did5.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Diderot pense, à la suite de Rousseau, que la propriété individuelle introduit l'instinct de jalousie et l'envie, source de conflits comme on le voit avec l' exemple des femmes « revenues teintes de votre sang » . En se battant pour garder la possession d'une femme, les colons ont enfreint<strong> la loi naturelle</strong> qui préconise que chez ce peuple «<em> Tout est à tous </em>» La morale naturelle, celle que préconise Diderot, enseigne également que tous les hommes se valent car ils sont tous enfants de la Nature « <em>vous êtes deux enfants de la Nature </em>» s'écrie-justement Tahitien . Et il fait appel également à la notion chrétienne de fraternité , enseignée par le Christ . Cette fraternité qui repose sur <strong>l'empathie</strong> est en<strong> antithèse</strong> avec la<strong> brutalité</strong> dont font preuve certains colons dans le processus de conquête des nouvelles terres. Les Lumières tentent ici d'imposer l'idée selon laquelle les hommes naissent égaux ce qui mettrait un terme à la pratique de l'esclavage.</p>
<p style="text-align: justify;">En effet, de nombreux témoignages nous rappellent que la plupart des colons cherchaient à s'enrichir en pillant notamment les matières premières et en s'octroyant les meilleures terres , les plus fertiles. Ils dépossédaient ainsi les Tahitiens comme le précise le Vieil Homme . L'affirmation : "<em> Ce pays est à nous : </em>est aussitôt suivie de la<strong> phrase exclamative:</strong> « <em>ce pays est à toi ! l 25 Et pourquoi ? Parce que tu y as mis le pied ? </em>» Le<strong> point d'exclamation</strong> atteste ici de la colère et de l'indignation du vieillard et le <strong>point d'interrogation</strong> traduit également son incompréhension Diderot rappelle ici que les colons s'arrogeaient par la force la propriété des terres. Cette idée est symbolisée par l'épée gravée avec la devise inscrite sur la lame de métal : C'est un moyen de montrer qu'ils utilisaient <strong>la force</strong> et non <strong>le droit</strong> pour s'emparer des terres.</p>
<p style="text-align: justify;">Ce recours à la force es<strong>t manifeste </strong>dans le texte «<em> celui dont tu veux t'emparer comme de la brute </em>» l 30 ou «<em> tu es le plus fort ! </em>»: Diderot montre ici, à travers ces accusations du Sage, que les colons agissent le plus souvent avec brutalité . Il ajoute « <em>et qu'est-ce que cela fait »</em> pour choquer les auditeurs. Cette dernière partie du raisonnement souligne bien que l<strong>a force n'est pas une raison suffisante pour les philosophes </strong>qui dénoncent ainsi la violation des droits de l'homme et les abus commis par les colons.</p>
<p style="text-align: justify;"> La critique des colonisateurs est donc <strong>double </strong>dans cet extrait : d'une part, elle est <strong>explicite</strong> car le vieillard mentionne des faits qui se sont réellement déroulés et dont la plupart des Français ont entendu parler ; mais elle est également <strong>implicite</strong> à travers<strong> l'éloge du mode de vie sauvage</strong> ; En effet, le lecteur ne peut s'empêcher de comparer la situation initiale des Tahitiens au désastre engendré par ces brusques changements liés à l'arrivée des Européens, que ce soit dans le domaine sexuel, dans celui de la propriété des biens et plus largement dans la manière de considérer l'Autre.Les Français, en effet, ne semblent pas considérer les Tahitiens comme leurs frères mais bien au contraire comme des sortes de sous-hommes ; leur besoin de possession les conduit à la violence et le Vieillard montre là encore ce qui les oppose aux tahitiens pacifiques ; il utilise une série de <strong>questions rhétoriques</strong> qui font prendre conscience au lecteur du décalage entre les deux peuples : « <em>Tu es venu : nous sommes nous jetés sur ta personne ? </em>» l 33 .Cette argumentation est habile car elle montre , en creux, ce qu'ont fait les colons ; sous-entendu : ils se sont , eux, véritablement,jetés sur les Tahitiens pour voler leurs terres .</p>
<p style="text-align: justify;">En rappelant le pacifisme des Tahitiens et en vantant leur hospitalité, le vieil homme renforce l'idée d'injustice et d'abus. il énumère une série de situations concrètes et détaille les agissements des deux peuples en les <strong>comparant implicitement </strong>: "<em>tu n'es pas esclave : tu souffrirais plutôt la mort que de l'être et tu veux nous asservir ?</em> " (l 29 ) ; Diderot , par ce raisonnement , rappelle la fierté des français et leur désir de liberté et leur propose avec la <strong>question rhétorique </strong>de se mettre à la place de l'autre; En inversant les rôles , le lecteur comprend que les colons infligent aux Tahitiens un esclavage qu'ils refuseraient pour eux-mêmes; Le philosophe rappelle ici l'enseignement moral: ne fais pas à autrui ce que tu ne souhaiterais pas qu'on te fasse; Cet enseignement semble être oublié par les colonisateurs trop avides de richesses; " <em>Tu as projeté au fond de ton coeur le vol de tout une contrée </em>. 'l 28 " En effet, la critique de la colonisation passe très souvent par <strong>la dénonciation des prétextes</strong> qu'utilisent les Européens pour s'emparer des terres dont ils convoitent les richesses; Ils dissimulent ainsi <strong>sous une mission civilisatrice un désir d'enrichissement</strong> . Ce sera le reproche constant qui sera fait aux siècle suivants . Au départ, les Empires coloniaux se sont constitués pour approvisionner en matières premières les pays du Vieux Continent . L'aspect économique de la colonisation est abordé à plusieurs reprises par Diderot dans ce texte .</p>
<figure style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;"><img alt="did4.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/did4.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Un autre point qui est abordé , à travers ce discours , concerne le droit que certains hommes s'arrogent pour en soumettre d'autres et en faire leurs esclaves. A l'époque des Lumières, le débat divise la société ; durant l'Antiquité, Aristote justifie l'esclavage en disant que Dieu a créé certains hommes pour qu'ils soient les maîtres et d'autres, les esclaves mais cet argument est de plus en plus contesté , particulièrement par les philosophes matérialistes (et souvent athées ) comme Diderot. En effet, Diderot pense que toutes les créatures <strong>possèdent les mêmes droits à la naissance </strong>et donc qu'aucun homme ne peut prétendre en asservir un autre au nom d'une puissance supérieure. C'est ce qui est rappelé par l'expression l 21 "<em>tu n'es ni un Dieu ni un démon : qui es tu donc pour faire des esclaves? " </em>Ces éléments de la pensée de Diderot sont illustrés dans le discours du Tahitien et débouchent sur une réflexion à propos de l'esclavage. : « <em>quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? l 32 </em>» Cette interrogation symbolise la pensée des Lumières : tous les hommes doivent être libres et égaux en droits et il faut abolir les pratiques comme la traite des noirs, l'esclavage et la colonisation dans le but d'asservir les peuples. Chaque peuple doit être reconnu souverain sur son territoire et ne devrait pas se soumettre à l'autorité d'un monarque lointain : «<em> et voilà que tu as enfoui dans notre terre le titre de notre futur esclavage.</em> » Il s'agit d'une véritable dénonciation des pratiques esclavagistes qui se fondent sur une pseudo-supériorité morale des Européens et de leur sytème de pensée.</p>
<p style="text-align: justify;">Non seulement ils prétendent assujettir les peuples lointains mais en plus, ils le font par la force , de manière inhumaine : «<em> t'avons- nous associé dans nos champs au travail de nos animaux ?</em> l33 » lit-on encore. Diderot <strong>vilipende ici l'utilisation de la main d'oeuvre indigène </strong>pour remplacer les chevaux de labour par exemple ou les bœufs qui tirent les convoi : on emploie des esclaves qui travaillent dans les mines ou dans les plantations .Pour heurter la raison et faire paraître absurdes les prétentions des colons, l'auteur se sert de l'argument qui consiste à se mettre à la place de l'autre, à inverser les rôles ; Il imagine ainsi la réaction d'un français qui serait sans doute choqué qu'un Tahitien s'arroge la propriété d'une côte française et grave sur une pierre « <em>Ce pays appartient aux habitants de Tahiti. </em>» (l 26). Le philosophe entend ainsi démontrer que ces pratiques qui paraissent banales pour les colons ,sont en réalité parfaitement choquantes et absolument pas justifiées.</p>
<p style="text-align: justify;">Le dernier paragraphe du discours <strong>prend la défense</strong> des moeurs tahitiennes et présente leur mode de vie comme préférable à celui des Européens . Il s'agit d'un éloge . Les tahitiens sont heureux car ils suivent la morale naturelle et savent limiter leurs besoins : "<em>Tout ce qui est nécessaire et</em> <em>bon,nous le possédons"</em> l 36. Leur bonheur provient d'une vie simple et ils ne cherchent pas à acquérir le superflu ( l 38 ) . Ils se contentent satisfaire ce qu'on nomme aujourd'hui les besoins primaires : manger à leur faim, (l 39) se vêtir pour se protéger des intempéries et se loger dans de modestes "<em>cabanes </em>' l 40 mais rien ne leur manque . Ce constat du Sage accompagne la réflexion des Lumières sur les conditions du bonheur ; Pour vivre heureux, ils sont persuadés que l'être humain ne doit pas céder à ses envies ou à ses passions mais doit savoir se contenter de ce que la Nature lui offre les Tahitiens, être qui vivent proches de la Nature, sont ainsi présentés comme des être <em>sensés</em> (41 ) raisonnables par opposition aux Européens selon Diderot, qui cherchent toujours à en obtenir plus et s'inventent de nouveaux besoins que le Vieillard qualifie de "<em>factices "</em> l 46, c'est à dire que ce ne sont pas de véritables besoins . Il ne s'agit pas d'une critique de la société de consommation mais d'une <strong>mise en garde contre le superflu et l'avidité.</strong> Celui qui veut être heureux doit se contenter d'une vie simple, sans excès; D'ailleurs les Tahitiens savent profiter de la vie et ne passent pas tout leur temps à travailler : le repos leur paraît important comme l'indique la ligne 45 "r<em>ien ne nous paraît préférable au repos</em>" Ce dernier paragraphe, en f<strong>aisant l'éloge du mode de vie Tahitien</strong> a pour but de mettre en évidence les défauts et les erreurs commises par les Européens ; Il s'agit donc d'une <strong>critique implicite du mode de vie des Européens</strong> qui n'ont de cesse de vouloir s'enrichir et de travailler sans cesse afin de s'offrir des "<em>biens imaginaires " ( l 42) </em>qu'is estiment nécessaires à leur bonheur . Le Sage finit donc par chasser l'explorateur et le renvoie dans son pays "<em>va dans ta contrée t'agiter , te tourmenter tant que te voudras "</em> ( l 46) Les deux verbes <em>s'agiter </em>et se<em> tourmenter </em>ont ici des <strong>connotations négatives </strong>: l'Européen, du point de vue du Tahitien, ne sera pas heureux car il poursuit des chimères et ne sait pas se contenter de ce qu'il possède déjà; En accroissant ses besoins, il diminue ses possibilités d'atteindre le bonheur et vient, de plus, détruire celui du Tahitien . A la ligne 37, le mot<em> Lumières</em> précédé de l'adjectif <em>inutiles </em>désigne ici les <strong>connaissances </strong>non nécessaires, superflues ; Les Lumières , au contraire, militaient pour que les connaissances rendent les hommes meilleurs et facilitent leur bonheur. </p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="did2.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/did2.jpg" />
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<p style="text-align: justify;"> <u><strong>En conclusion , </strong></u>il est clair qu'à travers ce discours , les colons sont <strong>présentés comme des êtres brutaux, vils et cupides à travers de nombreuses critiques </strong>et ils transforment un paradis en enfer. Leur présence infecte le pays et ils deviennent ainsi l'équivalent de parasites, porteurs de maladies et semeurs de troubles , apportant avec eux le malheur. Par le biais notamment des maladies sexuellement transmissibles, ils vont être la cause directe de la mort de milliers de tahitiens , emportés par des maladies ou des virus inconnus d'eux jusqu'alors. Les Tahitiens, quant à eux , sont présentés comme d<strong>es Sages qui savent vivre heureux.</strong> Les <u><strong>deux portraits s'opposent points par points</strong></u>.</p>
<p style="text-align: justify;"> <strong>L'efficacité </strong>de ce discours repose également sur plusieurs <strong> procédés argumentatifs</strong> nettement identifiables et particulièrement efficaces comme les <u>antithèses</u> qui opposent colons et Tahitiens, le Tu de Bougainville et le Nous, des <u>fausses questions</u> qui ont comme objectif principal d'interpeller le lecteur. Ces questions dites rhétoriques sont nombreuses et elles traduisent également <strong>l'indignation du locuteur,</strong> et par extension, celle de l'auteur, offusqué par de telles pratiques. Enfin les <u>anaphores </u>servent de caisse de résonance aux paroles du vieillard et augmentent sa force de persuasion.</p>
<p style="text-align: justify;">Au- delà de sa dimension anecdotique, un Indigène outré et en colère contre les agissements des Européens conquérants et malfaisants, ce <strong>discours éloquen</strong>t dresse un <strong>réquisitoire des maux infligés par la colonisation,</strong> aux peuples qu'ils prétendaient dominer au nom d'une supériorité que rien ne justifiait. Diderot rejoint dans ce combat quelques contemporains comme Montesquieu, Voltaire et Jean-Jacques Rousseau notamment, ce philosophe qui, dans <u>Son Discours sur les fondements et les origines des inégalités entre les hommes, </u>pose les jalons du <strong>mythe du Bon sauvage.</strong>Ce concept inventé par les philosophe des Lumières consiste à penser que les hommes naissent naturellement bons et qu'ils peuvent vivre heureux s'ils suivent les lois de la Nature ; A partir du moment où ils fondent des sociétés et cherchent à vivre ensemble, ils deviennent jaloux les uns des autres et les plus forts cherchent à soumettre les plus faibles ; S'installe alors la corruption et les vices s'emparent des hommes. Mais ce mythe du Bon Sauvage est une <strong>utopie car il repose sur une vision idéalisée,</strong> presque idyllique de l'état de Nature alors qu'on peut objecter à cette théorie qu'il y régnait de nombreuses inégalités comme la loi du plus fort justement ou encore les inégalités physiques entre les individus que la société s'efforce,justement de contrebalancer et de limiter en créant des droits pour tous sous formes de lois à respecter . Ce discours du vieillard Tahitien est donc un condensé de la pensée de Diderot qui démontre ici l<strong>es méfaits de la colonisation.</strong> </p>Un discours contre la guerre : Hector face aux soldat mortsurn:md5:49949407cf218153f78bb8688aa046502018-06-06T14:12:00+02:002018-06-06T20:39:18+02:00philaminte17PremièreGiraudouxguerrequestion de l hommethéâtreTroie<p> Alerté par la dégradation des relations diplomatiques internationale et notamment franco-allemandes, Jean Giraudoux compose une pièce en quelques semaines. Il s'inspire d'un mythe et imagine les quelques heures qui précèdent le déclenchement de la Guerre de Troie . Après l'échec des négociations , la pièce se termine avec l'ouverture sur scène des portes de al guerre. L'extrait que nous étudions se situe au moment où le roi Priam, plutôt favorable à un nouveau conflit, demande à son fils de prononcer un discours d'hommage à ses soldats morts au combat. Hector , général tout juste rentré vainqueur d'une guerre récente , accepte de prononcer cet hommage , comme le veut la coutume troyenne, . Il entend alors ,du côté du port les clameurs suscitées par l'arrivée des navires grecs et il vient prendre place solennellement "au pied des portes" . Mais Hector n'est pas décidé à prononcer le discours qu tout le monde attend avec les compliments habituels et l'hommage aux disparus; Sa prise de parole prend rapidement un ton irrévérencieux et il montre avec ce discours iconoclaste que seuls les survivants d'une guerre sont les véritables vainqueurs . <img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.tro86_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="tro86.jpg, fév. 2016" /></p> <p style="text-align: justify;"> Nous pouvons montrer , tout d'abord que <strong>ce discours est éloquent</strong> : il s'inspire , en effet, de <strong>l'art oratoire</strong> . Hector, d exprime abord, respecte la tradition théorique <strong>de l'art oratoire</strong> ;Il s'adresse au morts en employant des <strong>apostrophes pathétiques</strong> : <em>"O vous ..qui ne nous entendez pas</em> " et il les fait revivre par ses multiples <strong>invocations</strong>, un peu à la manière des anciennes <strong>incantations</strong> qu'on adressait aux esprits dans les cérémonies antiques; il leur pose même des <strong>questions rhétoriques</strong> "<em>cela vous est bien égal n'est-ce pas </em>? ' et fait comme s'ils allaient pouvoir lui répondre; les nombreux <strong>paradoxes</strong> de ce discours résultent notamment de la présence d'<strong>antithèses</strong> comme par exemple " <em>vous qui ne sentez pas, respirez </em>" ou "<em>vous qui ne voyez pas, voyez;</em>." Hector semble ici montrer le caractère absurde de sa situation d'énonciation: à quoi cela sert-il de s'adresser à des soldats disparus <em>" Le discours aux morts de la guerre</em> est en fait<em> un plaidoyer hypocrite</em> pour les vivants " a-t-il admis quelques instant plus tôt . Hector cherche à créer un contact non seulement avec ses auditeurs supposés, les morts , mais également avec les auditeurs qui sont autour de lui; On peut ainsi parler de double énonciation ou de double destinataire . Les apostrophes sont fréquentes te rythment l'hommage : <em><strong>vous qui ne sentez pas , qui ne touchez pas </strong></em>.." En les appelant, Hector rappelle en même temps tout ce qu'ils ne peuvent plus faire. Et à la fin du discours, on retrouve notamment l'idée de leur inexistence avec une série d'adjectifs et de noms : " <em><strong>vous absents, vous inexistants, vous oubliés, vous sans occupation, sans repos, sans être ",</strong></em> Non seulement les morts ne peuvent plus jouir des plaisir sue la vie car ils n'ont plus d'existence, de corps, de sens comme la vue, l'ouie et le toucher ou l'odorat mais le fait même de les oublier semble les priver définitivement du moindre statut et les rendre "'sans être", comme s'ils étaient condamnés à errer . </p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.tro88_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="tro88.jpg, fév. 2016" /> <strong>Un discours décalé</strong> : En plus de ces nombreuses oppositions , les <strong>détails intime</strong>s que révèle le général dans cette circonstance officielle, peuvent paraître choquants; En effet, Hector fait allusion , tout d'abord à des<strong> actions banales et quotidiennes</strong> comme manger, boire et faire l'amour et ensuite, il ajoute un détail qui peut paraître <strong>trivial</strong> , que les soldats survivants vont coucher avec les femmes des disparus <strong>"Nous couchons avec nos femmes..avec les vôtres aussi.</strong> " Hector montre ainsi que la vie continue après leur mort et que leurs veuves devront se consoler de leur mort dans les bras d'autres guerriers. Demokos, le poète belliciste s'empresse de crier ici au scandale mais Hector n'a nullement l'intention d'insulter les morts; il constate ce que la mort leur a fait perdre car il veut montrer toutes les choses simples auxquelles les morts n'ont plus accès: au lieu d'imiter les <strong>éloges funèbres</strong> au cours desquels on célèbre la gloire, la bravoure des soldats tombés au champ d'honneur, Giraudoux ici, fait prononcer à son personnage de soldat dégoûté de la guerre, un sort d'<strong>hymne à la vie</strong> et à ses plaisirs. En effet, le général rappelle la douceur de vivre avec des éléments comme le <strong><em>"clair de lune </em></strong>" qui évoque poétiquement les joies nocturnes qui viennent prolonger les plaisirs diurnes : manger, boire te faire l'amour. Cette dimension hédoniste rend hommage à la vie. Ainsi , à côté de ces joies simples ,les décorations militaires à titre posthume, les cocardes ne valent rien ; seule compte "l<em>a vraie cocarde"</em> c'est à dire le privilège d'être demeuré en vie et d'avoir gardé ses deux yeux pour voir ; Hector es réjouit tout simplement de voir encore le soleil . </p>
<p style="text-align: justify;">Le discours d'Hector s'éloigne donc des <strong>poncifs</strong> habituels et dans sa seconde période, Hector fait preuve<strong> de sincérité</strong> , qui contraste donc avec les éloges officiels plus ou moins hypocrites; Ce dernier refuse , en effet, de glorifier la mémoire des disparus car "<em>tout morts que vous êtes, il y'a chez vous la même proportion de braves et de peureux que chez nous qui avons survécu" . L</em>e fils de Priam se démarque ainsi de l'i<strong>déologie officielle</strong> et fait preuve d'une certaine lucidité dans l'examen de la nature humaine; il se met alors à vivement critiquer la guerre en employant une <strong>métaphore culinaire dépréciative</strong> : "l<em>a recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains</em>" ; D'ailleurs les survivants sont même qualifiés de <em><strong> déserteurs</strong></em> ; en employant ce mot qui crique habituellement les combattants qui fuient le champ de bataille, le dramaturge semble inverser les valeurs habituelles . Pour Giraudoux, tous les hommes ne se valent pas et certaines vies sont plus précieuses que d'autres , ce sont celles des hommes de bien; en les faisant mourir en grand nombre, la guerre tend à effacer la valeur des hommes et à les confondre tous dans le même lot de victimes: c'est ainsi oublier que certains furent des hommes dont la vie avait du prix, ils seront regrettés par beaucoup de gens qui les aimaient alors que d'autres ne seront guère pleurés par leurs proches.</p>
<p style="text-align: justify;">Des paradoxes : le discours officiel d'Hector est construit à partir de<strong> répétitions </strong>pour le moins étranges qui forment de véritables <strong>antithèses </strong>: en s'adressant aux morts, Hector rappelle leur absence et l'apostrophe <em><strong>"vous qui ne nous entendez-pas</strong></em> se transforme en invocation : <em><strong>"écoutez ces paroles </strong></em>" . Cette formulation marque ici clairement l'impossibilité pour les auditeurs de prêter attention à l'hommage qui leur est rendu. Leur disparition est ainsi réaffirmée et rend le discours pathétique. "<em><strong>vainqueurs vivants</strong></em> s'oppose ainsi à v<em><strong>ainqueurs morts </strong></em> <br />
<strong>Un discours provocateur</strong> ? Cette position défendue par le dramaturge peut paraître<strong> polémique </strong>car elle fait de la mort une sorte de dénominateur commun à l'existence des hommes ; <img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.tro89_s.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="tro89.jpg, fév. 2016" />c'est pourquoi Hector précise , à la fin de son intervention : " <em>je n'admets pas plus la mort comme expiation au lâche que comme récompense aux héros</em>" <em> </em>pour bien montrer que la perte de la vie constitue le véritable scandale causé par la guerre ; il ne faudrait pas en effet, que le mort soit considérée comme quelque chose de banal tout simplement parce que les hommes meurent en grand nombre durant les guerres; ses dernières paroles s'adressent à tous les "<em>absents, inexistants, oubliés, sans occupation, sans repos, sans être"</em> ; ces images volontairement <strong>provocatrices</strong> dénoncent en fait la <strong>banalisation </strong>de ces disparitions de masse; chaque disparu doit compter et chaque survivant doit être capable d'apprécier la vie et de "r<em>essentir comme un privilège et un vol , la chaleur et le ciel " </em>. Ici le soleil et la lumière représentent la vie par opposition au froid et à l'ombre qui traduisent le vide et l'absence .<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.tro87_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="tro87.jpg, fév. 2016" /></p>
<p style="text-align: justify;">Ce discours d'Hector est donc pour le moins étonnant car il ne correspond pas au discours attendu dans une circonstance semblable , qui est un hommage officiel aux soldats victorieux de son armée et il rappelle l'opinion de Giraudoux : les vainqueurs morts ne sont pas les véritables vainqueurs des guerres car ils ont perdu leur bien le plus précieux que chaque homme devrait s'efforcer de conserver à tout prix: la vie . Le général avoue d'ailleurs avoir "<em>honte "</em> d'être resté en vie alors que tant des siens ont donné la leur pour une victoire dont ils ne profiteront pas .</p>
<p style="text-align: justify;">Avec beaucoup de<strong> finesse </strong>et de subtilité, Giraudoux, ici par l'intermédiaire du discours d'Hector, nous amène à réfléchir sur la guerre, la victoire, la valeur de la vie et celle des hommes. Le discours est à la fois <strong>éloquent </strong>(art du bien parler ) et <strong>lyrique</strong> (expression de sentiments personnels) : il exprime de manière touchante les convictions d'un ancien soldat qui fait preuve d'une sincérité inhabituelle en de telles circonstances ; A la fois<strong> insolite </strong>et <strong>poignant</strong>, ce moment solennel peut se lire comme un <strong>réquisitoire</strong> contre la guerre ; la mort ne peut en aucun cas être considérée comme une consolation ou une consécration: elle doit être montrée dans sa brutalité et ses conséquences irrémédiables.</p>
<p style="text-align: justify;">Ce thème a été repris par un romancier contemporain Pierre Lemaître qui dans son réci<u><strong>t Au revoir là haut,</strong></u> met en scène deux anciens combattants de 14/18 qui ont survécu, profondément blessés dans leur chair (l'un est mutilé au visage ) et qui ont décidé de vendre de faux monuments au morts dont ils envoient les dessins aux mairies désireuses d'honorer la mémoire de leurs disparus. Cette notion de devoir de mémoire n'existe pas encore à l'époque de Giraudoux et le discours d'Hector peut paraître choquant mais il nous fait réfléchir à l place de la mort et de la vie qui est la seule véritable victoire pour le dramaturge. Peut être peut -on également penser que les nombreux hommages rendus aux disparus de 14/18 sont ici évoqués indirectement . </p>
<p style="text-align: justify;">Quelques axes possibles pour répondre à des questions de bac ...</p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Un discours éloquent ?</strong></p>
<p style="text-align: justify;">les apostrophes, les invocations, la situation d'énonciation </p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Une parodie des discours d'hommage officiels aux disparus? </strong></p>
<p style="text-align: justify;">la trivialité , le rappel des plaisirs de la vie , la critique des usages et le rappel de 14/18, les paradoxes </p>
<p style="text-align: justify;"><strong>Un hymne à la vie ? </strong></p>
<p style="text-align: justify;">la critique de la guerre et de ses conséquences , les morts décrits par ce qu'ils ont perdu ,les antithèses , une réflexion sur la mort comme valeur </p>Cris de Laurent Gaudéurn:md5:0af6b966197380b2141ac58417caa7b02018-02-26T20:11:00+01:002018-02-26T20:11:00+01:00philaminte17le livre du moisguerrepersonnagequestion de l hommeRoman<p style="text-align: justify;">Des romans sur la guerre 14/18 , on ne les compte plus ; Alors pourquoi écrire encore en 2001 un récit sur cette guerre qui<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.gu17_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="gu17.jpg, fév. 2016" /> a tant marqué les esprits ? <ins>Cris</ins> est avant tout un récit contemporain: par sa forme éclatée, polyphonique, qui fait entendre toutes les voix des personnages et par les thèmes abordés également, universels mais tellement actuels ;<ins> Cris </ins>nous fait réfléchir , au delà des descriptions de la guerre et de ses horreurs, à la manière dont le langage humain peut survivre à la guerre et transformer ces expériences humaines en récits, les mettre en voix. En effet, les Cris des soldats se mêlent aux cris de la guerre personnifiée en une sorte de monstre infra-humain. Comment décrire avec des mots, les expériences de la terreur, les bruits assourdissants du feu lorsqu'on se trouve en première ligne, le fait de voir mourir ses compagnons dans d'atroces souffrances et d'entendre les hurlements des mourants, des fous et de ceux qui seront à jamais transformés et marqués dans leur chair par ce qu'ils ont vu et entendu ? </p> <p style="text-align: justify;">En effet , l'auteur a cherché avant tout à faire entendre les voix des hommes dans la guerre, au milieu des combats. Bien sûr le lecteur averti peut aisément reconnaître des indices des affrontements de 14/18: guerre de tranchées, guerre dans la boue et le froid, avec des lignes de front et la relève des soldats, les permissions à l'arrière; mais il ne s'agit pas d'un roman autour de la guerre ou d'un récit qui chercherait à montrer toute la guerre, c'est plutôt une tentative de mettre en mots ce qui ne peut être dit ou entendu; chacun des soldats, chaque personnage imaginé par l'écrivain, représente symboliquement une attitude possible de l'homme sous la mitraille; il y avait ceux qui se taisaient et ceux qui hurlaient, ceux qui couraient et ceux qui tremblaient, ceux qui priaient et trouvaient refuge dans la foi et ceux qui mouraient en maudissant Dieu et les hommes.<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.gu14_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="gu14.jpg, fév. 2016" /></p>
<p style="text-align: justify;">Gaudé a ainsi inventé autant de personnages que de possibilités de faire entendre la voix de la guerre à travers l'homme et à travers l'art en général et l'écriture en particulier; En lisant ce roman, vous ne pourrez pas vous empêcher de penser à celui auquel vous auriez pu ressembler. Quels cris auriez -vous poussés durant l'assaut ? Comment inscrire ces voix dans notre espace actuel sans penser qu'elles furent sans doute réelles ? La fiction donne ici à voir autant qu'à entendre ce qui fut et ce que l'homme vécut.</p>
<p style="text-align: justify;"> Quelques voix : Jules ouvre la marche et c'est sa voix qui débute le récit mais Jules marche tête basse et sans "<em>rien dire à personne";</em> D'où il vient , il ne veut rien en dire et lorsqu'il se remémore ce qu'il a vu et ce qu'il a fait , il ne sait pas comment le dire aux autres ; d'ailleurs les hommes de la vieille garde n'ont même plus la force de parler et se contentent d' " <em>un grognement parfois. Pour dire qu'ils m'ont reconnu</em>. " Marius lui , a fait comme tout le monde durant l'attaque : il a gueulé et couru. Boris lui a failli mourir et Jules lui a sauvé la vie. Le médecin entend trop de cris autour de lui et ne sait pas nommer "l<em>es cris que poussent les hommes qui se débattent</em> " Les souffrances qu'endurent les hommes n'ont pour lui, pas de nom . L'homme qui meurt est au- delà des cris : c'est ce que pense Marius quand il contemple le corps de Boris , tué par l'homme cochon : " <em>j'ai voulu pleurer. Mes lèvres tremblaient mais aucun liquide, aucun son ne sortait de mon corps.</em>" (101)</p>
<p style="text-align: justify;">L'homme- cochon est un des personnages les plus mystérieux du récit : on prétend qu'il s'agit d'un soldat devenu fou et qui ne sait plus parler; "<em>certains affirment qu'il s'agit du fantôme écorché du champ de bataille</em>" et que ses hurlements rappellent aux hommes leurs meurtres quotidiens. Une chose est sûre , c'est que personne ne supporte les cris horribles qu'il pousse : lamentations ou fou rire d'une bête sauvage, certains disent même que c'est le cri de la guerre elle-même, le chant démembré des morts. Pourtant quand il pousse ses cris fauves, on l'impression qu'il prête sa voix aux hommes pour pleurer leurs morts . " (102) "<em>Je crois que c'est la terre qui hurle par cet homme</em> " dira le médecin .</p>
<p style="text-align: justify;"><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/gu16.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="gu16.jpg, fév. 2016" /> Pas de récit de guerre sans évoquer les combats et les combattants ; Certains ne feront qu'une courte apparition dans le roman. Le lieutenant Rénier va mourir lors de la première charge et sa mort va le priver définitivement de sa voix : bouche ouverte et yeux écarquillés " <em>il semble encore crier à l'attaque alors qu'il gît dans la boue, que son corps est froid et que plus jamais personne n'entendra sa voix.</em> " Le narrateur ajoute qu'il méritait mieux que cela; (67) et évoque la fin tragique de tous ces jeunes gens qui pensaient mener une autre guerre , une guerre du siècle passé. <em>"ils tombent une belle phrase sur les lèvres qu'ils n'on</em>t <em>pas le temps de prononcer</em>" (69) Durant ce premier assaut de la relève, certains soldats comme Messard, se mettent à hurler : "i<em>l gueule à plein poumons; Je l'entends hurler et je le bénis pour ces exhortations lancées au ciel . Car dans la mêlée de l'attaque, ces cris si violents, si bestiaux, je les écoute et je les suis</em> . " (64) </p>
<p style="text-align: justify;">Durant la mêlée, certains hommes craquent et se retournent contre Dieu ou sombrent dans la folie; c'est le cas de Barboni qui prononce le De profundis avant d'exécuter un jeune messager allemand d'une balle à bout portant en plein visage. Pendant ce temps, Jules roule vers la vie après avoir déserté et trahi les siens et la prière qu'il prononce est en quelque sorte l'inverse de celle de Barboni, c'est un hymne à la vie , c'est un Je vous salue Marie ou plutôt je vous salue Margot, d'un genre très spécial ;</p>
<p style="text-align: justify;">Les morts contre les vivants : qui va l'emporter ? quels cris vous hanteront le plus longtemps ? et si au final, tout le monde sortait perdant de cette guerre en ayant certes gagné des combats mais perdu une part de son humanité . Ils furent pourtant de braves petits soldats parfois...<img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/gu15.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="gu15.jpg, fév. 2016" /></p>La révolution française : un cadre, des acteurs, une tragédie ...urn:md5:3ce34abb375ce9bf12718fc95c6615252018-02-20T15:16:00+01:002018-02-20T17:35:18+01:00philaminte17Premièrequestion de l homme<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="revo3.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/revo3.jpg" />
<figcaption>La prise de la Bastille </figcaption>
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<p style="text-align: justify;">Célébrer le 14 juillet, la prise de la Bastille, c'est ne se souvenir que d'une des journées qui changèrent l'Histoire de notre pays ; En effet, la révolution française avec son cortège de héros et d'horreurs, de passions et de drames, de victoires et d'écrasantes défaites, c'est l'avénement de tout un siècle : celui des Lumières; Parfois les dates de l'Histoire ne correspondent pas toujours aux siècles : le siècle des Lumières commence en 1715 avec la mort de Louis XIV et s'achève dans le sang et les larmes, en 1789; En quelques mois, quelques années tout au plus, de nombreux combats vont trouver une réponse politique et législative avec les discours des orateurs de la Révolution et la déclaration des droit de l'homme et des citoyens. Education, libertés individuelles, démocratie, régime républicain, droit des femmes et des enfants , reconnaissances de l'égalité des droits des citoyens sans tenir compte de leur naissance et de leur rang social , suppression des privilèges de l'aristocratie et droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, fin de la monarchie absolue : voilà quelques avancées que nous devons en partie aux révolutionnaires ; Examinons plus en détails le déroulement des événements qui rythmèrent cette période agitée et découvrons quelques acteurs de premier plan . </p> <p style="text-align: justify;">En mai 1789 s'ouvrent les Etats Généraux qui prennent le nom de Communnes et s'instituent Assemblée Nationale le 17 juin ; Le Serment du jeu de Paume est prononcé le 20 et la Bastille prise le 14 juillet; Commence alors la Grande Peur; Le 4 aout on déclare l'abandon des privilèges du clergé et de la noblesse et le 05 octobre les femmes marchent sur Paris suivies par la garde nationale emmenée par Lafayette qui se rend à Versailles et ramène le roi le 06 octobre . </p>
<p style="text-align: justify;">Les Etats Génarux comptent 1150 députés : près de 300 pour le clergé et la noblesse et le double pour le Tiers Etat avec notamment Mirabeau , Robespierre, Sieyès l'un des 20 députés de Paris et Volney. Le serment prononcé par l'Assemblée de ne jamais se séparer place cette nouvelle pratique sous le signe des actes héroïques de l'Antiquité mais on y retrouve également l'idée d'un contrat social entre l'individu et la société à la manière des textes de Rousseau . Peu à peu chacun propose des changements pour réduire les injustices : que les peines soient les mêmes pour tous par exemple et que la justice soit gratuite ; que les emplois ne soient pas réservés à certaines classes sociales mais ouverts à tous ; il fallait que ces intentions fussent converties en lois et c'est ce que va permettre l'adoption de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Toutefois à y regarder d'un peu plus près, on s'aperçoit que les paysans sont quelque peu oubliés car si les droit des personnes évoluent, étrangement les droits sur les terres sont encore maintenus ; Bien entendu, le roi refuse de signer les décret consécutifs à la nuit du 4 août.</p>
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<p><img alt="revo4.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/revo4.jpg" />L</p>
<p>Le serment du Jeu de Paume par David</p>
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<p style="text-align: justify;">Dans Paris la famine gagne du terrain et des centaines de femmes partent des Halles pour se rendre à Versailles ; le lendemain le roi revient à Paris et promet du pain; jusqu'en novembre 1789, on assiste à un double mouvement de résistance d'une part et d'union du peuple d'autre part; la révolution est désormais en marche et rien ne pourra plus en arrêter le mouvement ; En novembre 1789, on assiste aux premières fédérations de communes rurales qui dépassent ainsi les clivages des Provinces ;leurs mot d'ordre: "Plus de province! la Patrie !" Et ils jurent de s'aider , de se nourrir les uns les autres par delà les divisions des territoires et les frontières naturelles qui les séparent . </p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="revo5.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/revo5.jpg" />
<figcaption>Le serment de l' Assemblée</figcaption>
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<p style="text-align: justify;">Le 14 juillet 1790 a lieu la fédération générale au Champ de Mars; des milliers de français ont fait le déplacement pour assister au grand défilé sous la pluie ; C'est La Fayette sur son cheval blanc qui prononce le serment fédératif : " nous jurons de rester à jamais fidèles à la Nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée Nationale ..." Le roi qui sent la colère gronder décide de s'enfuir mais il est rattrapé à Varennes en juin 1791 et ramené sous bonne escorte ; La question de la guerre va alors diviser la France :les girondins s'y déclarent favorables alors que Robespierre s'y oppose farouchement car il veut d'abord éteindre les contre-révolutions à l'intérieur du pays ; le 20 avril 1792 la France vote la guerre contre l'Autriche; les défaites militaires se succèdent et le roi refuse de ratifier certaines mesures du gouvernement pour ainsi le forcer à démissionner ; en juillet 1792, on proclame la Patrie en danger et on enferme le roi au Temple .</p>
<p style="text-align: justify;">La Grande Peur va déferler sur le pays : durant les premiers jours de septembre, on massacre de nombreux prêtres réfractaires et la foule se gonfle peu à peu de brigands et de voleurs qui de prisons en prisons, violent, égorgent et pillent . Les exécutions durèrent 4 jours et 4 nuits et la princesse de Lamballe, dame de compagne de la reine, fut parmi les victimes ; On dénombra environ 1000 morts : essentiellement des détenus et quelques prêtres ainsi que quelques nobles. Après les batailles de Valmy et de Gemmapes , le roi est déchu en août et son procès commence .</p>
<p style="text-align: justify;">La découverte des tractations secrètes entre le roi et les Autrichiens conduit à sa mise en accusation; La Montagne et Saint Just,dès novembre 1792 estiment le jugement nécessaire alors que la parti girondin hésite. Déclaré coupable par 700 vois, on décide pourtant que le jugement ne sera pas ratifié par le Peuple ; la mort est votée par 387 voix contre 334 pour ceux qui s'y opposaient et le sursis est refusé par une courte majorité en janvier . Le roi sera donc exécuté le 21 janvier 1793 : certains feront de lui le martyr de la royauté et de cette révolution qui aura bien du mal, après ce régicide, à retrouver une unité et l'aval de l'opinion publique . </p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="revo1.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/revo1.jpg" />
<figcaption>Marat poignardé</figcaption>
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<p style="text-align: justify;">Le 1 février 1793, la France repart en guerre, cette fois contre l'Angleterre et la Hollande : la Convention a besoin de lever 300 000 hommes et cette mesure contestée par les départements de l'ouest , demeurés majoritairement royalistes, provoque début mars un soulèvement de la Vendée : les Chouans vont marquer l'Histoire ;les paysans s'en prennent aux villes qui elles sont républicaines ; A Paris, la tension monte également; les Jacobins avec à leur tête Marat veulent destituer les membres de la Convention qui avaient voté l'appel au peuple lors du procès du roi. Les girondins de leur côté,tentent de faire accuser Marat par le tribunal révolutionnaire en avril 1793 mais ce dernier le soutient , le surnomme l'Ami du Peuple et demande un jugement pour 22 députés girondins. L'opposition entre les girondins qui s'appuient sur la province et les Montagnards qui siègent sur les bancs les plus haut de l'Assemblée et s'appuient sur Paris et les grandes villes ne cesse de croître .Les Montagnards accusent 22 députés girondins d'être redevenus royalistes et obtient leur arrestation . Pendant ce temps, l'armée des Chouans gagne du terrain et encercle Nantes mais leur avancée est stoppée ; Le 13 juillet 1793, Charlotte Corday tue Marat dans son bain après s'être rendue à son domicile; elle est guillotinée le 19 juillet </p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="revo7.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/revo7.jpg" />
<figcaption>Madame Roland</figcaption>
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<p style="text-align: justify;">Les députés girondins sont exécutés le 30 octobre 1793 et Madame Roland le 8 novembre : "O liberté que de crimes commis en ton nom" furent ses dernières paroles . Danton , Camille Demoulins , Fabre d'Eglantine, débutent une campagne pour mettre fin aux exécutions mais Robespierre , fait voter leur mort en avril 1794 . Il organise ensuite la fête de l 'Etre Suprême et marche en tête de la Convention dont il est alors le Président. Le complot prend forme contre celui que beaucoup considèrent alors comme un tyran. Le 9 thermidor d'abord victime d'une tentative d'assassinat , la mâchoire brisée, Robespierre est mené à l'échafaud avec 21 autres membres de la Commune ; 70 le lendemain seront exécutés et 20 encore le troisème jour .</p>
<p style="text-align: justify;">Quelques noms à connaître : </p>
<p style="text-align: justify;">Bailly , député du Tiiers-Etat, organisa le Jeu de Paume, maire de Paris, exécuté en mars 1793 parce qu'on l'a tenu responsable de la fusillade du Champ de Mars (a donné l'ordre de tuer ceux qui voulaient destituer le roi après sa fuite )</p>
<p style="text-align: justify;">Brissot chef du parti girondin, guillotiné le 31 octobre 1793</p>
<p style="text-align: justify;">Charette, prit la tête des paysans vendéens insurgés et fut fusillé à Nantes en 1796</p>
<p style="text-align: justify;">Condorcet ,député à la Convention, il vota la déportation du roi, se cacha après l'exécution de se ami girondins, fut arrêté et es suicida en prison en 1794; -Réformateur et spécialiste de l'Education</p>
<p style="text-align: justify;">Corday : a décidé de tuer Marat qu'elle jugeait responsable des poursuites contre les députés girondins ; Guillotinée en juillet 1793.</p>
<p style="text-align: justify;">Danton : avocat, fonda les Cordeliers, intégra la Commune et combattit les girondins; il demanda toutefois la fin de la Terreur et Robespierre le fit exécuter après un procréé escamoté ( avril 1794 ) </p>
<p style="text-align: justify;">Marat : fonde un journal intitulé l'Ami du peuple , député montagnard à la Convention, il voulait exécuter tous les ennemi edu Peupl est fonda le tribunal révolutionnaire et le comité de Sureté; Poignardé par Charlotte Corday en 1793</p>
<p style="text-align: justify;">Mirabeau : élu député du Tiers-Etat, défend l'idée d'une monarchie constitutionnelle ; inhumé au Panthéon, on eut après sa mort en 1791, la preuve de sa duplicité : il était complice de la Cour.</p>
<p style="text-align: justify;">Robespierre : député, devient républicain , vote la mort du roi et combat les girondins ;défend la nécessité d'un gouvernement révolutionnaire et de la Terreur ; finit par être exécuté par les partisans de ceux qu'il a tués.</p>
<p style="text-align: justify;">Madame Roland: épouse de l'ancien ministre de l'Intérieur en 1792, elle soutient les girondins et les suivra sur l'échafaud. (novembre 1793) </p>
<p style="text-align: justify;">Saint-Just : député à la Convention, proche de Robespierre , prit des mesures favorables au plus pauvres et contribua au renforcement du pouvoir révolutionnaire. ( exécuté avec Robespierre ) </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;"> </p>Montaigne et l'humanisme : des cannibales.urn:md5:55223b2de9c962820d52af3ea000c14c2017-03-17T15:18:00+01:002017-03-20T09:55:57+01:00philaminte17Premièreargumentationquestion de l homme<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="montaigne2.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/montaigne2.jpg" />
<figcaption>Montaigne</figcaption>
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<p style="text-align: justify;">Michel Eyquem de <strong>Montaigne </strong>est un auteur du seizième siècle qui entreprit de rédiger des <strong>Essais</strong> pour exprimer ses pensées ; il représente le courant<strong> humaniste </strong>qui s'efforce de repenser la juste place de l'homme dans le monde. <u><strong> Les Essais</strong></u> forment un ensemble de réflexions sur des thèmes , un peu comme des discussions ou des conversations entre lettrés. Montaigne y mêle des propos sur sa vie (ce qu'il a mangé, son état de santé ) et des propos plus généraux sur la Vie en général: de l'amitié, des ennuis, de la mélancolie, de la guerre.. Les Essais appartiennent au genre argumentait: l'auteur tente d'y saisir sa pensée en mouvement . </p> <p> </p>
<p> En 1492, on découvre, grâce aux voyages maritimes que tous les hommes ne se ressemblent pas forcément et ne vivent pas de la même manière. Ce <strong>choc des civilisations </strong>et des cultures est raconté par l'auteur dans un chapitre de ses<strong><ins> Essais</ins></strong> intitulé <ins>Des cannibales.</ins></p>
<p><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.cannibalisme_m.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="cannibalisme.jpg, sept. 2015" /></p>
<p style="text-align: justify;"> Il s'y met en scène sous la forme d'un<strong> témoin</strong> et raconte l'arrivée à la cour des Sauvages, source d'étonnement pour les courtisans occidentaux. L'écrivain nous amène à réfléchir sur le sens du mot <strong>sauvage</strong> et raisonne à partir de différents arguments : il va , par exemple; dans certains chapitres qui évoquent les Cannibales, raisonner du caractère fondé ou pas de leur appellation de Sauvage. Montaigne explique que , dans la nature, des fruits sauvages que l'on trouve ne sont pas inférieurs aux créations de l'homme : la plante qui pousse à l'état sauvage dans la Nature serait même supérieure à une création artificielle car plus robuste, plus naturelle. Cette argumentation se fonde sur un <strong>raisonnement analogique</strong> et conduit Montaigne à affirmer paradoxalement la supériorité des Sauvages , plus proches de la Nature , adeptes de lois naturelles, sur les Civilisés, corrompus par les vices. Montaigne entend ainsi nous <strong>convaincre</strong> que la nature humaine est foncièrement bonne et digne de confiance : à l'état de Nature, les rapports humains se passent de lois et de règlements; cette thèse est à l'origine, deux siècles plus tard du <a href="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/index.php/post/03/09/2015/L-oeil-de-l-%C3%A9tranger-%3A-la-question-de-l-homme.">mythe du Bon Sauvage.</a>qui sera repris par les philosophes des Lumières comme Rousseau ou Diderot dans Son Supplément au Voyage de Bougainville notamment. Vous trouverez, à propos de ce mythe, des explications supplémentaires dans le fichier joint ....</p>L'utopie : un instrument de critique pour les Lumières ?urn:md5:4c54090be053e73b7636e1e5124f4d8d2016-05-09T10:07:00+02:002016-05-09T10:07:00+02:00philaminte17Premièrebac blancquestion de l homme<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="bb25.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/bb25.jpg" />
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<p>Le sujet du bac blanc portait sur la question de l'homme dans les textes argumentatifs : trois auteurs , à travers leurs apologues , avaient imaginé un choc culturel pour faire réfléchir leurs contemporains sur leur mode de vie et leurs défauts . La quête du bonheur, en effet, est un sujet de préoccupation important pour les hommes des Lumières qui comparent les vertus de différents modèles de civilisations. </p> <p style="text-align: justify;">Plusieurs thèses s'opposent : Rousseau pense, par exemple, que l'homme est naturellement bon et que la société le corrompt en faisant naître la jalousie, l'envie des richesses et la cupidité. Voltaire s'oppose à cette idée en montrant qu'il est possible de vivre heureux , en communauté , à condition de renoncer à certains vices; dans<u> Candide,</u> il illustre cette hypothèse avec l' Eldorado (chapitre 19 de <u>Candide </u>) , une<strong> contrée utopique</strong> où les habitants sont hospitaliers et se désintéressent totalement de l'or et de l'argent qu'on trouve pourtant en abondance sur leurs terres.</p>
<figure style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;"><img alt="bb23.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/bb23.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Voltaire s'est sans doute d'ailleurs inspiré de la Bétique de Fenelon inventée 60 ans plus tôt : cet <strong>univers paradisiaque </strong>qui évoque le jardin d'Eden: climat tempéré, fruits à profusion, fertilité exceptionnelle des sols et habitants à l'image de leur terre. Précepteur du futur roi, Fenelon s'efforce de former l'esprit de son royal élève en inventant <strong>des fictions qui facilitent la réflexion</strong> et l'appropriation des valeurs philosophiques qui prônent la modération et la simplicité. Le bonheur paraît à portée de mains pour les gens qui vivent simplement, sans besoin superflu et en accord avec les ressources naturelles de la terre. Ils ne sont ainsi pas esclaves de leurs passions ni de leurs désirs . Cet idéal philosophique se retrouvera au siècle suivant avec les philosophes des Lumières ou leurs précurseurs qui prônent déjà la tempérance et se méfient des passions .</p>
<figure style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;"><img alt="bb22.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/bb22.jpg" />
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<p style="text-align: justify;">Montesquieu, par exemple, se livre à une critique des parisiens en montrant leurs moeurs corrompues par les yeux de deux étrangers, des persans exilés à Paris, fort étonnés de ce qu'ils constatent. Le romancier invente alors le <strong>mythe des Troglodytes,</strong> un peuple ancien qui a su conserver un mode de vie simple et qui trouve son bonheur dans un esprit de partage et une piété sans faille . Il dénonce ainsi les dangers d'un Progrès qui négligerait la dimension humaine et d'une dérive vers une société où les <strong>valeurs individuelles l'emporteraient sur l'idéal d'harmonie collective</strong>. Ce danger est illustré par Voltaire avec son personnage de sage oriental, qui doit servir de modèle et nourrir la réflexion des lecteurs; dans un monde où règne la guerre et où les luttes politiques sont meurtrières, le sage se doit de demeurer à l'écart pour y trouver la sérénité; et il lui importe alors de <strong>cultiver son jardin</strong> . Le bonheur ici passe par un idéal de société où chacun se contente du ce qu'il peut produire et fait fructifier ses talents; les compétences des individus sont mises au service de la collectivité dans une forme d'autarcie , rempart contre le désordre du monde. </p>
<figure style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;"><img alt="bb2.jpg" class="media" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/bb2.jpg" />
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<p style="text-align: justify;"> </p>
<p style="text-align: justify;">Ces trop textes obéissent donc au même principe : plaire et instruire ;</p>
<p style="text-align: justify;">Mots clés : <strong>apologue, conte philosophique, utopie, critique implicite, argumentation indirecte, fiction, réflexion.</strong> </p>
<p style="text-align: justify;">Ci -dessous un modèle de corrigé officiel pour les 4 sujets : la synthèse et les 3 sujets d'écriture . En pièce jointe, d'autres sources de corrigé sur le net.</p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i> Un monde isolé et clos</i><br />
- un pays qui semble béni des dieux : « <i>Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein </i>».<br />
- un univers hors des atteintes du monde extérieur et de ses lacunes : « <i>Le pays a pris le nom du fleuve, qui se jette dans le grand Océan, assez près des Colonnes d’Hercule et de cet endroit où la mer furieuse, rompant ses digues, sépara autrefois la terre de Tharsis d’avec la grand Afrique </i>». Un havre de paix face aux incertitudes de la nature.<br />
- la terre elle-même est porteuse de modération : « <i>Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons n’y soufflent jamais. L’ardeur de l’été y est toujours tempérée par des zéphyrs rafraîchissants, qui viennent adoucir l’air vers le milieu du jour </i>» (peut-être évocation du climat de l’Andalousie ?).<br />
- la terre est source de vie ; personnification du paysage (« <i>dans les vallons et dans les campagnes unies </i>») et métaphore filée de la fertilité : « <i>Ainsi toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson </i>». - univers hors du temps, mythique et placé sous le signe d’un plaisir sain : « <i>Ce pays semble avoir conservé les délices de l’âge d’or </i>». Le présent semble abolir le temps dans l’éternité ; récurrence des adverbes « <i>toujours </i>» et « <i>jamais </i>». </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>2. Le paradis sur terre </i></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>- La nature elle-même est un pays de Cocagne préservé de toute atteinte et qui pourvoit en abondance à la subsistance de ses habitants : procédé de l’accumulation et usage du pluriel suggèrent la profusion : « <i>Les montages sont couvertes de troupeaux. </i>» Surenchère : « <i>une double moisson </i>». Vitalisation de la nature. </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>- la négation restrictive exclut tout accident : « <i>Ainsi toute l’année n’est qu’un heureux hymen du printemps et de l’automne, qui semblent se donner la main </i>».<br />
- topos du <i>locus amoenus </i>; mention d’éléments types : le fleuve et l’eau ; la brise (« <i>zéphyrs rafraîchissants </i>») ; les fruits (« <i>grenadiers </i>») les fleurs (« <i>arbres toujours verts et fleuris </i>», « <i>lauriers, jasmins </i>» qui confirment par leur présence la douceur du climat). </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>- la description fait voir un lieu où tout n’est qu’agrément pour le regard : appel aux sens donc et fusion heureuse des quatre éléments. Aspect merveilleux d’un Eldorado où l’on trouve en abondance des mines d’or et d’argent. Dimension esthétique du tableau : la poésie est aussi une peinture (« <i>ut pictura poesis </i>»), une <i>ekphrasis </i>: « <i>peindre, c’est non seulement décrire les choses, mais en représenter les circonstances d’une manière si vive et si sensible que l’auditeur s’imagine presque les voir. </i>» Fénelon, <i>Dialogue sur l’éloquence. </i></font></font></p>
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<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>II Un modèle de société </i></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>1. Le lieu, métaphore de l’être </i></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>-cadre pastoral : l’innocence et la bonté naturelle des personnages se fondent dans le décor. - l’évocation des lieux sert en fait de métaphore à la perfection des habitants à travers leurs propriétés et réalisations.<br />
- procédés de la louange, marques d’évaluation, en particulier adjectifs et adverbes : « <i>un pays fertile, un ciel doux, toujours serein </i>». </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>- rapport privilégié avec la nature, harmonie des hommes et des lieux; inutilité de l’urbanisme ; êtres d’avant la Chute, marqués par l’innocence originelle.<br />
- une société de pasteurs et d’agriculteurs presque primitive. </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>2. Un idéal de société et de vie </i></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font>- idéal de modération, de frugalité, de raison.<br />
- vie rustique et rudimentaire ; des bergers : une Arcadie retrouvée ? Physiocratie caractéristique de l’époque des Lumières.<br />
- mépris du matérialisme, malgré les tentations offertes par la configuration des lieux : « <i>il y a plusieurs mines d’or et d’argent dans ce beau pays ; mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l’or et l’argent parmi leurs richesses : ils n’estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l’homme.</i><br />
- symboliquement, l’or est employé à la construction d’outils agricoles : l’agriculture est ainsi placée au dessus de toute richesse. On privilégie ce qui est utile, l’argent n’est pas une fin en soi.<br />
- défense de la vertu et de la morale comme fondement d’une société qui se veut à la fois rationnelle et idéaliste.<br />
- dénonciation de l’illusion et de la vanité humaine, danger de <i>l’hybris</i>, recherche d’une « <i>vie simple et frugale </i>». Une vision qui est l’œuvre d’un moraliste. </font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>III Valeur pédagogique de l’utopie </i></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>1. Un miroir inversé du monde réel</i><br />
- L’existence d’un <i>locus amoenus </i>laisse sous-entrendre l’existence en filigrane d’un <i>locus terribilis </i>qui ne tarde pas à être évoqué plus explicitement au moyen d’une accumulation extrêmement négative : « <i>Au contraire, ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par l’ambition, par la crainte, par l’avarice, incapables des plaisirs purs et simples, puisqu’ils sont esclaves de tant de fausses nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur. </i>» Mise en évidence d’un paradoxe : l’homme moderne, croyant se libérer ne fait que construire les chaînes de son aliénation.<br />
- critique déjà rousseauiste du luxe qui déstabilise les sociétés : « <i>Ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l’acquérir par l’injustice et par la violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu’à rendre les hommes mauvais ? </i>» Tableau satirique et antithétique d’une société absurde, mondaine, faussée, celle que Fénelon et ses contemporains ont sous leurs yeux à la Cour et qui déstabilise l’ensemble de la société.<br />
- une leçon : le discours direct traduit l’évidence de cette conception du monde ; série de questions rhétoriques pour suggérer l’absurdité d’une autre façon de vivre par l’usage systématique de la comparaison « <i>Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? </i>» Progression du propos : d’abord préoccupation physique ensuite morale. </font></font></p>
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<p><font face="Times New Roman, serif"><font><i>2. Un univers chimérique</i><br />
- danger d’uniformité d’un univers hautement utopique : « <i>Ils sont presque tous bergers ou laboureurs </i>». Tous proposent la même vision du monde, ce qui est la condition pour que cette société puisse continuer à fonctionner harmonieusement.<br />
- refus de l’industrie dont la créativité est pourtant suggérée par l’accumulation et les pluriels et les termes laudatifs : « <i>des peuples qui on l’art de faire des bâtiments superbes, des meubles d’or et d’argent, des étoffes ornées de broderies et des pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l’harmonie charme </i>». Danger régressif.<br />
- en fait, ce qui est gênant, ce n’est pas la création industrieuse en elle-même, c’est l’usage immodéré qu’en font les hommes et son absence de finalité humaine.<br />
- risque de l’autarcie : « <i>ils ne faisaient aucun commerce au-dehors </i>».<br />
- la véritable richesse tient à la qualité du cœur des habitants proches de la figure mythique du « bon sauvage ». C’est une élite morale capable de se discipliner et de s’autogérer. Caractère improbable et hautement chimérique du lieu. Le plaisir du rêve est étroitement lié à celui de la pensée politique.</font></font></p>
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<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>Commentaire de texte rédigé avec indication du plan </b></font></font></font></p>
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<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>Introduction</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">L'utopie, genre créé au xvie siècle par Thomas More, présente un lieu imaginaire afin de donner l'image d'une société idéale et, par contrecoup, une critique du monde réel. Ce genre connaîtra encore un grand succès au xviiie siècle, repris par exemple par Montesquieu ou Voltaire. Fénelon, déjà, à la fin du xviie siècle, en propose une dans son roman </font><font color="#121921"><i>Les Aventures de Télémaque</i></font><font color="#121921">. Au cours du septième livre, Télémaque et son précepteur Mentor rencontrent un capitaine de navire dont le frère Adoam leur décrit un pays merveilleux : la Bétique. Dans cette contrée reculée et imaginaire, les habitants mènent une vie frugale et heureuse, éloignée de toute corruption et de tout vice, générés selon eux par le superflu. Comment cette description d'une société utopique se révèle-t-elle porteuse d'une dimension argumentative ? Nous étudierons tout d'abord le portrait idéalisé de la Bétique brossé par le narrateur, puis celui des habitants de ce pays. Enfin, nous montrerons comment ce texte offre une critique de notre société. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>I. La Bétique : un pays utopique</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. Un monde isolé</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>La Bétique est présentée d'emblée comme un pays isolé du reste du monde, un lieu clos et éloigné. En effet, il est bordé d'une part par les « Colonnes d'Hercule » et d'autre part par « la mer furieuse […] [qui] sépara autrefois la terre de Tharsis d'avec la grande Afrique ». Le pays est donc situé spatialement à la charnière entre l'Europe et l'Afrique, mais ces précisions évoquent surtout son caractère plutôt inaccessible. D'un point de vue temporel, la Bétique semble également bien éloignée du monde du lecteur, même contemporain de Fénelon. Cette contrée est ancrée dans un univers antique et même mythologique. Les expressions utilisées pour le situer géographiquement appartiennent à l'Antiquité et, surtout, ce récit est adressé à Télémaque, le fils du héros de la mythologie grecque, Ulysse. De même, le pays est présenté au début comme ayant « conservé les délices de l'âge d'or ». D'ailleurs, toute la description est menée au présent et semble s'inscrire dans une temporalité immuable et impossible à dater : comme éternellement « le fleuve Bétis coule dans un pays fertile ». La Bétique affirme ainsi sa différence par son caractère éloigné à la fois spatialement et temporellement. Ce premier trait propre à l'utopie est accentué par l'abondance qui caractérise par la contrée. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. Un pays d'abondance</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">La Bétique est une terre riche et propice aussi bien à l'agriculture qu'à l'élevage. On peut d'ailleurs remarquer la présence des quatre éléments, dont l'union harmonieuse est source de fertilité pour tout le pays. Ainsi, la région est irriguée par « le fleuve Bétis », le feu et l'air se modèrent mutuellement : « L'ardeur de l'été y est toujours tempérée par des zéphyrs », et : « La terre, dans les vallons et les campagnes unies » est travaillée. Ainsi, la végétation de la Bétis est luxuriante, comme en témoigne l'accumulation de végétaux dans la phrase suivante : « Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris », la répétition de « toujours » accentuant encore l'impression que cette fertilité est immuable. La régularité de cette abondance est notable, puisque la terre produit « chaque année une double moisson ». De même, l'hyperbole « les montagnes sont couvertes de troupeaux » souligne la prospérité du bétail. D'autre part, même si les habitants s'en désintéressent, le sous-sol lui-même se caractérise par sa grande richesse, puisqu'il « y a plusieurs mines d'or et d'argent », l'association de ces deux métaux précieux étant d'ailleurs répétée trois fois dans le texte. Cependant, ce ne sont pas ces richesses qui comptent dans ce pays, mais la fertilité de la nature, qui, par sa constance, apparaît comme idéale.</font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>3. Un pays serein et constant</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Le climat de la Bétique se présente comme tout à fait remarquable et se distingue par sa grande douceur. En effet, les saisons perdent leurs caractéristiques extrêmes et se modèrent de façon harmonieuse : l'hiver, « les rigoureux aquilons n'y soufflent jamais » et la chaleur de l'été est « toujours tempérée par des zéphyrs rafraîchissants ». L'antithèse entre « jamais » et « toujours » accentue encore la constance immuable de ce climat. Un champ lexical de la douceur est par ailleurs développé dans le texte, avec des termes comme « doux », « tièdes », « tempérée » ou « adoucir ». Le climat se fait donc doux et régulier pour favoriser les cultures et la vie des habitants de la Bétique. Cette impression de douceur est renforcée par la personnification des saisons révélée par la métaphore suivante : « […] toute l'année n'est qu'un heureux hymen du printemps et de l'automne, qui semblent se donner la main. » Ce mariage des saisons évoque de façon très suggestive la fécondité de cette terre véritable </font><font color="#121921"><i>alma mater</i></font><font color="#121921"> et souligne aussi la concorde et l'harmonie qui règnent naturellement dans ce pays à l'image de la population elle-même. Cette nature utopique, fertile et sereine, se fait à la fois écrin et miroir d'une société idéale. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>II. Une société idéale</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. Le bonheur simple des habitants</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">La Bétique, pays d'exception qui prête au rêve, abrite une population elle-même remarquable. Ses habitants se caractérisent tout d'abord par leur grande simplicité et par leur mode de vie frugal. En effet, l'adjectif « simple » est répété et apparaît même sous forme de polyptote dans l'expression « les habitants, simples et heureux dans leur simplicité ». Surtout, le narrateur insiste sur le fait que cette société a cerné ses besoins et ne cherche à satisfaire que ceux-ci, renonçant à tout ce qui n'apparaît pas comme essentiel. Ainsi, une formule presque identique est reprise à quelques lignes d'intervalle : « ils n'estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l'homme » et « ils ne veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des hommes ». Dans les deux cas, la négation restrictive souligne bien l'extrême modération des habitants de la Bétique, qui distinguent absolument besoins véritables et désirs superflus. Cette frugalité est à l'origine du bonheur de cette population. En effet, le champ lexical du bonheur, associé d'ailleurs à la nature comme aux habitants, jalonne tout le texte avec des termes comme : « serein », « délices », « heureux » – qui est répété – « tranquille » ou « gaie ». Ainsi, le narrateur donne l'image d'une société heureuse, dont le bonheur est fondé sur un idéal de simplicité et de modération. Cette société rurale vit simplement en harmonie avec la nature. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. Une société rurale uniforme</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>Se contentant de ce que leur offre la nature et ne recherchant que ce qui est leur est véritablement nécessaire, les habitants de la Bétique refusent tout matérialisme. Ils n'ont aucune considération particulière pour l'or et l'argent, qui sont, pour eux, des métaux ordinaires « employés aux mêmes usages que le fer ». Ils ne sont pas perçus comme des biens en soi mais comme de simples outils. L'exemple surprenant et éloquent donné par le narrateur, ces métaux sont utilisés « pour des socs de charrue », souligne de façon très symbolique que l'or et l'argent sont « rabaissés » et sont aux pieds de l'agriculteur dont le métier apparaît alors comme primordial. Les habitants de la Bétique se consacrent uniquement aux travaux agricoles, culture et élevage, c'est-à-dire aux « arts nécessaires pour leur vie simple et frugale ». Cette vie rustique adoptée par tous renvoie bien au mythe de l'âge d'or dont il est question au début du texte mais révèle aussi l'uniformité de cette société utopique. En effet, aucun individu ne se distingue dans cette population, puisqu'ils « sont presque tous bergers ou laboureurs » et sont toujours évoqués par le narrateur au moyen du pronom « ils », même en répondant à Adoam. Ainsi, les habitants de la Bétique mènent une vie simple et rustique, gage de bonheur et de sérénité, et offrent au lecteur l'image d'un monde idéal, d'un modèle de société bien éloigné de sa réalité, évoquée d'ailleurs de façon très critique. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>III. La critique du monde réel</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. L'opposition entre les deux mondes</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Le narrateur dresse un portrait très rapide et plutôt élogieux de sa propre société aux habitants de la Bétique. Ce tableau du « monde réel » est constitué d'une énumération de différentes réalisations humaines associées chaque fois à des termes mélioratifs. Le narrateur parle ainsi « des bâtiments superbes, […] des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l'harmonie charme ». Cette énumération des différentes richesses fournies par l'art ou l'artisanat peut d'ailleurs rappeler les réalisations fastueuses du Versailles de Louis XIV. Cependant, elle ne provoque que le rejet de la part des habitants de la Bétique. Leur critique est d'ailleurs rendue plus sensible encore par l'usage du discours direct pour rapporter leurs paroles. Ces habitants opposent ce monde à leur propre société, notamment par le biais d'une série de questions rhétoriques visant à comparer les deux populations. « Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? » La suite de comparatifs utilisés dans ces différentes questions souligne bien la qualité de leur mode de vie, par opposition au mode de vie moderne européen. Le contraste est également perceptible avec la reprise du terme « nécessités », cette fois associé à « fausses » en ce qui concerne les mœurs de ces peuples. Les habitants de la Bétique leur reprochent surtout d'être corrompus par leur goût du superflu. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. Le blâme du superflu</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>Le discours qui vient clore l'extrait se présente comme un blâme très net du matérialisme et des richesses. En effet, ce « superflu » apparaît ici comme la source du vice et du malheur, comme le souligne bien l'exclamation initiale : « Ces peuples sont bien malheureux d'avoir employé tant de travail et d'industrie à se corrompre eux-mêmes ! » ou encore l'inquiétante gradation des verbes dans l'expression suivante : « ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent ». De façon générale, tout le discours des habitants de la Bétique condamne le superflu en l'associant au vice et même aux péchés capitaux, puisqu'il « amollit », « enivre », provoque la « violence », « l'envie » et « l'avarice ». L'accumulation dans la dernière phrase d'adjectifs ou de participes passés connotés de façon très négative, « jaloux », « rongés », « agités » et « incapables », forme une gradation remarquable et insiste bien sur l'ampleur des ravages provoqués par ce superflu. Ainsi, ce peuple étranger porte un regard très sombre et critique sur notre société matérialiste et nous incite à mettre à distance ce désir d'obtenir et d'accumuler des richesses qui n'ont rien d'essentiel et ne sont que de « fausses nécessités ». Avec un certain bon sens, les habitants de la Bétique pointent un paradoxe éloquent : « Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu'à rendre les hommes mauvais ? » La simplicité de ce peuple utopique nous pousse à porter un regard distancié et critique sur notre monde. </font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>Conclusion</b></font></font></font></p>
<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>La Bétique offre le tableau d'un monde champêtre idéal, peuplé d'une société au mode de vie plutôt rudimentaire. La frugalité et la modération de celle-ci apparaissent ici comme sources de bonheur et s'opposent fortement au monde réel, et en particulier à la vie à la Cour au temps de Fénelon. L'auteur dépeint une sorte d'âge d'or, antérieur à la corruption et au vice générés par les richesses et le raffinement des mœurs. Cependant, cette utopie, d'où l'art est présenté comme absent, offre aussi l'image d'une société uniformisée et repliée sur elle-même : en tant que telle, elle peut présenter des aspects quelque peu inquiétants et affirme en tout cas son caractère irréel, dont la vertu est surtout de nous pousser à porter un regard distancié sur notre monde. </font></font></font></p>
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<p align="justify"><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/revision-du-bac/annales-bac/francais-premiere/corpus-fenelon-montesquieu-voltaire_1-frde44.html#2ZuyZxGPkcYFSSF7.99</font></font></font></p>
<p align="justify"> </p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font><u>Idées et plan à rédiger </u></font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Amorce : ancienneté des « utopies » : récits qui se déroulent dans un monde idéal qui n'existe pas ou plus : descriptions de l'âge d'or chez les Anciens – notamment Hésiode –, époque où l'homme vivait dans le bonheur et la paix ; Utopia de Thomas More… Le texte : à la fin du </font></font><font color="#021f35"><font>XVII</font></font><font color="#021f35"><font>e</font></font><font color="#021f35"><font> siècle, Fénelon, dans Les Aventures de Télémaque – imité de l'Odyssée et de l'Énéide –, s'inscrit dans cette lignée. Télémaque, fils d'Ulysse, rencontre Adoam qui lui décrit un pays extraordinaire : la Bétique. Cette description idyllique vise à dépayser le lecteur mais aussi – c'est un apologue – à l'édifier (but pédagogique, didactique) il pose le problème de la différence entre la nature et la culture.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Problématique : d'où vient l'efficacité argumentative de cet apologue ?</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Annonce des axes : 1. Le pittoresque de l'utopie bétique : un paradis merveilleux ; 2. derrière ce tableau, un dessein didactique et pédagogique : un éloge de la société et de la vie naturelles ; 3. la critique efficace des bienfaits de la civilisation.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>I. Le pittoresque de l'utopie bétique : un pays merveilleux, un « âge d'or » à l'antique</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>1. La localisation géographique et temporelle : un pays entre réel et imaginaire</font></font></font></p>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Le</font></font><font color="#021f35"><font> XVII</font></font><font color="#021f35"><font>e</font></font><font color="#021f35"><font> siècle est nourri des textes de l'Antiquité (notamment des épopées ; voir titre de l'uvre) : Fénelon présente ce pays apparemment merveilleux selon le mode des Anciens, d'où une double réécriture : à l'intérieur d'une réécriture d'épopée (Les Aventures de Télémaque), réécriture du mythe de l'âge d'or, traité par Hésiode, Ovide et Virgile.</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Situation géographique apparemment précise (et réelle ?), mais renvoyée dans les temps anciens</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Dans « le grand Océan assez près des Colonnes d'Hercule » (référence mythologique) : périphrase à l'antique qui désigne une région d'Espagne (Andalousie, sans doute) proche du détroit de Gibraltar ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>« la terre de Tharsis » = dénomination antique de la péninsule ibérique ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>« qui commerce avec les Grecs (« faire notre commerce chez ces peuples »).</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Cependant l'ancrage dans la réalité est très mince et très flou. À la manière de l'épopée antique, Fénelon donne l'étymologie du nom du pays : « la Bétique » (« le pays a pris le nom du fleuve »). Dépaysement dans le lieu et le temps : un âge d'or.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Un pays hors du temps : un temps indéfini et comme suspendu</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Le présent semble avoir aboli le temps dans l'éternité (« coule, se jette… »).</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Récurrence des adverbes « toujours » et « jamais ».</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Pas de vrai cycle des saisons : absence des saisons, qui sont confondues (métaphore de « hymen » + notations des « arbres toujours verts, toujours fleuris »).</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>2. Une région « tempérée » et clémente : le juste milieu et l'harmonie</font></font></font></p>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Le </font></font><font color="#021f35"><font>XVII</font></font><font color="#021f35"><font>e</font></font><font color="#021f35"><font> siècle privilégiait le juste milieu et l'harmonie : la Bétique répond à cette attente.</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Des conditions climatiques douces</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Vocabulaire du juste milieu : « (hivers) tièdes », « (ardeur) tempérée ».</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Métaphore filée poétique à l'antique (un petit air d'Homère…) : « toute l'année n'est qu'un heureux hymen du printemps et de l'automne qui semblent se donner la main » (les saisons sont personnifiées = divinités). Noter qu'il s'agit de demi-saisons.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Clémence suggérée par la mention des vents (toujours à l'antique) : « zéphyrs » (vents doux et agréables) ; la rigueur (« rigoureux ») de « l'aquilon » est niée (« n'y soufflent pas »). (Cf. la fable du « Chêne et le Roseau » [La Fontaine, Fables, I, 22] : « Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr ».)</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La négation restrictive exclut tout accident : « ainsi toute l'année n'est qu'un heureux hymen ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La nature elle-même est porteuse de modération : un univers hors des atteintes du monde extérieur et de ses tourmentes, un havre de paix face aux incertitudes de la nature</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Un relief varié et harmonieux Harmonie qui s'étend tous les aspects du lieu, à la région entière : « les vallons et les campagnes unies » ; « montagnes ». Tout cela concourt à renvoyer à l'Andalousie, mais le pays est peint comme un lieu fictif et merveilleux.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>3. Une région idyllique : une nature généreuse : l'abondance</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Impression de profusion donnée par :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La mention de tous les « règnes »</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Minéral : sous-sol riche en métaux précieux : « mines d'or et d'argent ».</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Végétal : une végétation luxuriante (« double moisson »), énumération des différentes sortes d'arbres (« lauriers, grenadiers, jasmins »), description à valeur esthétique (« verts et fleuris »), arbres fruitiers (« grenadiers ») + suggestion d'odeurs agréables cadre méditerranéen.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Animal : « troupeaux »/« laines ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La mention de tous les éléments naturels qui font partie de la représentation traditionnelle du paradis : eau (le « fleuve », « la mer ») ; air (les vents) ; terre (« montagnes »).</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La nature semble produire d'elle-même</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Sensible dans la syntaxe : les « montagnes » (sujet du verbe) nourrissent « les troupeaux » (sujet du verbe « fournissent ») qui semblent produire la laine d'eux-mêmes.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Métaphore filée qui suggère la fertilité à travers « hymen ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>La nature produit à profusion</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Accumulation des expansions du nom (adjectifs, compléments du nom…).</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Répétition de « toujours ».</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Vocabulaire qui connote l'abondance : « bordés de », « couvertes de ». La nature subvient aux besoins en nourriture et en habillement (les besoins élémentaires).</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>II. Une société idéale idyllique</font></font></font></p>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Les adjectifs « serein » (l. 2) et « heureux » (l. 10, rappelé l. 17) et l'image « se donner la main » (l. 11) suggéraient déjà l'idée de bonheur et de concorde : les relations entre les habitants sont annoncées par le climat fusion nature-homme suggérée.</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>1. Des habitants à l'image de la région et en harmonie avec le décor</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>L'évocation des lieux sert en fait de métaphore à la perfection des habitants :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>procédés de la louange : marques d'évaluation, en particulier adjectifs qui peuvent s'appliquer aux hommes : « (un ciel) doux, toujours serein » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>la personnification des saisons qui se « donnent la main » annonce dès le début la concorde entre les habitants qui vivent dans une totale communion (autre thème de l'âge d'or antique) ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>cadre pastoral : l'innocence et la bonté naturelle des personnages se fondent dans le décor. Rapport privilégié avec la nature, harmonie des hommes et des lieux.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>2. Une société primitive</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Activités en relation avec la nature :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>société de pasteurs et d'agriculteurs : « Ils sont presque tous bergers ou laboureurs » (une Arcadie retrouvée ?) ; « la plupart des hommes […] étant adonnés à l'agriculture ou à conduire des troupeaux » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>champ lexical de l'agriculture et de l'élevage : « terre », « moisson », « soc de la charrue », « troupeaux » (deux fois). Référence à la tradition pastorale biblique (êtres d'avant la chute, marqués par l'innocence originelle).</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Société restée à l'âge du troc (pas de monnaie, rappel du reproche biblique adressé à l'argent).</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Inutilité de l'urbanisme.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Symboliquement, l'or est employé à la construction d'outils agricoles : agriculture placée au-dessus de toute richesse : l'argent n'est pas une fin en soi.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>3. Des qualités exceptionnelles : un idéal de vie : un éloge</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Mépris du matérialisme Malgré les tentations offertes par la configuration des lieux : « ne daignent pas seulement compter l'or et l'argent parmi leurs richesses ».</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Idéal de modération, de frugalité Cette société privilégie ce qui est utile :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>abondance de négations surtout restrictives : « n'estiment que », « ne faisaient aucun », « n'avaient besoin d'aucune », « ne (veulent souffrir) que », adverbe qui exprime la parcimonie : « peu (d'artisans) » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>vocabulaire de l'utilité « servir » (deux fois) ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>vocabulaire de la nécessité/l'essentiel/l'indispensable : « besoin(s) » (deux fois), « nécessités », « nécessaires » </font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>intensifié par les mots : « véritablement », « v& acute;ritables ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>L'insistance sur la « simplicité » Répétition du mot :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>« encadre » la description des habitants (l. 17-29) ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>clôt le paragraphe (groupe binaire équilibré : « simple et frugale ») ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>redondance : « simples et heureux dans leur simplicité ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Dénonciation et de la vanité humaine et de l'illusion, danger de l'hybris. La vision d'un moraliste.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>III. La stratégie argumentative de Fénelon : l'autre volet du diptyque</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Souci pédagogique et didactique : après le tableau idyllique (idéal de vie), la comparaison par contraste, technique du repoussoir : les « peuples qui… » = les Grecs.</font></font></font></p>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Préparé dans le 1</font></font><font color="#021f35"><font>er</font></font><font color="#021f35"><font> paragraphe par la mention implicite des liens avec les populations voisines plus puissantes (« aucun commerce », « aucune monnaie », « peu d'artisans », « souffrir que les arts… » = techniques).</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>1. La technique du repoussoir et le regard de l'étranger : la société miroir</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Tableau du peuple voisin en contraste avec celui de la Bétique.</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Apparemment élogieux dans la bouche d'Adoam (qui représente un peuple civilisé) [l. 30-34] :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>termes laudatifs : « superbes », « ornées », « précieuses », « exquis », « délicieux », « harmonie », « charme » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>procédé de l'accumulation (rappel du 1</font></font><font color="#021f35"><font>er</font></font><font color="#021f35"><font> paragraphe) qui donne l'impression de profusion.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Mais tableau aussitôt contrecarré par le discours de l'habitant de la Bétique procédé du regard de l'étranger :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>termes très dépréciatifs en accumulation : « jaloux, rongés, lâche, agités, incapables, fausses (qui s'oppose à "véritables" du 1</font></font><font color="#021f35"><font>er</font></font><font color="#021f35"><font> paragraphe) » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>métaphore (à tonalité antique) : « esclaves » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>vocabulaire du malheur : « malheureux », « tourmente ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>2. Du tableau vertueux à la critique des voisins : reproches adressés aux peuples civilisés</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Postulat de départ : « travail et industrie » corruption (« corrompre »), développé par la suite du discours.</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>L'inutilité et la nocivité des arts, tout particulièrement des arts du luxe (« superflu ») : ameublement : « meubles d'or et d'argent » (rappel du 1</font></font><font color="#021f35"><font>er</font></font><font color="#021f35"><font> paragraphe), décoration, musique (« instruments »), joaillerie (« pierres précieuses »), parfumerie, gastronomie (« mets délicieux »), « l'art de faire des bâtiments superbes ». Critique déjà rousseauiste du luxe qui déstabilise les sociétés.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Critique (satire ?) de Versailles et de la cour de Louis XIV (reprise par Montesquieu au </font></font><font color="#021f35"><font>XVIII</font></font><font color="#021f35"><font>e</font></font><font color="#021f35"><font> siècle dans les Lettres persanes) :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>société absurde, mondaine, faussée ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>rôle néfaste de cette cour sur les autres classes sociales (« ceux qui en sont privés » : petite noblesse et bourgeoisie) rongées par l'envie ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>cour esclave de ses passions : elle a perdu le « bonheur » véritable de la mesure.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Mise en évidence d'un paradoxe : l'homme civilisé croit se libérer mais en fait il construit son propre « malheur ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>3. L'habileté et l'efficacité de la « leçon »</font></font></font></p>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>À ce procédé rigoureux et efficace du diptyque en contraste, Fénelon ajoute d'autres procédés qui donnent sa force à sa « leçon ».</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Des moyens pédagogiques et didactiques efficaces La mise en abyme : un discours qui donne la parole à l'étranger dans le récit d'Adoam (enchâssement) : irruption du discours direct, comme dans tout apologue. Les procédés de la généralisation :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>présent de vérité générale ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>pronom indéfini « on ».</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Les vertus pédagogiques de la répétition insistant sur les termes essentiels de la démonstration : « simple/simplicité », « nécessaire/nécessités » ; de l'antithèse : « malheureux/bonheur » (dernier mot). La force des images : détails visuels pour frapper l'imagination (dans les deux tableaux en contraste) plus faciles à mémoriser.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Le regard d'un étranger primitif mais qui manie bien la rhétorique classique… Habileté du réquisitoire en creux (rhétorique classique) : Construction oratoire du discours : assertions sur le mode affirmatif + questions rhétoriques, suivies d'un mouvement en antithèse (« au contraire ») + envolée de la période (latine) finale. Ton oratoire et solennel :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>implication forcée du lecteur : les questions rhétoriques juxtaposées amènent le lecteur à se poser des question et à y répondre par lui-même ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>usage systématique de la comparaison : « plus sains et plus robustes (que nous) ? » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>recours au groupe ternaire oratoire : « amollit, enivre, tourmente », « plus libre, plus tranquille, plus gaie », « par l'ambition, par la crainte, par l'avarice » ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>procédé de l'accumulation (dernière phrase) ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>progression étudiée : du physique au moral (« sains »/« libre/gaie »).</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>On sent Fénelon derrière cet étranger qui annonce le vieux Tahitien du Supplément au Voyage de Bougainville</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Une habileté qui fait oublier les limites de la « leçon » L'habileté de l'apologue occulte les limites de la leçon : cet univers est bien chimérique et utopique, c'est-à-dire impossible :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>danger d'uniformité d'un univers hautement utopique (« presque tous bergers ou laboureurs ») uniformité – condition pour que cette société fonctionne harmonieusement – improbable ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>danger de régression : refus de « l'industrie », dont les bienfaits sont pourtant suggérés (accumulation et termes laudatifs, l. 30-33) ; en fait, le danger ne vient pas de l'industrie, mais de l'usage immodéré qu'en font les hommes ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>risque de l'autarcie (« aucun commerce au-dehors ») ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>la véritable richesse tient à la haute vertu morale des habitants (annonce le « bon sauvage), capables de se discipliner et de s'autogérer, ce qui est totalement improbable dans la réalité.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Donc Fénelon sait que cet âge d'or est irréalisable ; mais ce thème lui permet de parler en moraliste prônant une aimable austérité qui combine sagesse antique et modèle biblique.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Conclusion</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Texte qui présente de multiples intérêts :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>variation sur le thème littéraire de l'âge d'or : dépaysement ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>critique implicite de Louis XIV et de la vie à la cour ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>mais un enjeu plus important du moraliste.</font></font></font></p>
</li>
</ul>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Tout un faisceau d'idées qui alimenteront la réflexion des philosophes des Lumières : le luxe, le bonheur, nature et culture.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#021f35"><font>Mais, au </font></font><font color="#021f35"><font>XVIII</font></font><font color="#021f35"><font>e</font></font><font color="#021f35"><font> siècle, les temps ont changé, les mentalités ne sont plus marquées par le goût classique du juste milieu et de la mesure et par le pessimisme de Fénelon.</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>Les Lumières choisiront :</font></font></font></p>
<ul>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>tantôt de suivre Fénelon : multiplication des utopies (Troglodytes de Montesquieu, Eldorado dans Candide) ; satire de la monarchie et de la cour, des abus (Montesquieu) ; débat sur nature et culture (mythe du bon sauvage de Rousseau et du Supplément au Voyage de Bougainville de Diderot) ;</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"><font color="#021f35"><font face="Times New Roman, serif"><font>tantôt de s'en démarquer : Voltaire fait l'éloge du luxe dans Le Mondain, les « arts » et l'« industrie » sont à l'honneur.</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font color="#ffffff"><font>T</font></font></font></p>
</li>
<li>
<p align="left"> </p>
</li>
<li>
<p align="left"> </p>
</li>
<li>
<p align="left"><strong>C<font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>onsignes et suggestions des examinateurs pour la dissertation </font></font></font></strong></p>
</li>
<li>
<p> </p>
<p><font color="#121921"><font face="Helvetica"><font><i><b>I L’évocation d’un monde très éloigné du nôtre </b></i></font></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>1. Les procédés du dépaysement </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- dépaysement géographique, voire spatial ;<br />
- « dépaysement » temporel ;<br />
- dépaysement vers des contrées improbables : création de système utopiques ;<br />
- dépaysement peut aller du lointain à l’imaginaire pur ; invite à découvrir des êtes différents, soit par leurs pratiques et leur représentations, soit même par leur nature (des géants, des lilliputiens, des animaux...). </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>2. La fiction du regard éloigné </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- pour que ces univers puissent être évoqués, il faut mettre en œuvre un regard qui soit le support de la description : soit le regard faussement naïf de celui qui découvre, soit la perspective de « l’étranger » Persan, Huron, Inca, Tahitien, picaro...<br />
- l’antithèse entre le connu et l’inconnu est favorable à la mise en œuvre de l’intrigue ; </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- sur le plan de la fiction, le personnage qui découvre un univers très éloigné du sien donne à son voyage une valeur initiatique. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>3. Le caractère séduisant des univers lointains </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- dimension poétique et esthétique des descriptions inédites : il s’agit par exemple de faire </font></font><font face="Helvetica"><font><i>voir </i></font></font><font face="Helvetica"><font>des univers d’une beauté incomparable (procédé de </font></font><font face="Helvetica"><font><i>l’ekphrasis</i></font></font><font face="Helvetica"><font>), de laver le regard de ses scories, de le purifier ;<br />
- plaisir de la découverte ; </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- sur le plan de la réception, il s’agit d’amener le lecteur à rêver (le caractère merveilleux de l’Eldorado, la sensualité de l’Orient, la douceur de l’exotisme...) ;<br />
- donc séduire le lecteur au sens étymologique du terme. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>II Pourquoi ? Le monde très éloigné du nôtre nous parle néanmoins de nous </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>1. Proposer de notre société un miroir inversé </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- renvoyer à notre société une image très différente de ce qu’elle est permet de lui faire prendre conscience de son vrai visage ; </font></font></p>
<p> </p>
<p><font face="Helvetica"><font>- il ne s’agit pas de faire advenir l’univers ainsi décrit mais de proposer d’autres possibilités, d’autres manières d’être que celle en usage, de faire voir des « contre-exemples » ;<br />
- mettre en évidence la relativité culturelle. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>2. Délivrer une leçon </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- corriger notre monde en lui faisant prendre conscience de ses défauts ;<br />
- proposer un modèle : politique, social, économique, religieux, philosophique ;<br />
- mettre en scène des figures qui incarnent sagesse et philosophie en ce qu’elles ont su se détacher des atteintes du monde ordinaire : valeur emblématique des personnages de vieillards, d’ermites ;<br />
- prévenir d’une menace : cas de la contre-utopie. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>3. Dimension réaliste prompte à revenir même dans ce qui semble le plus lointain </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- la réalité se rappelle à nous par les effets de similitude, des allusions, de l’ironie ;<br />
- l’univers lointain mis en place nous invite à une double lecture ;<br />
- il nous alerte sur le fait qu’il n’est qu’un outil et non une fin en soi, par l’usage des stéréotypes qui signalent son caractère artificiel. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>III Une stratégie du détour </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>1. Démarche paradoxale </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- c’est en détournant l’attention de son lecteur qu’un auteur parvient paradoxalement à le conduire à ses véritables fins :<br />
- mise en œuvre d’une démarche dialectique qui permet à l’esprit de se mettre en mouvement : sortir de notre univers certes... mais pour mieux y revenir et y revenir plus riche de ce qu’on a découvert. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>2. Un lecteur qui participe à l’élaboration du sens </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- mettre en place un autre rapport au texte qui sollicite l’intelligence du lecteur par l’adoption d’une démarche inductive ;<br />
- le processus du décodage : l’univers inventé se présente comme un rébus dont il faut décrypter la signification ; </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- attitude ludique, complice du lecteur ; plaisir de l’élucidation. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font><i>3. Fonction et valeur du détour </i></font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- la stratégie du détour à travers le motif du voyage, du dépaysement ne vise pas à diminuer la portée de l’analyse critique mais au contraire à la renforcer.<br />
- ainsi, loin d’ « éviter la censure », le détour rend la charge plus visible et provocante et montre que la censure est condamnée à s’incliner devant la force des idées. On prendra garde à ce que la formulation de cet argument par les élèves évite les lieux communs vides de sens. </font></font></p>
<p><font face="Helvetica"><font>- finalement, sous une forme métaphorique, la littérature est toujours la mise en œuvre d’un dépaysement qui permet une prise de distance et une découverte : « </font></font><font face="Helvetica"><font><i>Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous, savoir ce que voit un autre de cet univers qui n’est pas le même que le nôtre, et donc les paysages nous seraient restés aussi inconnus que ceux qu’il peut y avoir dans la lune. </i></font></font><font face="Helvetica"><font>» M. Proust </font></font></p>
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<p>Exemple de copie rédigée .....</p>
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<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>Introduction</b></font></font></font></p>
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<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>La découverte des Indes occidentales à la fin du xve siècle a ouvert le champ de la littérature au thème du voyage, en même temps qu'il a fait prendre conscience aux hommes de la possibilité d'un ailleurs où vivent des sociétés plus proches de la nature, aux mœurs plus frustes, peut-être, mais moins corrompues. Pour certains philosophes comme Montaigne ou Diderot, le « bon sauvage » mythique et le monde dans lequel il vit mettent en évidence le degré de corruption et le manque de relativisme de nos « nations policées ». Sans pour autant prôner un retour à l'état de nature, de nombreux écrivains ont, par la suite, dépeint des contrées, souvent imaginaires, très éloignées des nôtres, à des fins didactiques. En quoi l'évocation de ces univers permet-elle de faire réfléchir sur la réalité de notre société ? En d'autres termes, quels éléments propres à la peinture de sociétés parfaites, très différentes des nôtres, nous renvoient, paradoxalement, à une perception plus aiguë et plus critique de notre propre civilisation ? Nous montrerons en premier lieu la capacité de séduction qu'offre la peinture des univers exotiques. En deuxième lieu, nous verrons en quoi cette peinture renvoie, en creux, à notre propre monde. Nous tenterons en dernier lieu de mettre en avant l'efficacité et la force critique d'une argumentation qui passe par le détour de l'utopie.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>I. L'évocation d'un monde très éloigné du nôtre transporte le lecteur dans un ailleurs séduisant</b></font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. Elle dépayse totalement le lecteur</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">La littérature est peuplée de mondes très éloignés du nôtre. Cet éloignement conduit à un dépaysement, qui peut être géographique ou temporel. Dans </font><font color="#121921"><i>Candide</i></font><font color="#121921">, conte philosophique de Voltaire, le pays d'Eldorado est situé en Amérique du Sud, une région qui, au xviiie siècle, est associée à la mystérieuse civilisation inca, mais aussi au Pérou et ses mines d'or. Dans l'imaginaire du lecteur, ce voyage est de toute façon en rupture évidente avec la civilisation occidentale. Les romans de science-fiction jouent souvent sur un dépaysement dans les deux dimensions, en présentant des mondes extraterrestres, dans un contexte de conquête intersidérale. Il appartient alors à l'écrivain de donner une cohérence à cet univers, en évoquant non seulement l'espace géographique lui-même, mais aussi les mœurs de ses habitants, leur système de pensée, leur rapport au temps, ou à l'argent. Dans </font><font color="#121921"><i>Les Aventures de Télémaque</i></font><font color="#121921">, Adoam évoque par exemple le peuple de Bétique, et son rapport aux arts, dont « ils ne veulent souffrir que [ceux] qui servent aux véritables nécessités des hommes ». L'invention peut aller jusqu'à concevoir une nouvelle forme de vie, où l'infiniment grand croise l'infiniment petit. Ainsi, Voltaire n'hésite pas à créer le personnage de Micromégas, habitant de Sirius, et géant de quelque trente-deux kilomètres de hauteur ; dans </font><font color="#121921"><i>Le Voyage de Gulliver</i></font><font color="#121921">, l'écrivain anglais Jonathan Swift imagine au contraire la rencontre du héros avec le peuple des Lilliputiens, êtres aussi grands que le pouce. Transportés dans ces contrées improbables, dans lesquelles les repères référentiels sont totalement bousculés, le lecteur est implacablement confronté à l'expérience de l'Autre, expérience d'autant plus séduisante qu'elle est mise en scène le plus souvent dans un cadre parfait.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. La peinture de mondes exotiques est souvent séduisante</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">La plupart des évocations de mondes éloignés a un évident caractère séduisant. Pour l'auteur, il s'agit de soumettre au lecteur un modèle d'univers indépassable, incomparable, un monde parfait, dominé généralement par l'idée d'harmonie et de profusion. Ainsi, Adoam dans </font><font color="#121921"><i>Les Aventures de Télémaque</i></font><font color="#121921"> évoque les chemins « bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris », les collines « couvertes de troupeaux », ou encore la douceur du climat. À l'image de Baudelaire, l'écrivain peint une véritable « Invitation au voyage » : « Là tout n'est qu'ordre et beauté. » Cette invitation est magnifiée par la poésie de la forme, où l'harmonie des lieux est rendue sensible par le rythme équilibré des phrases, telles que celle-ci, au rythme ternaire régulier : « Ce pays semble avoir conservé les délices de l'âge d'or. » Il s'agit d'amener le lecteur dans un espace rêvé, dans une réalité nouvelle, vierge de toute impureté, et de l'étonner à chaque phrase par des descriptions incroyables. L'évocation du monde éloigné, en effet, ne craint pas le spectaculaire, à l'image du pays d'Eldorado, dans lequel Voltaire accumule les hyperboles et les énumérations pour dire l'abondance, la richesse ou la démesure d'un monde habité, à l'inverse, par des hommes tout en modération. Fénelon, avec la description de la Bétique, est plutôt dans la retenue pour évoquer les possessions et les désirs des habitants ; cependant, il souligne la fertilité de la nature, capable de produire une « double moisson », nous donnant ainsi l'impression d'entrer dans un véritable paradis terrestre. Au fond, le plaisir du lecteur est surtout celui de la découverte ; nous pénétrons dans un monde nouveau et notre plaisir consiste à faire l'épreuve de la différence radicale, en même temps que d'évaluer l'imagination de l'écrivain. Cependant, pour radicalement différent que soit ce monde éloigné, il renvoie à notre société.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>II. L'évocation de mondes très éloignés renvoie à notre propre monde</b></font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. Elle se construit par le regard étranger à ces mondes</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">La peinture des univers utopiques renvoie à notre propre monde. En effet, lorsque le lecteur découvre un monde imaginaire, c'est pratiquement toujours par le relais d'un personnage étranger : celui qui décrit met en place sa description en fonction d'un système de références communes, partagées par le lecteur. C'est ainsi que le monde de Bétique est décrit de manière lyrique par un personnage extérieur, Adoam. Commerçant lui-même, il est très étonné que la société de Bétique puisse fonctionner sans monnaie. En fait, ce narrateur est en quelque sorte un relais, un médiateur avec le lecteur ; ses étonnements, ses marques de surprise sont les nôtres, même si le narrateur de </font><font color="#121921"><i>Candide</i></font><font color="#121921"> se plaît souvent à adopter la focale des habitants de l'utopie eldoradienne, et feint de trouver ordinaires des pratiques et des coutumes qui ne le sont pas pour nous. Parfois, le récit peut être fondé sur l'idée que ce monde très éloigné… c'est le nôtre, mais perçu par un regard étranger ou naïf. On pense aux héros des </font><font color="#121921"><i>Lettres persanes</i></font><font color="#121921"> de Montesquieu, qui posent sur notre société un regard nouveau et critique ; les mœurs des Français prennent soudain une teinte d'exotisme ridicule. Ce procédé n'est pas neuf : La Bruyère a déjà mis en scène « Le regard d'un Huron » ; plus tard, Voltaire écrira </font><font color="#121921"><i>L'Ingénu</i></font><font color="#121921">, conte philosophique organisé autour des péripéties d'un Indien découvrant les mœurs de notre pays. Il s'agit dans tous les cas, par le biais d'une perspective particulière, de nous donner à voir l'inconnu et, dans le même temps, de nous tendre un miroir critique de notre société.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. Elle tend un miroir critique de notre société</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Évoquer un monde imaginaire, c'est tendre au lecteur un miroir, mais au reflet inversé. Ce que nous découvrons, en creux, à travers toutes les beautés, la douceur du monde décrit ou celle des mœurs de ses habitants, ce sont les aspects les plus haïssables de notre société, ses défauts, ses travers. L'utopie propose un autre champ de possibles, nous invite à relativiser le bien-fondé de nos choix de société, à comprendre qu'en matière de civilisation, nous pouvons toujours, sinon nous réformer complètement, comme le suggère Fénelon à travers les mœurs des habitants de Bétique, du moins nous améliorer. Les Troglodytes des </font><font color="#121921"><i>Lettres persanes</i></font><font color="#121921">, comme d'ailleurs les habitants de la Bétique, ont ainsi un mode de vie très rudimentaire, réduit à leurs besoins vitaux ; le pays d'Eldorado ne possède pas de prisons, et dispose d'un extraordinaire matériel de mesures scientifiques. Dans tous les cas, il s'agit de proposer un système, des idées, des visions amplifiées et magnifiées de ce vers quoi devrait tendre notre société. Certains récits, à travers des contre-utopies, descriptions de mondes effrayants et cauchemardesques, cherchent au contraire à nous mettre en garde. Dans </font><font color="#121921"><i>Le Meilleur des mondes</i></font><font color="#121921">, roman écrit en 1933, l'écrivain Aldous Huxley peint un monde dans lequel les humains ne sont plus conçus naturellement et sont déterminés dès leur « naissance » à servir la société, selon qu'ils sont l'élite de la nation ou de simples opérateurs. À travers ce récit, le romancier nous alarme contre les dérives possibles d'une science dont les progrès sont alors d'une rapidité foudroyante. L'évocation de ces mondes plus ou moins improbables est donc une leçon, dont nous comprenons d'autant mieux la portée que, constamment, elle nous ramène à notre propre monde.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>3. Elle est un monde « impossible » qui nous ramène à nos propres usages</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Les mondes imaginaires sont souvent émaillés de notations réalistes qui, plus ou moins subtilement, nous ramènent à nos propres mœurs. Dans le monde de la Bétique, par exemple, Adoam fait intervenir les habitants du pays, qui, devant l'évocation des richesses de notre monde, pointent les contradictions de la société, sous forme de questions : « Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? » De même, lorsque Candide est accueilli par le roi d'Eldorado, il demande si, pour le saluer, il faut se mettre à plat ventre ou lécher le sol. Cette ironie est une manière, pour le narrateur, d'entretenir avec le lecteur, sur le mode plaisant, une complicité, tout en étayant la charge critique. Il faut également noter que la description de mondes utopiques prend généralement place dans un récit plus large. Le plus souvent, il n'est qu'une étape dans le périple initiatique du héros, et non un aboutissement. Ainsi, la découverte du pays d'Eldorado se situe exactement au centre du conte de Voltaire, indiquant par là que, si ce lieu a une place centrale dans la formation du jeune naïf, il constitue un endroit dont il faut sortir. Le narrateur de </font><font color="#121921"><i>Candide</i></font><font color="#121921"> le suggère d'ailleurs à travers le caractère stéréotypé et artificiel de son évocation : si la mention de fontaines de cannes à sucre a quelque chose de séduisant au premier abord, elle est, à la réflexion, quelque peu écœurante. L'utopie nous invite donc à opérer un mouvement de retour, de réflexion au sens premier du terme. Elle se présente donc comme une argumentation indirecte, dont la force critique est indéniable.</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>III. Une argumentation indirecte : quand le voyage vaut le détour</b></font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>1. Donner matière à réflexion au lecteur sans lui imposer une thèse : le détour du monde lointain</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Le monde dépeint au lecteur est une « forêt de symboles » qu'il s'agit de décrypter. N'oublions pas que Fénelon, en bon didacticien, a l'intuition, en créant </font><font color="#121921"><i>Les Aventures de Télémaque</i></font><font color="#121921">, que la meilleure façon d'éduquer le jeune duc de Bourgogne est de passer par le détour de la fiction. Ainsi, dans la peinture de la Bétique, même le climat, qui est pourtant une donnée non maîtrisable par l'homme, renvoie à l'idéal classique de modération, que l'on retrouve ensuite, de manière plus explicite, à travers l'évocation des pratiques frustes des habitants. Le lecteur est invité, plus que dans une forme d'argumentation directe, à participer à l'élaboration d'un sens, à travers tout un subtil et prolifique réseau de significations. Dans </font><font color="#121921"><i>Candide</i></font><font color="#121921">, la découverte d'Eldorado est pour le lecteur, comme pour le personnage, un moyen radical de porter un nouveau regard sur le réel. C'est ainsi que la scène de l'esclave de Surinam nous est d'autant moins supportable que nous venons de quitter l'utopie. Ce passage dans un monde extraordinaire, paradoxalement, donne au héros une lucidité nouvelle ; pour la première fois, il définit négativement la philophie optimiste : « C'est la rage de soutenir que tout est bien quand tout est mal. »</font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>2. Détour fictionnel : un potentiel philosophique exploité par la littérature moderne</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Le thème du voyage et de la découverte d'une terre inconnue est d'une force et d'un potentiel critiques tels que la littérature moderne s'en est elle-même emparée. Ainsi, Jacques Sternberg, écrivain hédoniste et « misanthrope », en fait ainsi le thème central de son recueil de nouvelles intitulé </font><font color="#121921"><i>188 contes à régler</i></font><font color="#121921">. Relayé soit par le procédé du regard étranger – extraterrestre –, soit par le regard du Terrien sur un monde autre, il se plaît ainsi à dénoncer férocement et ironiquement la violence des hommes, ou à rêver tout haut de son idéal d'humanité. Le conteur explique que, pour les « Agrages », peuple indolent, ignorant toute notion de commerce et de profit, « s'aimer entre eux, se griser d'eau et de brise, rêvasser, se laisser dériver au fil du temps ou se divertir paraissaient leurs uniques préoccupations ». On voit par là que l'utopie moderne est porteuse d'un message pacifiste, à une époque où la barbarie humaine a franchi l'impensable. Certains écrivains, cependant, vont plus loin dans l'exploitation du thème, à l'image de Michel Tournier et sa réécriture de Robinson Crusoë intitulée </font><font color="#121921"><i>Vendredi ou les Limbes du Pacifique</i></font><font color="#121921">. Ce roman, qui nous projette dans une île quasi déserte, cherche moins à dénoncer les dérives consuméristes de la société moderne qu'à mettre en scène l'expérience radicale de la vie sauvage vécue par un homme pétri de certitudes et de principes. L'écrivain, à travers ce cheminement, place le personnage face à cet autre qui est lui-même. Le détour fictionnel a donc cette vertu de nous permettre non seulement de rêver à une possibilité d'un monde différent, mais aussi, de nous faire accéder, par le biais d'un récit captivant, à des réflexions philosophiques profondes sur les rapports de l'homme avec le monde qui l'entoure, et dont, trop souvent, il croit être le maître. </font></font></font></p>
<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font><b>Conclusion</b></font></font></font></p>
<p><font face="Times New Roman, serif"><font><font color="#121921">Ainsi, le sentiment de dépaysement plaisant qu'éprouve le lecteur qui découvre un monde très éloigné peut le conduire subtilement à reconsidérer le sien avec un œil critique et distancié. « Meilleurs des mondes impossibles », ces mondes imaginaires, en se présentant comme des horizons inatteignables où s'écoulent des printemps éternels, jettent un puissant éclairage sur les travers de notre civilisation. Loin de chercher à contourner, par ce biais, la censure, l'utopie rend celle-ci inopérante : il n'y a pas de discours, pas d'idées imposées, juste la force des idées en mouvement dans un scénario de monde rêvé. Finalement, cette </font><font color="#121921"><i>terra incognita</i></font><font color="#121921">, cet ailleurs, cet espace exotique, n'est-il pas, métaphoriquement, le monde de la littérature, qui offre chaque fois au lecteur une expérience inédite de dépaysement ? </font></font></font></p>
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<p><font color="#121921"><font face="Times New Roman, serif"><font>En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/revision-du-bac/annales-bac/francais-premiere/corpus-fenelon-montesquieu-voltaire_1-frde44.html#2ZuyZxGPkcYFSSF7.99</font></font></font></p>
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<p align="left"><font face="Times New Roman, serif"><font color="#ffffff"><font>ÉLÉCHARGER LE SUJET</font></font></font></p>
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<p style="text-align: justify;"> </p>Le bruit des Trousseauxurn:md5:daabee11b763fa10a806ec03965d8ff32016-04-16T15:07:00+02:002016-04-16T15:07:00+02:00philaminte17Premièrepoésieprisonquestion de l homme<p>De nombreux romans évoquent la prison et décrivent l'univers carcéral sous toutes ses formes. Il n'est pas toujours facile de faire comprendre ce monde à ceux qui sont de l'autre côté des barreaux ; c'est pourtant ce qu'a tenté de faire l'autre du récit que vous allez découvrir. Plus qu'un simple témoignage, ces quelques pages nous proposent également une réflexion autour des mots et des images qui gravitent en prison. <img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/.pris2_s.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="pris2.jpg, fév. 2016" /></p> <p>Ce récit de Philippe Claudel paru en 2002 retrace son expérience de professeur de français en prison, auprès des détenus de la maison d'arrêt Charles III (aujourd'hui démolie), à Nancy, ville où il résidait alors. La page de garde donne une définition de la prison : logis où l'on ferme ceux qu'on veut détenir qui donne à réfléchir sur l'usage de l'emprisonnement dans notre société et sur ses conséquences. L'auteur commence par décrire ce qu'il ressent la première fois où il sort de prison après avoir donné un cours : "la jouissance d'une liberté dont j'ignorais l'étendue" écrit-il p 12. Il évoque elles odeurs de la prison : "<strong><em>une odeur faite de sueurs mijotées, d'haleines de centaines d'hommes, sers les uns contre les autres, qui n'avaient le droit de se doucher qu'une ou deux fois par semaine. Relents de cuisine aussi, où l'ail, le lard frit te le chou dominaient</em></strong>." les bruits et les odeurs revient, parfois insupportables comme "<strong>l'absence totale d'hygiène de certains mineurs qui portaient de jour en jour <em>les mêmes vêtements.</em></strong>" p 34 Tout au long du roman, il passe en revue de nombreuses définitions et s'attaque au vocabulaire carcéral; </p>
<p>gardien d'hommes : un drôle de métier ? p 13</p>
<p><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/prisonblog.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="prisonblog.jpg, juil. 2015" /></p>
<p>Le livre se compose de sensations et de rencontres, d'émotions et de témoignages.L'auteur y décrit aussi bien l'état des cellules "vétuste, peinture écaillée " que l'état d'esprit de certains pensionnaires ; <strong><em>Le pantalon et la veste de jogging étaient le nouvel uniforme du prisonnier. p 17 ; Dans la plupart des cellules, la télé fonctionnait plus de vingt heures par jour." </em></strong>L'écrivain évoque le quotidien dans toute sa trivialité et s'efforce de ne pas porter de jugement sur les comportements qu'il dépeint. </p>
<p>Il expose la hiérarchie des différents crimes par ordre de gravité p 27, les gestes qu'on accomplit lorsqu'on arrive en prison ,p 28 , la politesse ou au contraire le mépris de certains gardiens, l'état de délabrement de vétusté des locaux p 29; </p>
<p>Il évoque aussi la violence parfois gratuite et animale de certains détenus, l'homosexualité consentie ou forcée (les plus forts violent parfois les plus faibles ) ou certains se prostituent pour obtenir des faveurs des caïds;p 36</p>
<p><strong><em>La prison ressemblait à une usine. Une grande usine qui ne produisait rien, sinon du temps limé, broyé, réduit, des vies étouffées et des mouvements restreints." p 41</em></strong></p>
<p>Philippe Claudel construit son récit en faisant alterner des passages descriptifs avec des passages narratifs , centrés sur un fait ou sur la situation d'un détenu.</p>
<p><img alt="" src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/claudelblog.jpg" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="claudelblog.jpg, juil. 2015" /></p>
<p>Ce récit nous fait réfléchir et nous transmet l'expérience d'un homme qui découvre l'univers carcéral et sa dureté, ses souffrances, ses préjugés également. "<em><strong>on pouvait trouver de tout en prison si on y mettait le prix : cannabis, alcool, permis de conduire." p 50. Parfois je sentais une odeur d'herbe dans les couloirs.</strong></em>"</p>
<p><em><strong>Les couleurs de la prison; Les murs étaient repeints assez fréquemment mais on avait toujours l'impression qu'il étaient sales. La prison était vieille , sale, surpeuplée. p76</strong></em></p>
<p><em><strong>Le mot cellule: la plus petite unité du vivant; L'espace de l'enfermement. p 63</strong></em></p>
<p>Le romancier tente de ne rien dissimuler de ce qu'il a pu entrevoir durant les années où il a enseigné en prison: le racisme de certains surveillants, l'inhumanité du sytème carcéral notamment face à l' accès aux soins; "<strong><em>La prison déjoue toutes les statistiques, les stéréotypes, les colonnes de chiffres rassurants. Elle ne fait que refléter le monde. Elle change avec lui." p 92 </em></strong></p>
<p>A lire et à méditer sans restriction </p>L'ingénu est-il un bon sauvage ?urn:md5:a05a7e6b432265041f1e48c0b447c7382015-12-07T15:01:00+01:002015-12-07T23:07:20+01:00philaminte17Premièreconte philosophiquequestion de l hommeVoltaire<p>Lorsqu'il fabrique son personnage de l'ingénu, Voltaire choisit de mêler différentes influences et de composer un portrait d'étranger bien particulier qui va lui servir à démontrer la sauvagerie de certaines pratiques et les préjugés de ses contemporains; <img src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/ingenu10.jpg" alt="" title="ingenu10.jpg, déc. 2015" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p> <p><img src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/ingneu12.jpg" alt="" title="ingneu12.jpg, déc. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Notons tout d'abord la première apparition du personnage au chapitre premier : " <strong><em>très bien fait , nu-tête, nu-jambes et petit pourpoint, taille fine et dégagée</em></strong>" ; Sa prestance physique impressionne ceux qui le voient et on retrouve , dans ce détail, des références à l'allure des hommes sauvages, que caractérisent la virilité et les qualités athlétiques. Mais notre Huron allie force et douceur avec son "<strong><em>air martial et doux</em></strong>"; Ce qui fait de lui un homme "complet" qui a su conserver sa force ancestrale et y ajouter les moeurs policées de la civilisation comme par exemple la politesse dont il fait preuve. Bien entendu, Voltaire a fait de sa créature un demi-sauvage dans la mesure où dans les veines de ce Huron d'adoption coule du sang breton. La rudesse est donc tempérée par cette ascendance française. Grandir éloigné de la France lui permet de revenir avec un regard neuf et de mettre ainsi, non sans humour, en évidence, les éléments que cherche à dénoncer Voltaire comme l'anglophobie, l'ethnocentrisme et l'intolérance religieuse.</p>
<p>De la figure de Sauvage, Voltaire conserve la force et l'impétuosité et la virilité avec les allusions au modèle d'Hercule. Son <em>bras vigoureux</em> saisit le prêtre auquel il demande de se confesser et qu'il maintient à genoux avec son<em> large genou</em> . Ses yeux étincèlent et son regard fait trembler l'assistance.De plus, il maintient aussi le contact avec la Nature: le Huron se lève avec le soleil et excelle dans l'art de la chasse (chapitre 2) ; Quand il est triste, il se promène au bord de l'eau et son coeur est agité de mouvements contraires. On retrouve à cette occasion les traces d'une forme d'homme primitif, proche de l'état sauvage mais il sait déjà lire l'anglais. Ses qualités intellectuelles seront mises en valeur dans la suite du conte : il a une excellente mémoire et "<strong><em>les choses entraient dans sa cervelle sans nuage"</em></strong>; Plus tard, il fera valoir les droits de la loi naturelle pour pouvoir épouser sa fiancée contre la loi positive et menacer même de mettre le feu au couvent et de se débaptiser si on continue de refuser qu'il épouse celle qu'il aime; sa vaillance est incontestable et son destin d'officier semble tout tracé dès le chapitre 7 , celui de l'attaque des anglais ; arrivé à la cour, il bat les porteurs qui se moquent de lui parce qu'il exige de voir le roi. Lors de son arrestation par la maréchaussée, il est pris de fureur, prend à la gorge ses gardiens et les jette par la portière de la voiture. </p>
<p><img src="http://blog.ac-versailles.fr/motamot/public/ingenu111.jpg" alt="" title="ingenu111.jpg, déc. 2015" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Emprisonné avec Gordon, il évoque la barbarie des Occidentaux "<em>ces coquins raffinés</em>" et renouvelle sa profession de foi déiste. "nous sommes sous la puissance de l'être éternel comme les astres et les éléments ; qu'il fait tout en nous, que nous sommes des petite sortes de la machine immense dont il est l'âme;" Sa religion naturelle est partagée par son créateur , Voltaire dont il se fait ici l porte-parole des idées. Il pose des questions métaphysiques qui embarrassent Gordon "q<em>ui nous livre au mal n'est-il pas l'auteur du mal ? </em>" Lui même constate les changements qui s'opèrent en lui et déclare qu'il a été changé de "<em><strong>brute en homme</strong></em>" (chapitre XI) Gordon admire "l<strong><em>e bon sens naturel de cet enfant presque sauvage" qui n'écoute que la simple nature. </em></strong>Lorsqu'il est question ed ses goûts artistiques, il prétend ne juger que d'après la nature et regrette que la plupart des hommes ne s'y fient que très peu . Il se confie à Gordon et lui fait part de son amertume: on lui a ôté sa liberté, et on l'a emprisonné alors qu'il a versé son sang pour la France. La nature en lui est outragée et sa colère paraît juste. Lorsque Mademoiselle de saint Yves vient le délivrer, l'ingénu la remercie et paraît étonné qu'elle se soit souvenue du lui "<strong><em>je ne le méritais pas , je n'étais alors qu'un sauvage </em></strong>"lui avoue-t-il (chapitre XVIII) . Son séjour en prison et l'enseignement qu'il en tire ont donc contribué à le transformer . Son changement est également souligné par sa bienfaitrice " ce n'est plus le même homme: "son maintien, son ton, ses idées, son esprit, tout est changé" annonce-t-elle à sa famille. "<em><strong>il est devenu aussi respectable qu'il était naïf et étranger à tout." .</strong></em> Ll'Ingénu a appris à devenir discret et cette qualité s'ajoute à "tous les dons heureux que la nature lui avait prodigués " Néanmoins, à la fin du conte, l'ingénu reprend son caractère <em><strong>qui revient toujours dans les grands mouvements de l'âme</strong></em>, déchire la lettre du frère jésuite qui lui annonçait son invitation à la cour; cette âme forte et tendre à la fois veut attenter à sa vie lorsque sa fiancée meurt, mais on l'en empêche. Il résiste également au désir de tuer Saint Pouange qui devient son bienfaiteur après avoir fait son malheur.Cette image du sauvage qui vit en accord et en harmonie avec la Nature et constate les méfaits de la civilisation permet aux philosophes de réfléchir sur les rapports entre nature et culture. Voltaire avec son bon Huron poursuit l'enseignement de Montaigne et de Jean de Léry sur la relativité des moeurs . Nul ne doit donc juger autrui en fonction de critères issus de sa propre civilisation; c'est pourtant ce que font les Bas Bretons au début du conte. Toutefois cette figure d'étranger ne cadre pas avec tous les aspects du mythe du bon sauvage car cet indien est un mixte de deux cultures : il sait lire, accepte assez vite les règles de bienséance et s'insère socialement "devient un excellent officier" La société et son contact n'altèrent pas ses qualités : il utilise plutôt son bon sens pour faire le tri entre ce qui lui semble important et ce qui est peut être du domaine des conventions superflues . (notamment en matière de religion ) . L'Ingénu est un modèle idéal d' homme naturel, sans préjugés et qui exerce sa raison ; Une sorte de figure idéalisée qui intègre les codes de la société et qui ne se laisse pas pervertir mais chercherait plutôt à réformer les moeurs. </p>