Où en sont les manuels numériques ?
Réunion
de la mission TICE académique
CRDP
de Versailles - 16/12/10
Introduction :
Contexte de l’expérimentation
L’expérimentation «
manuels numériques et ENT » a été lancée par le Ministère de l’Éducation
nationale au printemps 2009. Elle a d’abord concerné les classes de 6e dans une
soixantaine de collèges répartis sur douze académies et se poursuit pour
l’année 2010-2011 dans les classes de 5e.
Elle se donne trois
objectifs principaux : alléger le poids des cartables, développer l’usage
pédagogique des TICE, favoriser l’usage de ressources numériques innovantes
dans les ENT.
Dans l’académie de
Versailles, l’expérimentation concerne cinq établissements : quatre dans
le Val-d’Oise et un dans les Hauts-de-Seine, le collège Jean Macé à Clichy.
1. État de l’expérimentation
L’expérimentation
nécessite un contexte favorable au développement des usages : pilotage
volontariste de l’équipe de direction, niveau d’équipement suffisant (au moins
un vidéoprojecteur ou un TNI par salle concernée), cohérence de l’équipe
pédagogique, suivi régulier par les interlocuteurs départementaux et
académiques.
Même si dans les
établissements expérimentateurs ces éléments sont souvent réunis, plusieurs facteurs
contribuent à freiner ce développement :
a)
La lourdeur du dispositif de mise en route : à la
gestion des commandes papier s’ajoute celle des licences numériques ;
cette gestion représente une charge de travail supplémentaire pour
l’établissement à deux moments sensibles (mai/juin et septembre).
b)
La complexité et les dysfonctionnent techniques
qui dissuadent les enseignants d’utiliser les manuels numériques en passant par
l’ENT et les incitent à prévoir un « plan B » (utilisation d’une
version en local, voire de ressources numériques hors manuel).
c)
En cas de dysfonctionnement, les interlocuteurs sont trop
nombreux.
d)
L’absence de transparence dans la continuité d’une année scolaire à l’autre :
le choix des manuels au printemps est encore fondé sur le spécimen papier et sur
une version démo donc « tronquée » du manuel numérique ; les comptes
d’accès sont recréés quelques jours avant la rentrée et on a fréquemment
observé un retard dans la mise à jour des manuels pour qu’ils soient conformes
à la version commandée, etc.
2.
Etat des usages
a)
Les usages professeurs
- Les professeurs
utilisent surtout les manuels numériques en préparation de cours et en classe
en situation « frontale » (avec un vidéoprojecteur et/ou un TNI).
- En classe, le manuel
numérique s’avère utile lorsque l’ensemble de la classe doit étudier un même
document ou effectuer un même exercice. Mais, même dans ce cas-là, les élèves
les plus éloignés du tableau sont nécessairement pénalisés.
- Le professeur peut
éventuellement « piloter » le TNI à distance à l’aide d’une tablette
graphique, mais l’usage de ce type d’outil reste marginal.
- Certains professeurs
ont tenté de travailler avec les élèves en classe sans manuel papier, mais la
seule vidéoprojection du manuel numérique apparaît comme un frein pour
développer une pédagogie individualisée.
- Enfin, l’articulation ENT/manuel numérique est
encore loin d’avoir trouvé une justification. Outre la lenteur des connexions,
le professeur ne dispose pas encore des outils et de l’infrastructure technique
lui permettant de personnaliser les ressources du manuel, de les partager avec
ses élèves (éventuellement en les « profilant » dans une démarche de
pédagogie différenciée) et de récupérer leurs travaux pour évaluation.
b)
Les usages élèves
Très peu d’éléments peuvent,
en l’état, favoriser l’usage des manuels numériques par les élèves :
- Le plus souvent aucun
équipement numérique individuel n’est prévu dans les classes. Les classes nomades
pourraient être une solution mais le temps de mise en route est dissuasif pour
une seule heure de cours.
- Chez lui, l’élève
dispose encore du livre papier et l’usage du manuel numérique nécessiterait des
consignes explicites de son professeur, ainsi qu’un poste informatique
opérationnel et disponible pour son travail scolaire.
Pour développer les
usages élèves (la priorité pour l’année
2010-2011), la solution que nous préconisons serait donc de coupler les outils
de visualisation collective (vidéoprojecteur, Cube, TNI) avec des postes
individuels (fixes ou nomades de type tablettes numériques).
Ces derniers
permettraient d’améliorer la visibilité des manuels et de mettre les élèves en
activité (c’est-à-dire en situation de recherche, d’apprentissage et de
production).
3.
Forme et contenu des manuels scolaires numériques
C’est l’un des éléments
positifs de l’évolution de l’expérimentation depuis la rentrée 2009. En effet,
les premiers manuels numériques étaient plutôt des manuels numérisés
« simples » (reflet sans modification du manuel papier) ou
« enrichis » de ressources multimédias.
Au printemps 2010, les
éditeurs ont présenté lors du salon Intertice de nouvelles versions de leurs
manuels, davantage « numériques », c’est-à-dire offrant de véritables
services de personnalisation et de réorganisation des ressources en fonction
des besoins et des stratégies pédagogiques des enseignants.
Exemples
de fonctionnalités qui se diffusent depuis la rentrée
2010 :
- comparateur
de documents
- accès
« granulaire » aux ressources
- espace
personnel pour réorganiser les ressources
- lecture
audio des leçons ou de certains documents
- personnalisation
du contenu par l’importation de ressources personnelles
- accès
à la base de données des ressources du manuel
Un point reste
cependant problématique : la persistance du modèle de la double-page (à
l’exception de quelques manuels comme certains Hatier ou lelivrescolaire.fr),
alors qu’il semble acquis que la vidéoprojection d’une double-page de manuel
ne présente qu'une utilité limitée en configuration de classe entière.
La double-page
vidéoprojetée ne garde en effet un intérêt, par conformité
« commode » avec l’exemplaire papier, que lorsque l’élève dispose
d’un poste individuel.
Conclusion :
Quelles perspectives pour les manuels numériques ?
Dans le cadre d’une
démarche prospective, le passage au numérique du manuel scolaire nous oblige à
revenir sur la nature de l’objet lui-même car l’expérimentation en cours a
complètement bousculé les réflexions sur cet outil pédagogique et les services
qu’il peut rendre.
Pour l’enseignant, il
est toujours important de disposer d’un guide
pédagogique et d’une banque de
données pour l’application des programmes. Pour l’élève, le manuel est un guide d’apprentissage en complément du
cours de son professeur. Enfin le parent dispose là d’un outil pour suivre et
accompagner la scolarité de son enfant.
Mais le numérique dilue
forcément la dimension objective du manuel scolaire puisque l’univers numérique
et la culture de l’hypertextualité créent l’attente d’une « porosité » de la
ressource et d’une très grande souplesse d’utilisation (difficilement
conciliable il est vrai avec les contraintes juridiques et économiques des
éditeurs).
Il permet ainsi de se
recentrer sur la ressource elle-même, son contenu et ses apports cognitifs.
Se profilerait ainsi un
« guide numérique d’enseignement et d’apprentissage » constitué d’un réservoir
ou d’une arborescence de ressources, intégré dans un espace numérique de
travail interopérable.
Ce guide permettrait des
affichages différenciés en fonction du lieu et de l'usage (préparation du
cours, travail en classe, travail au domicile, etc.) sachant que les tablettes
numériques repositionnent le livre dans l’univers des TIC.
Certaines ressources
numériques peuvent par ailleurs faire office de « manuel numérique »
sans s’afficher officiellement comme tel (exemple : la fonction organiseur
de ressources dans Maxicours, le « gestionnaire de ressources personnalisé »).
Concluons en essayant
de fixer le périmètre d’un manuel
scolaire numérique :
Prescriptions
pédagogiques
1. La fonction
guide : Une publication regroupant de façon commode et guidée un ensemble
de ressources pédagogiques ;
2. La validation :
Une publication validée par une autorité scientifique et pédagogique ;
3. La conformité :
Une publication conforme aux programmes ;
4. La cohérence :
Une publication cohérente issue d’un groupe de travail qui délivre un
« discours » sur le programme ;
5. L’exhaustivité :
Une publication traitant l’intégralité d’un programme ;
6. La
didactisation : Une publication documentée et didactisée en fonction des
objectifs de la discipline et des compétences du socle ;
7. La
documentation : Une publication associant une partie « cours »
et un corpus documentaire.
Prescriptions
numériques
1. Simplicité d'accès : Le manuel doit être accessible pour le professeur et pour ses élèves, rapidement, simplement et de n'importe quel poste (en utilisant éventuellement des services en nuage et de synchronisation).
2. Multimédia et
interactivité : Des ressources exploitant toutes les possibilités
multimédia du numérique : image, son, vidéo (écoute et enregistrement).
3. Ouverture : Des
possibilités d’importation et d’exportation des ressources.
4. E-learning : Des
outils pédagogiques et didactiques adaptés à la culture numérique (suivi
des apprentissages, évaluation, intégration aux ENT, etc.).
5. Multiplicité des
interfaces : Professeur (préparation de cours, gestion des visualisations
– individuelle ou collective, évaluation), élève (utilisation accompagnée ou
autonome).
Ressources
- Guide
des manuels numériques du Cddp92
http://blog.crdp-versailles.fr/mncddp92/
- Tester
les manuels numériques
http://blog.crdp-versailles.fr/mncddp92/index.php/pages/Tester-les-manuels-num%C3%A9riques
- Informations
sur le salon Intertice des manuels numériques du 26 janvier 2011
http://blog.crdp-versailles.fr/mncddp92/index.php/post/09/11/2010/Salon-Intertice-des-manuels-num%C3%A9riques-au-Cddp92
- Blog
iPad/Tablettes numériques du Cddp92
http://www.cddp92.ac-versailles.fr/tablettes-numeriques/
cddp92@ac-versailles.fr